Revue de la presse russe du 24 juin

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Russie-Biélorussie: l'Union est au point mort, vive l'Union

Quand Dmitri Medvedev affirme, comme au cours de sa dernière visite à Minsk, que l'Union Russie-Biélorussie est une réalité, mais qu'il faut la remplir d'un contenu réel, il ne s'agit bien sûr que d'un leitmotiv diplomatique, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

L'Union Russie-Biélorussie en tant qu'enveloppe est trop importante pour qu'on essaie de la remplir prématurément d'un contenu. Car n'importe quel changement témoignerait d'une révision des rapports entre les deux pays.

En réalité, la Biélorussie et la Russie sont très dépendantes l'une de l'autre. L'économie russe dépend notamment du transit du gaz et du pétrole en Europe, dont une partie passe par la Biélorussie, et la sécurité de la frontière russe occidentale dépend de l'armée biélorusse et du système commun de DCA (à propos, sa partie biélorusse a été modernisée par Alexandre Loukachenko dans les années 1990). Du point de vue de la politique étrangère, la Biélorussie reste dans la zone d'influence de Moscou, et la perte de cette influence ne manquerait pas de se répercuter sur l'image et le rôle international de la Russie.

Tenter de progresser dans la création de l'Union des deux Etats signifierait inévitablement attenter (même au sens le plus positif) à la souveraineté de la Biélorussie qui est, dans une mesure considérable, la souveraineté d'Alexandre Loukachenko. Ses déclarations faites de temps à autre sur l'intégration avec l'Europe ou la Chine sont certainement aussi éloignées de la réalité que l'Union Russie-Biélorussie, mais il est évident que le dirigeant biélorusse vendra cher sa souveraineté. C'est pourquoi, malgré un certain mercantilisme dans la politique russe à l'égard de cet Etat "frère", il est peu probable que le Kremlin aille (pour l'instant) jusqu'au bout. Début 2007, la Russie avait introduit une taxe à l'exportation du pétrole pour la Biélorussie, avant de proposer à la fin de la même année des crédits pour un montant de 3,5 milliards de dollars, rendant même perplexe le ministre biélorusse des Finances qui avait reconnu que son pays "demandait une somme moindre".

L'Union Russie-Biélorussie est une histoire en suspens (ou gelée). Elle pourrait connaître un développement soit si des changements politiques surviennent en Biélorussie, soit si la Russie et l'UE donnent une nouvelle dimension à leurs relations.

RBC Daily, Gazeta, Gazeta.ru

Rapport Freedom House: la Russie à nouveau montrée du doigt

Selon les auteurs du rapport sur l'état de la démocratie dans le monde publié par l'ONG américaine Freedom House, la Russie est la force la plus antidémocratique dans l'espace postsoviétique, lit-on mardi dans les quotidiens RBC Daily, Gazeta et Gazeta.ru.

D'après eux, un "triangle de fer" s'est formé en Russie entre pouvoir d'Etat, patrons des grandes entreprises et dirigeants des structures de force, qui contrôlent tous les processus en cours dans le pays. Les experts se disent certains que ce rapport témoigne du début d'une nouvelle étape de confrontation diplomatique entre Moscou et Washington.

Cependant, les Etats de l'espace postsoviétique ne sont pas les seuls à connaître des difficultés en matière de démocratie. "Dans de nombreux pays du monde - Russie, Etats-Unis, Chine, Allemagne, France, Grande-Bretagne, etc. - on constate une nette tendance à l'accroissement du rôle des services secrets et à la réduction des libertés civiles. L'Etat en sait de plus en plus sur ses citoyens, alors même que les possibilités d'influer sur leur vie ont diminué", estime Alexandre Sobianine, chef du service de planification stratégique de l'Association de coopération transfrontalière. Selon lui, le rapport montre que la Russie est, pour la première fois depuis huit ans, la cible d'attaques sérieuses de la part des Etats-Unis qui intensifient leur activité politique et militaire en Asie centrale.

Le politologue Iouri Chevtsov évoque également la pression exercée sur Moscou par Washington peu avant l'élection présidentielle aux Etats-Unis. "L'aggravation des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie est inévitable. Il semble que les Etats-Unis aient commencé à exercer une pression directe sur la Russie. Les Etats-Unis veulent obtenir tout d'emblée: renforcer l'Ukraine, augmenter la pression sur la Russie en Asie centrale et au Kazakhstan, principalement concernant le contrat de Gazprom avec le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan", indique l'expert. Cette version est confirmée par le coup porté le 6 juin par Astana à Moscou, lorsque le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a signé la décision de lancer la construction d'un pipeline dans le Sud du Kazakhstan.

Selon Oleg Kozlovski, coordinateur du mouvement Oborona (Défense), les autorités russes ou bien ne réagiront pas au rapport de Freedom House, comme ils l'ont fait par le passé, ou bien le qualifieront de calomnieux et accuseront l'Occident de doubles standards. M. Kozlovski, qui a d'abord été emprisonné l'hiver dernier pour son activité dans l'opposition, avant de servir sous la contrainte quelques mois dans l'armée, voit tout de même des doubles standards dans ce rapport. "Les défenseurs des droits de l'homme occidentaux évaluent souvent très prudemment les élections en Russie et l'existence de détenus politiques: ils tiennent compte des intérêts diplomatiques et politiques de leurs gouvernements", a-t-il dit.

Gazeta.ru

Les inégalités sociales croissantes menacent l'économie russe

Près de 40% des Russes se considèrent comme pauvres et environ la moitié d'entre eux affirment n'avoir jamais vécu dans l'aisance, lit-on mardi dans le quotidien Gazeta.ru.

