Revue de la presse russe du 4 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï/ Nezavissimaïa gazeta/ Novye izvestia

L'Ossétie du Sud au bord de la guerre

Des affrontements d'une envergure inédite depuis quatre ans ont eu lieu en fin de semaine dernière dans la zone du conflit osséto-géorgien, lit-on lundi dans les quotidiens Vremia Novosteï, Nezavissimaïa gazeta et Novye izvestia.

Les autorités sud-ossètes ont annoncé le début de l'évacuation des civils, en premier lieu des enfants, dans les zones calmes de l'Ossétie du Sud et dans la province russe d'Ossétie du Nord. Un ordre de mobilisation des réservistes a été proclamé pour la deuxième fois en un mois dans la république non reconnue, qui attend également l'aide de volontaires "de tout le Caucase du Nord".

"La nuit de vendredi à samedi a été terrible", a déclaré une habitante de la capitale sud-ossète au quotidien Novye izvestia.

D'après les renseignements dont dispose Nezavissimaïa gazeta, pour l'instant, seuls des contacts secrets entre diplomates russes et géorgiens permettent d'éviter des opérations militaires de grande envergure en Ossétie du Sud. "Des contacts ont eu lieu hier soir entre diplomates russes et géorgiens, grâce auxquels la nuit dernière a été calme", a déclaré dimanche matin une source compétente à NG. L'initiative des contacts appartient aux Géorgiens qui ont demandé de persuader Tskhinvali de faire preuve d'un maximum de modération, ce qui a probablement été fait".

Temouri Iakobachili, ministre géorgien de la Réintégration, a estimé que la région séditieuse voulait entraîner la Géorgie dans un conflit armé. En réponse, Tskhinvali a invité la partie adverse à entrer en négociations dans le cadre de l'unique instance civile universellement reconnue dans la zone de conflit, la Commission mixte de contrôle (CMC), constituée de quatre coprésidents représentant la Russie, la Géorgie et les deux Osséties. Le ministère russe des Affaires étrangères insiste également sur la reprise des négociations "dans le format de la CMC", car "des scénarios violents détruiraient définitivement les espoirs de règlement du conflit osséto-géorgien".

Mais inviter à la reprise des négociations dans le format de la CMC en août 2008 est pour le moins étrange, estime-t-on dans le quotidien Vremia Novosteï, car la Géorgie avait officiellement annoncé en mars son retrait de cette commission, en expliquant que ce format ne lui convenait pas, dans la mesure où elle n'y disposait que d'une voix, contre trois voix à la partie opposée. Tbilissi propose un format 2+2+2: la Russie plus la Géorgie, les autorités de Tskhinvali plus celles des enclaves géorgiennes de l'Ossétie du Sud, l'Union européenne plus l'OSCE.

Mais cette proposition est loin de convenir à Moscou et Tskhinvali. Le format actuel arrange Moscou, car c'est un instrument de pression sur Tbilissi qui aspire à adhérer à l'OTAN, ce qui irrite le Kremlin. Quant au régime d'Edouard Kokoïty, auquel même Moscou peut avancer des reproches concernant l'utilisation de l'argent alloué au développement de la république non reconnue, en cas de progression des négociations, il risque de rester sans moyens de subsistance.

RBC Daily

Lobbying: le Kremlin veut une loi

L'activité des lobbies, considérée en Russie comme semi-criminelle, va être légalisée: cette initiative a été prise la semaine dernière par l'administration présidentielle qui a publié son plan national de lutte contre la corruption, dont la genèse a été très longue, lit-on lundi dans le quotidien RBC Daily.

Les intervenants sur le marché restent sceptiques quant à l'efficacité de cette loi, estimant que les entreprises auront besoin encore longtemps d'un intermédiaire informel qu'on peut envoyer dans les corridors du pouvoir avec une "valise de billets".

Les tentatives de civiliser le lobbying ont été nombreuses dans l'histoire de la nouvelle Russie. Pour la première fois, une loi sur la réglementation du lobbying avait été élaborée par les députés de la Douma (chambre basse du parlement russe) au début des années 90, mais elle n'avait jamais été adoptée, même en première lecture. Le thème du lobbying réapparut en 2003, au moment où Ioukos étudiait la possibilité de financer officiellement les partis politiques.

"Naturellement, notre projet de loi ne pouvait pas être adopté, car il était dirigé contre la corruption des fonctionnaires et des députés eux-mêmes", raconte Boris Nemtsov, un des auteurs de ce projet de loi sur le lobbying, ex-député de la Douma et leader de l'Union des forces de droite (SPS).

