Le refus de libérer Khodorkovski est une grave faute politique (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 25 août - RIA Novosti. Selon certains experts, le refus d'accorder la libération conditionnelle à l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski s'explique par la volonté de la Russie de montrer qu'elle ne fait pas de concessions à l'Occident, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les avocats de l'ex-magnat en disgrâce préparent déjà une requête en cassation, affirmant que le verdict n'a "rien à voir avec la loi et la justice".

Gleb Pavlovski, président de la Fondation pour une politique efficace: "C'est une grave faute politique. Elle s'explique par une étrange incertitude des instances politiques face à la situation actuelle dans le pays, ainsi que par une profonde incompréhension de l'état de la société et des objectifs à long terme dont il faut commencer à s'occuper aujourd'hui. Une partie de nos "généraux politiques" continue à mener une vieille guerre, qui a été gagnée il y a longtemps. Ce n'est qu'une habitude, un cliché, un mode de pensée. Le pouvoir n'est pas encore prêt à la modernisation. Les questions relatives à la modernisation du pays diffèrent considérablement de celles concernant le rétablissement de l'Etat: cette dernière voie est parsemée de nouveaux ennemis et de nouveaux problèmes, qui sont beaucoup plus sérieux et compliqués".

Mikhaïl Vinogradov, président du Centre de conjoncture politique: "L'activité des lobbyistes oeuvrant pour la libération de Khodorkovski a été insuffisante et n'a pas apporté les résultats escomptés. En outre, la conjoncture politique ne leur a apparemment pas été favorable. Nous avons été témoins de la libération récente de l'opposant Kozouline en Biélorussie, considérée comme un geste de bonne volonté de Minsk envers l'Europe. Compte tenu de la guerre en Ossétie du Sud, la libération de Khodorkovski aurait pu avoir l'air d'une concession, fâcheuse dans le cadre de la confrontation avec l'Occident. Cependant, la question de la libération éventuelle de Khodorkovski reste encore totalement ouverte".

Dmitri Orechkine, analyste politique indépendant: "Cette libération aurait été un défi au système des valeurs hérité de l'époque de Poutine. Elle aurait signifié la fin de l'ère Poutine et le commencement de quelque chose de nouveau. Poutine a créé sa propre langue de communication au sein de l'élite, une langue très simple: "Le plus fort a toujours raison". Dans une autre langue, la libération de Khodorkovski signifierait la clémence, l'humanité, la magnanimité, etc. En "poutine" elle ne signifie qu'une seule chose: la faiblesse. S'il le laisse partir, cela voudra dire que quelqu'un l'a forcé à le faire. Bush, par exemple, ou quelqu'un d'autre. Dans le cadre de ce système de valeurs, toutes les discussions autour de la libération de Khodorkovski ne font qu'irriter Poutine, qui les considère comme une forme de pression sur lui".

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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