Nezavissimaïa gazeta, Vedomosti
Abkhazie et Ossétie du Sud envisagent d'accueillir des bases militaires russes
Dans le cas où l'OTAN introduirait des mesures sévères contre la Russie en raison de la situation en Ossétie du Sud, l'Abkhazie se dit prête à prendre des mesures visant à assurer sa sécurité, lit-on mercredi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Vedomosti.
Soukhoumi pourrait même proposer à Moscou d'installer des bases militaires dans la république autoproclamée. "La Russie reste ici et renforce ses positions, a indiqué à Nezavissimaïa gazeta le secrétaire du Conseil de sécurité abkhaze Stanislav Lakoba. S'ils veulent une confrontation ouverte, ils l'auront. Naturellement, des bases russes seront déployées sur notre territoire, et tout ce qui sera nécessaire, car l'Abkhazie, tout comme la Russie, n'a pas le choix. Il faut reconnaître l'Abkhazie, signer un accord militaire et installer ici des bases militaires. Le plus important, c'est ce qu'a dit le président russe: la Russie ne quittera pas le Caucase. A vrai dire, la position de l'Occident ne nous préoccupe plus beaucoup".
Selon M. Lakoba, "la Russie ne partira nulle part, ici se trouve pour elle la "ligne rouge", au-delà de laquelle elle ne se retirera jamais".
"La Russie devrait reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud pour assurer son succès et éviter de perdre les positions obtenues, a expliqué le représentant de l'Ossétie du Sud à Moscou Dmitri Medoïev. Après, il sera peut-être trop tard, car l'OTAN pourrait initier le processus d'adhésion de la Géorgie. Alors la Russie ne pourra plus intervenir pour nous protéger en cas de nouvelle agression de Tbilissi, parce qu'elle devra pour cela entrer en guerre contre l'Alliance atlantique".
M. Medoïev a indiqué que le retrait des troupes annoncé par les dirigeants russes s'effectuait non vers le territoire de la Russie, mais vers la zone de sécurité de 14 kilomètres en Ossétie du Sud, qui longe les frontières de la république autoproclamée. Il a aussi confirmé que l'apparition de bases militaires russes en Ossétie du Sud était envisageable.
Soukhoumi comme Tskhinvali comptent sur le soutien des parlementaires russes. Le 26 août, le Conseil de la Fédération et la Douma (chambres du parlement russe) se réuniront en séances extraordinaires afin d'examiner la situation d'après guerre et de débattre du statut de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie, aussi bien que de celui des forces russes déployées sur leur territoire. Une source à la chambre haute a confirmé à Vedomosti que l'ordre du jour des séances était en cours d'élaboration à l'administration du président, ce qui laisse penser qu'il pourrait être question d'une légalisation de la présence de l'armée russe hors des frontières du pays. Cette question est actuellement examinée au Kremlin, indique une source proche de l'administration présidentielle.
Les militaires estiment qu'il n'est pas prudent de laisser en Ossétie du Sud les mêmes forces qu'avant la guerre (500 soldats avec armement léger), indique une source au ministère russe de la Défense. Leurs effectifs devraient être augmentés de plusieurs fois, et renforcés par des chars et des pièces d'artillerie.
Gazeta.ru/Vedomosti
Conflit en Géorgie: l'OTAN est scindée en deux
Le sommet des chefs de diplomatie des pays de l'OTAN a condamné la Russie pour sa campagne militaire en Géorgie et exigé de Moscou le respect des engagements pris en matière de retrait de ses troupes, indiquent mercredi les quotidiens Gazeta.ru et Vedomosti.
Quant à Tbilissi, au contraire, on lui a promis une aide, qui sera accordée par une commission Géorgie-OTAN spécialement créée pour l'occasion. Malgré un ton très dur, une telle réaction est le résultat d'un compromis à l'intérieur de l'Alliance et une sorte de calcul diplomatique, estiment les experts.
En public, le ton sera durci au maximum, sans toutefois remettre en cause la possibilité de trouver un compromis, estime Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Rossiïa v globalnoï politike (La Russie dans la politique globale). Pour lui, il ne s'agit que d'un moyen de cacher que l'OTAN s'est retrouvée profondément divisée: il y a ceux qui souhaiteraient "punir" Moscou et ceux qui préfèreraient continuer à entretenir des relations d'affaires habituelles avec la Russie.
Sur ce plan, les positions ont peu changé depuis avril dernier, lorsque la Géorgie s'est vu refuser le Plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN (MAP), et ce sont en premier lieu la France et l'Allemagne qui restent vivement opposées à une politique ferme vis-à-vis de Moscou, rappelle l'expert.
