Revue de la presse russe du 26 juin

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

L'Accord UE-Russie pourrait connaître le même sort que la Constitution européenne

Les négociations sur un nouvel Accord de partenariat et de coopération devraient être officiellement lancées aujourd'hui lors du sommet Russie-UE de Khanty-Mansiïsk, mais elles pourraient prendre des années, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

La Russie occupe la troisième place pour les exportations vers les pays de l'UE, et est le quatrième marché d'écoulement pour les produits européens, a rappelé Dmitri Medvedev, évoquant l'importance des rapports avec l'UE dans une interview accordée à Reuters à la veille du sommet. Le nouvel accord de partenariat entre la Russie et l'UE en sera le sujet principal. L'accord actuellement en vigueur a expiré en 2007, mais les discussions sur un nouveau document n'ont toujours pas commencé. Dans un premier temps, elles avaient été entravées par la Pologne en raison de divergences sur les exportations de viande vers la Russie.

Ensuite, des exigences à l'égard du mandat servant de base aux négociations avaient été avancées par la Lituanie. Sous la pression de l'Allemagne et de la France, à en juger par les déclarations des personnalités officielles lituaniennes, Vilnius a consenti à lever certaines de ses réclamations, mais a insisté pour que l'accord soit détaillé au maximum, en particulier dans sa partie énergétique.

Moscou conçoit l'accord avec l'UE comme un "document concis, sans trop de détails, mais juridiquement contraignant", et propose de signer des documents séparés sur les questions pratiques d'ordre économique ou autre, a expliqué Sergueï Prikhodko, assistant du président.

Selon une source au Kremlin, la Russie craint également que l'échec de l'adoption de la Constitution européenne (en raison de l'échec du référendum en Irlande) ne se répercute négativement sur les négociations: la Constitution européenne supposait une plus grande centralisation de la politique étrangère de l'UE. Dans la situation actuelle, il faut trouver un accord entre les positions de tous les pays.

La Grande-Bretagne, la Lituanie, la Lettonie et, peut-être, la Pologne pourraient créer des problèmes au cours des négociations avec l'UE, estime Alexandre Babakov, vice-président de la Douma (chambre basse du parlement russe). "Une situation dangereuse se met en place: le fait est que l'accord cadre doit être entièrement réécrit, ce qui nécessite sa ratification par les parlements de tous les pays de l'UE, notamment, par exemple, des pays baltes", admet Alexander Rahr, du Conseil allemand pour la politique étrangère. L'accord avec la Russie pourrait connaître le même sort que la Constitution européenne, autrement dit, une période de plusieurs années de débats avant d'être adopté, résume l'expert.

Néanmoins, on peut espérer que l'Accord de partenariat et de coopération pourra être conclu au bout d'un an, estime la source au Kremlin. Le nouvel accord sera valable pendant au moins cinq ans (l'accord précédent avait été conclu pour dix ans), a-t-on ajouté.

Gazeta.ru

La lutte anticorruption en Russie revient à une lutte du système contre lui-même

Le chef de l'administration présidentielle Sergueï Narychkine a mis sur le bureau du président l'un des documents les plus attendus de ces derniers mois: le plan national de lutte anticorruption, lit-on jeudi dans le quotidien Gazeta.ru.

Une partie des idées ainsi rendues publiques est connue depuis longtemps: rédiger un projet de loi, inventer des mesures, contrôler les dépenses des fonctionnaires, confisquer les biens de ceux qui ont accepté des pots-de-vin.

L'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan national anticorruption était l'un des principaux points du programme de Dmitri Medvedev lors de la campagne présidentielle. Le Décret du 19 mai "Sur les mesures de lutte anticorruption", aux termes duquel un comité spécial a été créé auprès du chef de l'Etat, a été l'un des premiers documents signés par Dmitri Medvedev après son investiture.

