Revue de la presse russe du 28 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant/Vedomosti

Dmitri Medvedev va tenter de préserver l'influence de la Russie à l'OCS

A Douchanbe où se tient aujourd'hui un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), Moscou espère trouver un soutien à son opération militaire en Géorgie et à sa reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, lit-on jeudi dans les quotidiens Kommersant et Vedomosti.

Mais cela ne se produira probablement pas. Après la guerre en Géorgie, les positions de Moscou ont commencé à s'affaiblir dans cette organisation régionale. Les experts estiment tout de même que la Russie pourrait l'utiliser en vue d'obtenir un mandat pour la présence de ses troupes dans les anciennes autonomies géorgiennes.

L'objectif maximum est de persuader les participants au sommet de suivre l'exemple de la Russie et de reconnaître les deux nouveaux Etats. Moscou est certain que l'OCS est le terrain le plus convenable pour rechercher des alliés. En effet, ces dernières années, la Russie avait cherché à transformer cette organisation en "anti-OTAN", en soulevant notamment avec insistance la question de l'opposition commune au déploiement de la défense antimissile américaine et en oeuvrant instamment pour qu'une critique acerbe contre Washington soit inclue dans les déclarations adoptées à l'issue des sommets de l'OCS. A présent, Moscou a une chance réelle de tester ses partenaires dans une situation critique où la Russie est menacée d'isolement en Occident et où elle a réellement besoin du soutien de ses amis orientaux.

D'ailleurs, il y a des raisons d'estimer que Dmitri Medvedev ne trouvera pas le soutien qu'il cherche à Douchanbe. Ces trois dernières semaines, les pays membres de l'OCS ne se sont pas pressés pour soutenir l'opération militaire visant à contraindre la Géorgie à la paix, aucun membre de l'OCS n'a non plus soutenu la reconnaissance de Soukhoumi et de Tskhinvali.

Il est presque impossible de bénéficier du soutien de l'OCS, estime Sergueï Mikheïev, vice-président du Centre des technologies politiques. La Chine ne pourra pas le faire à cause du problème de Taïwan, bien que les Chinois soutiennent lors des contacts informels la décision de la Russie, fait remarquer l'expert.

Plusieurs membres de l'OCS pourraient commencer à prendre leurs distances avec la Russie, et ce processus a déjà commencé. Ainsi, des négociations ont eu lieu mardi à Moscou entre Sergueï Ivanov, vice-premier ministre russe, et Roustam Azimov, premier vice-premier ministre ouzbek, les deux hommes étant chargés de préparer la visite du premier ministre Vladimir Poutine à Tachkent. Selon une information du Kommersant, la partie ouzbèke a occupé une position extrêmement rigide sur la plupart des questions qui intéressent Moscou, rejetant de fait certains projets communs proposés antérieurement par la Russie. Il se peut que de nombreuses propositions russes aient perdu leur attrait pour Tachkent après les négociations menées les 8 et 9 août par le président Islam Karimov à Pékin.

Néanmoins, Moscou ne perd pas l'espoir de convaincre ses partenaires d'au moins participer à sa mission de paix en Transcaucasie. De l'avis de Sergueï Mikheïev, afin de légitimer la présence des troupes russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud, on peut se servir de l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective), alors que l'OCS, en tant qu'organisation politique, peut délivrer un mandat pour cette activité. Jusque-là, c'est un mandat délivré par la CEI (Communauté des Etats indépendants) qui était en vigueur, mais la Géorgie s'est retirée de cette organisation.

Nezavissimaïa gazeta

Les dirigeants ukrainiens participent à la création d'une coalition antirusse

Le soutien apporté par l'Ukraine à la position de l'Occident à l'égard de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie laisse présager une admission prochaine de Kiev à l'OTAN, lit-on jeudi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cependant, de nombreux experts préviennent que les dirigeants ukrainiens entrent dans un jeu qui leur est étranger et qui aura pour résultat le rétablissement du "rideau de fer", qui pourra non seulement passer par le territoire de l'Ukraine, mais menace carrément de diviser le pays en deux parties.

