Vedomosti
La construction de l'oléoduc BTS-2 reportée d'un an
La construction de la deuxième tranche de l'oléoduc BTS (système de transport balte) sera reportée d'un an et achevée au plus tôt en 2012, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.
L'oléoduc BTS-2 d'une longueur de 1.016 km et d'un rendement annuel de 50 millions de tonnes de pétrole reliera Ounetcha à Oust-Louga, avec une ramification vers la raffinerie de pétrole de Sourgoutneftegaz à Kirichi. Il doit réduire la dépendance des fournisseurs russes de pétrole envers le transport par l'oléoduc est-européen Droujba (en français, Amitié).
Transneft attend depuis septembre la décision du gouvernement, et se tient prête à lancer immédiatement les travaux. Mais le document n'est toujours pas signé. Le projet a été approuvé par tous les départements concernés, et il est prévu de le soumettre le 20 octobre au gouvernement, a fait savoir un représentant du ministère de l'Energie, sans donner plus de détails.
D'après le projet, l'oléoduc BTS-2 devrait être lancé au plus tôt en 2012, a-t-il déclaré au journal. Dans un premier temps, il était prévu de le mettre en service en 2011. Ce report a été proposé par Transneft (monopole des oléoducs russes), a poursuivi le fonctionnaire. Les arguments du monopole en faveur de ces nouveaux délais n'ont pour l'instant été avancés qu'oralement, a-t-il dit. Selon lui, Transneft cite deux causes principales: le problème du financement du projet n'est pas réglé, et le délai antérieur avait été établi il y a environ un an et demi. Le choix de l'itinéraire, l'octroi de terrains, etc. pourraient prendre plus de temps que prévu, en raison du retard dans la décision gouvernementale, fait remarquer le fonctionnaire. Les délais ont été reportés après une analyse minutieuse des détails techniques de la construction et de l'évaluation des risques, ajoute-t-il.
Le problème du financement du projet reste à l'étude, a indiqué Mikhaïl Barkov, vice-président du monopole des oléoducs russes. Selon les estimations de Transneft, le BTS-2 coûtera environ 120 à 130 milliards de roubles (3,3-3,7 milliards d'euros). La compagnie compte recevoir plus de la moitié de la somme grâce au soutien de l'Etat, affirme Mikhaïl Barkov. Le ministère des Finances a été chargé hier par le gouvernement d'élaborer pour Transneft un "programme de règlement du problème des liquidités et de l'accès aux crédits et au refinancement".
Le report des délais de lancement de l'oléoduc BTS-2 est une mesure logique de Transneft dans les conditions de la crise financière, estiment les analystes. Pour le monopole des oléoducs russes, l'essentiel est de mettre en oeuvre dans les délais prévus le projet principal: l'oléoduc Oriental, a déclaré Vladimir Vedeneïev, analyste de la Banque de Moscou. Les pétroliers sont prêts à attendre. GazpromNeft est intéressé par les livraisons dans le cadre du BTS-2, mais le report des délais de construction ne joue pas un rôle substantiel, estime un représentant de la compagnie.
Gazeta.ru/Vedomosti/Kommersant
L'armée russe au seuil d'une grande réforme
La Russie a lancé la réforme militaire la plus radicale de toute la période postsoviétique, notent mercredi les quotidiens Gazeta.ru, Vedomosti et Kommersant.
Le ministère de la Défense va devoir congédier les généraux "excédentaires", réduire de moitié ses états-majors et dire adieu à sa structure par armées, divisions et régiments héritée de l'époque soviétique.
Il faudra, tôt ou tard, entreprendre une réforme radicale de l'armée, et il vaut mieux le faire le plus tôt possible, estime Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies.
Des réductions de postes trop brutales (le nombre d'officiers et de membres de l'appareil central devrait être réduit de plus de deux fois, 200 généraux devraient être envoyés à la retraite d'ici 2012) pourraient provoquer le mécontentement du corps des généraux, relève un fonctionnaire du ministère de la Défense. Les propositions avancées contiennent de nombreux éléments justifiés, comme par exemple la suppression des unités incomplètes qui ne sont à même de remplir aucune mission. Ou encore la question du nombre excessif d'officiers de l'appareil central. Cela dit, une mauvaise exécution de cet ambitieux projet risquerait de porter préjudice à son contenu positif.