Les experts avancent que la part de la population vivant dans la pauvreté est en réalité deux fois moindre, et que cette évaluation portée par les citoyens sur leur propre situation est une réaction par rapport aux inégalités sociales croissantes. Mais même cette pauvreté apparente est dangereuse pour le pays.

La répartition des "pauvres" est à peu près égale dans le pays: il y a à Moscou autant de pauvreté qu'à la campagne. La situation financière ne dépend pas non plus de l'âge: 15% des jeunes et 19% des personnes âgées se considèrent comme pauvres.

"Ce chiffre est le même que dans les années 90", s'étonne Olga Kouzina, directeur général de l'Agence nationale d'études financières, commentant les résultats de ce sondage de la Fondation "Opinion publique" (FOM).

De tels résultats contredisent les statistiques attestant que les revenus des Russes augmentent. De janvier à mai 2008, les revenus réels disponibles de la population se sont accrus de 9,4% par rapport à la même période de l'année dernière, indique Rosstat (Service fédéral des statistiques d'Etat). Selon les spécialistes, le niveau réel de la pauvreté est plus bas que selon le sondage FOM, bien qu'il soit tout de même très élevé. "Selon nos estimations, 15 à 20% des habitants du pays sont pauvres", fait remarquer Mme Kouzina. Igor Poliakov, expert du Centre d'analyse macro-économique et de prévision à court terme, cite le chiffre de 18%.

Les citoyens minimisent leur niveau de vie en raison de la stratification croissante de la société. En 2005, les revenus des 10% les plus pauvres étaient 15,2 fois moins élevés que ceux des 10% les plus riches, contre 16 fois en 2006, et 16,8 fois en 2007, rappelle Igor Poliakov.

"Une grande influence est exercée par la télévision, et notamment par le culte non dissimulé de la "belle" vie. En effet, on sait par exemple que le nombre de suicides augmente non pas au moment d'une crise, mais en période d'essor. Les ambitions des gens, qui grandissent d'un jour sur l'autre, restent alors bien plus élevées que leur enrichissement réel", estime Olga Kouzina.

Mais même la pauvreté relative, et non pas absolue, représente un danger pour l'état économique et social de la société. "Ce déséquilibre est lourd de conséquences pour le pays: la population "baisse les bras" et ne voit aucune possibilité d'améliorer sa vie. Avec des citoyens qui sont désespérés, on ne voit pas comment le PIB pourrait progresser, ni comment le pays pourrait suivre une voie de développement fondée sur l'innovation", estime Dmitri Baranov, expert de Finam Management.

"L'inégalité croissante conduira au ralentissement de la croissance économique. Il n'y aura pas de développement stable de la consommation, la structure sociale entrera en stagnation. La classe moyenne ne sera pas soutenue et seuls les riches profiteront de la croissance", précise Igor Poliakov.

Kommersant

Israël veut aider Gazprom à remplir le Blue Stream

Le ministre israélien de l'Industrie et du Commerce Benyamin Ben Eliezer a proposé à Gazprom de livrer du gaz sur le marché de son pays, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Ce contrat aiderait Gazprom à remplir le gazoduc Blue Stream, mais, pour organiser les livraisons, il faut construire une infrastructure de transport du gaz reliant la Turquie à Israël.

Comme l'a expliqué au quotidien le porte-parole de Gazprom Sergueï Kouprianov, les livraisons de gaz à Israël par le gazoduc Blue Stream sont envisageables, mais il est encore trop tôt pour parler de volumes et de dates de mise en oeuvre du contrat, dans la mesure où les négociations se poursuivent déjà depuis environ trois ans.

Dans le bilan énergétique d'Israël, la part du pétrole constitue environ 67%, celle du charbon, 30%, et celle du gaz naturel, moins de 1%. Les réserves israéliennes prouvées de gaz naturel sont évaluées à 47 milliards de mètres cubes. L'extraction du gaz constitue environ 800 millions de mètres cubes par an. Selon les prévisions du gouvernement israélien, d'ici à 2010, les besoins en gaz naturel seront d'environ 8 milliards de mètres cubes. En ce moment, Israël achète du gaz au consortium israélo-américain Yam Thetis qui exploite les gisements israéliens locaux ainsi qu'au groupe égyptien Eastern Mediterranean Gas.

Gazprom est entré en pourparlers sur les livraisons de gaz à Israël dès 2006. Le président Vladimir Poutine avait alors déclaré que le gazoduc Blue Stream pourrait être prolongé jusqu'à Israël. Le premier ministre israélien Ehud Olmert avait même précisé que la signature d'un accord sur les livraisons de gaz à Israël pourrait avoir lieu en 2007. L'établissement de prix fixes pour le gaz était l'unique condition posée par les autorités israéliennes pour la conclusion du contrat. Mais les parties n'ont pu tomber d'accord sur le maître d'oeuvre des travaux de construction du gazoduc reliant la Turquie à Israël.

La Russie vend actuellement à la Turquie 11 milliards de mètres cubes de gaz transportés par le Blue Stream et prévoit de porter en 2011 le volume des ventes jusqu'aux 16 milliards de mètres cubes prévus. Les spécialistes de Gazprom considèrent pour l'instant la construction d'une nouvelle infrastructure entre la Turquie et Israël comme trop onéreuse.

"Si la Turquie organise des livraisons de gaz azerbaïdjanais à Israël en échange des livraisons de gaz russe à la Grèce, alors le schéma pourra être justifié", a expliqué une source haut placée à Gazprom. Son avis est partagé par Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis. "La seule variante possible est de construire un coûteux gazoduc sous-marin vers Israël, car ses rapports avec la Syrie empêcheront tout projet terrestre", a indiqué l'expert. Maxime Cheïne de BrokerCreditService a qualifié le contrat éventuel entre Gazprom et Israël de plutôt politique que commercial.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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