Revue de la presse du 2 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru

Crise dans le Caucase: surmonter l'hystérie

En deux semaines, l'une des plus puissantes économies du monde a assumé de son plein gré le rôle de leader d'un groupe de pays marginaux, lit-on mardi dans le quotidien Gazeta.ru.

Elle a bloqué tous les processus de son intégration dans le système politique et économique mondial, processus qu'elle avait elle-même amorcés. Elle a altéré considérablement l'atmosphère en politique intérieure et détruit toutes les représentations de ses véritables positions et de ses tâches dans la politique internationale, ne laissant la place qu'au chaos.

La question "à quoi bon" n'a pas été posée et, à mon avis, ne le sera jamais. Pour l'instant, il n'existe que quelques explications plus ou moins logiques à ce qui se produit. Cependant, toutes ces versions présupposent une application de la politique étrangère bien plus raffinée que ce qu'on constate jusqu'à présent en Russie. Selon la version la plus compréhensible, il faudrait considérer tout ce qui se produit non pas comme un plan précis, mais comme la conséquence de tous les problèmes rencontrés dans l'administration de l'Etat en Russie.

La réduction des possibilités de l'appareil d'Etat en matière d'analyse de la situation dans n'importe quel domaine est presque continue depuis 2002, tout en s'accompagnant d'un accroissement de la corruption au sommet de l'Etat et d'un renforcement des problèmes de choix des cadres au sein du pouvoir, ainsi que d'un développement rapide du secteur privé de l'économie et de la mise en place d'un mécanisme militaire inefficace de "verticale du pouvoir". Dans ce schéma, la guerre contre la Géorgie, qui a pu être initialement provoquée par l'activité délibérée des "siloviki" (représentants des structures de force) dans leurs propres intérêts et par les projets de remplacement par la force de Mikhaïl Saakachvili, qui irrite tant les premiers personnages de l'Etat russe, aurait pu être le catalyseur d'une réaction extrêmement forte du pouvoir. On s'attendait à tout, sauf à une défaite instantanée sur les fronts diplomatique et médiatique, à la fuite des capitaux et à l'impuissance de toutes les armes à la disposition de la Russie, hormis les armes de guerre.

Ce qui se produit traduit la fureur et l'irritation du pouvoir par rapport à lui-même, et ces sentiments se propagent dans la sphère internationale, à défaut de meilleures variantes: même en temps de paix, Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev n'avaient pas plus de possibilités politiques de rejeter la faute sur l'autre.

Cette explication, qui semble à la fois la plus probable et la plus désagréable (il s'agit tout de même de l'hystérie de gens qui sont responsables non seulement du budget, mais aussi des forces nucléaires stratégiques) fournit les prévisions les plus anodines. Le degré d'hystérie baissera prochainement, parallèlement à l'apparition de nouveaux problèmes économiques auxquels l'appareil d'Etat est plus sensible, et la recherche de coupables et de responsables pourra alors commencer à l'intérieur de la Russie. L'isolement inévitable de la Russie dans le monde sera doux, volontaire et passif de part et d'autre, la nouvelle composition du gouvernement de Vladimir Poutine, en octobre, sera plus soignée, exécutive et soviétique que la précédente.

Certes, tout cela est mauvais. Mais c'est toujours mieux que la guerre, compte tenu du degré actuel de la rhétorique qui passe facilement du froid au chaud. Avec les pays occidentaux, la Russie a face à elle un opposant qui n'est pas non plus idéal et qui pourrait également faire une crise d'hystérie, ce qui conduirait au pire.

Auteur: Dmitri Boutrine, chef adjoint du service de politique économique de la maison d'édition Kommersant.