Selon l'ancien ministre russe de la Défense Igor Rodionov, le passage accéléré à un système de brigades pourrait être directement lié à la guerre en Ossétie du Sud. La victoire remportée dans cette zone de combat restreinte a convaincu les dirigeants du pays que la possession de petites unités mobiles était un gage de succès dans n'importe quel conflit contemporain. Mais seule une grande guerre pourrait montrer si cette décision est juste, prévient le général en retraite.
Alexandre Pikaïev, chef du département du désarmement et du règlement des conflits de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales, est également convaincu que le conflit caucasien "a incité le ministère de la Défense à recourir à des réformes urgentes". Cependant, il estime qu'il faut "être très prudent en utilisant ce nouveau système". "Le remplacement de l'ancien système par un nouveau risque d'entraîner simultanément une incapacité au combat de notre armée", a expliqué l'expert.
Le plan de réforme a été préparé en petit comité, et sa mise en oeuvre risque de diminuer la capacité au combat des forces armées, estime Mikhaïl Babitch, vice-président du comité parlementaire pour la défense (Russie unie), soulignant qu'il exprimait ainsi son avis personnel. Seul le Conseil de sécurité, dont les membres assumeraient une responsabilité personnelle, est habilité à adopter une décision aussi importante, après examen au niveau des deux chambres du parlement et par des experts, souligne Igor Korottchenko, membre du conseil public auprès du ministère de la Défense.
"Il est encore très difficile de dire quand ce mécanisme sera mis en marche, cela prendra beaucoup de temps. Mais les faits sont là, le système de divisions au sein de l'armée est absolument inefficace et il est absurde de le maintenir", affirme l'expert militaire Pavel Felguengauer.
Gazeta/RBC Daily
Affichage: JC Decaux renonce au rachat de News Outdoor
Le groupe français d'affichage et de mobilier urbain JC Decaux a annoncé hier la suspension des négociations amorcées il y a un an avec la News Corporation de Rupert Murdoch sur le rachat de News Outdoor, principal opérateur russe de la publicité extérieure, lit-on mercredi dans les quotidiens Gazeta et RBC Daily.
La compagnie explique son refus par la situation difficile de l'économie et des marchés financiers.
Sergueï Filtchenkov, analyste de la compagnie d'investissement Finam, estime que la raison de ce renoncement à conclure la transaction dans l'immédiat réside dans des divergences sur le prix des actions. Les experts avaient dans un premier temps évalué l'actif à environ 1,5 milliard de dollars. "Le vendeur et l'acheteur n'ont pas dû réussir à convenir d'un prix. Selon les informations disponibles, la transaction supposait un échange d'actions, mais, compte tenu de la capitalisation actuelle de JC Decaux, il lui aurait fallu céder un paquet trop important. En fin de compte, la crise financière qui a entraîné une chute des cotations de la compagnie française peut être considérée comme l'un des principaux facteurs de la rupture de cette transaction", affirme M. Filtchenkov.
Attendue par le marché, la transaction a retenu l'attention non seulement par le prix élevé de l'actif, mais aussi par les déclarations grandiloquentes de Rupert Murdoch, patron de la News Corp. A la mi-août, le magnat des médias avait annoncé son intention de se séparer de ses affaires en Russie, expliquant son choix par les risques élevés liés au pays: "Nos affaires y progressent, mais... plus je m'informe sur le climat d'investissement en Russie et moins je l'apprécie. Plus on connaît de succès, plus il y a de chance qu'on nous le vole. Il vaut mieux pour nous vendre dès maintenant".
Le marché avait alors interprété ses paroles comme un signe qu'il faisait bonne mine à mauvais jeu. Ces derniers temps, News Outdoor s'est heurté à une concurrence croissante de la part d'autres acteurs importants sur le marché de la publicité extérieure.
