Missions habitées vers Mars: une question de survie

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Par Andrei Kisliakov, pour RIA Novosti
Par Andrei Kisliakov, pour RIA Novosti

Le problème de l'étude de l'espace lointain occupe une place de plus en plus importante dans les programmes spatiaux nationaux. Pour l'instant, les vols vers la Lune et Mars sont abordés d'un point de vue pratique. Ainsi, les Etats-Unis ont annoncé la préparation du lancement d'une nouvelle sonde destinée à recueillir des données sur l'atmosphère martienne. Son lancement est prévu pour 2013.

En Russie, le thème martien revêt, pour l'instant, un caractère "terrestre". L'expérience exceptionnelle Mars-500, qui devrait permettre de savoir si le futur équipage martien sera capable d'effectuer un vol spatial de plusieurs mois, débutera bientôt sous l'égide de l'Institut des problèmes médico-biologiques. Cependant, malgré la préparation sérieuse des longs voyages interplanétaires, la question de la nécessité de la participation de l'homme à ces actions qui sont, disons-le clairement, onéreuses et très dangereuses reste ouverte. Des doutes sont émis non seulement par de simples citoyens, mais aussi par de nombreux scientifiques de renommée mondiale sur presque tous les continents.

De toute évidence, l'homme lui-même est le principal argument en faveur de sa participation à des missions spatiales lointaines. En effet, la Terre et par conséquent la vie n'a pas surgi de rien, mais résulte de processus globaux dans l'Univers. De nos jours, il n'est plus besoin de prouver que la plupart des mystères de la vie sur la Terre sont liés à l'espace. Leur découverte permettra de simuler des processus vitaux et d'accéder à l'origine de toute vie: le processus de gestation, de développement et de mort. Il est évident qu'il est impossible d'obtenir ces connaissances sans imposer à l'organisme humain un long séjour dans l'espace.

En outre, une circonstance d'ordre pratique rend nécessaire le vol interplanétaire de l'homme. Toutes les ressources de la terre, sans exception, ont déjà été établies avec une précision mathématique. Il est donc facile de prévoir combien de temps l'homme pourra vivre sur notre planète sans rencontrer de "soucis matériels". En effet, selon les estimations, les sources d'hydrocarbures ne suffiront que pour 80 à 140 ans encore. Les réserves d'uranium, source d'énergie nucléaire, ne sont pas non plus réjouissantes. D'après certaines données, il n'en reste que pour quelques décennies d'extraction.

Evidemment, un jour, nous serons contraints de quitter nos foyers, et nous nous heurterons au problème de la création de la vie et de sa reproduction dans l'Univers.

C'est pourquoi les missions habitées en cours de préparation vers nos plus proches voisins spatiaux ne doivent pas uniquement être considérées du point de vue des expériences scientifiques. Au contraire, ces vols font partie de la recherche d'une solution pratique au problème de la création de conditions adéquates pour le développement de la vie en dehors de la Terre.

C'est à la lumière de ces objectifs que les scientifiques russes abordent la création du système de support de vie des missions interplanétaires, des bases lunaires et martiennes. Comme cela a été démontré au cours de la conférence internationale "Systèmes de support de vie en tant que moyen d'exploration de l'espace lointain par l'homme" qui s'est tenue fin septembre à l'Académie des sciences de Russie, il est nécessaire de créer un nouveau système de survie fermé pour les vols spatiaux lointains.

De l'avis de Iouri Siniak, chef de service de l'Institut des problèmes médico-biologiques, l'objectif primordial de la préparation des missions interplanétaire est d'accentuer le caractère fermé du système de support de vie". Ce système différera fondamentalement de celui installé, par exemple, sur le complexe orbital ISS qui ne procède pas à un cycle complet des substances, c'est-dire qui n'est pas une biosphère fermée.

Selon les scientifiques, la création d'un tel système capable d'assurer le processus de régénération totale des principales composantes nécessaires à la vie prendra au moins 10 ans. Le principal problème des scientifiques consiste à assurer la production ininterrompue d'oxygène, d'eau, de nourriture et l'élimination des déchets liés à cette activité.

Mais la conception d'un système fermé de support de vie n'est qu'une partie du problème pour assurer la vie dans l'espace. Les scientifiques de la corporation RKK Energuia se fixent des objectifs nouveaux. "Le développement de l'astronautique habitée, lit-on dans leur rapport, exigera la création du milieu biologique nécessaire à la vie en utilisant les ressources des planètes et des maillons biologiques dans le système de support de vie".

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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