MOSCOU, RIA Novosti
Kommersant
Cheney reçu "poliment" à Bakou
Le vice-président américain Dick Cheney a achevé sa tournée en Transcaucasie, qui avait pour but de renforcer les positions de Washington dans la lutte pour les ressources énergétiques de la Caspienne, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.
Sa visite à Tbilissi hier s'est déroulée, comme il fallait s'y attendre, sans le moindre accrochage. Cependant, les négociations de mercredi à Bakou ont échoué. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a accueilli froidement son hôte américain et lui a laissé entendre que Bakou ne soutiendrait pas l'idée de réorienter le transport des produits énergétiques en contournant la Russie. Cette décision a été prise à la lumière des événements qui se sont produits dans la Géorgie voisine.
Comme l'ont fait savoir des sources au sein de l'appareil du président azerbaïdjanais, les négociations, qui portaient sur la guerre en Géorgie et les perspectives de construction du gazoduc Nabucco, ont été très difficiles. Ilham Aliev a donné à comprendre qu'il appréciait les rapports avec Washington, mais qu'il n'avait pas l'intention de se quereller avec Moscou. En fait, Bakou a opté pour une position d'attente. Les interlocuteurs du journal ont fait savoir que Dick Cheney avait été très irrité par les résultats de l'entretien et qu'il avait même refusé d'assister au dîner solennel tenu en son honneur.
Le refus d'Ilham Aliev de soutenir Washington et de se quereller avec Moscou s'explique facilement: la perte définitive par la Géorgie de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ainsi que l'apparition de chars russes près de Tbilissi ont été interprétées à Bakou comme un signal lancé à tous ceux, dans la région, qui ont l'intention d'adhérer à l'OTAN.
Le budget azerbaïdjanais a même subi des pertes considérables. A la suite de l'explosion qui s'est produite le 12 août au niveau de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) dont la responsabilité a été attribuée par la Turquie au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et en raison de l'arrêt du fonctionnement du gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum et du pipeline Bakou-Soupsa, l'exportation de produits énergétiques azerbaïdjanais vers l'Occident a été interrompue. D'ailleurs Bakou n'a, semble-t-il, aucun reproche à faire à la Russie. Au contraire, les autorités azerbaïdjanaises ont exprimé leur reconnaissance envers Moscou pour avoir évité d'endommager les ouvrages du BTC au cours de leur opération et des bombardements sur le territoire géorgien.
Par ailleurs, Bakou pourrait revoir sa position par rapport aux pipelines passant par le territoire de la Géorgie, car, dans les conditions actuelles, il vaut mieux assurer le transport du pétrole et du gaz vers l'Europe non pas par la Géorgie et la Turquie, mais par la Russie. D'après des sources russes qualifiées, l'Azerbaïdjan a déjà intensifié le transfert de pétrole par le pipeline Bakou-Novorossiïsk.
En juin dernier, Gazprom avait proposé d'acheter n'importe quel volume de gaz azerbaïdjanais aux prix européens. Au cours d'une visite à Bakou en juillet, Dmitri Medvedev était tombé d'accord avec le président Aliev pour engager des pourparlers à ce sujet. Apparemment, ces négociations devraient s'intensifier, de même que la cadence du rapprochement général entre Bakou et Moscou.
Gazeta.ru/ Moskovski komsomolets/ Nezavissimaïa gazeta
Le Nicaragua, premier allié de Moscou dans le conflit géorgien?
Le président nicaraguayen Daniel Ortega a déclaré que son pays reconnaissait l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud et soutenait entièrement la position de Moscou, lit-on vendredi dans les quotidiens Gazeta.ru, Moskovski komsomolets et Nezavissimaïa gazeta.
D'autres pays de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) pourraient éventuellement suivre l'exemple de Managua.
Ce bloc antiaméricain, présidé de facto par Hugo Chavez, réunit la Bolivie, le Venezuela, le Honduras, Cuba, le Nicaragua et la Dominique. Il se prépare manifestement à la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, mais se trouve en même temps obligé de tenir compte des positions de la Chine, son principal partenaire économique, et de l'Iran, dont le rôle dans la région devient de plus en plus important. Et pour le moment Pékin et Téhéran n'ont exprimé qu'une certaine "compréhension" par rapport à la position russe dans le Caucase. Hugo Chavez et ses alliés ne peuvent pas non plus ignorer la position de l'UE: le rôle de l'Europe dans l'économie des pays de l'ALBA reste très important, malgré de nombreux différends et des démarches inconvenantes du "principal bolivarien" à l'encontre du roi d'Espagne Juan Carlos Ier et de la chancelière allemande Angela Merkel.
Le fait que le sommet extraordinaire de l'UE n'ait adopté aucun document antirusse, et se soit limité à des paroles creuses, a poussé les "bolivariens" à tenter une "démarche test" envers les républiques caucasiennes autoproclamées. Contrairement au Venezuela et à Cuba, le Nicaragua est peu lié à la Chine et à l'Iran, ce qui a fait d'Ortega le candidat idéal pour une telle déclaration.