Dmitri Medvedev se rend compte, au moins en paroles, que la corruption en Russie n'est pas une exception, mais une norme, un véritable mode d'existence du pouvoir ruse. Dans son interview accordée à l'agence Reuters à la veille du sommet Russie-UE de Khanty-Mansiïsk, le président russe a qualifié la corruption de "défi structurel". Selon lui, la corruption en tant que somme d'infractions paralyse en fait dans de nombreux cas l'activité de la fonction publique, c'est pourquoi la réponse à cette menace ne peut être que structurelle. Mais une réponse structurelle suppose la transformation du système, alors que Dmitri Medvedev est arrivé au pouvoir avec une devise diamétralement opposée: la continuité de la politique. On peut adopter une loi aussi sévère que l'on veut sur la lutte anticorruption, tout dépendra de son application pratique (en tant que juriste, Dmitri Medvedev le sait parfaitement) et de la façon dont fonctionnera la machine d'Etat.

Au fond, la lutte anticorruption en Russie est la lutte du système bureaucratique actuel contre lui-même. Les méthodes prévues sont purement bureaucratiques. "Tout ce projet est un délire total, déclare Gueorgui Satarov, président de la fondation Indem. Un département peut-il élaborer un plan de lutte contre la corruption qui sévit entre ses propres murs? Il faut une autre analyse extérieure, indépendante. Après quoi un tel document pourra être élaboré, avec la participation partielle du département en question", estime cet ancien assistant du président Boris Eltsine.

Certes, on peut supposer que la variante publique actuelle largement vantée du plan anticorruption n'est qu'un trompe l'oeil destiné à éviter d'intimider les personnes influentes pour lesquelles le système actuel est parfait. On peut également supposer que le nouveau président étudie la situation, rassemble ses forces, rallie ses partisans et fait le plein de soutien public avant de lancer une bataille décisive contre la corruption. Mais, pour l'instant, cela a l'air d'une fantaisie pure et simple, bien que rassurante.

Nezavissimaïa gazeta

Mordachov n'a pas abandonné ses rêves d'empire

Alexeï Mordachov, principal copropriétaire de Severstal, est prêt à sacrifier sa part dans la compagnie (82%) afin d'obtenir des actifs étrangers, lit-on jeudi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les experts se déclarent certains qu'après l'échec de la fusion avec le géant métallurgique européen Arcelor, le patron de Severstal n'a pas renoncé à ses projets d'expansion à l'étranger, ostensiblement soutenus ces deux dernières années par les dirigeants du pays.

"Une part de 40 à 45% pourrait probablement suffire pour contrôler la compagnie de manière significative", a déclaré Alexeï Mordachov dans une interview à l'agence Bloomberg. D'après lui, la somme ainsi libérée lui servirait à effectuer des achats à l'étranger.

Selon Mikhaïl Feldman, directeur du département d'organisation des transactions importantes de la société 2K Audit - Delovye konsoultatsii, pour l'instant, la déclaration d'Alexeï Mordachov témoigne seulement du fait que Severstal est toujours à la recherche de possibilités de fusion. "Lorsqu'il était question de la fusion entre Severstal et Arcelor, les parts d'Alexeï Mordachov dans la nouvelle entreprise ne devaient constituer que 32%, rappelle l'expert. Par conséquent, une réduction de sa part dans Severstal jusqu'à 40% en cas de proposition avantageuse sur le marché des fusions et acquisitions sera parfaitement justifiée".

"Le fait est que ces projets d'acquisitions importantes ne sont pas toujours justifiés, souligne Alexandre Razouvaïev, chef du département d'analyse du marché de Sobinbank, faisant part de ses doutes. On ne peut pas sans arrêt acheter des actifs dans le monde entier, cela demande de l'argent qui n'est pas illimité".

Selon l'analyste, les autorités russes incitent actuellement les hommes d'affaires à acheter des actifs étrangers et à créer des compagnies de niveau international. Alexeï Mordachov qui entretient, comme on le sait, des contacts étroits avec les dirigeants du pays, agit en ce sens. "Après l'échec de la fusion avec Arcelor, on assiste à l'achat borné d'actifs étrangers pour fonder un empire multinational", fait remarquer Alexandre Razouvaïev. Du point de vue de la politique, c'est parfait, car ce processus s'inscrit dans les objectifs que le pouvoir pose aux grandes entreprises russes. Mais on ne sait pas encore comment fonctionnera cet empire constitué de capacités de production éparpillées dans le monde entier".

