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Baïkal/ mer Noire/ Vladivostok/ Sotchi

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Les sous-marins de poche Mir vont explorer le Baïkal

Une vaste campagne d'étude du Baïkal sera menée en 2008 et 2009. Elle s'appuiera sur les deux sous-marins de poche russes Mir (*), rapportent le site nkj.ru et RIA Novosti, qui a accueilli une conférence de presse sur ce thème.

Organisée par le Fonds d'aide à la préservation du lac Baïkal (**), cette campagne permettra d'entreprendre des initiatives exceptionnelles pour l'étude de ce qui constitue le plus gros réservoir d'eau douce de notre planète. La première plongée des sous-marins est prévue pour le 20 juillet prochain.

Mikhaïl Slipentchouk, responsable du Conseil de tutelle du fonds et patron de la compagnie Metropol, a indiqué que les principaux objectifs de ce fonds, créé cette année, étaient de contribuer activement à la protection du Baïkal, de concevoir des technologies écologiquement sûres, de procéder à des études scientifiques du lac et d'impliquer les hommes politiques, les milieux d'affaires et le milieu associatif dans le règlement des principaux problèmes du Baïkal.

"Nous prévoyons de réaliser cet été une expédition exceptionnelle sur le lac, a déclaré le professeur Anatoli Sagalevitch, responsable du Conseil technique du fonds et chef du Laboratoire des appareils pilotés pour eaux profondes Mir, dépendant de l'Institut d'océanologie Chirchov. Elle consistera à réaliser une trentaine de plongées en paire (donc une soixantaine de plongées au total - ndlr.) des appareils Mir, afin de collecter des informations scientifiques, dans le cadre, notamment, de l'étude des mécanismes d'autorégulation du lac, des processus tectoniques qui affectent son fond." Lors de la seconde étape de l'expédition, en 2009, il est prévu de réaliser plus d'une centaine de plongées.

Le programme scientifique de l'expédition a été détaillé par le professeur Sagalevitch. Il inclut des expériences qui, pour la plupart, ne peuvent être réalisées qu'en utilisant les sous-marins de poche.

Cette année, des plongées en eaux profondes seront réalisées dans plusieurs secteurs: dans le delta de la Selenga, affluent très ancien, et le plus important, du Baïkal, qui représente un territoire essentiel pour le lac, sur le plan ornithologique; dans la région de l'île Olkhon, la plus grande du Baïkal, à proximité de laquelle se trouve le point le plus profond du lac (1.637m); dans le golfe de Bargouzine, sur le littoral duquel se trouve la réserve naturelle du même nom, la plus ancienne de Russie. Des études seront également menées dans le golfe de Tchivyrkouï, l'une des plus belles régions du Baïkal, lieu de nidification d'espèces rares d'oiseaux. Les chercheurs s'intéresseront aussi aux îles Ouchkani, un archipel au centre du Baïkal, lieu de repos du veau marin du Baïkal. Dans la partie méridionale du lac, région d'une diversité naturelle exceptionnelle, plusieurs volcans de boue sous-marins seront étudiés; des mesures physico-chimiques seront réalisées, ainsi que des prélèvements d'échantillons d'eau et de sédiments. Les chercheurs installeront des équipements sous-marins destinés à surveiller l'activité des volcans. Le mont Akademitcheski, le canyon Koukouïski et la faille Obroutchevski seront eux aussi étudiés.

On procèdera également à l'évaluation des rejets naturels de pétrole dans le Baïkal et de leurs conséquences pour l'écosystème du lac. Les réserves d'hydrates de gaz se trouvant au fond du plan d'eau, sur lesquelles on ne sait pour l'instant que très peu de choses, intéressent elles aussi les scientifiques.

A l'issue de cette expédition, les chercheurs prépareront un ensemble de mesures concrètes et de recommandations dans le but d'optimiser l'activité économique tournant autour du Baïkal. Arnold Toulokhonov, directeur de l'Institut du Baïkal d'utilisation de la nature, a déploré que l'écosystème du lac souffre de l'action technogène, et notamment de l'activité du combinat de cellulose et papier. Cette usine doit être soit fermée, soit reprofilée, a-t-il déclaré, rappelant que les scientifiques ont toujours plaidé en faveur de sa fermeture. Ce qui ne pourrait se faire que sur une décision venue "d'en haut", 51% des actions du combinat étant détenues par l'Etat. Dans le même temps, a souligné Arnold Toulokhonov, il faut trouver des formes d'activité économique compatibles avec la réserve naturelle que constitue le Baïkal, afin d'assurer à la population de la Bouriatie un niveau de vie correct.