Le président Ortega espère que la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud ne se soldera pas par une cessation de l'aide financière des Etats-Unis (500 millions de dollars par an). Il a probablement raison, car le refus des autorités nicaraguayennes d'accomplir l'exigence de Washington de détruire leurs missiles antiaériens Strela n'a pas remis en cause l'aide américaine.
Un tel développement des événements a sans doute fait plaisir à Moscou, qui se garde toutefois de toute joie particulière. "Il ne s'agit que d'une simple opération de communication. Tous les régimes autoritaires se servent régulièrement de la politique extérieure pour faire oublier leurs échecs à l'intérieur", affirme Marina Tchoumakova, directeur du Centre de recherches politiques au sein de l'Institut de l'Amérique latine (Académie russe des sciences).
Konstantin Zatouline, vice-président du comité de la Douma (chambre basse du parlement russe) pour les Affaires de la CEI et les Russes de l'étranger, reste réaliste: "Naturellement, la déclaration du Nicaragua ne se soldera pas par une reconnaissance complète de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie dans le monde. Même une reconnaissance de la part d'encore 10-15 Etats n'est pas équivalente à l'adhésion d'un pays à l'ONU, qui peut seule être considérée comme une reconnaissance complète. La formation accélérée d'une liste de pays prêts à reconnaitre l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud n'est pas du tout indispensable. On connait bien ces Etats, ils s'en tiennent à des positions antiaméricaines. Je ne suis pas sûr qu'il faille les pousser vers la reconnaissance, en créant par là-même l'apparence d'un bloc antiaméricain".
Nezavissimaïa gazeta
L'armée russe aurait dû en finir avec le régime de Mikhaïl Saakachvili
La visite éclair de Dick Cheney en Géorgie s'est accompagnée de fuites permettant de supposer que Washington ne s'est pas borné à apporter une aide humanitaire à la "jeune démocratie", les experts estiment en effet qu'un deuxième round dans la guerre géorgienne est possible d'ici deux à trois ans, lit-on vendredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les tentatives de réarmer la Géorgie sont une violation flagrante de l'accord Medvedev-Sarkozy, a souligné une source proche du ministère russe des Affaires étrangères. "Les Américains affirment qu'ils envoient en Géorgie des cargaisons purement humanitaires. Mais il est impossible de le vérifier, a expliqué la source. Nous n'avons aucune donnée directe permettant d'affirmer que des cargaisons militaires ont été livrées, mais, tout de même, ce sont des navires de guerre qui s'en occupent. Quoi qu'il en soit, des ressources importantes sont consacrées, soi-disant, à la reconstruction en Géorgie. Mais la Géorgie n'est pas détruite et il n'y a rien à y reconstruire".
Les experts militaires estiment qu'il est possible que les navires militaires américains fassent parvenir en Géorgie, non pas des armes, mais des systèmes de contrôle des déplacements de troupes, de reconnaissance et de liaison, constituant le "cerveau de l'armée". En outre, le président Saakachvili, confronté au problème de son maintien au pouvoir et de la répression des protestations de la population (surtout lorsqu'on apprendra la vérité sur les pertes militaires), a besoin d'appareils ultramodernes pour le ministère de l'Intérieur et les services secrets.
"Si les informations selon lesquelles le Pentagone a l'intention de rétablir le potentiel militaire de la Géorgie correspondent à la réalité, cela prouvera que les Etats-Unis ne sont nullement une "tierce partie" dans ce conflit, qu'ils y ont directement participé et qu'ils nous ont, en fait, livré une guerre en envoyant combattre les Géorgiens, a affirmé Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. Ce n'est pas Mikhaïl Saakachvili qui a perdu le contrôle, mais eux-mêmes qui ont provoqué ce conflit afin de voir comment allait réagir notre machine de guerre. En ce qui concerne les déclarations de l'OTAN sur l'inclusion de la Géorgie sans son système de DCA, elles prouvent l'absurdité absolue de nos tentatives de trouver des formes mutuellement avantageuses de coopération avec l'Alliance, tentatives qui reviennent à "enfiler un ballon de baudruche sur une boule de bowling". L'OTAN est l'instrument de la domination militaire et politique américaine en Europe, et est hostile à notre égard".
Selon l'expert, la tournure que prennent les événements oblige à supposer qu'un second round dans la guerre géorgienne est possible d'ici deux à trois ans. C'est pourquoi la Russie doit tirer une leçon de ce qui s'est produit. "Le conflit a montré que notre armée a perdu sa capacité à neutraliser les systèmes de DCA de l'adversaire et que nos forces aériennes sont très faibles, a indiqué Rouslan Poukhov. Il est nécessaire de se doter d'éléments fiables d'observation et de guidage des armes de haute précision depuis l'espace et de rénover d'urgence le parc de nos forces aériennes".
D'après lui, la principale leçon à tirer se réduit à ceci: en refusant de prêter l'oreille aux arguments de la Russie, l'Occident prouve que "l'armée russe aurait dû entrer dans Tbilissi et mettre un terme au régime de Mikhaïl Saakachvili".
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