La dégradation actuelle de la situation à la frontière entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud a certainement des raisons évidentes et des raisons cachées. Par exemple, il est évident que les dirigeants géorgiens cherchent à placer l'Ossétie du Sud sous leur contrôle avant le sommet de l'OTAN qui aura lieu en décembre 2008. Les forces et les moyens de la Géorgie ne suffisent pas pour faire la même chose avec l'Abkhazie, c'est pourquoi l'objet de leurs attaques est justement l'Ossétie du Sud.
Tbilissi se rend parfaitement compte que l'Occident soutient implicitement ses actions agressives visant à "réprimer" les deux républiques qui ne sont pas encore reconnues. Dans le même temps, les dirigeants géorgiens se font de la publicité, en interprétant les événements comme cela les arrange, afin de faire intervenir l'opinion de la communauté internationale dans les difficultés que traverse le Caucase. En outre, les tirs de nuit effectués par la Géorgie sont une action d'intimidation particulière. Tbilissi veut prouver non seulement à Tskhinvali, mais aussi à Moscou qu'il est bien armé et dangereux, qu'il possède des armes modernes récemment acquises.
Le développement des événements autour de l'Ossétie du Sud implique un changement de la politique de la Russie dans la région. Il faut passer des simples appels à la paix auxquels se borne, pour l'instant, notre ministère des Affaires étrangères, à des actions décisives en vue de défendre les intérêts de la Russie dans le Caucase et les citoyens russes qui constituent la majorité des habitants de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Il ne faut pas non plus négliger le danger que représenterait la participation d'autres peuples caucasiens à ce conflit local. De nombreux experts jugent nécessaire de reconnaître immédiatement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, de conclure un traité d'assistance mutuelle avec ces entités et de riposter comme il se doit à l'agression de la Géorgie.
Par ailleurs, les meetings qui se tiennent à Vladikavkaz, capitale de l'Ossétie du Nord qui fait partie de la Russie, montrent que le conflit autour de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie n'est pas seulement un facteur de politique étrangère pour la Russie, mais aussi un facteur de politique intérieure. C'est pourquoi, à mon avis, l'élaboration de décisions concernant l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud doit passer du ministère russe des Affaires étrangères à l'appareil du Conseil de sécurité russe.
Pour des raisons historiques, tout l'espace postsoviétique fut et reste la zone des intérêts vitaux de la Russie. Il est donc logique de considérer la progression de l'OTAN sur ce territoire comme une agression contre la Russie.
La Russie doit, entre autres, informer les pays de l'Alliance de l'arrêt du transit de diverses cargaisons pour le groupement de l'OTAN combattant en Afghanistan. Comme on le sait, plusieurs compagnies aériennes de Russie et d'autres pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) assurent environ 60% du transport des cargaisons de l'OTAN en Afghanistan. C'est pourquoi le problème doit être posé clairement: l'OTAN et, en premier lieu, les Etats-Unis ne doivent pas apporter leur aide aux forces antirusses en Géorgie et en Ukraine, sinon, le transit cessera.
Une tentative diplomatique pour influer sur la Géorgie par l'intermédiaire de Washington a déjà été entreprise par la Russie. Les dirigeants du ministère russe des Affaires étrangères ont exprimé au Département d'Etat américain leur inquiétude face à une nouvelle montée de la tension autour de l'Ossétie du Sud et aux actions illégales de la Géorgie qui accumule des forces militaires dans la région. Mais le grondement des obusiers permettra-il d'entendre cet appel de l'autre côté de l'océan?
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