Les intervenants sur le marché soutiennent l'idée de l'adoption d'une loi, mais ils ne se font pas d'illusions sur son efficacité. "Aujourd'hui, il n'y a aucun problème pour qu'un secteur fasse connaître son opinion aux représentants du pouvoir, on nous écoute, mais personne n'est obligé de réagir à nos propositions, de concilier les intérêts des producteurs, des consommateurs et de l'Etat", a déclaré Alexeï Kim, directeur du département entreprises du groupe de compagnies affiliées à Philip Morris en Russie.

Selon Sergueï Frolov, représentant de l'industrie du jeu, directeur de la société Korona K, la légalisation du lobbying n'est qu'une possibilité supplémentaire pour les fonctionnaires de gagner de l'argent en délivrant des licences pour l'activité des lobbies. "Le lobbyiste officiel qui a reçu la licence n'obtiendra rien, tout sera décidé, comme par le passé, par l'homme qui se rendra dans l'instance responsable avec une valise remplie d'argent", estime M. Frolov.

"Le lobbying est aujourd'hui une sphère d'activité tellement diversifiée qu'il est très difficile de définir dans la loi ce qui est considéré comme du lobbying et ce qui ne l'est pas", estime Evgueni Mintchenko, directeur de l'Institut international d'expertise politique.

Un autre problème réside dans le format spécifique de la coopération entre le pouvoir et le monde des affaires en Russie. Si l'adoption de la loi est suivie de l'ouverture de bureaux spécialisés du type des cabinets d'avocats, ces derniers seront inutiles. "En fait, les responsables chargés de superviser le monde des affaires au sein du pouvoir exécutif ou législatif préfèrent avoir affaire aux tout premiers personnages", estime Alexandre Chokhine, président de l'Union des industriels et des entrepreneurs de Russie (patronat, RSPP).

Novye izvestia

Cuba renonce à l'aide militaire russe

Depuis la fermeture soudaine en 2001 de la station radar Lourdes à Cuba, les dirigeants de ce pays ne sont plus enclins à coopérer avec la Russie dans le domaine militaire, a déclaré samedi un diplomate cubain haut placé aux agences d'information russes, rapporte lundi le quotidien Novye izvestia.

La visite du secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev à La Havane n'a apparemment pas été couronnée de succès. Aujourd'hui, les Etats-Unis sont plus importants pour Cuba. Les rencontres entre Nikolaï Patrouchev et les dirigeants cubains qui ont eu lieu les 30 et 31 juillet étaient probablement destinées à prouver que Cuba, partenaire économique traditionnel de la Russie, restait également son allié dans le domaine de la sécurité. Cependant, au terme des négociations, aucune entente n'est intervenue dans le domaine militaire

Selon un représentant de Cuba, les hauts dirigeants du pays ont été "vexés" que la décision de fermer la station radar en 2001 ait été prise sans tenir compte de l'opinion de la Havane et sans consultations préalables. "Nous n'avons pas été mis au courant", a-t-il affirmé. Il est peu probable que les Cubains apprécient le fait que les hommes politiques russes dissertent depuis quelque temps sur le déploiement d'ouvrages militaires à Cuba, encore une fois sans demander l'avis des autorités de l'Ile de la Liberté.

Dans le contexte des déclarations de Raul Castro sur sa volonté d'engager des négociations avec les Etats-Unis, déclarations faites peu après son arrivée au pouvoir à la suite de son frère Fidel, le refus de La Havane de poursuivre la coopération militaire avec Moscou témoigne du changement d'orientation de la politique étrangère de Cuba. Cela a probablement surpris Moscou, car, d'après les rumeurs qui ont circulé ces deux dernières semaines, en réponse au déploiement du système de défense antimissile américain (ABM) en République tchèque et en Pologne, la Russie souhaitait aménager des bases pour les bombardiers nucléaires stratégiques Tu-160 et Tu-195 à Cuba.

Pourtant, selon les experts, la Russie pourrait avoir de bonnes perspectives de coopération économique avec Cuba. Leonid Grigoriev, président de l'Institut de l'énergie et des finances, est certain que ces perspectives sont immenses, mais cela nécessite que Moscou change de priorités. "Il faut envoyer à Cuba des touristes, et non pas des missiles, estime Leonid Grigoriev. Puisque l'Europe est saturée de touristes russes, il faut construire des hôtels à Cuba. Castro prépare une privatisation? Nous devons y participer. Il est bien-sûr possible de développer les contacts économiques, mais, si nous continuons à nous conduire de façon aussi étrange, les Etats-Unis nous dépasseront facilement".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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