Revue de la presse russe du 3 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Moscou cherche à persuader ses partenaires de l'OTSC de soutenir ses actions dans le Caucase

La Russie espère que les membres de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) parviendront à tomber d'accord, avant leur sommet à Moscou, sur une position commune concernant les événements en Ossétie du Sud, lit-on mercredi dans le quotidien Kommersant.

En ce moment, les autorités russes mènent un intense travail d'explication à destination des leaders des pays faisant partie de ce bloc (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan) en vue de bénéficier de leur soutien concernant les actions de la Russie en Géorgie. Le résultat de ces pourparlers sera connu vendredi. On saura alors si Moscou peut toujours compter sur des alliés fidèles dans l'espace postsoviétique.

Tous les partenaires sont loin d'être disposés à compliquer, au nom de la Russie, leurs rapports déjà complexes avec l'Occident. "Une bonne partie de nos partenaires n'est prête à soutenir que les actions pacifiques de la Russie. Cependant, nous voudrions obtenir une condamnation sévère de la Géorgie, a déclaré une source diplomatique russe proche des négociations. Pour l'instant, tout cela rappelle ce qui s'est passé avec l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai, dont le sommet s'est tenu le 28 août dernier) où tout le monde semblait nous soutenir verbalement, avant de finalement se prononcer en faveur du principe d'intégrité territoriale des Etats dans la déclaration finale".

Moscou oeuvre pour que le sommet justifie ses attentes. Le Kremlin a essayé de trouver une approche individuelle pour chacun des leaders de l'OTSC, afin que l'organisation manifeste, au cours de la rencontre de Moscou, une position antigéorgienne unanime et la plus dure possible. Par exemple, le président arménien Serge Sargsian a été invité par Dmitri Medvedev à se rendre en Russie quelques jours avant la session du Conseil de sécurité collective de l'OTSC, et a été reçu par le président mardi à Sotchi.

Un entretien entre les présidents Alexandre Loukachenko et Dmitri Medvedev avait eu lieu le 20 août. En échange de son soutien au niveau international, Moscou a promis à Minsk de réduire le prix du gaz russe et de lui accorder un crédit à long terme de 2 milliards de dollars.

Des sources au sein de l'appareil de l'Union Russie-Biélorussie ont fait savoir qu'en réponse aux faveurs russes, les autorités biélorusses avaient promis de reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. "Mais il faut comprendre qu'Alexandre Loukachenko ne pourra le faire qu'après le 28 septembre, jour des élections législatives en Biélorussie. Autrement, l'Occident pourrait à nouveau qualifier le nouveau parlement d'illégitime", a expliqué un interlocuteur du Kommersant proche du président Loukachenko. La Biélorussie a également accepté de signer avec la Russie un accord portant sur la création d'un système de DCA commun en réponse à l'ABM américain en Europe.

D'ailleurs, les autorités russes se sont résignées, semble-t-il, à devoir rester seules sur la question de la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ce qui est une situation pour le moins inconfortable. En tout cas, le premier ministre Vladimir Poutine a affirmé hier que cette situation, dans laquelle personne, en dehors de la Russie, n'a reconnu l'indépendance des territoires qui se sont séparés de la Géorgie, n'était pas critique.

Vedomosti

L'Occident est en mesure de porter des coups sensibles à l'économie russe

Bien que le sommet extraordinaire de l'UE sur la situation dans le Caucase n'ait pas abordé la question des sanctions contre la Russie, la possibilité que l'Occident prenne des mesures contre Moscou à la lumière de la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud ne manque pas d'inquiéter, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

L'avis répandu en Occident selon lequel les actions de la Russie ne doivent en aucun cas rester sans réponse doit être pris au sérieux.

Des sanctions réelles contre la Russie sont-elles possibles? Bien que des embargos de grande envergure soient peu probables, les pays occidentaux sont en mesure d'infliger une série de "piqûres douloureuses".

