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Aérosols/ voiture hybride/ Gazprom-CNF/ affections cardio-vasculaires/ Vallée de la mort-Iakoutie

Aérosols/ voiture hybride/ Gazprom-CNF/ affections cardio-vasculaires/ Vallée de la mort-Iakoutie

Une analyse instantanée des aérosols

Des spécialistes russes s'emploient à mettre au point un appareil capable de procéder à une analyse instantanée des aérosols, rapporte le site informnauka.ru.

Concevoir un appareil capable de déterminer en temps réel la concentration des bioaérosols dans l'air: telle est la performance que sont en train de réaliser des spécialistes de l'Institut de recherche d'Etat de construction d'appareils biologiques (Moscou). Un tel appareil pourrait s'avérer des plus utiles lorsque divers responsables sont confrontés à des accidents industriels importants ou à des actes terroristes.

Il est assez difficile de détecter la présence dans l'air de bactéries ou de virus. L'état sanitaire de l'atmosphère est surveillé actuellement à l'aide de diverses méthodes d'analyse microbiologique. Elles requièrent du temps et ne conviennent donc pas pour observer en direct la composition de l'air. Quant aux appareils modernes conçus pour contrôler la situation biologique, ils ne possèdent qu'une faible sensibilité, qui devient encore plus mauvaise lorsque l'air est empoussiéré. Ces appareils ne permettent pas, par ailleurs, de mesurer immédiatement la concentration en bactéries.

L'appareil que sont en train de mettre au point les chercheurs de l'Institut de construction d'appareils biologiques est dépourvu de tous ces défauts. Il repose sur l'enregistrement des caractéristiques spectrales de la lumière diffusée et irradiée par les particules biologiques. Dans la composition des aérosols biologiques entrent des combinaisons aromatiques, qui possèdent un pouvoir d'absorption caractéristique dans le domaine ultraviolet du spectre et diffusent la lumière dans les domaines ultraviolet et visible. L'intensité de la diffusion de la lumière qui frappe une particule d'aérosol dépend de sa taille, son coefficient d'absorption dans une longueur d'onde donnée et de certains autres paramètres. C'est pourquoi les caractéristiques spectrales des aérosols microbiens permettent de les distinguer des aérosols d'origine non biologique.

Cet appareil se présente sous la forme de plusieurs éléments séparés et repose sur le principe de l'analyse de la circulation optique des particules. L'aérosol est envoyé dans la chambre de circulation, et toutes les particules, une à une, coupent le faisceau de lumière qui les sonde. Les signaux de lumière reflétés par la particule sont renvoyés vers des capteurs optiques, puis vers un amplificateur, et, de là, vers l'unité de traitement d'informations qui, au final, renseigne les chercheurs sur la présence ou non d'aérosols protéiniques dans l'air et, le cas échéant, sur leur concentration au moment présent.

Les tests effectué dans la chambre statique du banc d'essai certifié statique-dynamique des aérosols de l'Institut ont montré que cet appareil est capable de déterminer en temps réel une concentration massive de bioaérosols.

Moteur électrique ou hybride pour la voiture de demain?

Alors que le maire de Moscou souhaite implanter l'utilisation de la voiture électrique dans la capitale, le quotidien les Izvestia, qui a enquêté sur ce sujet, s'est adressé à un spécialiste, le professeur Goulia. Selon ce dernier, rapporte le site inauka.ru, l'avenir appartient à une solution hybride - un moteur traditionnel, doublé d'un accumulateur-récupérateur d'énergie -, la voiture électrique n'étant pas la seule panacée.

L'idée que les véhicules électriques permettraient de réaliser des économies est un mythe exploité depuis des décennies. Dans l'état actuel des choses, la grande majorité du courant nécessaire est fourni par des centrales qui utilisent du combustible organique. Ce que l'on brûle dans des centrales thermiques pour produire de l'électricité, autant le brûler directement dans les véhicules. Avec les véhicules électriques, on ne fait que déplacer le lieu de combustion: au lieu de polluer la ville, on pollue les forêts de la région de Moscou.

Tel est, en substance, le raisonnement tenu par le professeur Nourbéï Goulia, qui dirige depuis plus d'une quarantaine d'années la chaire "Pièces de machines" de l'Université industrielle d'Etat de Moscou. Ce docteur ès sciences techniques, auquel on ne peut reprocher son manque d'expérience, est convaincu que la clé du problème écologique ne réside pas dans le déplacement d'une vingtaine de kilomètres du lieu de combustion, mais dans l'utilisation efficace de l'énergie produite. Et la voiture électrique n'est en rien supérieure, de ce point de vue, à ses homologues fonctionnant au diesel ou à l'essence.

