Revue de la presse russe du 16 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru, RBC Daily

Crise: le secteur électrique en appelle à son tour à l'Etat

Après le secteur pétrolier, c'est au tour du secteur russe de production d'électricité de demander l'aide de l'Etat, lit-on jeudi dans les quotidiens Gazeta.ru et RBC Daily.

Ce sont les entreprises privées qui pourraient pâtir le plus du manque d'argent et des conditions particulièrement difficiles pour l'octroi de prêts: en achetant des actifs, elles ont déjà pris des engagements en matière de construction de nouvelles capacités de production. Sans bénéficier de conditions privilégiées pour l'octroi de crédits concernant les ouvrages électriques, les chantiers de construction pourraient se retrouver paralysés, estiment les héritiers d'UES (Electricité de Russie).

L'association "Conseil des producteurs d'énergie électrique" prépare un message au gouvernement, dans lequel elle demande que soient accordés les crédits avantageux nécessaires à la mise en oeuvre des programmes d'investissement, ont fait savoir les membres du conseil.

Cette structure regroupe, entre autres, des compagnies comme EuroSibEnergo (contrôlée par Oleg Deripaska), KES (Viktor Vekselberg), OGK-3 (appartient à Norilsk Nickel), OGK-5 (Enel, E.On Russia Power, SUEK), TGK-10 (Fortum) et TGK-4 (Mikhaïl Prokhorov).

La somme totale des crédits demandés par les compagnies pourrait atteindre quelques dizaines de milliards de dollars. Selon leurs estimations, les taux de crédit ne devraient pas dépasser le taux de refinancement de la Banque centrale (aujourd'hui, 11%).

Selon le ministère de l'Energie, diverses possibilités sont également examinées en vue d'apporter un soutien aux compagnies électriques, mais sa forme et ses délais ne sont pas cités. Une source proche de l'association cite la somme d'environ 50 milliards de dollars.

Selon Konstantin Gouliaïev, analyste du groupe d'investissement Kapital, le montant des programmes d'investissement des compagnies électriques atteint environ 1.200 milliards de roubles (près de 34 milliards d'euros) et suppose la construction de capacités de production d'un rendement d'environ 30,4 gigawatts. "Elles ont attiré par des émissions supplémentaires d'actions un peu plus de 500 milliards de roubles, c'est-à-dire seulement la moitié de la somme nécessaire aux investissements", a-t-il dit.

Des crédits avantageux ont déjà été demandés à l'Etat par Lukoil, Rosneft, TNK-BP et Gazprom, et le gouvernement a promis de leur accorder environ 9 milliards de dollars afin de refinancer leurs dettes extérieures. VEB (Vnesheconombank) pourrait agir en qualité de banque-créditeur, car c'est à elle que l'essentiel des demandes de crédits des entreprises et des banques est adressé ces derniers temps.

Les problèmes financiers atteindront probablement le principal consommateur d'énergie électrique, à savoir le secteur industriel, puis les autres secteurs de l'économie. "Il est presque certain que les taux d'accroissement de la consommation diminueront", explique Irina Filatova de BrokerCreditService. "La consommation d'électricité en Russie pourrait augmenter non pas de 4% par an, comme c''était prévu, mais de 1% ou de 2%, et une stagnation est même possible, ajoute Konstantin Gouliaïev. Cela témoigne de la nécessité de réduire les programmes d'investissement et l'envergue de la construction de nouvelles centrales électriques".

De l'avis des analystes, les programmes d'investissement des compagnies pourraient être réduits d'un quart, et la construction de la plupart des ouvrages pourrait traîner en longueur.

RBC Daily

Les Russes commencent à économiser sur leurs achats quotidiens

Effrayés par la crise, les consommateurs russes commencent à réduire leurs achats, entre autres, de produits alimentaires, lit-on jeudi dans le quotidien RBC Daily.

Les habitants des petites villes ont déjà réduit leurs achats quotidiens d'environ 9,5%. Dans les villes de plus d'un million d'habitants, cet indice stagne, estiment les experts de Romir Panel. Les détaillants se préparent à une période difficile dans laquelle les Russes ne pourront plus acheter trop.

Selon les indices de la consommation des ménages pour septembre 2008, les habitants de la Russie ont réagi à la crise financière mondiale par une réduction de leurs achats. Les auteurs de l'étude estiment que la crise a surtout affecté les habitudes de consommation des "groupes de la classe moyenne qui ont les revenus les plus bas".

"Les possibilités d'augmenter ses revenus se sont épuisées dans la majorité des familles, même dans les grandes villes, c'est pourquoi les ménages commencent à économiser sur les achats quotidiens", résument les experts de Romir Panel. Leur déduction est partagée par les détaillants. "En ce moment, la population achète le moins possible", a déclaré Vadim Solod, président du conseil des directeurs du groupe Nerkom.