"Pour les Américains, le conflit en Géorgie n'est qu'une épreuve de force ratée dans l'espace de l'ex-URSS. Pour la vieille Europe, deux choses sont aussi importantes l'une que l'autre: il s'agit tant du fait que la Géorgie ait provoqué une épouvantable crise humanitaire que du recours à la force par la Russie en dehors de la zone de responsabilité de ses soldats de la paix", estime Alexeï Arbatov, directeur du centre de sécurité internationale de l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales de l'Académie russe des sciences.
Selon l'analyste, c'est grâce à la position des pays d'Europe occidentale qu'il sera impossible de "claquer la porte", car "l'Iran, qui a de fait annoncé avoir créé un missile intercontinental, et le Pakistan qui traverse une période d'agitation posent toujours des problèmes bien réels, et le règlement des crises liées à ces pays est impossible sans la coopération de Moscou".
L'expert considère la création de la commission Géorgie-OTAN comme un "lot de consolation" attribué au président géorgien. Car l'Alliance elle-même et les Etats-Unis ont montré "qu'en cas de conflit direct avec la Russie, la protection des alliés même les plus fidèles avait ses limites", souligne M. Arbatov.
Le Conseil Russie-OTAN a été instauré au cours de la deuxième vague d'élargissement de l'Alliance, en mai 2002, rappelle Alexandre Pikaïev de l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales. L'OTAN voulait montrer que cet élargissement n'était pas dirigé contre la Russie. Une vingtaine de comités et groupes de travail existent sous l'égide de ce conseil, qui s'occupent notamment de la compatibilité des contingents militaires et des systèmes de défense antimissile. En suspendant le travail de ce conseil, l'OTAN en pâtira lui-même, estime M. Pikaïev. Les questions relatives à l'Afghanistan étaient notamment examinées au sein de cet organisme.
"Cela fait longtemps que des problèmes sérieux n'ont pas été examinés dans ce format, et cette décision témoigne de l'impuissance de l'OTAN", ajoute pour sa part l'analyste politique allemand Alexander Rahr.
Vedomosti/Gazeta
Russie-Biélorussie: le conflit en Géorgie pousse au rapprochement
Les présidents russe et biélorusse, Dmitri Medvedev et Alexandre Loukachenko, se sont entendus mardi pour conclure un accord sur la création d'un système unique de défense antiaérienne, notent mercredi les quotidiens Vedomosti et Gazeta.
Le document, qui est considéré par les experts comme une réponse au déploiement d'éléments du bouclier antimissile américain (ABM) en Pologne, devrait être signé l'automne prochain à Moscou.
La Biélorussie a pris son temps pour adopter une décision en la matière, a fait remarquer un responsable du ministère russe de la Défense. Les négociations ont été entamées en 2000, et en décembre 2006, le président Vladimir Poutine a approuvé le projet d'accord, qui a ensuite été présenté à Minsk. Les pourparlers avaient été suspendus après le conflit autour du transit de gaz et de pétrole.
"Si avant mardi dernier, la position de Loukachenko vis-à-vis du conflit en Ossétie du Sud était extrêmement réservée, aujourd'hui, on voit bien que les dirigeants biélorusses ont réévalué la situation, s'étant rendu compte qu'un conflit avec la Russie serait beaucoup plus dangereux pour le pays, a expliqué le directeur adjoint du Centre des technologies politiques Alexeï Makarkine. Après que Medvedev, sans doute, a réussi à s'entendre sur le déploiement d'armements faisant partie du système de défense antimissile sur le territoire de la Biélorussie voisine, en réponse à l'accord identique intervenu entre la Pologne et les Etats-Unis, Loukachenko devrait parvenir à un consensus sur les livraisons de gaz".
Loukachenko a accepté de réunir les systèmes de DCA afin de compenser sa position sur le conflit en Ossétie du Sud, estime Iaroslav Romantchouk, expert du centre de recherche biélorusse Mises. Le leader biélorusse n'avait exprimé ses condoléances aux victimes qu'une semaine après le début du conflit armé, ce qui a suscité le mécontentement du Kremlin. Mardi, il a expliqué qu'il ne s'était pas mêlé du conflit car Moscou arrivait très bien tout seul à contraindre Tbilissi à la paix. "Tout a été très bien fait, très calmement, avec sagesse et éclat".
Un système unique de DCA signifie un commandement commun et la mise en place d'un système d'alerte sur la situation aérienne: les centres russes de gestion recevront donc des informations provenant des radars biélorusses, explique Igor Korotchenko, membre du Conseil public auprès du ministère de la Défense. Selon lui, un tel système améliorera beaucoup les performances du système de DCA russe dirigé vers l'ouest. A présent, on peut s'attendre à des livraisons à l'armée biélorusse de nouveaux armements à prix réduits, dont des moyens de DCA, des avions et des missiles tactiques, estime l'expert militaire biélorusse Alexandre Alessine.
