Lutte contre la piraterie: c'est pour demain...

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

La lutte contre les pirates au large de la Somalie commence à prendre forme. Au cours de leur réunion à Budapest, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont décidé de dépêcher dans le golfe d'Aden sept navires de guerre qui escorteront les bateaux civils faisant parvenir de l'aide humanitaire à la Somalie. L'Union européenne a l'intention de former sa propre escadre qui devrait apparaître près des côtes somaliennes vers la fin de l'année. Le bâtiment russe d'escorte Neoustrachimy qui se trouve actuellement en Méditerranée arrivera lui aussi prochainement au large de la Somalie.

Une décision du Conseil de sécurité de l'ONU autorise n'importe quel pays ou groupe de pays à employer la force contre les pirates dans les eaux territoriales de la Somalie. Par conséquent, les actes de piraterie près du littoral somalien devraient prochainement prendre fin: qui oserait attaquer des bateaux civils dans une région bien protégée par des navires de guerre? Cependant, on aurait tort de parler d'une victoire prochaine sur les pirates et d'avancer une date approximative: même les actions les plus efficaces dans cette région de l'océan ne seront qu'une lutte contre les symptômes, et non contre les causes de la maladie.

Lorsque la navigation au large de la Somalie sera devenue plus ou moins sécurisée, le monde apprendra avec étonnement l'intensification des actes de piraterie en Afrique occidentale, dans le bassin des Caraïbes, ou bien dans une autre région, d'une part, assez éloignée des bases navales des grands pays de ce monde, et, de l'autre, suffisamment animée.

De nouveaux foyers de piraterie exploseront pour diverses raisons, dont la première est le niveau de vie très bas de nombreux pays riverains. Cette cause s'aggrave encore davantage avec la crise économique globale qui se répercute déjà sur les revenus provenant de n'importe quelle activité légale, en appauvrissant un très grand nombre de personnes.

La deuxième raison est l'absence maintes fois signalée de coordination des actions dans la lutte contre les pirates. La décision des grands pays du monde d'envoyer de nombreux navires de guerre est intervenue après plusieurs mois d'actes de piraterie. Aucune mesure prévoyant de maintenir une telle coopération pendant un délai plus ou moins long n'a été prise, sans parler d'une globalisation de la lutte contre les pirates, sans laquelle les grandes flottes du monde joueront uniquement un rôle de pompiers dans les régions problématiques lorsque la piraterie commencera à prendre une envergure alarmante.

Il existe une autre raison non négligeable: certaines forces assez imposantes s'enrichissent grâce à la piraterie en s'appropriant une part de la rançon perçue et/ou les revenus provenant des marchandises saisies. Ces personnes - allant des mafiosi ordinaires jusqu'aux terroristes - utilisent la piraterie comme une source de revenus parmi d'autres, au même titre que la contrebande ou le trafic de drogue, le commerce illégal d'armes et les enlèvements, etc.

Certes, cela ne signifie pas qu'il faut cesser de lutter contre la piraterie au large de la Somalie de la manière dont on le fait actuellement. Cela signifie qu'il est nécessaire d'élargir l'arsenal de cette lutte. Un traité international de lutte contre la piraterie qui permettrait aux pays signataires de s'apporter mutuellement un soutien militaire ou autre sans dépenser trop de temps dans des concertations et l'obtention d'autorisations pourrait s'avérer être très utile à ce titre.

Jouissant du droit de lancer des actions énergiques, les pays signataires de ce traité pourraient créer des escadres opérationnelles dans les zones d'activité maximale des pirates en vue d'y assurer une protection constante de la navigation. Enfin, les mesures prises en vue de lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment des revenus provenant du trafic de drogue pourraient également être utilisées afin de lutter contre la piraterie organisée, qui tire profit de la saisie des cargaisons et de leur vente.

Cela ne dépend que de la volonté politique des grands pays et de leur désir de coopérer.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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