Nezavissimaïa gazeta, Kommersant
Moscou ébranle le GUAM de l'intérieur
Un sommet du GUAM, organisation regroupant la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie, s'est ouvert mardi à Batoumi, lit-on mercredi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Kommersant.
Contrairement à la rencontre de l'année dernière à Bakou, au cours de laquelle avait été prise la décision de tenter de faire du GUAM une alternative réelle à la CEI (Communauté des Etats indépendants), il est peu probable que la réunion qui se tient dans la capitale de l'Adjarie justifie les espoirs de ses organisateurs. Le refus ostensible du président moldave Vladimir Voronine de participer au sommet confirme que les tentatives de Moscou pour ébranler le GUAM de l'intérieur portent leurs fruits.
Lors d'un récent sommet informel du GUAM à Kiev avait été avancée l'idée de créer un Centre de dispatching qui contrôlerait les flux de gaz de la Russie vers l'UE transitant par l'Ukraine. Le principe proposé par les Ukrainiens consistait à contrôler les volumes de gaz à l'entrée et à la sortie du pays. La Pologne et la Lituanie avaient exprimé leur désir de participer à ce contrôle. Etant donné que le président roumain Traian Basescu s'est rendu au sommet de Batoumi, on peut s'attendre également à la participation de Bucarest à ce projet. Mais, comme l'affirment les experts, la participation de Chisinau est en revanche peu probable.
Viktor Nebojenko, directeur de l'institut de sondage Oukraïnski barometr, affirme que "la Moldavie deviendra le point faible d'un GUAM déjà faible". "Le Kremlin qui a trouvé un langage commun avec Vladimir Voronine utilise la Moldavie pour neutraliser le GUAM et, par la même occasion, le système international de contrôle du passage de tous les flux de gaz de la Russie vers l'Europe. Le GUAM est en quelque sorte la couverture géopolitique de ce système, en tout cas jusqu'à la mise en service des gazoducs Nabucco et Blue Stream", a-t-il expliqué.
Viktor Nebojenko relève que "le Kremlin apprend, certes, mais ne tient pas compte de toutes les leçons: Voronine avait déjà fait des revirements à 180 degrés, entre autres, au GUAM, ainsi que dans ses rapports avec la Russie, c'est pourquoi rien ne garantit qu'il ne le fera pas à nouveau".
De l'avis de nombreux politologues de Chisinau, l'avantage de l'initiative ukrainienne pour la Moldavie est très discutable. "Si l'objectif de l'Ukraine est clair: l'adhésion à l'OTAN, même au risque d'immenses pertes économiques, on ne voit pas bien ce que la Moldavie pourrait retirer de ce projet, fait remarquer Bogdan Tsyrdia, directeur de l'Institut social-démocrate. La Moldavie peut se heurter à trois problèmes: la diminution des livraisons de gaz, la hausse des prix du combustible bleu et le ralentissement du processus de règlement du confit de la Transnistrie, pour lequel un progrès s'est ébauché, bien que les choses avancent tant bien que mal".
Les organisateurs du forum ont essayé de ne pas attacher une grande importance à la démarche de Vladimir Voronine, qui "n'abandonne pas ses espoirs donquichottesques de rétablir l'intégrité territoriale de son pays à l'aide de la Russie". Selon la chancellerie géorgienne, le président moldave "participera probablement aux sommets suivants, quand ses naïfs rêves enfantins se seront envolés".
Nezavissimaïa gazeta
Poutine et Medvedev se partagent le travail pour créer un système bipartite
Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev se préoccupent sérieusement de la mise en place dans le pays d'un système à au moins deux partis, lit-on mercredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Comme l'a appris le journal, le Kremlin et le gouvernement travaillent en ce sens avec les dirigeants des partis Russie unie et Russie juste. D'après les données exposées, le président et le premier ministre se sont partagé le travail: le premier prépare à son nouveau rôle Russie juste, dont la direction subira des changements substantiels, le second s'occupe du parti Russie unie.
Les récentes campagnes électorales ont relégué le thème du pluripartisme à l'arrière plan, car le pouvoir était trop occupé par le renforcement des positions de Russie unie. Mais il n'a pas pour autant disparu. "C'est une histoire assez longue, indique une source haut placée. Maintenant que les élections ont remis tout à sa place, l'avenir du parti Russie juste me semble en bonne voie". D'ailleurs, fait remarquer la source, il n'est pas question ici d'une quelconque rivalité entre les deux centres du pouvoir. Il s'agit de redoubler d'efforts en vue d'apporter des transformations dans le système politique actuel. A cette fin, la Douma (chambre basse du parlement russe) a adopté en première lecture une loi sur l'accroissement du financement des partis politiques, a poursuivi la source.