Après le conflit entre les Géorgiens et les Ossètes, le moment est venu de mener des actions difficiles dans le cadre de l'Union Russie-Biélorussie, a indiqué Alexandre Loukachenko. L'union possède des programmes secrets, y compris concernant la frontière et la coopération militaire, explique Ivan Makouchok, porte-parole du secrétaire d'Etat de l'Union. Les dirigeants des deux républiques autoproclamées ont exprimé leur volonté de se joindre au traité sur l'instauration de l'Union Russie-Biélorussie, a-t-il rappelé. Si cela se produit et si quelques pays reconnaissent leur souveraineté, ils pourront participer aux programmes militaires conjoints, a-t-il expliqué.
RBC Daily
Mer Noire: les Etats-Unis pourraient neutraliser la flotte russe
Des navires de guerre américains pourraient venir en aide à la Géorgie, ce qui neutraliserait complètement la Flotte russe de la mer Noire, lit-on mercredi dans le quotidien RBC Daily.
Selon l'Etat-major général russe, l'US Navy pourrait entrer en mer Noire d'ici la fin du mois d'août. Dans ce cas, la Géorgie se retrouverait sous la protection des systèmes embarqués de défense antiaérienne américains, et tout le Caucase du Nord serait également à leur portée.
Des pourparlers entre Ankara et Washington sur le passage de navires de guerre américains par les détroits du Bosphore et des Dardanelles sont en cours depuis au moins une semaine. D'un côté, les dirigeants de la Turquie, qui contrôle ces détroits, sont quelque peu fâchés contre les Etats-Unis à cause de leur soutien aux séparatistes kurdes. De l'autre, Ankara reste un allié de Washington au sein de l'Alliance atlantique, et ne devrait pas faire traîner l'affaire trop longtemps.
Selon la convention de Montreux, les navires de guerre des pays qui n'ont pas d'accès direct à la mer Noire ont le droit d'y rester pendant 21 jours au maximum, à condition que leur tirant d'eau total ne dépasse pas 30.000 tonnes. Formellement, cela empêche la VIe flotte américaine en Méditerranée d'envoyer un porte-avions en mer Noire. Toutefois, selon l'expert militaire Konstantin Makienko, même un croiseur moderne avec plusieurs destroyers suffiraient pour neutraliser complètement la Flotte russe de la mer Noire: "Aujourd'hui, ce n'est qu'une collection hétérogène de matériel à demi obsolète".
En théorie, Moscou pourrait envoyer en mer Noire des navires des autres flottes, mais en réalité il n'y a rien à envoyer. "La Flotte du Nord est spécialisée dans la dissuasion nucléaire, a rappelé M. Makienko. La Flotte du Pacifique se trouve trop loin et ne dispose pas de forces appropriées pour une telle mission". La Flotte russe de la Baltique, au contraire, étant assez compacte et équilibrée, possède les ressources nécessaires, mais ses navires seraient vulnérables aux attaques de l'OTAN bien avant leur arrivée en mer Noire.
"Si les Américains s'approchent de Poti et de Batoumi, il ne nous restera qu'à retirer nos navires, a expliqué une source au sein de la Flotte de la mer Noire. Le mandat des forces de paix nous permet de rester dans les eaux de l'Abkhazie, d'autant plus que dans les mois à venir la situation y restera calme. Mais une telle proximité serait cependant dangereuse: des provocations sont tout à fait possibles".
Des experts militaires estiment que la Russie n'a pas le temps de reconstruire sa flotte, et devrait développer dans la région un groupement aérien. "La mer Noire n'est pas un océan, l'aviation peut y intervenir facilement". De plus, la Russie devrait renforcer rapidement les armées de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, et également développer ses systèmes de commandement, de reconnaissance et de communication.
"Si l'Ossétie du Sud avait eu une armée forte, notre intervention aurait pu se limiter à un soutien aérien, estime Konstantin Makienko. La première confrontation avec une armée étrangère pourtant loin d'être parmi les meilleures a montré que les avions, les chars et les systèmes de communication géorgiens étaient meilleurs. Et s'ils avaient eu des avions de chasse et une défense antiaérienne moderne? Nous avons eu de la chance que le moral des troupes géorgiennes ait été rapidement atteint."
La prédominance des forces nucléaires doit être corrigée d'urgence, concluent de nombreux spécialistes.
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.