Le Nigéria, étalon de la Russie actuelle (Gazeta.ru)

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MOSCOU, 2 juillet - RIA Novosti. De nombreux reproches ont été adressés ces dernières années au pouvoir actuel sur un grand nombre de problèmes allant de la confiscation illégale de biens à la violation des droits de l'homme, et de l'agressivité de la politique étrangère à l'élimination de ses propres citoyens, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru .

Mais il restait jusque-là au pouvoir un puissant atout, réalisation incontestable des premières années de l'administration actuelle: la qualité de la politique macro-économique. A présent, cet atout n'existe plus.

Une vingtaine de pays qui ressemblent extérieurement à la Russie, au Kazakhstan, au Venezuela, à l'Iran et à l'Azerbaïdjan diffèrent de ces cinq Etats par un niveau d'inflation plus bas, et par la mise en place d'une meilleure politique macro-économique.

Parmi ces vingt pays, il en est un dont la comparaison avec la Russie actuelle est bien difficile à éviter: le Nigéria.

De même que la Russie, le Nigéria est un grand pays: la Russie compte 141 millions d'habitants, le Nigéria, 151 millions. De même que la Russie, le Nigéria est loin d'être un exemple mondial de démocratie, tout comme en matière de justice et de gestion. Comme la Russie, le Nigéria attire les capitaux étrangers: l'année dernière, 6,7% et 5,2% du PIB respectivement. De même que la Russie, le Nigéria est un exportateur de ressources énergétiques. Tout comme la Russie, le Nigéria a vu durant l'année écoulée sa monnaie nationale se renforcer par rapport au dollar (9,9% et 7,9% respectivement). Cependant, le Nigéria est beaucoup plus pauvre que la Russie: le PIB nigérian par tête d'habitant est 6,5 fois moins élevé que celui de la Russie (respectivement 1.800 dollars et 11.800 dollars en parité de pouvoir d'achat).

Tous les facteurs "objectifs" indiquent, semble-t-il, que l'inflation au Nigéria devrait être plus importante qu'en Russie. Mais ce n'est pas le cas: sur l'année écoulée, les prix ne se sont accrus au Nigéria que de 7,2%, contre 15,1% en Russie.

Les comparaisons grandiloquentes de la Russie avec les leaders mondiaux ont depuis longtemps disparu. Nous savons maintenant que la Russie n'est pas l'Amérique, ni l'Allemagne ou le Japon. Elle n'est même pas le Portugal. Il s'avère qu'elle est même devancée, et de loin, par l'Estonie, l'Ukraine et la Géorgie. On a vu alors apparaître des publications à sensation posant la question suivante: en quoi la Russie diffère-t-elle du Nigéria?

Ce stade a même déjà été dépassé. Si la comparaison de la Russie actuelle avec le Nigéria peut être offensante, alors ce n'est certainement pas pour la Russie. Et la question change tout de suite de formulation: pourquoi la Russie ne serait-elle pas au moins comme le Nigéria?

La recherche d'un point de repère convenable pour choisir la politique nationale vient d'achever un nouveau cycle. En 1960, Nikita Khrouchtchev appelait "à rattraper et à dépasser l'Amérique". En 1990, la devise des réformateurs russes appelait à "faire comme la Pologne". Il y a dix ans, l'homme qui devait devenir président de la Russie avait l'intention de porter le pays au niveau de développement du Portugal. Les huit dernières années ont créé un phénomène nouveau: le Nigéria est devenu l'étalon de la politique macro-économique de la Russie actuelle.

Auteur: Andreï Illarionov, ancien conseiller du président russe, président de l'Institut d'analyse économique.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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