En plus de la coopération dans le domaine militaire, qui avait déjà commencé à l'époque de l'Union soviétique, les parties ont l'intention de devenir partenaires dans le secteur du pétrole et du gaz. Des accords fondamentaux portant sur l'accès de Gazprom et de grandes compagnies pétrolières russes au marché libyen sont intervenus en avril, au cours de la visite de Vladimir Poutine en Libye. Le premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi qui a effectué jeudi une visite officielle à Moscou a confirmé le désir de Tripoli de renforcer la coopération avec la Russie.
En tant que signe fort, Baghdadi Mahmoudi a ramené avec lui à Moscou Alexandre Tsygankov, employé de la compagnie Lukoil Overseas, qui avait passé plus de six mois en détention en Libye après avoir été soupçonné d'espionnage industriel. D'après le premier ministre libyen, le Russe a été libéré à la demande personnelle du guide de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi, bien que les services secrets libyens aient toujours des doutes concernant l'innocence de M. Tsygankov. Vladimir Poutine a apprécié à sa juste valeur le geste du leader libyen. "Cet acte témoigne de la qualité des rapports russo-libyens", a affirmé Vladimir Poutine.
Les ententes intervenues en avril prévoient de nouvelles livraisons d'armes russes à la Libye qui souhaite acquérir des systèmes russes de DCA S-300PMU2 Favorit, Tor-M1 et Buk-M1-2, ainsi que les lance-roquettes multiples Grad. En outre, Tripoli a l'intention d'acheter une trentaine de chasseurs MiG-29SMT et Su-30MK, 6 avions d'entraînement et de combat Yak-130, quelques dizaines d'hélicoptères Mi-17, Mi-35 et Ka-52 Alligator, 50 chars T-90S et un sous-marin de nouvelle génération. Enfin, la Russie est prête à aider la Libye à moderniser le matériel de guerre qu'elle avait acheté à l'URSS.
En échange des contrats conclus et, manifestement, de la libération d'Alexandre Tsygankov, la Libye demande à la Russie d'annuler ses vieilles dettes s'élevant à 4,6 milliards de dollars. Les analystes estiment que les contrats militaires ainsi obtenus représentent la moitié de cette somme. La Russie peut bien faire cadeau du reste à la Libye pour son esprit de conciliation dans le domaine du pétrole.
Gazprom et Tatneft ont déjà entamé l'exploitation de six gisements de pétrole et de gaz sur le territoire de la Libye. En outre, le monopole russe du gaz manifeste son intérêt pour l'acquisition de nouveaux volumes de pétrole et de gaz libyens. Gazprom prévoit également de proposer à la Libye de construire en partenariat de nouvelles capacités de transport du gaz de ce pays jusqu'en Europe. Pour l'instant, les détails de ce projet ne sont pas connus, mais les analystes ne mettent pas en doute son caractère prometteur. La Libye est le quatrième pays d'Afrique pour les réserves prospectées de gaz naturel.
La compagnie des Chemins de fer russes (RZD) a également conclu un contrat important en Libye. Elle construira le chemin de fer Syrte-Benghazi pour un montant de 2,2 milliards de dollars. La délégation libyenne a invité jeudi Vladimir Poutine, au nom de Mouammar Kadhafi, à assister à la pose des premières traverses. Rosatom (Agence russe de l'énergie atomique) a également des projets en Libye. Au cours des négociations de jeudi, la Russie et la Libye se sont entendues pour entamer une coopération dans le domaine du nucléaire civil. Il est question de la construction d'une centrale nucléaire. La Russie peut non seulement aider pour le chantier, mais aussi livrer le combustible nécessaire. "La centrale produira de l'énergie électrique et dessalera l'eau de mer", a indiqué le premier ministre libyen. Enfin, Vladimir Poutine et Baghdadi Mahmoudi ont prévu d'ouvrir une succursale de l'agence d'investissement libyenne en Russie.
Les contrats russo-libyens peuvent aider les compagnies russes à intervenir sur d'autres marchés africains. Mais il convient de tenir compte de la réputation dont jouit la Libye et son leader Mouammar Kadhafi dans l'arène internationale. Le pays a déjà subi un blocus économique imposé par les Etats-Unis. Mais même aujourd'hui, malgré le rétablissement des contacts diplomatiques, les rapports entre les deux pays sont loin d'être brillants.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.