"Dans le scénario le plus pessimiste, qui ne se produira probablement pas, au début de l'année prochaine, nous pourrions perdre environ 20% de chiffre d'affaires en raison de l'achat de produits moins chers", estime Vladimir Sadovine, directeur général du réseau Azbuka vkusa (Abécédaire du goût), qui manifeste un certain optimisme.

Mais, de l'avis de Dmitri Potapenko, partenaire exécutif des réseaux Marka et Gastronomtchik, une hystérie massive est possible en novembre: "la population cessera d'acheter, alors, les difficultés commenceront". Dans cette situation, les réseaux commerciaux seront contraints de lancer une deuxième vague de licenciements et de demander à nouveau aux fournisseurs le report des paiements.

Les réseaux commerciaux essaient actuellement d'accroître leur propre marge d'une manière ou d'une autre et, tant que les clients achètent encore, de leur vendre le plus possible, en payant le moins possible aux fournisseurs. "Les dettes des chaînes de magasins augmentent, c'est pourquoi elles profitent de la moindre possibilité de reporter les paiements", explique le directeur général d'un réseau de distribution. Il en découle, selon lui, un appauvrissement de l'assortiment de produits proposés dans de nombreux magasins.

Quant aux fournisseurs, malgré les demandes des réseaux commerciaux d'accorder des reports et de réduire les marges, ils n'ont pas l'intention de céder. "Certains fournisseurs complètement paniqués tentent déjà d'élever leurs marges de 40%", a déclaré M. Sadovine.

Kommersant

Discussions de Genève: aucune obligation, aucun résultat

Le statut et le mandat des consultations internationales de Genève sur la stabilité et la sécurité dans le Caucase restent encore indéfinis, ce qui pourrait être un plus, car aucune percée politique ne semble possible, et les chances pour la Russie d'atteindre ses objectifs sont très limitées, pour ne pas dire plus, lit-on jeudi dans le quotidien Kommersant.

En outre, ces objectifs sont soit incompréhensibles, soit irréalistes. La partie russe soulève par exemple la question d'un accord garantissant le non-recours à la force de la part de la Géorgie contre l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. A-t-on jamais tenté de convaincre la Chine de signer un document sur le non-recours à la force contre Taïwan? Et la Géorgie, en quoi diffère-t-elle de la Chine? Par ses dimensions? Comme dirait Churchill, "les arguments sont faibles, il faut crier".

Moscou parle également d'un ensemble de mesures visant à rendre impossible une répétition de la "militarisation impétueuse" de la Géorgie, autrement dit, de sanctions contre Tbilissi. Mais cette question est de la compétence du conseil de sécurité de l'ONU, dont on connait l'avis sur ce point.

La Russie estime que le statut international de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud est défini "une fois pour toutes", et n'a aucune intention d'en discuter. Elle voudrait cependant le renforcer par la participation à part entière des représentants de ces républiques aux consultations actuelles. Comment y arriver? C'est une véritable énigme. Il est fort probable que les représentants abkhazes et sud-ossètes arrivent à Genève avec des passeports russes. Ces républiques seront donc considérées comme une sorte d'équivalents de l'Ukraine et la Biélorussie soviétiques, qui feignaient à l'ONU d'être des Etats indépendants de l'URSS. Des sources diplomatiques soulignent que la délégation russe n'assistera qu'aux séances auxquelles participeront les représentants de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Autrement dit, la réunion plénière se déroulera en l'absence des responsables russes. C'est un vrai cadeau pour les "ennemis" de la Russie, qui pourront adopter n'importe quelles décisions.

La Russie participera au travail des commissions, où sont invités les représentants abkhazes et sud-ossètes, mais une conversation désagréable l'attend toutefois, sur l'avenir des Géorgiens expulsés de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, et dont le nombre se chiffre approximativement à 250.000 personnes. Moscou devra également présenter des preuves documentaires des "crimes géorgiens", telles que la liste des morts en Ossétie du Sud.

Il reste encore le problème des discussions autour du plan Medvedev-Sarkozy. Ce document n'a pas été publié en Russie, et le texte n'est pas le même dans les différentes langues: il est donc impossible de comprendre qui a raison. Et on n'arrivera apparemment à aucun résultat.

Il se trouve par conséquent que le format non contraignant des consultations de Genève est optimal pour la Russie: si les parties n'arrivent pas à se mettre d'accord, elle s'en passera très bien.

Par Gueorgui Kounadze, chercheur à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie russe des sciences, ancien vice-ministre russe des Affaires étrangères.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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