Budget fédéral russe 2009: Koudrine propose de se serrer la ceinture

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Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

La semaine dernière, la chute du marché des actions russes et les mesures extraordinaires prises par la Banque centrale et le ministère des Finances pour sauver le système bancaire du pays ont relégué au second plan un autre événement important. Le 16 septembre, le vice-Premier ministre et ministre russe des Finances Alexeï Koudrine a proposé au Comité d'examen de la Douma d'Etat le budget fédéral pour l'année prochaine. A cette occasion, il a tracé la "ligne rouge" en dessous de laquelle le prix du pétrole russe ne doit absolument pas descendre - 70 dollars le baril. La chute de "l'or noir" russe en deçà de cette limite menacerait la stabilité de tout le système budgétaire du pays. Ce serait beaucoup plus critique que l'effondrement du marché des valeurs ou que les problèmes de crédit.

Il existe au sein du gouvernement russe ce que l'on peut considérer comme une prévision "optimiste" des prix du pétrole russe pour 2009 - 95 dollars le baril. Mais les fonctionnaires avisés du ministère des Finances ont également préparé, à tout hasard, un budget fédéral se basant sur un baril de pétrole russe à 78 dollars. Auquel cas, conformément au projet de budget pour l'année prochaine, les rentrées s'établiraient à 10,93 billions de roubles (301,5 milliards d'euros). Avec des dépenses prévues à hauteur de 9,02 billions de roubles (248,8 milliards d'euros), cela conduirait à un proficit budgétaire de 1,9 billion de roubles (52,4 milliards d'euros). Qui plus est, le Fonds de réserve et le Fonds pour le bien-être national se verraient octroyer un supplément de 300 milliards de roubles (8,14 milliards d'euros).

Le ministre des Finances a mis l'accent sur le fait que les recettes du pétrole ne seraient pas aussi élevées qu'avant. Elles ont atteint un pic, selon lui, au cours de cette année 2008, et cette situation ne se reproduira pas dans un avenir prévisible. De fait, le prix à l'exportation du pétrole russe Urals oscille désormais autour de 90 dollars le baril, ce qui est sensiblement inférieur aux 120 à 140 dollars le baril auxquels il se vendait encore en juin-juillet.

On ne peut exclure, ce faisant, un nouveau glissement des prix du pétrole vers le bas imputable au ralentissement de l'économie mondiale et à la baisse de la demande en ressources énergétiques dans les pays développés. La limite extrême jusqu'à laquelle, selon Koudrine, le prix du pétrole russe pourrait baisser est de 70 dollars le baril. C'est ce que l'on appelle le niveau correspondant à un budget sans déficit.

Qu'est-ce que cela signifie? Pour un prix du pétrole russe à 70 dollars le baril, les recettes du budget coïncideront avec les dépenses. Autrement dit, il sera exécuté sans déficit. Mais dans ce cas, il faudra oublier le proficit du budget, et, à plus forte raison, les rentrées supplémentaires pour le Fonds de réserve et le Fonds pour le bien-être national.

Et si les prix du pétrole descendent en dessous de la barre des 70 dollars le baril, il faudra puiser dans le Fonds de réserve pour éponger le déficit du budget de l'Etat.

Il n'est pas exclu, au demeurant, que Koudrine, à la veille du débat sur le budget en séance plénière de la Douma, ait voulu en quelque sorte lancer un avertissement aux élus du peuple, qui gonflent les dépenses de l'Etat d'année en année, et que le niveau réel du budget sans déficit soit un peu plus bas. Mais, de son point de vue, il a raison.

Il y a deux ans, le budget de l'Etat avait été élaboré à partir d'un prix du pétrole à 61 dollars le baril (ce qui, à l'époque, était très élevé), et le prix du pétrole, pour lequel ce budget avait été exécuté sans déficit, s'était situé entre 38 et 40 dollars le baril. Des économistes pleins de bon sens avaient alors déjà déclaré que le pétrole ne pourrait continuellement enchérir, et qu'il était temps, pour les lobbyistes de branche, de calmer leur appétit. Mais, du fait de leur pression, le niveau des dépenses de l'Etat a continuellement augmenté, et avec elles le niveau du prix du pétrole nécessaire pour un budget sans déficit.

Des nouvelles réconfortantes nous proviennent des marchés pétroliers mondiaux, selon lesquelles l'an prochain le système budgétaire russe ne devrait pas non plus éprouver de gros problèmes. Immédiatement après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, de peur que cet événement n'entraîne toute l'économie américaine dans un profond immobilisme et que la consommation d'or noir ne chute brusquement aux Etats-Unis, le prix du pétrole américain WTI est tombé le 16 septembre à 92 dollars le baril. Mais dès le 19, il est remonté à 98 dollars. Si l'on en croit les dernières prévisions pétrolières de la banque Goldman Sachs, le prix moyen du WTI devrait être en 2009 de 123 dollars le baril, et celui de l'Urals russe, qui est aligné sur le WTI moins 6 à 8 dollars, se situera donc lui aussi à un niveau élevé.

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