Le conflit dans le Caucase a entraîné le pouvoir ukrainien dans l'orbite des intérêts occidentaux. Depuis sa proclamation d'indépendance, l'Ukraine n'avait jamais participé aussi activement aux négociations et consultations internationales. Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband s'est rendu hier dans la capitale ukrainienne. A la veille de son arrivée, il avait déclaré que la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud était injustifiée et inadmissible. M. Miliband a débattu à Kiev de la création de la coalition la plus large possible contre "l'agression russe en Géorgie".

Les contours de cette coalition sont apparus mardi, lorsque les leaders occidentaux se sont mis à condamner la Russie à tour de rôle. Mais le format de cette nouvelle union et ses éventuels moyens d'influence sur la situation dans le Caucase restent inconnus.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a ostensiblement annulé une visite de sa délégation à Moscou prévue pour mercredi. En même temps, il a publié une déclaration très sévère dans laquelle on peut notamment lire: "L'annexion pure et simple d'une partie du territoire géorgien au moyen de la création de régimes fantoches et du soutien apporté à ceux-ci témoigne de la réanimation en Russie de la doctrine du "droit de la force" lors du règlement des problèmes internationaux".

La position du président Viktor Iouchtchenko n'avait jamais suscité aucun doute. Cependant, le caractère inflexible de ses récentes déclarations antirusses peut être expliqué par un puissant soutien occidental apporté au pouvoir ukrainien. On a appris cette semaine que l'Allemagne, principal adversaire de l'intégration accélérée de l'Ukraine à l'OTAN, avait changé sa position et manifesté sa volonté de voter, dès cette année, en faveur de l'octroi à Kiev du droit de signer le Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance. L'Occident réserve probablement un rôle important à l'Ukraine dans le nouveau système de défense en voie de création en Europe, car ce pays est limitrophe de la Russie.

Selon Vladimir Fessenko, président du Centre ukrainien d'études politiques Penta, la situation est évidente: on est en train d'ériger entre la Russie et l'Europe un nouveau "rideau de fer", dont la frontière passe par l'Ukraine. L'expert estime que cette situation laisse entrevoir non seulement une détérioration considérable des rapports russo-ukrainiens, ce qui entraînera une "guerre économique", mais aussi une éventuelle partition de l'Ukraine. Le fait est que les régions de l'Ouest et du Centre du pays soutiennent la politique pro-occidentale du président Viktor Iouchtchenko, alors que les régions de l'Est et du Sud s'alignent sur la Russie.

Vedomosti

Actifs stratégiques russes: l'aval de l'Etat nécessaire pour toutes les transactions

Selon la loi sur l'accès des étrangers aux actifs stratégiques, même les transactions entre compagnies étrangères devront être concertées avec le gouvernement russe, s'il est question d'actifs stratégiques russes, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

L'entreprise publique indienne ONGC a été l'une des premières à se heurter à cette disposition de la loi: elle rachète la totalité de la compagnie britannique Imperial Energy qui possède des gisements de pétrole dans la région de Tomsk. Les deux sociétés admettent que la transaction ne sera pas conclue si les autorités russes ne l'approuvent pas avant le 30 juin 2009.

"Nous n'avons pas de gisements stratégiques", assure Alexandra Choubenkova, représentante d'Imperial Energy. D'après l'évaluation indépendante effectuée par DeGolyer & MacNaughton, les gisements de la compagnie représentent au total 125,5 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), alors que, pour qu'un gisement puisse être considéré comme stratégique, ses réserves doivent dépasser 70 millions de tep.

Mais Svetlana Levtchenko, chef de département au Service fédéral antitrust (FAS), estime que cette transaction tombera probablement sous le coup de la loi sur les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, par conséquent, ONGC devra présenter un business plan conformément aux critères établis par le FAS.

Si le FAS considère les actifs d'Imperial comme stratégiques, le gouvernement devra interdire la transaction, a déclaré Ilia Ratchkov, partenaire de la compagnie Noerr Stiefenhofer Lutz: les compagnies publiques étrangères ne peuvent pas contrôler les actifs stratégiques russes. Dans ce genre de cas, le FAS recommande de demander l'autorisation, estime-t-il. Un de ses clients s'est déjà retrouvé dans une situation semblable: il s'agit d'une compagnie américaine qui a racheté une entreprise allemande possédant en Russie des actifs liés à la vente d'explosif.

