Revue de la presse russe du 14 juillet

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

A quand les devoirs de l'homme?

Il est impossible en ce jour de ne pas évoquer la Révolution française: engagée il y a 219 ans avec la prise de la Bastille, elle déchaîna aussitôt une débauche de violence et de terreur qui engloutit les meilleurs esprits de l'époque, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

La terreur et la "guerre totale" menée contre les royalistes furent ensuite condamnées; le nouveau calendrier et la fête de l'Etre Suprême furent oubliés; rares sont les villes françaises qui ont encore des rues Marat ou Robespierre.

Ce qui est resté dans les esprits, c'est le souvenir du grand élan du peuple et le document fondamental fièrement intitulé la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. En fait, il convient de l'évoquer dans le contexte des problèmes qui se posent de plus en plus nettement à l'Europe contemporaine.

La Déclaration mentionne les droits de l'homme dans trois articles, et ceux du citoyen, dans sept. Parmi les premiers, elle cite: la liberté (y compris celle d'exprimer son opinion), la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. Parmi les seconds, elle mentionne l'égalité dans la participation à l'élaboration des lois, dans l'occupation d'emplois publics, dans l'attitude du pouvoir envers le peuple et le droit de contrôler l'application des décisions prises par la société. Il est significatif que les sphères de ces droits ne se recoupent pas. De nombreux articles de la Déclaration figurent dans la plupart des constitutions des Etats européens contemporains: mais au fur et à mesure que l'idéologie des droits a été érigée en norme, les droits de l'homme et du citoyen ont perdu leur différenciation.

Cela est aujourd'hui plus évident que jamais. L'Union européenne est devenue un refuge pour environ 24 millions d'immigrés légaux et environ 8 millions d'illégaux, qui ne remplissent pas leurs engagements civiques, mais qui jouissent des droits civils. Plus d'un tiers d'entre eux bénéficient d'allocations dont la réception ne figure pas parmi les "droits fondamentaux de l'homme", et dont l'absence ne peut nullement être interprétée comme une oppression. Ils ne sont pas conscients du fait que "l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits"; ils n'acceptent pas le fait que la liberté de conscience finit là où l'expression des points de vue religieux enfreint l'ordre public établi par la loi; et ont, semble-t-il, fait oublier aux Européens que les lois sont établies par des citoyens, et non pas par des gens.

Il est significatif que l'une des premières actions de la France dans le cadre de sa présidence de l'UE a été la convocation d'une réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur des pays de l'Union européenne, réunion qui s'est tenue la semaine dernière à Cannes, où a été prise la décision d'uniformiser avant 2012 la politique de l'UE en matière d'immigration. Les altermondialistes ont déjà condamné les résultats de la rencontre, estimant qu'ils lèsent les droits de ceux qui sont opprimés dans le reste du monde. Je n'irais pas aussi vite en besogne, ne serait-ce que parce que, selon la même déclaration, les citoyens ont non seulement des droits, mais aussi des obligations. Pour l'instant, on n'entend pas parler des "obligations de l'homme". Peut-être devraient-elles être formulées par ceux qui placent aisément les droits de l'homme au-dessus de la liberté de la société?

Auteur: Vladislav Inozemtsev, directeur du Centre d'études de la société postindustrielle; éditeur et rédacteur en chef de la revue Svobodnaïa mysl.

Kommersant

ONU: la Russie torpille la résolution du Conseil de sécurité sur le Zimbabwe

Soumis au vote vendredi, le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Zimbabwe a été élaboré à la suite de la grave crise politique qui avait éclaté après la présidentielle de juin, remportée par Robert Mugabe, dirigeant inamovible du pays, avec de multiples irrégularités, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Rédigée par un groupe de pays emmené par les Etats-Unis, la résolution du Conseil de sécurité prévoyait des mesures sévères à l'encontre du Zimbabwe, notamment l'interdiction des livraisons d'armes, le gel des avoirs de Robert Mugabe et de 13 autres hauts responsables du pays, ainsi que l'interdiction pour eux de voyager à l'étranger. Ce document se référait au chapitre VII de la Charte de l'ONU qui permet de recourir à la force afin de faire appliquer une résolution.

Au cours de la réunion du Conseil de sécurité qui s'est tenue dans la nuit de vendredi à samedi, heure de Moscou, sous la présidence de l'ambassadeur vietnamien Le Luong Minh, neuf ambassadeurs ont voté pour la résolution S/2008/447, cinq autres ont voté contre, notamment les représentants russe et chinois, qui ont le droit de veto. L'Indonésie s'est abstenue.

Lorsque le projet de résolution a officiellement été rejeté, un scandale a éclaté au Conseil de sécurité. Bien que la Chine ait également mis son veto, l'ambassadeur britannique John Sawers a adressé ses principales accusations à la Russie, qualifiant son comportement "d'inexplicable". Selon lui, lors du sommet de Hokkaido, Moscou avait adopté avec les autres membres du G8 une déclaration contenant la promesse de prendre des mesures d'ordre financier contre le régime de Robert Mugabe. Comme les propos de l'ambassadeur britannique le laissent clairement entendre, la résolution sur le Zimbabwe aurait été torpillée par la Russie: si Moscou n'avait pas opposé son veto, la Chine n'aurait pas osé dire "non", afin de ne pas aggraver ses rapports avec la communauté mondiale à la veille des Jeux olympiques d'été prévus pour août à Pékin.

L'ambassadeur américain à l'ONU Zalmay Khalilzad s'est exprimé de façon encore plus vigoureuse que son collègue britannique. "Le comportement de la Russie met en doute la confiance envers elle en tant que partenaire du G8", a-t-il affirmé.

Cependant, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a qualifié les accusations adressées à Moscou selon lesquelles il aurait abandonné les ententes intervenues à Hokkaido d'irresponsables et imprécises. Il s'avère que la Russie interprète la déclaration du G8 sur le Zimbabwe à sa manière et qu'elle y voit un sens complètement différent que celui qu'y voient ses partenaires occidentaux. M. Tchourkine a souligné que ce n'était pas par hasard que la déclaration du G8 ne mentionnait ni le Conseil de sécurité de l'ONU, ni les actions qu'il pourrait initier dans ces circonstances. D'après M. Tchourkine, ce projet de résolution constitue une "ingérence du Conseil de sécurité dans les affaires intérieures des Etats, ce qui va à l'encontre de la Charte de l'ONU".

D'ailleurs, estime un expert de l'ONU, le principal motif de ce veto ne concernait le Zimbabwe que formellement. Moscou ne pouvait tout simplement pas admettre la mise en oeuvre de l'idée des Etats-Unis de créer un précédent, sur la base duquel il serait possible de menacer de sanctions au niveau de l'ONU les pays dont les résultats aux élections ne plairaient pas aux Américains. D'après une source du quotidien Kommersant, "le précédent zimbabwéen aurait pu marquer le début de la légalisation des "révolutions de couleur" par le Conseil de sécurité de l'ONU".

En outre, comme l'a expliqué au quotidien Alexeï Malachenko, expert du Centre Carnegie de Moscou, en opposant son veto à la résolution du Conseil de sécurité sur le Zimbabwe proposée par les Etats-Unis, la Russie a considérablement augmenté les enjeux dans le marchandage géopolitique sur d'autres problèmes cruciaux, allant de l'Abkhazie à l'Iran. En torpillant la résolution sur le Zimbabwe, Moscou essaie de rendre Washington plus conciliant et, en même temps, de démontrer que les possibilités de la diplomatie américaine sont limitées.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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