Vedomosti

L'Europe ne semble pas opposée à une nouvelle guerre froide avec la Russie

Le sommet extraordinaire de l'UE qui s'est tenu hier constitue une nouvelle tentative de l'Union pour réviser ses relations avec la Russie, mais l'Europe répète chaque fois la même erreur: elle se limite à l'ordre du jour actuel sans tenir compte des perspectives à long terme, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

On peut donner à ce propos quantité d'exemples éloquents, tels que les propositions d'annuler les négociations sur un nouvel accord de partenariat et de coopération, qui n'a rien à avoir avec un vrai dialogue économique et politique, ou encore les initiatives visant à bloquer l'adhésion de la Russie à l'OMC, qui tombe en ruines par la faute de ses pays membres.

On peut relever deux positions essentielles. La "nouvelle Europe" estime que la Russie a toujours été un agresseur et que si elle devient plus puissante, elle lancera une offensive générale pour rétablir son empire. Du point de vue la "vieille Europe", il faut être prudent avec Moscou pour ne pas rester sans carburant ni électricité. La seconde est plus pragmatique, mais, en fait, elle non plus ne voit pas dans la Russie un pays européen.

De cette façon, les deux Europe ne sont pas contre une nouvelle guerre froide avec la Russie. L'une est prête à y foncer tête baissée, l'autre voudrait un retour aux années 70-80, où la guerre n'affectait pas les livraisons de pétrole et de gaz en provenance de l'URSS. Mais la situation n'est plus la même aujourd'hui. La séparation entre la politique et les affaires à cette époque s'expliquait par le fait que l'Europe avait des alternatives réelles aux hydrocarbures russes et que l'Union soviétique n'avait pas d'autres débouchés, même en théorie.

Aujourd'hui, l'UE et la Russie doivent avouer qu'elles ne parviendront pas à se mettre d'accord, et commencer à se préparer à une guerre (tout sauf "froide"), ou bien tenter de construire un nouveau système de sécurité globale, car le présent système est en ruines, ce qui s'explique pour la plupart non par la guerre en Géorgie, mais par les actions des Etats-Unis.

Ce sont les Etats-Unis qui agissent depuis longtemps sans tenir compte des institutions internationales, ce qui ne fait que nuire à l'Europe. On peut citer de nombreux exemples: la guerre en Yougoslavie qui s'est soldée par l'apparition de plusieurs Etats musulmans au centre de l'Europe, le protocole de Kyoto, qui n'a jamais fonctionné à cause de la position des Etats-Unis, la guerre en Géorgie et une attaque possible contre l'Iran, qui priveront l'Europe de toute source alternative d'hydrocarbures.

Actuellement, le point de non retour n'est pas encore atteint, et nous n'en sommes pas encore à une nouvelle guerre mondiale. La Russie et l'UE pourraient parfaitement entamer un dialogue sur une révision totale du système actuel, avant d'y associer par la suite d'autres acteurs. Cependant, l'Europe préfère pour le moment pousser Moscou vers Pékin, et la question du renforcement de l'alliance avec la Chine devient de plus en plus discutée dans le pays.

Par Konstantin Simonov, directeur général de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale.

Nezavissimaïa gazeta

La Moldavie balance entre la Russie et l'Occident

Le gouvernement moldave s'est prononcé vendredi contre la reconnaissance internationale de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, allant ainsi ouvertement à l'encontre de la ligne du Kremlin, qui a aujourd'hui plus que jamais besoin de soutien dans l'arène internationale, lit-on mardi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre: dimanche dernier, le dirigeant de la Transnistrie Igor Smirnov a déclaré qu'il considérait la reconnaissance de la république autoproclamée comme le seul moyen de sortir de la crise avec la Moldavie.

Ces derniers temps, Moscou a utilisé différentes approches des conflits sur le territoire de l'ex-URSS. Sa politique envers les nouveaux Etats de l'espace postsoviétique a été définie pour la plupart par ses relations avec leurs leaders. Si le "mauvais gars" de Tbilissi Mikhaïl Saakachvili tentait de transformer son pays en poste avancé des Etats-Unis contre la Russie, le président moldave Vladimir Voronine pratiquait une politique plus souple, en louvoyant entre deux centres de force: l'Occident et la Russie. Contrairement à Saakachvili, M. Voronine comprenait qu'il était impossible de résoudre le problème de la réunification du pays par la force.

