Revue de la presse russe du 14 août

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MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily, Nezavissimaïa gazeta

Le plan russe de règlement du conflit accepté avec une réserve géorgienne

Le plan de règlement du conflit sud-osséto-géorgien proposé par le président Dmitri Medvedev a été approuvé hier à Bruxelles par les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE, lit-on jeudi dans les quotidiens RBC Daily et Nezavissimaïa gazeta.

La Géorgie n'y a précisé qu'un point, en fait, crucial, concernant le statut de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Les experts spécialisés dans les problèmes politiques estiment que la Russie a été contrainte d'accepter ce compromis, sans quoi elle se serait retrouvée isolée sur le plan politique. Les juristes indiquent que le règlement du problème du statut dépendra également des républiques non reconnues.

De l'avis de nombreux politologues, la Russie a fait une concession sur le problème du statut des républiques non reconnues pour pouvoir poser ensuite ce problème carrément devant la communauté occidentale. "C'est une concession diplomatique déterminée. Ce qui importe aujourd'hui, c'est le fait que le règlement suivra les principes proposés par la Russie", a expliqué au quotidien RBC Daily Dmitri Badovski, expert de l'Institut des systèmes sociaux. Il se déclare certain qu'une nouvelle formule permettra à la Russie d'engager ensuite une discussion à part sur ce problème. "Le problème existe objectivement, l'Europe a reconnu de fait, hier, son existence et qu'il fallait se pencher là-dessus. Personne ne pourra plus faire comme si ce problème n'existait pas", a-t-il ajouté.

"Avec le plan de Dmitri Medvedev, la Russie jugeait primordial de rester ferme sur un certain nombre de points: le retrait des troupes, les engagements à renoncer à un règlement par la force, l'absence de la mention de l'intégrité territoriale de la Géorgie", estime Alexeï Makarkine, vice-président du Centre des technologies politiques. Ces points figurent dans le document. Pour le reste, il y avait une marge pour un compromis, et la Russie a manoeuvré intelligemment.

Alexeï Makarkine estime que, si la Russie avait exigé que son plan de règlement pacifique soit accepté sans réserve, elle aurait été confrontée à une menace d'isolement politique. D'autant que Moscou a perdu la guerre médiatique: les chaînes de télévision occidentales ont déversé sur les spectateurs un flot d'informations sur "l'agression russe contre la Géorgie souveraine", en outre, Mikhaïl Saakachvili et son entourage ont fourni à dessein aux chaînes occidentales des informations souvent trompeuses parvenant du champ de bataille. Viatcheslav Nikonov, directeur exécutif de la Fondation présidentielle Monde Russe, a rappelé qu'au cours des premières quinze heures, alors que Tbilissi bombardait Tskhinvali et exterminait les civils, les agences mondiales gardaient le silence.

"L'Ossétie du Sud, bien qu'elle ne soit pas reconnue, est un Etat indépendant qui exerce sa juridiction sur son territoire depuis plus de 15 ans, a déclaré au quotidien Nezavissimaïa gazeta Oleg Khlestov, vice-président de l'Association russe du droit international. Quant au sort de l'Ossétie du Sud et à la question de savoir si elle souhaite rentrer ou non dans le giron de la Géorgie, ce qu'exige Tbilissi, la décision dépendra, entre autres, de Tskhinvali".

Gazeta.ru

Caucase: la Russie perd son monopole en matière de maintien de la paix

La guerre entre la Russie et la Géorgie provoquera inévitablement l'internationalisation du règlement politique du conflit en Ossétie du Sud et en Abkhazie, lit-on jeudi dans le quotidien Gazeta.ru.

Mais la perte du monopole en matière de maintien de la paix ne doit pas être accueillie par la Russie comme une défaite. Il s'agit plutôt d'une chance unique d'établir une paix un tant soit peu solide. Bien entendu, si cette paix est le véritable objectif de la politique russe dans le Caucase.

Le sixième principe du plan de paix Medvedev-Sarkozy visant à mettre fin à la guerre en Géorgie prévoit "une discussion internationale sur le problème du futur statut de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie et les moyens d'assurer leur réelle sécurité". La Russie interprète ce principe comme la reconnaissance par l'Union européenne de l'impossibilité du retour au statu quo d'avant la guerre. Quant à l'Occident, compte tenu d'autres points (notamment le retrait des unités régulières de l'armée russe du territoire de la Géorgie et des républiques non reconnues), il peut interpréter ce plan comme le retour à la situation d'avant la guerre. Mais il est évident que la discussion internationale sur le statut des deux républiques est inévitable et que la Russie ne jouera plus seule le rôle de garant de la paix, car la guerre qui a éclaté montre qu'elle n'a pas réussi à assumer pleinement ce rôle.

Pour la Russie, il serait plus avantageux de partager avec des cosponsors la responsabilité de la situation dans les républiques non reconnues, ne serait-ce que pour augmenter les chances d'établir une paix solide. S'il faut transférer sans cesse des unités régulières sur le territoire d'un Etat voisin pour venir en aide à ses propres soldats de la paix ou vouer l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie à une existence à la limite de la guerre pendant une période indéterminée, il est douteux que cela puisse être considéré comme une victoire géopolitique ou militaire de la Russie.

