Poutine-Mechel: le mot qui valait des milliards (Vedomosti)

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MOSCOU, 7 août - RIA Novosti. Peu d'hommes politiques dans le monde ont la possibilité d'évaluer le prix de leurs paroles littéralement en dollars, en livres ou en d'autres monnaies, et Vladimir Poutine fait partie de ce cercle restreint, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

Sa question "Où est la marge?", adressée le 24 juillet à Igor Ziouzine, directeur général du groupe métallurgique Mechel, a réduit en un jour la capitalisation de cette entreprise de 5 milliards de dollars. Le prix, ou plutôt le coût des mots du premier ministre continue à monter: depuis la fameuse déclaration, le marché russe des valeurs a perdu plus de 114 milliards de dollars, et son recul continue, occasionnant des pertes pour des milliers d'investisseurs.

Le ministre des Finances Alexeï Koudrine a bien du mal à évaluer les conséquences macro-économiques de ce qui s'est produit, et la Banque centrale déclare avec prudence que l'afflux net de capitaux constituera en fin d'année environ 40 milliards de dollars, soit deux fois moins que l'année dernière.

Il s'est avéré hier que les spéculateurs boursiers n'étaient pas les seuls à être inquiets. Le magnat des médias Rupert Murdoch a déclaré craindre que ses actifs russes soient "volés". "Mieux vaut les vendre maintenant", a-t-il estimé.

Avant l'élection présidentielle, les autorités ont déployé beaucoup d'efforts afin de persuader les hommes d'affaires russes et étrangers que le changement à la tête du pays n'influerait pas sur le climat d'investissement et ne détruirait pas le système des rapports établi. Mais, à présent, il est évident qu'un transfert de pouvoirs aussi important ne pouvait pas rester sans conséquences.

L'affaire TNK-BP est le premier signal lancé par le pouvoir rénové. On a expliqué aux investisseurs étrangers qu'ils ne devaient pas se faire d'illusions: toutes les décisions stratégiques sur les compagnies travaillant dans le secteur des ressources naturelles doivent être concertées avec le Kremlin.

Le deuxième signal a été destiné aux magnats russes: sur l'exemple de Mechel, on leur a montré qu'on ne peut pas posséder en Russie des actifs générant des milliards de dollars de revenus.

En principe, il n'y a rien de vraiment nouveau dans ces messages. Les problèmes de Mechel avaient commencé exactement cinq ans après l'ouverture de l'affaire Ioukos, dont le patron Mikhaïl Khodorkovski fit également preuve d'imprudence en manifestant son irrespect envers Vladimir Poutine. Cela se répercuta également à cette époque-là sur le climat d'investissement, mais la vie reprend toujours son cours: les prix élevés du pétrole, la croissance économique rapide, le potentiel de la demande pour les produits de consommation et d'autres facteurs promettant des recettes importantes aux investisseurs en Russie les obligent à fermer les yeux sur les risques politiques.

La même logique s'imposera probablement cette fois aussi, et les conséquences macro-économiques de la déclaration de Vladimir Poutine seront déjà moins douloureuses à la fin de l'année, car, dans le contexte de la crise financière mondiale, les investisseurs n'ont pas le choix: après avoir digéré le premier choc, ils reviendront en Russie.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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