On sait que le premier ministre a adressé dimanche dernier, lors d'une réunion qui s'est tenue à Lesnye dali, de sérieux reproches aux dirigeants de son propre parti. Comme on l'a appris, si la situation n'est pas corrigée, les "ours" (membres de Russie unie) devront partager avec les SR (initiales russes du parti Russie Juste, Spravedlivaïa Rossiïa) les projets de loi importants du point de vue social, avantageux sur le plan publicitaire.
"Cette menace ne concerne pas tout le parti, souligne Alexeï Malachenko, membre du conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou, mais seulement son sommet qui compte une trentaine de personnes. Vladimir Poutine trouve qu'ils sont trop mous, qu'ils ne prennent pas d'initiatives, qu'ils manquent de popularité et qu'il est impossible de s'appuyer sur eux. Dans cette situation, le pouvoir dans les provinces dépendra des gouverneurs. Mais qui sont les gouverneurs actuels? Des inconnus. En fait, au lieu de former dans les régions des libres penseurs, mais prêts à soutenir le Kremlin, ils ont commis l'erreur de préparer un bouillon peu concentré".
Il est peu probable que Dmitri Medvedev soit favorable au parti Russie juste pour des considérations idéologiques: les idées du "nouveau socialisme" collent peu avec le programme libéral du président. "Tout simplement, il s'agit d'une délimitation des pouvoirs et des responsabilités, a déclaré Dmitri Orlov, directeur général de l'Agence des communications politiques et économiques. Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ont à présent chacun leur domaine en ce qui concerne le travail actuel avec les partis politiques".
Gazeta.ru
Le Nigéria, étalon de la Russie actuelle
De nombreux reproches ont été adressés ces dernières années au pouvoir actuel sur un grand nombre de problèmes allant de la confiscation illégale de biens à la violation des droits de l'homme, et de l'agressivité de la politique étrangère à l'élimination de ses propres citoyens, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru.
Mais il restait jusque-là au pouvoir un puissant atout, réalisation incontestable des premières années de l'administration actuelle: la qualité de la politique macro-économique. A présent, cet atout n'existe plus.
Une vingtaine de pays qui ressemblent extérieurement à la Russie, au Kazakhstan, au Venezuela, à l'Iran et à l'Azerbaïdjan diffèrent de ces cinq Etats par un niveau d'inflation plus bas, et par la mise en place d'une meilleure politique macro-économique.
Parmi ces vingt pays, il en est un dont la comparaison avec la Russie actuelle est bien difficile à éviter: le Nigéria.
De même que la Russie, le Nigéria est un grand pays: la Russie compte 141 millions d'habitants, le Nigéria, 151 millions. De même que la Russie, le Nigéria est loin d'être un exemple mondial de démocratie, tout comme en matière de justice et de gestion. Comme la Russie, le Nigéria attire les capitaux étrangers: l'année dernière, 6,7% et 5,2% du PIB respectivement. De même que la Russie, le Nigéria est un exportateur de ressources énergétiques. Tout comme la Russie, le Nigéria a vu durant l'année écoulée sa monnaie nationale se renforcer par rapport au dollar (9,9% et 7,9% respectivement). Cependant, le Nigéria est beaucoup plus pauvre que la Russie: le PIB nigérian par tête d'habitant est 6,5 fois moins élevé que celui de la Russie (respectivement 1.800 dollars et 11.800 dollars en parité de pouvoir d'achat).
Tous les facteurs "objectifs" indiquent, semble-t-il, que l'inflation au Nigéria devrait être plus importante qu'en Russie. Mais ce n'est pas le cas: sur l'année écoulée, les prix ne se sont accrus au Nigéria que de 7,2%, contre 15,1% en Russie.
Les comparaisons grandiloquentes de la Russie avec les leaders mondiaux ont depuis longtemps disparu. Nous savons maintenant que la Russie n'est pas l'Amérique, ni l'Allemagne ou le Japon. Elle n'est même pas le Portugal. Il s'avère qu'elle est même devancée, et de loin, par l'Estonie, l'Ukraine et la Géorgie. On a vu alors apparaître des publications à sensation posant la question suivante: en quoi la Russie diffère-t-elle du Nigéria?