Adoptant le plan Medvedev-Sarkozy, la Russie a reconnu le changement des formats précédents de maintien de la paix. Mais elle a le droit et, c'est là l'essentiel, l'obligation dictée par la raison, d'entraîner d'autres acteurs géopolitiques, par exemple, l'Union européenne, dans le processus garantissant l'existence de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie dans les conditions d'une paix solide. Il n'y a aucune raison de renoncer à la participation des Etats-Unis, car il est impossible de régler le problème de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie sans tenir compte de l'existence de la Géorgie. Il est peu probable que la Russie veuille traduire dans les faits les paroles de Mikhaïl Saakachvili, selon lesquelles la Géorgie est devenue l'avant-garde de la lutte des Etats-Unis et de l'OTAN contre la Russie. Il est douteux que même les impérialistes les plus effrénés du pouvoir russe brûlent du désir de déclencher une véritable troisième guerre mondiale autour de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

Nezavissimaïa gazeta

Conflit en Ossétie du Sud: les généraux russes à la retraite critiques envers le pouvoir

La guerre en Ossétie du Sud a pris fin, l'agresseur "a été puni et a essuyé des pertes considérables", a déclaré le président russe Dmitri Medvedev, cependant, certains éminents experts militaires autrefois haut placés au ministère russe de la Défense portent des jugements sévères sans concessions sur les actions de Moscou dans ce conflit, lit-on jeudi dans le journal Nezavissimaïa gazeta.

"La victoire remportée sur la Géorgie a été cédée à Nicolas Sarkozy qui a déjà changé certains points du règlement du conflit, ce qui ne manquera pas de se répercuter très négativement sur les intérêts géopolitiques de la Russie dans l'ensemble du Caucase du Sud", a déclaré au journal le général Leonid Ivachov, président de l'Académie des problèmes géopolitiques, qui se dit certain que la Russie a mis fin trop tôt à ses opérations militaires contre la Géorgie, pour engager le dialogue avec les médiateurs de l'UE.

De l'avis du général Iouri Netkatchev qui a assumé entre 1993 et 2000 le poste d'adjoint au commandant du Groupe de troupes russes en Transcaucasie, au cours de l'opération visant à contraindre la Géorgie à la paix, la Russie a détruit de manière extrêmement inefficace les ouvrages militaires géorgiens. L'expert estime également que Moscou avait le droit d'étendre le blocus maritime non seulement au littoral de l'Abkhazie, mais aussi à toute la Géorgie. Un blocus aérien du pays pouvait également être envisagé, en vue d'empêcher l'arrivée d'aide militaire de l'extérieur. "Les actions des dirigeants russes ont été hybrides. Nous n'avons pas brisé la machine de guerre de la Géorgie et, en acceptant d'arrêter les opérations militaires, nous avons restreint considérablement nos possibilités de punir l'agresseur, ce qui a été récemment déclaré de but en blanc par le ministère russe de la Défense", a déclaré Iouri Netkatchev.

Le général d'armée Anatoli Kornoukov, ancien comandant en chef des forces aériennes russes, a mentionné les erreurs et le sérieux manque de préparation des troupes aux opérations militaires. D'après lui, "l'équipage du Tupolev Tu-22 abattu au-dessus de la Géorgie a été envoyé à la mort", car les moyens de DCA géorgiens n'avaient pas été décelés à temps.

Le général d'armée Makhmout Gareïev, président de l'Académie des sciences militaires, proche des hauts responsables du ministère russe de la Défense, estime que "l'acte d'agression géorgienne de courte durée a mis en évidence les défauts douloureux de la préparation de nos troupes et du commandement des forces et des moyens directement sur le champ de bataille, ainsi que dans l'ensemble des procédures de décision en situation de combat".

L'ancien chef adjoint de l'Etat-major général des forces armées de l'URSS estime qu'au début du conflit les dirigeants politiques ont trop tardé à réagir et que les généraux devaient prendre l'initiative: "Lorsque les canons grondent, en l'occurrence, les lance-roquettes multiples Grad, il est inadmissible d'attendre les instructions des instances supérieures, il faut porter d'urgence des coups foudroyants, avant tout, contre les bases et les positions de tir de l'adversaire. C'est le b.a.-ba de la guerre".

Vedomosti

Le conflit avec la Géorgie entraînera une augmentation du budget de l'armée russe

Le commandement russe promet de tirer les leçons du bilan des opérations militaires et de commander de nouveaux armements, ce qui nécessitera des crédits de plusieurs milliards de roubles, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

Le ministère des Finances a déclaré avoir retardé la présentation au gouvernement du plan financier jusqu'en 2023, car des ministères, entre autres, les départements de force, avaient demandé des crédits supplémentaires. Selon un employé du ministère de la Défense, des demandes supplémentaires avaient déjà été formulées antérieurement, sans tenir compte du bilan des opérations militaires en Ossétie du Sud, par conséquent, il n'est pas exclu qu'elles soient maintenant corrigées.