Le projet, intitulé "Des Mir pour le Baïkal", sera financé par des fonds extrabudgétaires. Mikhaïl Slipentchouk a précisé que sa société, Metropol, avait affecté 6 millions de dollars à la réalisation des campagnes de plongée en 2008 et 2009. Participent à la préparation de ce projet le gouvernement de la République de Bouriatie, l'Institut d'océanologie Chirchov, l'Institut du Baïkal d'utilisation de la nature et l'Institut de limnologie, ces trois établissements relevant de l'Académie des sciences russe. Des coopérations ponctuelles avec des organisations de plusieurs pays (Monaco, Grande-Bretagne, Belgique, Japon) sont envisagées.

Le député Artour Tchilingarov, membre-correspondant de l'Académie des sciences russe et président du fonds, a souligné que la protection du Baïkal, d'une importance exceptionnelle à l'échelle mondiale, incombait à l'ensemble de la nation. Il a annoncé la venue, pour participer à une plongée, du Prince Albert II de Monaco. Le réalisateur américain James Cameron pourrait lui aussi plonger dans le Baïkal à bord d'un Mir en 2009, a-t-on également appris.

 (*) Les sous-marins de poche pilotés Mir, qui peuvent plonger à quelque 6.000 m, ont été mis en service en 1987. Outre les études scientifiques qu'ils ont permis de réaliser, ils se sont attiré une notoriété mondiale en participant au tournage du film Titanic, de James Cameron, et en réalisant plus récemment la première descente sur le fond de l'océan Glacial arctique lors de l'expédition polaire Arktika-2007.

(**) Vieux d'environ 25 millions d'années, le lac Baïkal est le plus profond de la Terre. Plus gros réservoir d'eau douce du monde, il en contient 20% des réserves (23.600 kilomètres cubes). Il recèle plus de 2.600 variétés et types de flore et faune, dont les deux tiers n'existent pas ailleurs. Le Baïkal est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

La mer Noire regorge de méthane

Des chercheurs russes sont parvenus à établir combien de méthane (*) contient la mer Noire et à déterminer l'origine de ce dernier, rapporte le site nkj.ru.

Les scientifiques de l'Institut de recherche en microbiologie (IRM) Vinogradski de l'Académie des sciences russe considèrent que les microorganismes sont très impliqués dans la formation de méthane dans la mer Noire, de même que dans son oxydation (pour former du gaz carbonique). Les géologues, il est vrai, ne partagent pas tout à fait ce point de vue: ils estiment que les processus géologiques sont loin de jouer un rôle négligeable dans le cycle du méthane. Mais ils reconnaissent tout de même que rien ne se ferait sans les bactéries.

Les scientifiques ont coutume de comparer la mer Noire à un énorme réacteur au sein duquel se produit une multitude de processus chimiques, physico-chimiques, biochimiques et biologiques, nombre d'entre eux interagissant. Comme l'a expliqué l'académicien Mikhaïl Ivanov (IRM) lors d'une récente réunion du présidium de l'Académie des sciences russe, les travaux portant sur l'étude du rôle des micro-organismes dans la formation et l'oxydation du méthane dans la mer Noire avaient été entrepris dès la première moitié des années 80 du siècle dernier, conjointement avec l'Institut d'océanologie de l'Académie des sciences de l'URSS. On avait alors obtenu, pour la première fois, des informations sur certains micro-organismes se trouvant dans l'eau et dans les sédiments de la mer Noire, ainsi que sur leur diffusion et leur activité géochimique, ces microorganismes créant du méthane et l'oxydant.