Les sanctions les plus évidentes pourraient consister en une restriction des investissements russes à l'étranger et un élargissement des barrières commerciales pour les produits ne figurant pas dans la catégorie des matières premières. Ce dernier point pourrait être renforcé par le fait que Moscou a ostensiblement mis fin à son activité orientée vers l'adhésion à l'OMC. Qui plus est, si ces mesures sont prises non pas sous forme de décision collective de l'UE, mais sous forme de mesures unilatérales et pas toujours publiquement annoncées par certains pays, ceci limitera les possibilités de Moscou de trouver une réponse de grande envergure. Les conséquences pour l'exportation de produits russes ne figurant pas dans la catégorie des matières premières et pour l'expansion internationale des entreprises russes seront désagréables.

La limitation de l'accès aux crédits occidentaux pourrait également avoir de lourdes conséquences pour certaines compagnies russes: par exemple, pour Gazprom ou Rosneft, dont la dette cumulée s'élève à environ 90 milliards de dollars et est majoritairement composée de crédits à court terme. Dans cette situation, afin d'éviter un défaut de paiement, il faudra recourir à un soutien massif de l'Etat. Ces entreprises ne pourront être sauvées qu'au prix d'une réduction considérable des ressources financières de l'Etat.

Infliger des sanctions contre certains fonctionnaires, hommes d'affaires proches du pouvoir et membres de leurs familles pourraient constituer la mesure la moins douloureuse pour l'économie russe mais la plus sensible pour la classe dirigeante en Russie: on pense au blocage de comptes personnels, des investissements, au refus de délivrer des visas d'entrée dans les pays de l'OCDE et, surtout, à l'ouverture d'enquêtes sur les origines de la fortune des "nouveaux oligarques russes" et de procès pour des affaires de corruption. Il n'est pas exclu que ces mesures puissent avoir un effet inverse, en irritant les dirigeants et en stimulant leur comportement isolationniste, bien qu'il soit difficile de dire jusqu'à quel point les autorités russes actuelles sont capables de supporter un isolement réel, et non démagogique.

Auteur: Vladimir Milov, président de l'Institut de politique énergétique.

Nezavissimaïa gazeta

La Russie et la Turquie à deux doigts d'un conflit douanier

Une véritable guerre douanière a failli éclater entre la Russie et la Turquie: selon les informations des médias turcs, un millier de camions turcs sont retenus à la frontière russe depuis la fin de la semaine dernière, lit-on mercredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cela s'est produit dans le cadre du durcissement par Moscou du régime douanier à la suite de l'autorisation donnée par Ankara aux navires militaires américains de passer par le Bosphore et ainsi d'accéder à la mer Noire. Des appels à examiner plus minutieusement les cargaisons en provenance de Russie ont retenti en Turquie. Mais les parties ont échangé ces jours-ci des déclarations témoignant du refus des deux Etats d'aggraver leurs rapports.

De l'avis des experts, en cas d'aggravation du conflit, qui pourrait conduire à une véritable guerre commerciale, c'est la Turquie qui essuiera les pertes les plus graves. Les matières premières prévalent dans les exportations russes vers la Turquie: ainsi, la Russie fournit 29% de tout le pétrole consommé en Turquie et 63% du gaz. La majeure partie de ces produits n'exige pas de procédures douanières particulières à la frontière et, par ailleurs, les consommateurs turcs auraient du mal à s'en passer. Dans le même temps, la Turquie fournit à la Russie des produits ayant un niveau de transformation plus élevé: du tissu et des produits textiles, des machines et des moyens de transport, des produits chimiques et alimentaires. Il est bien plus difficile de trouver des marchés alternatifs pour ces produits que pour les matières premières que la Russie livre à la Turquie.

En outre, plus de 150 firmes turques du bâtiment travaillent en Russie. Elles ont construit environ 800 ouvrages depuis la fin des années 80. La crise russo-géorgienne s'est répercutée douloureusement sur elles. Par exemple, dans l'attente d'un refroidissement dans les rapports entre la Russie et la Turquie et d'éventuelles pertes sur le marché russe, depuis le 8 août (date du début du conflit russo-géorgien), la grande compagnie turque du bâtiment Enka Insaat ve Sanayi a perdu plus de 20% de sa capitalisation. Le fait est que plus de la moitié de ses actifs et de ses commandes se trouvent en Russie et dans d'autres pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Après l'annonce du gel des rapports entre la Russie et l'OTAN, les investisseurs ont retiré précipitamment leur argent de cette compagnie.

