Le premier ministre israélien Ehud Olmert a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de participer aux primaires de son parti, Kadima, qui devraient avoir lieu le 17 septembre, et qu'il démissionnerait de son poste aussitôt après l'élection du nouveau leader du parti. Cette décision a été prise à cause des poursuites judiciaires dont il fait l'objet. Olmert est soupçonné de corruption et ses opposants politiques et compagnons au sein du parti réclamaient depuis longtemps la démission du premier ministre. Cependant, il avait jusque-là gardé le silence à propos de ses intentions futures.
La déclaration du premier ministre a coïncidé avec les nouveaux rounds de négociations entre Israël et la Syrie, qui se déroulent en Turquie, et d'autres pourparlers avec les Palestiniens aux Etats-Unis. La question de savoir si le processus de paix progressera après le départ d'Olmert a éclipsé l'ordre du jour des négociations.
C'est sous son mandat qu'Israël a repris, après une longue interruption, les négociations de paix aussi bien avec les Palestiniens qu'avec les Syriens. Mais n'importe quel autre premier ministre israélien aurait probablement fait de même, car, comme on dit, il y a un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. C'est ce dernier qui est en cours actuellement.
Cependant, Ehud Olmert n'a pas réussi à obtenir de progrès significatifs dans le processus de paix. On peut l'attribuer partiellement à son impopularité dans le pays et à l'instabilité politique observée aussi bien à l'intérieur d'Israël que dans les territoires palestiniens. Cependant, étant donné que ni les Palestiniens ni les Israéliens ne sont prêts à faire des compromis douloureux, il est peu probable qu'un autre premier ministre israélien puisse faire plus.
Il en est de même pour le dossier syrien: Olmert a repris les négociations, mais il n'est certainement pas la bonne personne pour persuader la société israélienne de restituer les hauteurs du Golan aux Syriens.
Une nouvelle interruption prolongée des négociations pourrait frapper douloureusement le dossier palestinien en particulier. Aucun coup de feu ne retentit à la frontière syro-israélienne, en revanche, des affrontements ont lieu presque chaque jour entre Palestiniens et Israéliens. Nous sommes face à un paradoxe: de nombreuses questions ont été décidées précisément entre les négociateurs palestiniens et israéliens et la possibilité de conclure un accord de paix de transition est à l'étude.
Néanmoins, rien ne prouve qu'il en sera ainsi, tout comme il est impossible de savoir si le processus de paix ne pourrait pas s'arrêter brusquement dans le cas où Olmert resterait. Bref, aujourd'hui, la logique du processus de paix au Proche-Orient dépend très peu de celui qui tiendra le gouvernail en Israël, à moins que le nouveau premier ministre ne soit une personnalité hors du commun, capable d'entraîner toute la société israélienne derrière lui et de lui imposer sa volonté. Mais, pour l'instant, il n'existe aucune personnalité de ce type sur la scène politique d'Israël. D'ailleurs, la situation en Palestine est probablement la même.
C'est pourquoi la déclaration d'Ehud Olmert n'a pas fait d'émules au Proche-Orient: elle n'a pas apporté plus de clarté mais n'a pas non plus embrouillé les choses. En ce qui concerne Israël, la démission d'Olmert y est essentiellement accueillie avec soulagement. D'après un sondage effectué à la demande de la Dixième chaîne de télévision israélienne, plus de 77% des Israéliens sont mécontents de la politique appliquée par leur premier ministre. Ils refusent de lui pardonner, en particulier, la campagne libanaise. Le récent échange de dépouilles de soldats israéliens enlevés par le Hezbollah contre des terroristes vivants a définitivement choqué les Israéliens. Ils n'associent Olmert qu'à la défaite. Mais rares sont ceux qui réfléchissent à la question de savoir si celui qui le remplacera sera capable de changer la situation.
Actuellement, pour la majorité des Israéliens, n'importe quel autre premier ministre, hormis Ehud Olmert, fera l'affaire. Néanmoins, ils ont des préférences. Selon ce même sondage, 36% des Israéliens souhaiteraient voir Benjamin Netanyahu, président du Likoud et leader de l'opposition, occuper le poste de premier ministre. 24,6% voteraient pour la ministre actuelle des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui remportera probablement les primaires du parti Kadima. 14,9% sont prêts à donner leurs voix à Ehud Barak, président du Parti travailliste, et ministre de la Défense.
Bien qu'ils appartiennent à des partis différents, ces trois politiques ont beaucoup de points communs. Malgré le fait que Benjamin Netanyahu soit considéré comme un adversaire du processus de paix et qu'il soit moins enclin aux compromis, l'expérience de l'époque où il assumait le poste de premier ministre (1996-1999) a prouvé qu'il pouvait parfaitement apposer sa signature au bas des accords de paix. Concernant Ehud Barak et Tzipi Livni, les deux pourraient aussi très bien s'avérer récalcitrants. Bien des choses dépendent de la situation en matière de sécurité au moment des élections, et de l'état d'esprit de l'opinion israélienne.
Pour le moment, les hommes politiques se préparent à la bataille. Les primaires du parti Kadima auront lieu le 17 septembre. Ensuite, la situation sera de nouveau incertaine. Pour le futur leader israélien, il ne suffira pas de gagner les primaires de Kadima pour occuper automatiquement le fauteuil de premier ministre d'Ehud Olmert. Il devra tout d'abord former un nouveau gouvernement. Si cela s'avère impossible (cette variante est tout à fait envisageable), Olmert pourrait de nouveau occuper le poste de premier ministre, bien que temporairement, jusqu'à des élections législatives anticipées. D'ailleurs, quoi qu'il en soit, elles sont inévitables. Le président du Likoud Benjamin Netanyahu insiste déjà sur leur tenue car il est certain de sa victoire. Et malheureusement, la période électorale n'est pas la plus propice aux ententes, même si les négociations de paix se poursuivent.
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