Khalil Chekhmametiev, directeur du département d'analyse du groupe Otkrytie, mentionne également la tendance à l'expansion des compagnies russes à l'étranger. Il rappelle que Lukoil et Evraz achètent également de nombreux actifs étrangers. "Je partage l'avis selon lequel la meilleure protection est non pas la vente d'actifs aux étrangers, mais l'échange d'actifs, estime-t-il. L'histoire de TNK-BP en est la meilleure confirmation".

Vedomosti

Euro 2008: les annonceurs russes ont raté le coche

Alors que l'Euro 2008 bat des records de popularité auprès des téléspectateurs russes, les sponsors de la sélection nationale ne tireront pas de ses victoires autant de profits qu'ils auraient pu le faire, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

Le match Russie - Pays-Bas retransmis le 21 juin par la Première chaîne a été regardé par 68% des téléspectateurs âgés de plus de 18 ans, selon les indices de TNS Gallup Média. C'est un record absolu: le discours prononcé par le président à l'occasion du Nouvel An a intéressé 53% des téléspectateurs adultes, et la finale de l'Eurovision, 47%. Les annonceurs auraient pu tirer d'immenses profits de l'Euro s'ils avaient eu foi dans leur sélection.

Gazprom, partenaire général de la sélection, et Nike, sponsor technique, n'ont pas acheté de temps de publicité dans les retransmissions de l'Euro 2008, a fait savoir Anton Leontiev, directeur général de la société Telesport qui gère la publicité sur différentes chaînes de télévision russes. Plus de 50 sociétés ont souhaité présenter leurs spots publicitaires lors des retransmissions de l'Euro 2008, bien qu'une minute y coûte 2,5 à 3 fois plus cher que pour les programmes ordinaires en prime-time. Alors que les sponsors officiels de la sélection n'y ont pas accordé d'intérêt. "Ils ont certainement raté le coche", estime Anton Leontiev.

Les sociétés qui n'ont pas cru en notre sélection ont perdu beaucoup, estime également Sergueï Kapkov, président de la fondation de l'Académie nationale de football. Cette fois-si, le sponsor officiel Megafon n'a même pas distribué aux supporters de T-shirts à l'effigie de la marque, comme il l'avait fait pendant l'Euro 2004, déplore-t-il. Pourtant, les supporters russes sont souvent montrés à l'écran. La qualification des Russes pour les demi-finales aurait pu multiplier les dividendes des investissements de sponsoring, affirme Alexeï Popov, directeur de l'agence Estestvenno chargé de la planification stratégique.

Chez Gazprom, on s'est refusé à tout commentaire. Un employé du service de presse de Megafon a expliqué que sa société avait financé la participation de l'équipe russe à l'Euro pour des raisons relatives au patriotisme, et non au commerce.

En revanche, Samsung, qui n'est pas sponsor de la sélection russe, y a gagné. "Nous avons bien choisi les héros de notre publicité: l'entraîneur de l'équipe Guus Hiddink et le joueur Roman Pavlyuchenko", se réjouit Marat Rakaïev, porte-parole de Samsung qui avait lancé sa campagne autour du football au mois de mai.

D'après lui, les succès des footballeurs ont aidé l'entreprise à accroître à l'approche de l'été les ventes de téléviseurs. D'après les données de GfK, Samsung occupe en ce moment en valeur 37% du marché russe des téléviseurs LCD (contre 28% à l'automne dernier).

Pour une entreprise, sponsoriser la sélection russe revient à environ 2 millions de dollars par an, explique Anton Leontiev. Si l'on avait pu garantir que les Russes se qualifieraient pour les demi-finales, les forfaits de sponsoring auraient été vendus bien plus cher. Le statut de sponsor de l'Euro 2008 coûte plus cher: plus de 10 millions d'euros. Les sociétés russes ne sont pas aussi intéressées par le marché européen pour pouvoir payer autant, a-t-il ajouté.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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