Revue de la presse russe du 17 octobre

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru

Oléoducs de la Caspienne: la Russie va accroître sa part dans le KTK

Le projet de Consortium des oléoducs de la Caspienne (KTK) se délite peu à peu: les actionnaires se hâtent de vendre leurs parts dans cet actif non rentable, la Russie a l'intention de les acheter, en vue de s'affirmer en Asie centrale et d'empêcher les Etats-Unis de le faire aussi, lit-on vendredi dans le quotidien Gazeta.ru.

British Petroleum a annoncé qu'elle achèverait prochainement les négociations sur la vente de sa part dans le KTK (dont elle détient 6,9% des actions, par l'intermédiaire de sa coentreprise avec Lukoil et Kazakhstan Pipeline Ventures). Il est vrai, cette nouvelle a été annoncée non par un représentant de la compagnie, mais par Andrew McGrahan, vice-président de Chevron pour la gestion des actifs du KTK.

"La vente des actions appartenant à BP n'est pas une surprise, cette question est débattue depuis deux mois, a déclaré Natalia Miltchakova, analyste de la compagnie financière Otkrytie. Le consortium subit des pertes, ses participants tentent de se débarrasser peu à peu de cet actif non rentable". Selon ses estimations, le paquet d'actions de BP pourrait coûter 500 à 700 millions de dollars, et la compagnie britannique souhaiterait se retirer du projet, dans la mesure où elle essuie un échec sur plusieurs fronts à la fois: "l'extraction baisse depuis quelques années, en fait, British Petroleum ne tire réellement des bénéfices, pour l'essentiel, que de la compagnie russo-britannique TNK-BP". L'accroissement du coût du projet augmente les pertes de ses participants, fait remarquer l'analyste.

D'après des estimations préalables, environ 3,5 milliards de dollars seront nécessaires pour porter les capacités de transport du KTK, d'ici à 2012, de 32 millions à 67 millions de tonnes de pétrole par an. L'extension doit être effectuée aux frais des compagnies, c'est pourquoi BP n'a pas l'intention d'investir dans le projet.

Le Sultanat d'Oman a également annoncé la vente éventuelle de sa part (7% des actions du KTK). Elle pourrait être partagée entre la Russie et le Kazakhstan qui ont déjà fait part de leur intérêt.

Si la Russie réussit à racheter la part du Sultanat d'Oman et celle de BP, les compagnies russes détiendront déjà 37,9% des actions du consortium. Par conséquent, la Russie accroît graduellement son influence non seulement dans le consortium, mais également sur le territoire du Kazakhstan souverain.

"Du point de vue économique, l'achat des parts du Sultanat d'Oman et de BP ne présente aucun intérêt", poursuit Natalia Miltchakova. En outre, l'extraction du pétrole au Kazakhstan a cessé d'être un projet prioritaire pour Lukoil, rappelle-t-elle. L'objectif d'un tel achat ne peut être que politique: empêcher les Etats-Unis de prendre l'initiative au Kazakhstan, car le KTK passe, pour l'essentiel, par son territoire, estime l'expert.

Qui plus est, explique Mme Miltchakova, selon une information qui court, le Kazakhstan pourrait refuser à GazpromNeft l'achat de 49% des actions de ManguistaouMounaïGaz auxquels prétend la filiale du monopole gazier russe, "et cela se fait non sans consultations avec les Etats-Unis". Cela dit, personne n'a confirmé officiellement cette information, tempère-t-elle.

"J'estime qu'aucun investisseur ne souhaitera acheter les parts de BP et d'Oman sans une consigne politique d'en haut", résume Natalia Miltchakova.

RBC Daily

Les Russes placent leurs épargnes dans des diamants

Pour sauver leur argent dans les conditions de la crise, les habitants de la Russie tentent de le placer à l'abri de la chute de n'importe quelle monnaie, lit-on vendredi dans le quotidien RBC Daily.

Selon les données du VTSIOM (Centre national d'étude de l'opinion publique), des biens immobiliers, un compte à la Banque d'épargne et des objets de valeur sont pour les Russes les moyens les plus sûrs de préserver leurs épargnes. Si l'achat de biens immobiliers à des fins d'investissement n'est raisonnable que dans le segment peu accessible de l'immobilier de luxe, en revanche, des couches plus larges de la population peuvent se permettre d'acheter des bijoux.