Pour le Kremlin, la Moldavie et la Géorgie devaient apparemment servir d'exemples de la récompense promise au "bon gars" et de la punition réservée au "mauvais gars". Au printemps 2008, les décisions de Poutine sur l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud n'ont pas touché la Transnistrie, et les recommandations de la Douma n'ont pas concerné la reconnaissance de la république autoproclamée sur le territoire moldave. En échange, Chisinau a laissé entendre qu'il était prêt à renoncer à jamais à adhérer à l'OTAN, et disposé à devenir un allié fiable de Moscou. Les derniers sommets du GUAM (association qui regroupe la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie) se sont même déroulés en l'absence du président moldave.

Selon une source au Conseil de sécurité de la Transnistrie, la Russie souhaiterait montrer à la communauté internationale, grâce à l'exemple de cette république autoproclamée, qu'elle est capable de jouer un rôle de médiateur efficace et de régler les conflits les plus compliqués par la voie politique.

Pour Moscou, le problème réside dans le fait que le président moldave n'est pas un allié fiable. Selon l'analyste politique transnistrien Alexander Porojane, "pour le moment, on ne peut pas faire confiance à la Moldavie". "La situation sera plus claire après les élections législatives de mars 2009, estime-t-il. Les communistes moldaves jouent avec Moscou: ils tentent encore d'établir des relations étroites avec l'UE et les Etats-Unis, mais comprennent qu'ils sont incapables de remporter les prochaines élections sans la Russie. L'Occident leur a déjà refusé son soutien. Moscou semble de son côté avoir misé à nouveau sur les communistes".

Kommersant

Moscou va revoir de fond en comble les échanges commerciaux avec l'Ukraine

L'Ukraine sera la nouvelle cible de la guerre commerciale qui oppose la Russie à l'OMC: le premier vice-premier ministre Igor Chouvalov a chargé hier les ministères de protéger l'économie russe des produits fournis par l'Ukraine, membre de l'OMC depuis le début de l'année, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Le régime de libre échange avec l'Ukraine pourrait être annulé, ou bien être considérablement durci. Quant à l'ouverture du marché russe au sucre ukrainien à partir du 1er janvier 2009, elle n'aura sûrement pas lieu.

Une source proche du ministère du Développement économique a fait savoir au Kommersant que le gouvernement recevrait, dans le courant de la semaine, des propositions dont la plus radicale prévoit l'annulation du traité sur le régime de libre échange entre la Russie et l'Ukraine, qui date de 1993.

L'Ukraine est devenue membre de l'OMC en mai dernier. Conformément au traité de libre échange, presque tous les produits ukrainiens livrés à la Russie sont exempts de droits de douane, à l'exception du sucre et de l'alcool. L'Ukraine a également réduit l'exportation vers la Russie de tubes sans soudure. Par ailleurs, les restrictions sur l'exportation de sucre ukrainien, dont les livraisons à la Russie sont presque nulles (depuis 1998, son importation a été frappée d'une taxe de 220 dollars la tonne de sucre brut de canne et de 340 dollars la tonne de sucre de betterave), devaient être levées à partir du début de l'année et les restrictions sur l'alcool, à partir de 2010.

Ce changement du régime commercial avec l'Ukraine est en préparation depuis le mois de mai, le processus n'ayant pas été politisé et la menace d'expansion commerciale de l'Ukraine ayant été évaluée de façon réservée. Comme l'a fait savoir une source au sein du ministère du Développement économique, la dernière analyse comparative du système tarifaire des deux pays effectuée en 2004 a montré que pour 40% des produits ukrainiens, le tarif douanier était inférieur au prix russe de 5%, pour 20%, le tarif était bien supérieur aux prix sur le marché russe et, pour les 40% restants, il était identique. Selon cette source, ce rapport pourrait avoir changé depuis l'adhésion de l'Ukraine à l'OMC.