"Dans un régime de fonctionnement idéal, explique le professeur Goulia, un moteur à combustion interne a un rendement d'environ 40%. A terme, ce rendement sera encore supérieur, et le moteur sera alors beaucoup plus écologique. Les centrales électriques donnent presque le même résultat. Mais lors de tout transfert d'énergie d'un état à un autre, il faut payer une sorte "d'impôt", en l'occurrence une déperdition d'énergie sous forme de chaleur. La transformation, dans les centrales électriques, de l'énergie mécanique en électricité, puis en courant haute tension, puis encore en courant basse tension, l'arrivée du courant, la charge de l'accumulateur, la décharge, la transformation à nouveau de l'électricité en énergie mécanique pour faire tourner les roues... Tout cela fait qu'au bout du compte, le rendement d'un véhicule électrique n'est que de l'ordre de 10%.

"Un véhicule électrique consomme-t-il donc alors davantage pour parcourir un kilomètre? Non. Car si le moteur d'un véhicule traditionnel fonctionne en régime optimal à environ 120-150 km/h, en ville, ce sont des accélérations et des freinages continuels. Si bien que le rendement du moteur d'un véhicule de tourisme, d'une puissance moyenne de 100 kW, tombe à ces mêmes 10%. Autrement dit, un véhicule traditionnel et un véhicule électrique requièrent à peu près la même quantité de combustible pour parcourir un kilomètre."

A Moscou, Iouri Loujkov estime que l'utilisation de la voiture électrique reste une priorité pour résoudre les problèmes écologiques et écarte au passage les solutions reposant sur des véhicules dotés d'un moteur à hydrogène ou autre. 114 millions de roubles ont déjà été débloqués pour acquérir des véhicules électriques. Et ces crédits vont aller en augmentant. Il convient de noter que ces véhicules reviennent aujourd'hui à quelque 80.000 euros l'unité. Pourtant, les chercheurs du monde entier ont renoncé depuis longtemps aux moteurs fonctionnant uniquement à l'électricité.

"L'orientation la plus prometteuse, pour résoudre les problèmes tant écologiques qu'économiques, est la création de ce que l'on appelle un bloc de puissance hydride, poursuit Nourbéï Goulia. Ce bloc inclut à la fois un moteur et un accumulateur d'énergie. L'idéal serait que l'accumulateur soit lié au volant, et que la transmission soit mécanique. Cela, afin de ne pas payer le fameux "impôt" avec des transformations permanentes d'énergie. Le moteur fonctionne en permanence de manière optimale. Autrement dit, avec un approvisionnement continu en carburant et une dépense spécifique minimale. Quand la puissance délivrée est supérieure à la puissance requise - lorsque l'on perd de la vitesse, et a fortiori lorsque l'on freine -, l'énergie excédentaire va dans l'accumulateur. Ensuite, lorsque l'on accélère, on utilise l'énergie accumulée. Le conducteur, lui, ne s'aperçoit de rien.

"A la différence d'un véhicule électrique, le moteur hydride possède un pot d'échappement, reconnaît Nourbéï Goulia. Mais compte tenu du fait que le moteur fonctionne en permanence en régime optimal, les rejets dans l'atmosphère sont minimes. C'est un peu comparable à une centrale électrique. De plus, comme le rendement du moteur augmente, la consommation baisse. C'est là que se trouve la solution aux problèmes écologiques et économiques."

Nourbéï Goulia a réalisé son premier véhicule hybride en 1966. Personne ne prêtait attention, à l'époque, aux rejets des pots d'échappement, mais la consommation était tout de même divisée par deux. Toutefois, rappelle le chercheur, l'essence coûtait alors à peine 4 kopecks le litre pour les particuliers, et 2 kopecks pour les entreprises d'Etat. Personne ne pensait donc à réaliser des économies. Si bien que Nourbéï Goulia avait été félicité par le ministère en charge des véhicules, mais qu'aucune suite n'avait été donnée à son invention...

Des centrales nucléaires flottantes pour Gazprom?

Les écologistes s'inquiètent de l'éventuelle utilisation par Gazprom de centrales nucléaires flottantes (*) pour développer sa production gazière, rapporte le site écologiste bellona.ru. Les explications apportées par le géant gazier, rassurantes d'un côté, suscitent cependant encore bien des interrogations, selon les "verts".

Gazprom vient d'adresser un courrier officiel aux écologistes qui exigeaient que la compagnie Shtokman development AG et ses actionnaires, le russe Gazprom, le français Total et le norvégien StatoilHydro, renoncent à l'idée d'utiliser des centrales nucléaires flottantes pour épauler l'exploitation de l'énorme gisement d'hydrocarbures de Chtokman, en mer de Barents, destiné, notamment, à approvisionner l'Europe en gaz dans les prochaines années.