Le contrôle de transactions effectuées par des étrangers en dehors des frontières du pays n'est pas une invention russe, celles-ci sont également surveillées aux Etats-Unis et en Europe, affirme Vladimir Khvaley, partenaire de Baker & McKenzie. Mais ces transactions sont cependant difficiles à contrôler, surtout si les compagnies ne sont pas publiques et si elles passent par des off-shores. L'efficacité de la loi dépendra par conséquent de la sévérité de la punition prévue en cas de non-respect, estime-t-il.

Selon la loi russe, l'acheteur d'un actif "non avalisé" peut être frappé d'une interdiction de voter conformément à ses actions, ce qui est un mécanisme efficace, fait remarquer Ilia Ratchkov. D'autres actionnaires désirant priver les participants étrangers du droit de vote à l'assemblée générale pourraient exiger que la transaction soit jugée nulle, tempère Maria Minskova, juriste de Gide Loyrette Nouel.

Le contrôle des investissements étrangers est une pratique mondiale, relève Alexandre Ivlev, partenaire d'Ernst & Young, mais, si le processus de concertation est incompréhensible pour les entreprises, cela peut freiner l'arrivée de ces investissements.

Gazeta.ru

Tensions Moscou-Washington: pas de répercussions fatales sur l'économie russe

Certains hommes d'affaires et experts américains appellent les autorités de leur pays à ne pas terroriser le monde des affaires russe à cause de la guerre en Géorgie, car cela irait à l'encontre des intérêts de Washington, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru.

La plupart des analystes russes estiment que les Etats-Unis sont incapables de porter un coup sérieux à l'économie russe, et ce, quoi qu'il arrive.

"Les Etats-Unis ne sont pas le principal partenaire commercial de la Russie (le volume du commerce entre les deux pays ne représente que 4% des échanges extérieurs russes), c'est pourquoi une réduction de la demande de la part des Etats-Unis n'exercerait aucune influence significative sur les exportations russes à moyen terme", affirme Dmitri Serebrennikov, directeur de la branche investissement chez Finam.

En même temps, le durcissement de la politique américaine pourrait poser quelques problèmes aux hommes d'affaires russes. "La pénétration de Gazprom sur les marchés européens est déjà bloquée par la nouvelle directive gazière de l'UE", fait remarquer Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis. Selon lui, des sanctions compliqueraient l'acquisition des permis de construire pour les gazoducs en mer Noire et en mer Baltique. De plus, l'aggravation de la situation dans le Caucase rendra plus difficiles les négociations de Gazprom à propos des opérations d'échange (swap) sur le gaz azerbaïdjanais. "Bakou est intéressé, mais seulement jusqu'à la mise en exploitation du gazoduc Nabucco, après quoi le transit du gaz par la Russie deviendra tout simplement désavantageux sur le plan économique", explique M. Kortchemkine.

En théorie, la situation pourrait affecter les géants métallurgiques russes, qui ont récemment acheté des actifs américains. Norilsk Nickel a fait l'acquisition pour 400 millions de dollars de certains actifs nickel de l'américain OM Group, Evraz possède les producteurs de laminés Oregon Steel Mills et Claymont Steel (à peu près 3 milliards de dollars d'investissements) et Severstal est tombé d'accord il y a quelques jours sur le rachat d'actifs du groupe minier PBS Coals Corporation pour 1,3 milliard de dollars. Actuellement, les sociétés métallurgiques russes, Severstal et Evraz en tête, occupent 9% du marché de l'acier aux Etats-Unis.

Si ces sociétés agissent en conformité avec la législation locale, il sera difficile de leur adresser des reproches, explique le chef du département analytique de Sovlink Mikhaïl Armiakov. "Mais si une compagnie russe souhaite acquérir des actifs aux Etats-Unis, cela s'avèrera plus difficile qu'avant", indique-t-il.

Dans l'ensemble, les analystes sont d'accord pour dire que la situation économique en Russie ne subira pas d'aggravation considérable à cause des divergences politiques avec l'Occident. "Les frictions avec les Etats-Unis n'auront pas de répercussions fatales sur l'économie russe", estime Dmitri Satchine, de la société East Kommerts.

"La Russie reste le premier fournisseur d'hydrocarbures pour les pays européens et devient peu à peu un débouché incontournable pour les produits et services des entreprises américaines et européennes", fait remarquer Dmitri Bogdanov, vice-président du groupe d'investissement Kapital.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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