Ossétie du Sud: Tskhinvali libérée par l'armée russe, Tbilissi se prépare à la loi martiale (SYNTHÈSE)

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MOSCOU, 9 août - RIA Novosti. La capitale de l'Ossétie du Sud séparatiste, Tskhinvali, a été libérée samedi par les forces armées russes, tandis que le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a proposé au parlement d'instaurer en Géorgie la loi martiale.

L'armée géorgienne est intervenue dans la nuit de jeudi à vendredi en Ossétie du Sud, une des deux républiques séparatistes qui revendique son indépendance par rapport à la Géorgie, et a pilonné Tskhinvali. Une grande partie de la ville est sous les décombres, et beaucoup de villages ossètes ont été fortement endommagés. Les autorités sud-ossètes ont fait état de victimes massives parmi la population civile. Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, jusqu'à 1.500 personnes ont été tuées en deux jours d'hostilités. Par ailleurs, douze casques bleus russes ont été tués, et 150 autres blessés dans les affrontements, a pour sa part annoncé l'Etat-major général des forces armées russes.

UNE OPÉRATION DE PACIFICATION

En moins de vingt-quatre heures, d'importants renforts russes sont arrivés sur le terrain. Des combats se poursuivent dans toute la zone relevant de la responsabilité des forces russes de maintien de la paix déployées en Ossétie du Sud sous mandat de l'ONU.

"La situation demeure explosive dans la zone du conflit osséto-géorgien. Les bataillons et les groupes tactiques (russes) ont entièrement libéré la ville de Tskhinvali assiégée par des unités armées géorgiennes, et ils se sont mis à les évincer en dehors de la zone de responsabilité des forces de maintien de la paix", a déclaré à la presse le général Vladimir Boldyrev, commandant en chef de l'armée de terre russe.

Selon le général, les forces armées ont organisé l'évacuation des soldats et des civils blessés vers des hôpitaux en Russie.

Par ailleurs, la Russie a mobilisé ses unités de parachutistes stationnées à Ivanovo, Moscou et Pskov.

"Les renforts russes ont pour objectif de réaliser dans la zone du conflit une opération visant à contraindre les parties à la paix", a expliqué le général Anatoli Nagovitsyne, chef adjoint d'Etat-major général des forces armées russes.

Le général Nagovitsyne a assuré que la Russie n'était "pas en état de guerre avec la Géorgie" et que l'armée russe ne dirigeait pas ses frappes contre Tbilissi.

"Toutes les unités de la 58e armée dépêchées à Tskhinvali l'ont été pour aider le bataillon des forces russes de maintien de la paix qui a subi de lourdes pertes après le pilonnage géorgien", a-t-il affirmé.

LA GÉORGIE DÉNONCE "L'AGRESSION RUSSE"

Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a convoqué samedi une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité national pendant laquelle il a annoncé avoir signé un décret instaurant la loi martiale en Géorgie. Ce document sera déposé à l'examen du parlement dont l'approbation est de rigueur.

"La Géorgie est confrontée à une agression géorgienne", a affirmé M. Saakachvili.

Dans la nuit de vendredi à samedi, selon des médias locaux, l'administration géorgienne a ordonné l'évacuation des sites stratégiques, mais aussi des habitants du quartier Avlabari de Tbilissi où se trouve la résidence de Mikhaïl Saakachvili,.

PERTES ET ASSISTANCE AUX VICTIMES

Les données sur les victimes des affrontements sont pour l'instant confuses. Selon les autorités de la république séparatiste, les victimes "se comptent par milliers", mais le bilan exact est impossible à établir, car beaucoup de gens restent sous les décombres. Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le bilan des affrontements a atteint 1.500 morts.

Le ministre russe des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, a prescrit de déployer un hôpital mobile à Tskhinvali d'ici dimanche prochain et d'assurer la sécurité du personnel médical. La Géorgie n'a toujours pas accordé de corridor humanitaire pour évacuer les blessés de la zone du conflit.

La population civile manque d'eau, de médicaments et de produits alimentaire, alors que la coupure de courant a privé les gens de tout contact avec le monde extérieur, a déploré le premier ministre sud-ossète Iouri Morozov, cité par la chaîne de télévision russe Vesti-24.

Les gardes-frontières russes ont pris sous contrôle tous les cols et sentiers du Grand Caucase par lequel passe la frontière russo-géorgienne.

PLUS DE 30.000 RÉFUGIÉS

Les réfugiés ne cessent d'affluer dans la république russe d'Ossétie du Nord, frontalière de la zone du conflit. 45 blessés ont été placés dans plusieurs hôpitaux mobiles déployés dans le district d'Alaguir, au-delà du Grand Caucase, qui se déclarent prêts à accueillir un millier de personnes.

"Plus de 30.000 personnes ont franchi la frontière au cours des dernières trente-six heures", a annoncé le vice-premier ministre russe Sergueï Sobianine, lors d'une réunion extraordinaire au Kremlin convoquée par le président Dmitri Medvedev.

"Nous sommes réellement confrontés à une catastrophe humanitaire", a constaté M. Sobianine, avant d'assurer que l'assistance humanitaire n'avait été refusée à aucun réfugié.

Le directeur du Service fédéral des migrations, Konstantin Romodanovski, a pour sa part indiqué que les réfugiés recevaient toute l'assistance nécessaire, même si beaucoup d'entre eux arrivaient sans papiers. Plusieurs cités de tentes pour 2.000 personnes ont par ailleurs été déployés près de la frontière géorgienne, a-t-il dit.

La ministre russe de la Santé et du Développement social, Tatiana Golikova, a pour sa part annoncé qu'un avion russe devait quitter Moscou pour acheminer sur le terrain 6 tonnes de médicaments.

HISTOIRE DU CONFLIT

Les républiques sécessionnistes d'Abkhazie (nord-ouest), d'Adjarie (sud-ouest) et d'Ossétie du Sud (nord) ont proclamé leur indépendance après la chute de l'URSS, mais seule l'Adjarie est rentrée dans le giron géorgien. Des affrontements meurtriers ont opposé Abkhazes et Sud-Ossètes à la Géorgie à partir de 1992 et n'ont cessé qu'après l'intervention d'une force internationale de maintien de la paix. Elu en 2004, le président Mikhaïl Saakachvili a promis de rétablir l'autorité de Tbilissi sur les régions séparatistes.

Une force collective de maintien de la paix composée de trois bataillons de 500 soldats - un russe, un géorgien et un nord-ossète - est déployée dans la zone du conflit. Elle est gérée par la Commission mixte de contrôle (CMC) dont Tbilissi cherche à remettre en cause le statut.

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