"Ces deux derniers mois, l'accroissement des ventes dans les magasins de notre réseau à travers le pays a constitué 37 à 70%", a déclaré Denis Adamski, directeur général de l'Usine de joaillerie de Moscou. Il en est de même dans les magasins "Tsentr iouvelir": dans la première quinzaine d'octobre, les ventes ont augmenté de 43% par rapport à la même période de l'année dernière. "Nous nous attendions cet automne à un accroissement de 15 à 20%", s'étonne Oksana Frountikova, directeur général de Tsentr iouvelir.

"Le nombre d'achats a augmenté en octobre de 12% par rapport à septembre, a fait savoir Pavel Sidorenko, directeur du réseau Adamas. Ordinairement, c'était le contraire: les indices enregistrés en octobre étaient toujours inférieurs à ceux du premier mois de l'automne". Octobre, mois de la crise, a dépassé considérablement, pour le volume des ventes, même le mois de mars, apogée des ventes pour les joailliers: d'après les données de l'Usine de joaillerie de Moscou, en octobre, par rapport à mars, les ventes ont augmenté de 90%.

Chez Adamas, on explique l'activité des acheteurs par les appréhensions suscitées par la crise financière. "Le facteur psychologique se manifeste, estime M. Sidorenko. D'ailleurs, l'or reste toujours de l'or".

Denis Adamski est enclin à considérer les achats d'octobre comme une sorte d'investissement: "Pour l'essentiel, on achète des diamants et des articles sans pierres. Pour une moyenne de 400 dollars par achat dans nos magasins, les achats allant jusqu'à 4.000 dollars se multiplient."

Les articles haut de gamme sont probablement un investissement, ajoute-t-il. "Certains acheteurs acquièrent de gros diamants sans monture, dont le prix atteint un chiffre à six zéros, en y voyant un bien mobilier", affirme M. Adamski. D'après les données d'Alexeï Davydov, du groupe de joailliers Diamants de Smolensk, la demande de pierres en tant qu'investissement s'est accrue en octobre: sur les gros diamants, saphirs et émeraudes.

Nezavissimaïa gazeta

L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud veulent une indépendance réelle

La reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ne signifie absolument pas que ces nouvelles républiques agiront toujours aveuglément selon les recommandations de Moscou, lit-on vendredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Ayant été reconnus par deux Etats, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud tenteront cependant d'obtenir une souveraineté réelle et non une indépendance "déclarative". La Russie sera bien obligée de l'admettre. Les discussions de Genève sur le conflit dans le Caucase et la stabilité dans la région ont démontré ce fait de manière évidente: les représentants de Soukhoumi et Tskhinvali ont quitté ostensiblement les négociations malgré les exhortations de la délégation russe.

L'échec des négociations s'explique par la tentative de la délégation géorgienne d'introduire dans les séances officielles les protégés de Tbilissi, Malkhaz Akichbaïou et Dmitri Sanakoïev, en qualité de représentants légitimes de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Les Géorgiens n'avaient même pas pris soin de se mettre d'accord avec leurs partenaires occidentaux sur la participation de ces personnages aux discussions officielles.

Selon une source diplomatique, lors des négociations de Genève, seules l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont atteint leurs objectifs, "elles souhaitaient sonder les possibilités de reconnaissance de leur nouveau statut et se faire un peu de publicité".

Le président abkhaze Sergueï Bagapch a déclaré à Nezavissimaïa gazeta que "tout a été fait correctement", qu'à l'avenir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ne participeront à n'importe quel type de consultations qu'à part entière, et qu'elles n'ont aucune intention de rester assises sur le banc des "non reconnus".