La rupture de la transaction ne se répercutera nullement sur le marché publicitaire russe, estime Andreï Berezkine, directeur de la société d'études Espar-analitik. "Espar-analitik ne modifiera pas son pronostic sur la progression du marché de la publicité extérieure. News Outdoor Russia ne s'en ressentira pas non plus, car la question du changement des cadres dirigeants ne se posait pas dans cette transaction, pas plus que la participation de JC Decaux à la direction de la compagnie", estime l'expert.
"Dans les conditions de l'instabilité de l'économie mondiale, notamment des grandes fluctuations du marché financier russe, les principaux acteurs ont fait une pause. Malgré cela, le marché de la publicité extérieure a déjà abordé une phase de transformation active et les décisions prises antérieurement ne seront pas automatiquement annulées, estime Anatoli Koupreïev, directeur général de la compagnie Master Ad. Des processus d'intégration reprendront sur le marché de la publicité extérieure dès que l'économie entrera dans une zone de correction, même minimale".
Novye izvestia
Russie: la crise financière frappe le marché du travail
La crise financière qui a éclaté aux Etats-Unis a également touché les salariés russes; de l'avis des spécialistes, les difficultés financières contraindront les entreprises à réduire leurs frais, en premier lieu, aux dépens de leurs employés, lit-on mercredi dans le quotidien Novye izvestia.
"Dans les conditions de la crise, les compagnies tâcheront de réduire leurs frais. Cela se traduira par des compressions de personnel, ou bien, s'il est impossible d'effectuer des licenciements, par une réduction de la rémunération des employés", estime Vladimir Guimpelson, directeur du Centre d'études sur le travail du Haut Collège d'économie. Selon lui, l'annulation des primes et des bonus produira un véritable choc sur les Russes qui travaillent. Nombreux sont ceux qui ignorent même que 40% à 90% de l'argent qu'ils touchent sont mentionnés dans leur contrat en tant que "primes".
"L'industrie automobile, les concessionnaires autos et la métallurgie sont déjà confrontés à des problèmes: les entreprises de ces secteurs ont suspendu l'embauche de spécialistes et entament des compressions de personnel, a fait savoir Ioulia Vintcha, partenaire exécutif de Unity - Staff Center. Les compagnies se séparent également des employés qui travaillent sur la base de contrats hors-effectif ou qui sont en période d'essai".
Selon Mme Vitcha, la crise touchera dans telle ou telle mesure tous les secteurs de l'économie. Les compressions concerneront en premier lieu les cadres dirigeants et les managers de l'échelon moyen et supérieur, estime-t-elle.
Grigori Polkan, directeur du développement régional d'une grande société de conseil, a déclaré au journal que le marché du travail se remplissait déjà de banquiers et de financiers. En raison de l'excédent de cadres, les employeurs ne proposent déjà plus aux spécialistes des salaires et privilèges aussi élevés qu'auparavant.
"Les effets de la crise mondiale se ressentiront prochainement sur tout le secteur réel de l'économie, a déclaré Maïa Toksanbaïeva, chercheur à l'Institut des problèmes économiques et sociaux de la population de l'Académie ses sciences de Russie. La réduction de la production entraînera la baisse des salaires des employés. La mesure suivante des employeurs sera d'engager des compressions de personnel. En outre, nous reviendrons à la pratique des années 90: on obligera les employés à prendre leurs vacances".
Mme Toksanbaïeva craint que "les coussins de sécurité financiers de l'Etat ne commencent à se dégonfler". "Cela entraînera le gel des revenus des employés du secteur public: leurs salaires n'augmenteront pas, et ce, dans les conditions d'une inflation élevée", a-t-elle dit.
De nombreux spécialistes émettent des appréhensions quant au fait que les employeurs pourraient se servir de la crise comme d'un instrument de pression sur les salariés. Certains dirigeants pourraient baisser les salaires, introduire des restrictions et des exigences supplémentaires, en expliquant tout cela par la "situation financière difficile". De l'avis de Maïa Toksanbaïeva, ce n'est pas à exclure, car "l'employeur utilisera toutes les possibilités en sa faveur, entre autres, le code du travail".
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.