Ce stade a même déjà été dépassé. Si la comparaison de la Russie actuelle avec le Nigéria peut être offensante, alors ce n'est certainement pas pour la Russie. Et la question change tout de suite de formulation: pourquoi la Russie ne serait-elle pas au moins comme le Nigéria?
La recherche d'un point de repère convenable pour choisir la politique nationale vient d'achever un nouveau cycle. En 1960, Nikita Khrouchtchev appelait "à rattraper et à dépasser l'Amérique". En 1990, la devise des réformateurs russes appelait à "faire comme la Pologne". Il y a dix ans, l'homme qui devait devenir président de la Russie avait l'intention de porter le pays au niveau de développement du Portugal. Les huit dernières années ont créé un phénomène nouveau: le Nigéria est devenu l'étalon de la politique macro-économique de la Russie actuelle.
Auteur: Andreï Illarionov, ancien conseiller du président russe, président de l'Institut d'analyse économique.
Vedomosti
Pétrole: l'Etat russe encaissera en août la moitié des recettes à l'exportation
La taxe à l'exportation de pétrole atteindra en août une nouvelle somme record de 495 dollars la tonne, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.
Si les prix mondiaux des hydrocarbures se maintiennent à leur niveau actuel, les recettes provenant de l'exportation de pétrole se réduiront d'environ 25%.
Comme l'a fait savoir au quotidien Alexandre Sakovitch, chef adjoint du département des taxes douanières du ministère russe des Finances, la taxe à l'exportation de pétrole atteindra à nouveau une somme record en août et en septembre, à 495,9 dollars la tonne (contre 398,1 dollars actuellement). Cette somme est évaluée en se basant sur le prix moyen du pétrole russe Urals en Europe, soit 123,3675 dollars le baril, selon les données du monitoring de mai-juin. Par conséquent, la taxe pour les produits pétroliers blancs passera de 280,5 à 346,4 dollars la tonne, et de 151,1 à 186,6 dollars la tonne pour les produits pétroliers noirs.
Il en découle que la taxe constituera environ la moitié des recettes provenant de l'exportation de pétrole. Mais Alexandre Sakovitch se déclare certain que cela ne causera pas de préjudice important au secteur. Cela n'entraînera qu'une certaine réduction des superprofits.
Selon les estimations de Vitali Krioukov, analyste du groupe d'investissement Kapital, afin de maintenir la rentabilité de l'exportation de pétrole au niveau de juin (48,1 dollars le baril), il faudrait que le prix moyen du baril d'Urals atteigne 146 dollars en août-septembre. Si les prix moyens du pétrole et des produits pétroliers se maintiennent au niveau de juin, la rentabilité du pétrole diminuera de 28%, mais celle du gazole et du fuel, seulement de 7 et 9% respectivement. Cela augmentera encore davantage l'attrait pour l'exportation de produits pétroliers.
M. Krioukov fait remarquer que, par rapport à la même période l'année dernière, la taxe à l'exportation pour le pétrole s'est accrue de 22 dollars entre janvier et juin, et le prix du baril d'Urals, de 46 dollars. "Si un tel décalage des taux d'accroissement se maintient, ce sera un fait positif pour les compagnies pétrogazières", résume Vitali Krioukov.
"Les taxes suivent les prix, c'est pourquoi il ne faut pas s'attendre à une réduction de la rentabilité des compagnies pétrolières", a expliqué Guennadi Krassovski, représentant de Lukoil. Selon lui, les pétroliers ne peuvent avoir des ennuis qu'en cas de baisse considérable des prix du pétrole dans des conditions de taxes élevées, ce qui concerne en premier lieu les compagnies dont l'activité de raffinage est insuffisante.
Si les géants n'ont rien à craindre, en revanche, les petites compagnies pétrolières pourraient en pâtir, estime Elena Korzoun, directrice générale de l'Association des petites et moyennes entreprises pétrolières. En effet, leurs frais sont plus importants que ceux de la plupart des compagnies du secteur. "Le rendement moyen de nos gisements ne constitue que 16%, il faut y investir beaucoup, mais l'argent manque, déplore-t-elle. En outre, ces gisements sont petits et géologiquement complexes, ce qui augmente aussi le coût de leur exploitation".
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.