"En officialisant son patronage sur l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, Moscou a apparemment mal compris la manière dont est constituée la société abkhaze, en supposant qu'il avait affaire à une espèce de masse homogène", a indiqué Alexeï Malachenko, expert du Centre Carnegie de Moscou. "Les discussions de Genève ont démontré que ce n'était pas le cas. Une partie de la société abkhaze envisage en effet une intégration la plus complète possible de la république en Russie. L'autre partie, dont l'opinion a été exprimée par la voix du ministre abkhaze des Affaires étrangères Sergueï Chamba, aspire à une indépendance réelle (on lui attribue, par exemple, la phrase suivante: "La Russie veut l'Abkhazie sans les Abkhazes"). De plus, cette tendance est nourrie par la conduite même des politiques et des députés russes, qui ont vu en l'Abkhazie une chose si tentante que, selon mes données, la société abkhaze a immédiatement pris peur".

Selon M. Malachenko, la nouvelle conférence sur la crise géorgienne, qui aura lieu le 18 novembre, pourrait cependant apporter plus de résultats. L'Europe semble disposée à mettre toutes les parties à la table des négociations. C'est également le souhait de la Russie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. La Géorgie se montre hostile à un tel format de discussions, mais "si elle les fait constamment échouer, cela pourrait ne pas du tout être du goût de ses protecteurs européens".

Le directeur de l'Institut des pays de la CEI, Konstantin Zatouline, estime qu'il ne faut pas surestimer l'importance des discussions de Genève ni attendre de résultats concrets de ces "négociations rituelles": "L'Europe tente de faire revenir la Russie sur ses positions antérieures envers l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, mais cela n'aboutira à rien".

Gazeta.ru

Russie: 100 milliards de plus pour la défense en un mois

La commande militaire de l'Etat, qui doit être adoptée aujourd'hui par la Douma (chambre basse du parlement russe), a augmenté de 100 milliards de roubles (plus de 2,8 milliards d'euro) en un mois, lit-on vendredi dans le quotidien Gazeta.ru.

Les experts estiment que cela s'explique non seulement par la crise financière, mais aussi par la guerre en Ossétie du Sud et l'attention particulière du président Dmitri Medvedev pour les questions de défense dans le contexte de la confrontation avec l'Occident.

La commande militaire de l'Etat en 2009 se chiffrera à 1.300 milliards de roubles (36,7 milliards d'euros), a indiqué jeudi le vice premier ministre Sergueï Ivanov lors d'une rencontre avec Dmitri Medvedev. "C'est la somme totale de la commande militaire de l'Etat en 2009", a annoncé M. Ivanov sans donner plus de précision. La commission militaro-industrielle, qui s'occupe de l'adoption de la commande, n'a donné aucun commentaire sur la question. Comparée avec les chiffres du budget, adopté le 19 septembre en première lecture par la Douma, la commande militaire de l'Etat a augmenté de 100 milliards de roubles.

Il y a deux jours, le président a inspecté la Flotte du Nord et les Troupes de missiles stratégiques, et a garanti que l'Etat s'acquitterait de tous ses engagements envers les militaires. Peu après, le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov a annoncé une réforme du système de commandement de l'armée.

La guerre en Ossétie du Sud a provoqué une augmentation de la commande militaire de l'Etat de près de 344 milliards de roubles (9,7 milliards d'euros), a récemment annoncé M. Ivanov (cette somme comprend 20 milliards de roubles - plus de 560 millions d'euro - pour la création de deux bases militaires en Abkhazie et en Ossétie du Sud).

"Il s'agit d'une militarisation forcée du pays face aux cliquetis d'armes de la part de l'OTAN", indique Pavel Medvedev, vice-président du comité de la Douma pour les organisations de crédit et les marchés financiers.

"Sous Vladimir Poutine, les dépenses militaires n'ont pas dépassé des limites très strictes", explique l'analyste militaire Alexandre Golts. "Leur augmentation a été parallèle à la croissance du PIB et à l'extension des dépenses budgétaires. Aujourd'hui, alors que l'économie russe fait face à une menace de récession, il y a une possibilité de retour à la situation de la fin des années 1980, caractérisée par une dépense des revenus pétroliers et un complexe militaro-industriel surdéveloppé".

Anatoli Tsyganok, directeur du Centre russe des prévisions militaires, reste également sceptique sur l'efficacité de l'augmentation de la commande:" Il est fort probable que ces 100 milliards de roubles soient transférés aux compagnies qui ont reçu le contrôle des usines de réparation des régions militaires".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала