Revue de la presse russe du 10 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta, Vedomosti

L'Occident devra se faire aux nouvelles réalités en Transcaucasie

La Russie a officiellement établi des relations diplomatiques avec l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, relèvent mercredi les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Vedomosti.

Il s'agit d'un sérieux signal envoyé à la communauté internationale: Moscou n'a pas l'intention de céder, malgré la pression de l'Occident. D'après les renseignements provenant de sources au sein du gouvernement abkhaze, Moscou et Soukhoumi signeront prochainement un traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle. Un traité analogue sera conclu avec Tskhinvali.

Les projets de traités approuvés par les ministères russe, abkhaze et sud-ossète des Affaires étrangères prévoient l'utilisation des territoires des signataires pour le déploiement d'ouvrages militaires, indique le quotidien Vedomosti. Une fois les derniers points établis, c'est-à-dire dans une semaine environ, ces projets de traités seront signés, explique Igor Frolov, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Le déploiement de bases dans les deux républiques suscitera une pression bien moindre sur la Russie que la présence de ses troupes sur le territoire de la Géorgie même, estime Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Rossiïa v globalnoï politike (La Russie dans la politique globale). En Occident, rares sont ceux qui croient encore au rétablissement de l'intégrité territoriale de la Géorgie, admet le politologue français Arnaud Dubien, et la pression de l'opinion publique sur les autorités au sujet de la Géorgie devrait bientôt tomber.

"L'établissement de relations diplomatiques avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud signifie que la Russie est déterminée à suivre la voie de la coopération avec ces républiques de la même manière qu'avec des Etats indépendants, a déclaré à Nezavissimaïa gazeta Mikhaïl Alexandrov, chef du service du Caucase de l'Institut des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Il en découle tout d'abord que la Russie n'a pas l'intention d'annexer ces Etats, ce dont elle est accusée par la Géorgie. Peut-on établir des relations diplomatiques avec des Etats qu'on a l'intention d'annexer? Cela signifie que les projets sud-ossètes d'intégration avec l'Ossétie du Nord ne se réaliseront pas, du moins dans un avenir proche. Il y a un autre facteur important: c'est un signal envoyé à l'Occident pour qu'il sache que les efforts déployés en vue d'obliger la Russie à revenir sur les décisions qu'elle a prises n'ont aucune perspective. L'Occident devra se résigner à de nouvelles réalités en Transcaucasie".

Kommersant, Vedomosti

Bourse: le marché russe, Gazprom en tête, poursuit sa chute

Le rêve du patron de Gazprom Alexeï Miller de diriger une entreprise pesant plus de mille milliards de dollars s'éloigne de plus en plus de la réalité, lit-on mercredi dans les quotidiens Kommersant et Vedomosti.

Hier, la capitalisation du géant russe du gaz a baissé jusqu'à 191,76 milliards de dollars. Les actions russes n'avaient plus besoin de raisons pour chuter. Alors que tous les marchés étaient hier en hausse, l'indice RTS a dégringolé de 7,5% et l'indice de la Bourse interbancaire de Moscou, de 9,1%. La fuite aux allures de panique des investisseurs étrangers, provoquée par des raisons aussi bien politiques qu'économiques, pourrait faire chuter les indices d'encore 10 à 20%.

Ce recul constant du marché russe se produit malgré le fait que les indices fondamentaux de l'économie russe soient rassurants. Mais, selon Pavel Teploukhine, président de Troïka Dialog, "en ce moment, personne ne s'intéresse ni aux indices fondamentaux, ni aux attentes".

Les actions du secteur pétrogazier ont pris un sérieux coup: les titres de Gazprom ont perdu 7,8%, ceux de Lukoil, 9,1%, et ceux de Rosneft, 10,2%. Pour la première fois depuis deux ans, la capitalisation de Gazprom a baissé au-dessous des 200 milliards de dollars, à 191,75 milliards de dollars (soit environ 48% au-dessous de son chiffre maximal de 366 milliards de dollars).

"La situation actuelle sur le marché ressemble à une récession, personne ne veut acheter, seuls les alarmistes vendent tout, si l'occasion se présente", explique Andreï Kiline, gérant du portefeuille d'actions d'Alfa-Kapital. Le marché est très faible, les volumes d'échange sont bas, il n'y a pas d'acheteurs, malgré les facteurs extérieurs positifs, déplore Erik Depoï, stratège d'Alfa-bank.

"Personne ne veut acheter russe, les investisseurs occidentaux vendent pratiquement tout de manière agressive", constate le trader principal de Troïka Dialog Timour Nassardinov. Selon certaines rumeurs répandues sur le marché, un important fonds de matières premières est en train de liquider ses positions, ce qui n'a évidemment pas poussé à l'optimisme, tout le monde s'est mis à vendre ses actions des entreprises du secteur pétrogazier, indique Alexandre Zakharov, chef de l'agence de courtage Métropole: "La Russie est un pays de matières premières, et cela se ressent surtout dans ce genre de contexte".

Comme l'a déclaré Pavel Teploukhine, les grands investisseurs étrangers qui sont arrivés sur le marché russe dans les années 2005-2006 retirent actuellement leur argent. D'après ses estimations, ces investissements constituaient plus de 150 milliards de dollars, et il en reste encore près de 100 milliards. Le marché recommencera à progresser, compte tenu des facteurs fondamentaux, lorsque les grands investisseurs étrangers auront retiré tout leur argent du marché russe. "Alors, nous commencerons à redresser la barre en employant uniquement notre propre argent, comme c'était le cas en 1998", résume l'expert.

Gazeta.ru, Nezavissimaïa gazeta

Nucléaire civil: l'accord russo-américain victime de la guerre dans le Caucase

L'administration américaine a rappelé du Congrès, comme elle l'avait promis, l'accord de coopération avec la Russie dans le domaine du nucléaire civil ("accord 123"), lit-on mercredi dans les quotidiens Gazeta.ru et Nezavissimaïa gazeta.

Il s'agit de la première mesure effective qui peut être considérée comme une sanction par rapport aux événements en Géorgie. Il est vrai, à Moscou, certaines voix ont déjà avancé que les dirigeants américains avaient ainsi sauvé cet accord d'un échec imminent au Congrès.

Cet accord avait été signé en mai dernier, et l'administration Bush l'avait considéré comme un succès important pour sa diplomatie. Ce document prévu pour 30 ans autorisait "le transfert de technologies, de matériaux, d'équipements, réacteurs compris, ainsi que de composants pour les recherches nucléaires et la production d'énergie nucléaire".

Stephen Sestanovich, spécialiste des rapports américano-russes, qui a été dans le passé un des dirigeants du Département d'Etat, le qualifie de "sanction de facto". Cependant, selon lui, bien que ce document soit "inacceptable pour le Congrès actuel, la future administration pourra encore en faire quelque chose". Son collègue Robert Einhorn, chercheur du Centre d'études stratégiques et internationales à Washington, a émis l'avis suivant: l'accord intéresse aussi bien Washington que Moscou, car il contribue à la non-prolifération des armes de destruction massive et à la lutte contre le terrorisme nucléaire. "Il ne s'agit pas d'un cadeau fait aux Russes, par conséquent, son rejet n'est pas une punition sévère".

En fait, la décision de la Maison Blanche est avantageuse pour Moscou, font remarquer les analystes. Selon la procédure établie aux Etats-Unis, le document qui n'est pas encore entré en vigueur pourra être de nouveau soumis aux législateurs par l'administration américaine suivante, qui commencera à travailler en janvier 2009.

Une source au sein de Rosatom (Agence russe de l'énergie atomique) a signalé que Washington ne s'était pas contenté d'informer à l'avance la Russie de cette décision, mais qu'il avait, en fait, sauvé ce document. "L'administration de la Maison Blanche a prévenu la Russie de cette décision, en la qualifiant d'unique possibilité de conserver ce document pour qu'il puisse être soumis au Congrès par la nouvelle administration américaine après les élections, en estimant que, dans la situation politique actuelle, il aurait été certainement bloqué par le Congrès, ce qui aurait obligé à recommencer ce travail à partir de zéro", a-t-on expliqué.

De l'avis des experts, l'accord nucléaire entre la Russie et les Etats-Unis revêtait un caractère politique, bien que le manque à gagner soit important, le marché du combustible nucléaire usagé auquel aurait pu accéder Moscou étant évalué à plusieurs milliards de dollars.

Vedomosti

Popularité: très présent, Medvedev reste toutefois dans l'ombre de Poutine

Selon un sondage du Centre Levada, si le premier ministre Vladimir Poutine se présentait en 2012 à la présidentielle, il recevrait le soutien de 58% de la population, tandis que Dmitri Medvedev ne recueillerait dans la même situation que 28% des suffrages, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

Le sondage a été réalisé du 15 au 18 août sur un panel de 1.600 personnes originaires de 46 régions de la Russie.

Si la présidentielle avait lieu dimanche prochain, 33% des personnes interrogées voteraient Poutine, contre seulement 14% pour Medvedev (les sondés pouvaient choisir n'importe quel nom). La même question avait été posée en décembre 2007, alors que Poutine avait déjà désigné son successeur. Depuis lors, la cote électorale de Poutine a augmenté de 9% et celle de Medvedev a chuté de 41%.

Selon le directeur adjoint du Centre Levada Alexeï Grajdankine, Medvedev reste encore aujourd'hui dans l'ombre de Poutine, qui a conservé sa popularité en passant au poste de premier ministre.

"Les Russes ne jugent pas l'activité de Poutine, mais Poutine lui-même, qui utilise la rhétorique habituelle de la lutte contre un ennemi extérieur et de la mission particulière de la Russie dans le monde actuel", constate-t-il. De plus, Poutine prend ses distances avec les objectifs et les problèmes courants et s'occupe des questions stratégiques, ce qui était impossible pour les précédents premiers ministres, qui occupaient une fonction "technique". Cela témoigne d'un mélange entre les fonctions du président et celles du premier ministre.

En même temps, Medvedev bénéficie d'une couverture médiatique beaucoup plus favorable. Selon la société Medialoguia, dans la période du 1er août au 7 septembre, il a été mentionné 40.780 fois, contre 32.013 fois pour Vladimir Poutine. Le président a été présenté 516 fois dans un rôle central sur les chaînes de télévision russes, et le premier ministre 247 fois.

"On constate que, comme auparavant, rien ne peut nuire à l'image de Poutine", résume Mikhaïl Vinogradov, directeur général du Centre de conjoncture politique. En outre, Poutine est meilleur que Medvedev quand il s'agit de distribuer des cadeaux sociaux.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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