Tout d'abord, les militaires ont besoin d'acheter de nouveaux équipements pour les soldats, ceux de l'armée géorgienne sont bien meilleurs, fait remarquer Igor Korotchenko, membre du Conseil public auprès du ministère de la Défense. D'après lui, il convient également d'équiper l'armée russe d'appareils de vision nocturne, et de moyens tactiques de liaison et de reconnaissance, y compris de drones. L'embuscade dans laquelle a été blessé le général Anatoli Khroulev, commandant de la 58e armée, n'aurait probablement pas pu être dressée si l'armée avait disposé de drones, affirme l'expert.

D'après ses évaluations, les premières mesures à prendre en vue d'équiper les troupes stationnées dans le Caucase reviendraient à au moins 50 milliards de roubles (1,382 milliard d'euros). En outre, il faudrait augmenter les achats de missiles stratégiques Topol M en portant leur nombre de 10 à 25-30 unités, car c'est l'unique moyen d'éviter des pressions militaires de la part de l'Occident.

Tous les types de forces armées et leurs lobbies feront de très nombreuses demandes, prévoit Konstantin Makienko, du Centre d'analyse des stratégies et des technologies, mais si des priorités ne sont pas rapidement établies, certaines sommes pourraient disparaître sans laisser de traces. Un fonctionnaire travaillant dans l'un des départements de force reconnaît que la réforme des achats d'armements accuse effectivement un certain retard. L'Agence pour les livraisons d'armements fondée en 2007 et à la tête de laquelle a été nommé Viktor Tcherkessov, ex-directeur du Service fédéral de contrôle des stupéfiants, n'a toujours pas de locaux, c'est pourquoi on ne sait même pas où lui envoyer le courrier, déplore le fonctionnaire.

RBC Daily, Gazeta.ru

Nouveau coup dur pour le patron de TNK-BP Robert Dudley

Viktor Vekselberg, copropriétaire de TNK-BP, a déposé une plainte auprès de l'Inspection du travail de Moscou contre le président du holding russo-britannique Robert Dudley pour violation de la législation sur le travail, lit-on jeudi dans les quotidiens RBC Daily et Gazeta.ru.

L'inspection avait déjà prévenu ce dernier de la possibilité d'engager une troisième procédure contre lui pour abus administratifs. De l'avis de certains experts, cela pourrait entraîner le licenciement de Robert Dudley de la compagnie, qui est depuis longtemps déchirée par un conflit entre les actionnaires

Le consortium des actionnaires russes de TNK-BP, AAR (Renova appartenant à Viktor Vekselberg, Alfa Group à Mikhaïl Fridman et Access Industries à Leonard Blavatnik), auquel appartiennent 50% des actions de la compagnie avait maintes fois exigé la démission de Robert Dudley, en l'accusant de la diriger dans le seul intérêt des copropriétaires britanniques et d'entraver le développement de TNK-BP. Cette question avait déjà été examinée en juillet au conseil des directeurs de TNK-BP Management, cependant, les Britanniques, qui sont majoritaires au conseil, avaient décidé de ne pas remplacer le patron de la compagnie.

Dmitri Abzalov, analyste du Centre de conjoncture politique, indique qu'auparavant les actionnaires russes essayaient de ne pas afficher leur implication dans les attaques contre Robert Dudley. Toutes les plaintes provenaient des filiales de TNK et furent examinées par le tribunal d'arbitrage de la région de Tioumen. AAR ne voulait pas nuire à sa réputation, explique l'expert, mais un conflit a éclaté entre temps entre Viktor Vekselberg et Mikhaïl Fridman.

"Mikhaïl Fridman a engagé des pourparlers avec le patron de BP Tony Hayward qui lui a proposé de licencier Robert Dudley en échange de la démission de Viktor Vekselberg et de Guerman Khan, directeur exécutif de TNK-BP, a expliqué Dmitri Abzalov. Etant donné que Mikhaïl Fridman détient un paquet d'actions plus important que le propriétaire de Renova, il peut influer sur la démission de Viktor Vekselberg s'il le souhaite."

Dans cette situation, Viktor Vekselberg a quitté la "conspiration" et déclenché une grande campagne d'information afin d'obtenir le plus rapidement possible la démission de Robert Dudley, avant que Mikhaïl Fridman ne s'entende avec les actionnaires britanniques.

L'inspection du travail avait déjà engagé deux actions en justice contre le président de TNK-BP. Il l'avait échappé belle, en payant des amendes insignifiantes. Comme l'a expliqué Vladimir Lipavski, directeur de la compagnie juridique Ost Legal, si Robert Dudley est poursuivi une troisième fois pour abus administratifs, il se peut que conformément à la législation russe il lui soit interdit d'assumer des postes de direction pendant trois ans. "Mais il s'agit d'une mesure extrême qui est rarement prise", affirme le juriste.

Mais un des analystes estime que le patron britannique est menacé de discrédit: "une nouvelle affaire administrative mettra fin à la carrière de Robert Dudley en Russie. Ce troisième coup sera le dernier".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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