Une expédition menée conjointement par l'IRM et l'Institut de biologie des mers méridionales à bord du navire-laboratoire sous-marin Bentos, en décembre 1990, avait permis de recueillir de premiers éléments prouvant qu'il s'opérait d'énormes processus d'oxydation anaérobie (en l'absence d'oxygène moléculaire) du méthane. La preuve en avait été apportée par la découverte de formations de carbonates de différents types: des dalles mamelonnées de forme circulaire, des dalles présentant une ou plusieurs excroissances coralliformes et des dalles dotées de constructions de 30 cm à 1m ressemblant à des tours ou à des arbres. Ces formations avaient été découvertes dans une région de dégagement intensif de gaz et de teneur élevée en méthane, à des profondeurs où l'oxygène était totalement absent. Lors de la destruction de ces formations il s'en était échappé, à partir des cavités internes et des canaux, des jets de bulles de gaz. Il s'avéra que ces formations étaient faites à 99,6% d'aragonite (CaCO3). Les chercheurs supposèrent alors qu'elles s'étaient formées dans une très grande mesure grâce à l'activité de bactéries oxydant le méthane. Ils avaient de bonnes raisons d'avancer cette hypothèse: la matière organique des accumulations sur les formations de carbones se caractérisait par une composition isotopique de carbone on ne peut plus légère (un isotope léger de carbone: 12C), ce qui attestait son origine biogénique.

Au cours de la décennie qui a suivi, les chercheurs ont étudié la circulation biogéochimique du méthane dans la mer Noire - dans les couches d'eau anaérobie et aérobie, ainsi que dans les sédiments. Ils ont pu évaluer la teneur en méthane dans la zone anaérobie à 45x1011 moles (autrement dit 7,2x1010kg). Il a été démontré, en outre, que plus de 75% du méthane dissous dans l'eau de mer était produit par des microorganismes anaérobies - des archéens, qui pourraient être du type Methanotrix. Les 25% restants de méthane se trouvant dans l'eau proviennent de sédiments relativement peu profonds - d'une profondeur inférieure à 700m, ainsi que de petits jets de méthane froids (des fluides de méthane pompés des profondeurs) et de volcans de boue sous-marins.

Les chercheurs de l'IRM ont pu établir que le méthane migrant à partir de la zone (la couche) anaérobie était totalement oxydé par des bactéries aérobies (autrement dit des bactéries capables de vivre et de se développer uniquement en présence d'oxygène libre), à la frontière des eaux de mer régénérées et oxygénées. Toutefois, dans la zone aérobie même, le méthane se forme déjà grâce à l'activité d'autres microorganismes - les archéens - dans les micro-niches anaérobies qui se constituent dans le tube digestif du zooplancton et dans les amas de substances organiques d'origines diverses. C'est grâce au méthane qui s'est formé dans la zone aérobie que se crée un flux de méthane qui part de la surface de la mer vers l'atmosphère. L'évaluation de la quantité de méthane biogénique qui pénètre dans l'atmosphère sera l'objet de la prochaine étude du cycle du méthane dans la mer Noire.

Les conditions thermobarométriques (température et pression) existant dans la dépression profonde de la mer (à une profondeur supérieure à 700m), conditions favorables à la formation d'hydrates de gaz solides de méthane, permettent aux géophysiciens de pronostiquer l'existence de gisements sous le fond marin. Bien que leur existence n'ait pu pour l'instant être attestée par des forages, la compréhension de l'origine du méthane des hydrates de gaz des fonds sédimentaires constitue, selon l'académicien Ivanov, un autre objectif prioritaire de l'étude du cycle du méthane dans la mer Noire. On pense que participent à la formation des hydrates de gaz de méthane aussi bien le méthane produit par les archéens dans les sédiments des eaux profondes que le méthane de la couche d'eau, qui migre des couches d'eau affleurant le fond vers les couches sédimentaires supérieures.

(*) Le méthane constitue, de l'avis de nombreux scientifiques, l'une des principales sources d'énergie. Il est le deuxième gaz à effet de serre, après le dioxyde de carbone. Au cours des 500 dernières années, la quantité de méthane sur Terre a triplé, et elle continue d'augmenter à raison de 1% par an.

Les "colonisateurs marins" sous surveillance à Vladivostok

Les scientifiques de l'Extrême-Orient russe vont étudier de près l'influence des "colonisateurs marins". Ils redoutent l'incidence sur les populations autochtones des "éléments étrangers" de la flore et de la faune, et notamment de certains microorganismes, générateurs de toxines.