Gazprom a été le seul des trois actionnaires à répondre à cette demande adressée à Shtokman development AG. Le géant gazier déclare dans sa lettre: "Les spécialistes de Gazprom et les instituts de projection ont étudié les différentes solutions de construction de plateformes maritimes et les moyens de les approvisionner en énergie, mais la question de l'utilisation de centrales nucléaires flottantes (CNF) dans un contexte de champs de glace dérivants et de fortes houles en cas de tempêtes n'a pas été abordée."

Cette réponse aurait pu rassurer les écologistes. Mais Gazprom ajoute: "La décision concernant l'utilisation de CNF pour approvisionner en énergie des sites de production, de transport et de transformation du gaz ne sera prise qu'après une analyse minutieuse". Ce qui signifie que certains sites de Gazprom pourraient éventuellement "bénéficier" de la proximité de CNF.

Le groupe écologiste Ecozachtchita (défense de l'écologie) souligne que la réponse de Gazprom suscite beaucoup d'interrogations et regrette que la compagnie, selon lui, ne veuille pas tenir compte de l'avis des experts et de la majorité de la population en continuant de considérer le nucléaire comme l'une des sources possibles d'énergie pour mener à bien ses projets. Un responsable du groupe a affirmé que ni les CNF expérimentales, ni les centrales nucléaires terrestres traditionnelles n'étaient en mesure de rivaliser avec les centrales électriques modernes fonctionnant au gaz, et ce, même si le prix de ce dernier devait augmenter.

Les écologistes soupçonnent en fait les responsables russes de l'industrie atomique de vouloir forcer la main à Gazprom et de le contraindre à s'engager dans la voie du nucléaire. Cela constituerait pour tout ce secteur une excellente propagande en faveur des CNF, affirment-ils, en substance.

(*) La première centrale nucléaire flottante, dont le chantier a été lancé en 2007, sera installée à proximité des chantiers navals Sevmach, où elle est construite, et qu'elle approvisionnera en électricité. Les CNF sont des installations nucléaires force/chaleur mobiles, que l'on peut remorquer jusqu'à leur lieu d'exploitation, d'où leur intérêt dans les régions très isolées. Les responsables du nucléaire russe envisagent de construire dans les dix prochaines années une première série de 7 CNF. Ils affirment que toutes les mesures sont prévues pour que ces installations puissent, dans tous les cas de figure, garantir une sécurité d'exploitation maximale, même en cas d'incidents ou d'accidents graves. Une CNF a une puissance installée de 70 MW. Les coûts de construction oscilleront dans un premier temps entre 4.500 et 5.000 dollars le kW pour une installation de 70 MW, alors que l'édification d'une installation traditionnelle de 1.000 MW revient à 2.000-2.500 dollars le kW.

Affections cardio-vasculaires: des cardiologues partent en campagne

La mortalité particulièrement élevée, en Russie, due à des affections cardio-vasculaires inquiète les cardiologues, qui ont décidé d'organiser une campagne originale de sensibilisation, rapporte le site nkj.ru, en rendant compte d'une conférence de presse rassemblant plusieurs spécialistes, organisée par RIA Novosti.

En Russie, le taux de mortalité due à des affections cardio-vasculaires représente, chez les 25-64 ans, 40% de l'ensemble des causes de décès. Des études ont montré que, contrairement à ce que l'on pensait, cette situation n'est pas directement liée au niveau de vie de la population. Selon les chiffres communiqués par l'académicien Rafael Oganov, directeur du Centre de recherche d'Etat de médecine prophylactique de l'Académie de médecine russe, le taux de mortalité imputable aux affections cardio-vasculaires est supérieur en Russie à celui observé dans des pays ayant des revenus par habitant moindres. Rafael Oganov a cité parmi les facteurs déterminants intervenant dans ce type de mortalité, le mode de vie de la population - l'alimentation, les mauvaises habitudes (tabac), une activité physique insuffisante, le facteur psychosocial. Une étude menée dans 35 villes russes a montré que 46% de la population souffrait de troubles dépressifs.

Parmi les nouvelles menaces croissantes pour la santé figurent l'obésité et le dépassement du seuil de tolérance aux hydrates de carbone qui, à leur tour, entraînent l'apparition de diabète, lequel multiplie par 2 ou 3 chez les hommes et de 3 à 5 fois chez les femmes le risque de succomber à une affection cardio-vasculaire. Rafael Oganov a noté que l'arrêt du tabac diminue de 50% le risque de décéder de cette pathologie, alors que le recours aux principaux médicaments permettant de prévenir et de traiter ces affections (antiagrégants, statines, etc.) n'intervient qu'à hauteur de 20 à 40%. Selon les chiffres de la Banque mondiale, une baisse de 20% de la mortalité due à des affections cardio-vasculaires en Russie augmenterait la durée de vie de 3 ans pour les hommes et de 6 pour les femmes.