"La complication des rapports commerciaux n'est avantageuse pour aucune des parties, estime Alexandre Chtok, directeur du département Due Diligence de la compagnie 2K Audit - Delovye konsoultatsiï. La Turquie est, pour la Russie, un corridor avantageux pour le développement de ses rapports commerciaux avec d'autres pays, avant tout avec les pays d'Afrique du Nord et l'Iran. Par conséquent, perdre ses rapports de bon voisinage avec la Turquie ne serait pas du tout souhaitable pour la Russie". Mais des complications dans les relations avec Moscou seraient encore plus désavantageuses pour Ankara, la Russie étant l'un de ses principaux partenaires commerciaux, estime l'analyste.

Gazeta.ru

Gaz: les ententes entre la Russie et l'Ouzbékistan reviendront cher à l'Ukraine

La Russie achètera du gaz ouzbek aux prix européens, ce qui fera plus que doubler son prix. L'économie ukrainienne ne le supportera pas. Les experts russes estiment que le Kremlin commencera à faire pression sur l'Ukraine, en lui proposant de livrer du gaz à des prix avantageux en échange de concessions politiques, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru.

"Le prix d'achat du gaz sera égal à son coût européen moyen moins le prix du transit et la marge de Gazprom pour le transport du gaz, explique Svetlana Savtchenko, directrice du département des projets d'investissement de la compagnie 2K Audit - Delovye konsoultatsii, à propos de la nouvelle formule d'établissement du prix. Pour le reste, les parties n'ont qu'à préciser et à approuver les détails".

D'après l'experte, le passage à l'achat du gaz aux prix européens se répercutera peu sur Gazprom, car la compagnie russe vend la presque totalité du gaz qu'il achète en Asie centrale aux pays membres de la CEI (Communauté des Etats indépendants). "Cependant, il y aura tout de même un facteur négatif pour Gazprom, fait remarquer Svetlana Savtchenko. La compagnie perdra son champ de manoeuvre dans les pourparlers avec les pays voisins. Le gaz centrasiatique bon marché permettait au monopole russe du gaz de marchander avec les consommateurs et de varier les prix en fonction du pays-acheteur, alors que l'uniformisation des prix conformément au prix européen moyen exclut cette possibilité".

Mais les dirigeants russes auront la possibilité d'obtenir des avantages politiques importants, en premier lieu, aux dépens de l'Ukraine. Ainsi, en livrant du gaz à la république voisine à un prix avantageux, Gazprom pourrait exiger certaines compensations. Dmitri Abzalov, expert du Centre de conjoncture politique, fait remarquer qu'après l'élévation du prix pour le gaz centrasiatique, l'Ukraine perdra l'un des principaux moyens d'influer sur la Russie. "Si, auparavant, l'Ukraine se plaignait constamment auprès de l'Union européenne que Gazprom ne cessait d'élever les prix du gaz en provenance d'Asie centrale, à présent, elle ne pourra plus le faire, car le prix sera rehaussé par les producteurs eux-mêmes", affirme le politologue.

Les experts estiment que le prix du gaz pour l'Ukraine pourrait atteindre l'année prochaine 370 dollars les mille m3 (aujourd'hui à 179,5 dollars), ce qui sera un coup dur pour l'économie ukrainienne énergivore. L'Ukraine a déjà accepté de payer 321 dollars. Néanmoins, les négociations entre Gazprom et l'Ukraine se poursuivent et le prix n'a pas encore été définitivement fixé.

Dans la situation internationale complexe due aux hostilités en Ossétie du Sud, les exigences de la Russie pourraient s'avérer différentes et davantage politiques. Par exemple, les négociateurs russes pourraient profiter des intérêts gaziers de la première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko qui, dans les conditions de ces prix, sera bien plus conciliante. Par conséquent, l'Ukraine devra probablement céder.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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