Ayant été reconnus par deux Etats, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud tenteront cependant d'obtenir une souveraineté réelle et non une indépendance "déclarative". La Russie sera bien obligée de l'admettre. Les discussions de Genève sur le conflit dans le Caucase et la stabilité dans la région ont démontré ce fait de manière évidente: les représentants de Soukhoumi et Tskhinvali ont quitté ostensiblement les négociations malgré les exhortations de la délégation russe.
L'échec des négociations s'explique par la tentative de la délégation géorgienne d'introduire dans les séances officielles les protégés de Tbilissi, Malkhaz Akichbaïou et Dmitri Sanakoïev, en qualité de représentants légitimes de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Les Géorgiens n'avaient même pas pris soin de se mettre d'accord avec leurs partenaires occidentaux sur la participation de ces personnages aux discussions officielles.
Selon une source diplomatique, lors des négociations de Genève, seules l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont atteint leurs objectifs, "elles souhaitaient sonder les possibilités de reconnaissance de leur nouveau statut et se faire un peu de publicité".
Le président abkhaze Sergueï Bagapch a déclaré à Nezavissimaïa gazeta que "tout a été fait correctement", qu'à l'avenir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ne participeront à n'importe quel type de consultations qu'à part entière, et qu'elles n'ont aucune intention de rester assises sur le banc des "non reconnus".
"En officialisant son patronage sur l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, Moscou a apparemment mal compris la manière dont est constituée la société abkhaze, en supposant qu'il avait affaire à une espèce de masse homogène", a indiqué Alexeï Malachenko, expert du Centre Carnegie de Moscou. "Les discussions de Genève ont démontré que ce n'était pas le cas. Une partie de la société abkhaze envisage en effet une intégration la plus complète possible de la république en Russie. L'autre partie, dont l'opinion a été exprimée par la voix du ministre abkhaze des Affaires étrangères Sergueï Chamba, aspire à une indépendance réelle (on lui attribue, par exemple, la phrase suivante: "La Russie veut l'Abkhazie sans les Abkhazes"). De plus, cette tendance est nourrie par la conduite même des politiques et des députés russes, qui ont vu en l'Abkhazie une chose si tentante que, selon mes données, la société abkhaze a immédiatement pris peur".
Selon M. Malachenko, la nouvelle conférence sur la crise géorgienne, qui aura lieu le 18 novembre, pourrait cependant apporter plus de résultats. L'Europe semble disposée à mettre toutes les parties à la table des négociations. C'est également le souhait de la Russie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. La Géorgie se montre hostile à un tel format de discussions, mais "si elle les fait constamment échouer, cela pourrait ne pas du tout être du goût de ses protecteurs européens".
Le directeur de l'Institut des pays de la CEI, Konstantin Zatouline, estime qu'il ne faut pas surestimer l'importance des discussions de Genève ni attendre de résultats concrets de ces "négociations rituelles": "L'Europe tente de faire revenir la Russie sur ses positions antérieures envers l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, mais cela n'aboutira à rien".
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.