A Vladivostok, les spécialistes du centre de surveillance de l'Institut de biologie de la mer dépendant de la Section extrême-orientale de l'Académie des sciences russe (SEO-ASR) vont étudier l'incidence des "colonisateurs marins" sur l'écologie, a déclaré le directeur adjoint de cet institut, Dmitri Pitrouk.

Les chercheurs notent que le problème de la colonisation des espèces fait partie des principaux problèmes écologiques. Au cours des 50 ou 60 dernières années, le développement rapide de la navigation mondiale a multiplié les cas de colonisation d'espèces. Ce processus, totalement imprévisible, est qualifié de "roulette écologique".

"Le centre de surveillance des bio-invasions marines et des eaux de ballast a été créé dans le cadre du programme ciblé de la SEO-ASR de sécurité biologique des mers extrême-orientales de la Fédération de Russie, précise Dmitri Pitrouk."

Les spécialistes du centre vont étudier l'influence exercée sur l'écologie par les espèces d'algues étrangères aux mers extrême-orientales, ainsi que les invertébrés et autres champignons microscopiques apportés par les navires au long cours dans les ports russes de la mer du Japon. Les chercheurs vont évaluer les risques écologiques, surveiller les colonisateurs aux différents stades de leur acclimatation, élaborer des recommandations pour modifier la législation russe dans le domaine du contrôle des eaux de ballasts des navires et des dépôts.

L'intensification de l'activité portuaire en Extrême-Orient russe conduira à ce que dans les eaux des mers extrême-orientales pénètrent des représentants étrangers de la flore et de la faune, et notamment des micro-organismes produisant des toxines. Les chercheurs estiment que cela pourrait présenter un danger tant pour l'homme que pour les "habitants autochtones" des mers de l'Extrême-Orient.

Dès que l'oléoduc reliant la Sibérie occidentale à l'océan Pacifique sera mis en service, des centaines de pétroliers viendront prendre livraison du pétrole russe et apporteront dans le même temps, avec leurs eaux de ballast, une multitude d'espèces colonisatrices, a noté Dmitri Pitrouk. Selon lui, l'acclimatation des espèces étrangères peut jouer négativement sur l'écologie, l'économie et même la santé des hommes.

Selon les données des chercheurs, 48 espèces colonisatrices sont recensées dans les mers extrême-orientales russes. C'est ainsi que sur le littoral du Primorié, dans le golfe Vostok, on a découvert un colonisateur dangereux pour la mariculture: l'ascidie Ciona Savigny.

Sotchi 2014 bientôt en virtuel sur le net

La conférence "Sport et technologies", qui vient de se tenir à Londres, a fourni l'occasion aux Comité d'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2014 de Sotchi de présenter un projet multimédia impressionnant consacré au site olympique.

Le projet présenté par le Comité "Sotchi-2014" inclut tout un ensemble de services interactifs qui seront mis en réseau sur Internet. Il a reçu le nom de Plate-forme multimédia convergente (Converged Multi-Media Platform - CMMP).

Le coeur du CMMP sera constitué par un Sotchi virtuel, qui permettra aux internautes du monde entier de visiter des simulations des sites olympiques. Ils pourront alors s'exercer comme les athlètes et également communiquer avec les internautes du monde entier.

Le CMMP inclura également des jeux informatiques 3D concernant les différentes disciplines sportives hivernales, des jeux pour téléphones portables ainsi qu'un réseau social. Tout cela sera accessible dans plusieurs langues, dont le français, l'anglais et le russe.

"Le Comité "Sotchi-2014" a élaboré des projets véritablement novateurs et très prometteurs d'utilisation des technologies pour brancher les jeunes générations sur le sport, a déclaré le responsable du comité, Dmitri Tchernychenko. Nous pensons qu'en créant un projet séduisant, incluant une simulation - un Sotchi et un parc olympique virtuels -, nous pourrons amener les jeunes à s'intéresser aux disciplines sportives hivernales."

Le lancement du CMMP est prévu avant le début des épreuves tests sur les sites sportifs olympiques de Sotchi, qui doivent débuter deux ans avant les Jeux.

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