En Ukraine, on est certain que Moscou a pris une décision politique. "La Russie veut punir l'Ukraine pour sa participation au conflit osséto-géorgien", a affirmé Mikhaïl Salnikov de la compagnie d'investissement Socrates. D'après lui, "l'exportation de tubes et d'articles de constructions mécaniques vers la Russie pourrait être menacée".

Le ministère russe du Développement économique a fait savoir qu'en plus de l'idée de se retirer du régime de libre échange avec l'Ukraine, deux variantes plus "libérales" étaient à l'étude: des "soustractions" supplémentaires à ce régime ou des accords portant sur des mesures protectionnistes particulières en cas d'accroissement considérable des importations en provenance d'Ukraine. Le choix se fera au niveau du président Dmitri Medvedev et du premier ministre Vladimir Poutine, explique la source.

RBC Daily, Kommersant

Pétrole et gaz: GazpromNeft veut sa part du gâteau iranien

GazpromNeft a accepté de participer à l'exploitation du gisement d'Azadegan-Nord en Iran et s'est déclarée intéressée par l'extraction de pétrole dans trois autres gisements du pays, lit-on mardi dans les quotidiens RBC Daily et Kommersant.

D'après les estimations des experts, l'extraction de pétrole sur le gisement d'Azadegan-Nord rapportera à GazpromNeft environ 3 milliards de dollars par an.

D'après les estimations de la compagnie, les réserves extractibles de pétrole à Azadegan-Nord constituent environ 150 millions de tonnes, l'extraction pouvant atteindre 5,5 à 6,5 millions de tonnes de pétrole par an. GazpromNeft prévoit également de débattre de sa participation éventuelle à l'extraction de pétrole sur trois autres gisements du pays (Shurum, Kuh-e Rig et Dudru) aux mêmes conditions qu'à Azadegan-Nord.

Selon Svetlana Savtchenko, directrice du département des projets d'investissement de 2K Audit - Delovye konsoultatsiï, puisque les négociations ne portent pas seulement sur Azadegan, GazpromNeft pourrait accroître considérablement ses volumes d'extraction grâce aux gisements iraniens. Cependant, la tension qui se maintient autour de l'Iran et de son programme nucléaire présente un immense risque pour tout investissement. D'autant qu'il est question de centaines de millions de dollars, la compagnie russe devant assumer 100% du financement du projet.

Mais les avantages économiques ont de quoi séduire. Selon les estimations de Dmitri Lioutiaguine, analyste de la compagnie d'investissement Veles Kapital, en rendant environ 40% du pétrole extrait, la compagnie russe pourrait gagner, compte tenu d'un prix du pétrole à 130 dollars, 28 à 33 dollars par baril (en prenant en considération les frais d'investissement, un peu moins). Ce niveau assurera une bonne rentabilité. Une extraction à Azadegan-Nord au niveau de 5,5 à 6,5 millions de tonnes assurera à la compagnie des recettes d'environ 3 milliards de dollars par an.

Les compagnies occidentales quittent l'Iran: Total s'est retiré de ce pays au début de l'été, Repsol et Shell ont renoncé au printemps à participer à la 13e phase du gisement de gaz de South Pars. Quant aux compagnies russes, elles augmentent, au contraire, leur présence dans le pays. Au milieu de l'été, Gazprom (propriétaire de GazpromNeft) et la compagnie publique NIOC (National Iranian Oil Company) ont signé un accord de coopération, aux termes duquel la partie iranienne a proposé à la partie russe "tout un ensemble de projets" en matière d'extraction de pétrole et de gaz. Outre Gazprom, Lukoil travaille également en Iran, possédant notamment 25% du projet de prospection géologique dans le bloc d'Anaran. Tatneft souhaite aussi extraire du pétrole en Iran.

Il se peut qu'une coentreprise de GazpromNeft et Lukoil s'intéresse aux gisements iraniens, mais il ne faut pas oublier que, dans ce cas, des sanctions pourraient être prises par les Etats-Unis à l'encontre des actifs américains de Lukoil, fait remarquer Vitali Krioukov, analyste du groupe d'investissement Kapital.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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