L'information de la population et des médecins de premier niveau constitue un élément essentiel de la prévention et du traitement des affections cardio-vasculaires. Or, estiment les cardiologues russes, ce niveau d'information est extrêmement faible dans le pays. Selon Rafael Oganov, seuls 26% des patients souffrant d'une affection cardio-vasculaire prennent de l'aspirine, 50% des victimes d'un infarctus en prennent régulièrement, et dans les hôpitaux, 86% de ces patients s'en voient prescrire, ce qui accroît considérablement pour ces derniers le risque de subir un nouvel infarctus.

L'académicien Anatoli Martynov, chef de chaire à l'Académie de médecine de Moscou, a noté qu'un patient sur deux victime d'un accident vasculaire cérébral décédait, et que la moitié de ceux qui survivaient demeuraient invalides. Des études menées sur plus de 4.000 patients atteints d'hypertension artérielle ont pourtant montré qu'une baisse de seulement 2 points diminuait de 10 à 12% le risque d'être victime d'un accident cardio-vasculaire. Dans les pays développés, 50% des patients interrompent leur traitement dans l'année si des médecins ne sont pas présents à leurs côtés. En Russie, cette proportion est de 65%.

C'est dans ce contexte que les cardiologues russes ont décidé de lancer une campagne de consultations cardiologiques dans les villes de la Volga. En association avec la compagnie Bayer Schering Pharma, la Société russe des cardiologues a élaboré le projet "Expédition coeur en bonne santé". Un navire à deux ponts, équipé de cabinets de diagnostic médical, va parcourir pendant 26 jours 1.864km, s'arrêtant dans des villes telles que Iaroslavl, Samara, Volgograd, Saratov, Togliatti, Kazan, Tcheboksary, Nijni Novgorod. Leurs habitants pourront bénéficier d'une consultation express qui permettra d'évaluer leur risque personnel de développer une affection cardio-vasculaire. Ils pourront suivre des conférences éducatives dans le cadre d'une "Ecole du patient". Ils recevront également une formation écrite sur ce type de pathologie et ses complications. Dans le même temps, les médecins locaux bénéficieront de conférences scientifiques et pratiques. Les organisateurs de cette expédition espèrent toucher durant cette campagne quelque 8.500 patients et 520 médecins.

Rafael Oganov a également indiqué que la Société russe des cardiologues proposerait de développer d'autres initiatives pour diffuser des informations sur la prophylaxie et le traitement des affections cardio-vasculaires, à destination de la population mais aussi des médecins.

Expédition scientifique dans la "Vallée de la mort"

Une importante expédition organisée par l'Académie des sciences russe (ASR) tentera cet été de percer le mystère entourant la Vallée de la mort, en Iakoutie, rapporte le site inauka.ru..

Confirmer ou infirmer la légende de la Vallée de la mort, qui se trouve dans la région de la rivière Olgouïdakh, en Iakoutie. Tel est l'objectif que se sont fixé des chercheurs de l'ASR, qui se rendront au mois d'août dans une région que les Iakoutes préfèrent éviter. Le comité d'organisation précise que cette expédition comprendra des spécialistes de l'Institut d'archéologie, de l'Institut de géochimie et de cristallographie et de l'Institut de physique de la Terre.

Selon différentes données, cette "vallée maudite" comporte des "chaudières" souterraines "magiques" d'une dizaine de mètres de diamètre, à proximité desquelles même quand il gèle, il fait aussi chaud qu'en été. La légende veut que tout voyageur qui y passe la nuit meurt au matin. Les chercheurs sont d'avis que cette croyance a en fait pour but d'éloigner les étrangers de certains sites d'une civilisation ancienne, et de protéger ainsi ces sites. Les géologues estiment, pour leur part, que cette vallée recèle un type inconnu de tubes de kimberlite diamantifères parmi les plus riches.

Des mesures de précaution vont naturellement être prises pour l'exploration de cette zone dangereuse. Cette vallée atypique va dans un premier temps faire l'objet d'une étude aérienne, au cours de laquelle seront utilisés des magnétomètres et des radiomètres. Puis les chercheurs tenteront de gagner les fameuses "chaudières" dans des combinaisons spéciales les protégeant des rayonnements. Des tours de garde de médecins seront organisés au camp de base. Un film documentaire sera tourné durant l'expédition.

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