Gazeta
Géorgie-Abkhazie: l'Europe entre en jeu
Une délégation d'ambassadeurs de 15 Etats européens doit se rendre le 30 mai à Soukhoumi afin d'examiner les conditions de la reprise du dialogue abkhazo-géorgien, indique vendredi le quotidien Gazeta.
D'ailleurs, il est apparemment beaucoup plus important pour tous ces invités d'essayer de retirer l'Abkhazie de la tutelle de Moscou. Les experts estiment que la Géorgie, qui aspire à intégrer l'Alliance de l'Atlantique Nord, devra faire de sérieuses concessions à la république autoproclamée.
"Le voyage des diplomates de l'UE correspond sûrement à une tentative pour évincer Moscou des négociations, bien que la Russie remplisse comme il se doit toutes les tâches qui lui incombent, en premier lieu son rôle en matière de maintien de la paix", estime le représentant plénipotentiaire de la république autoproclamée à Moscou Igor Akhba.
A l'heure actuelle, les négociations tripartites entre l'Abkhazie, la Géorgie et la Russie doivent officiellement se dérouler sous l'égide des Nations unies dans le cadre du Conseil de coordination de Genève. "Nous considérons qu'un changement de format est inopportun", a déclaré le représentant de Soukhoumi.
Alexeï Malachenko, membre du conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou, indique que les diplomates européens n'ont aucune chance de séparer immédiatement l'ancienne autonomie géorgienne de la Russie, à laquelle elle s'est accrochée jusqu'ici de toutes ses forces. "Il s'agit tout de même d'une démarche importante, a affirmé l'expert. L'UE entame de fait des négociations avec l'Abkhazie, entrainant l'apparition d'une nouvelle partie dans le triangle qui se transforme ainsi en carré. Dans ce contexte, si l'Europe se montre active au maximum, la Géorgie, qui brûle d'envie d'adhérer à l'OTAN, devra accepter de faire de considérables concessions vis-à-vis de l'Abkhazie".
M. Malachenko n'exclut pas cependant la possibilité que Soukhoumi accepte les propositions des Européens. "Les Abkhaz ont désormais, bien entendu, de quoi réfléchir s'ils ne veulent pas être considérés comme un simple protectorat russe, a ajouté l'analyste. En qualité "d'appât", l'Union européenne pourrait proposer à Soukhoumi, par exemple, la variante du Kosovo: sinon une indépendance totale, du moins un certain statut de formation territoriale sous l'égide de l'UE. Une telle variante est tout à fait plausible, mais dans ce cas-là, l'Abkhazie devra soit abandonner le district de Gali, soit le transformer en une super-autonomie au sein de la république. Mais quoi qu'il en soit, il est déjà évident que l'Europe entre en contact avec les Abkhazes, que la Géorgie se rend compte qu'elle devra tôt ou tard se séparer de l'Abkhazie, et que l'époque où elle pouvait tout simplement taper du pied en criant: "Il n'est pas question d'une indépendance!" touche à sa fin."
Kommersant
Russie: la politique étrangère pourrait passer aux mains du premier ministre
La Russie remplace son ambassadeur aux Etats-Unis; Iouri Ouchakov en poste à Washington depuis 1999 est rentré à Moscou où il pourrait être nommé prochainement adjoint du vice-premier ministre Sergueï Sobianine, chef de l'appareil du gouvernement russe, rapporte vendredi le quotidien Kommersant.
On suppose qu'une structure indépendante chargée de la politique étrangère sera créée pour les besoins du gouvernement et du premier ministre Vladimir Poutine. Selon les représentants du Département d'Etat américain, cette nomination pourrait assurer "l'interception" par le gouvernement des fonctions du président Dmitri Medvedev et de son administration dans le domaine de la politique étrangère.
Selon les renseignements dont dispose le quotidien Kommersant, le décret du président Dmitri Medvedev sur la cessation des fonctions de Iouri Ouchakov aux Etats-Unis a déjà été signé, mais n'a pas encore été publié. Sa nomination au poste d'adjoint de Sergueï Sobianine a été confirmée par trois sources au sein du pouvoir russe: deux sources au gouvernement et une autre à l'administration présidentielle.
La tâche de Iouri Ouchakov devrait consister à coordonner le travail du gouvernement en matière de politique étrangère. D'une part, ces questions relèvent du ministère russe des Affaires étrangères et du président Dmitri Medvedev. D'autre part, l'activité du gouvernement (et non du ministère des Affaires étrangères) au niveau international se réduisait ces derniers temps à l'activité des commissions intergouvernementales, qui coordonnent rarement leur travail entre elles et s'occupent, pour l'essentiel, des questions purement économiques.
Une source proche du Département d'Etat américain a déclaré au quotidien que la nouvelle nomination éventuelle de Iouri Ouchakov signifierait "le passage des fonctions du président russe dans le domaine de la politique étrangère au premier ministre", et équivaudrait à une "rétrogradation pour le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov".
La source a également mentionné les rapports étroits existant entre Iouri Ouchakov et Igor Ivanov, ancien chef de la diplomatie russe et ex-secrétaire du Conseil de sécurité russe, dont la candidature avait été proposée par Evgueni Primakov. Compte tenu de tout cela, on peut s'attendre, selon la source, au "renforcement de la rhétorique d'Evgueni Primakov dans la politique étrangère russe", ainsi qu'au retour d'Igor Ivanov dans la grande politique.
Dirigée par Iouri Ouchakov, la politique étrangère du gouvernement russe pourrait s'avérer plus dure que précédemment. Le 1er février de l'année dernière, l'ambassadeur russe à Washington a publié dans le Los Angeles Times un article qualifié de programme par ceux qui connaissent Iouri Ouchakov. Bien que cet article soit intitulé "Salut amical de Russie", le ton y est très dur à l'égard des Etats-Unis. "Nous ne permettrons à personne de déterminer notre politique intérieure et étrangère, écrivait l'ambassadeur. Nous considérons comme offensant le point de vue, partagé par certains à Washington, selon lequel on peut se servir de la Russie lorsque c'est nécessaire, et ensuite s'en détourner et même l'insulter lorsqu'elle ne peut rien apporter aux intérêts des Etats-Unis".
Kommersant
Ressources arctiques: partage en cercle très fermé
Une conférence réunissant Russie, Etats-Unis, Canada, Danemark et Norvège a pris fin hier au Groenland: les cinq puissances arctiques ont déclaré à l'issue de ce "nouveau Yalta" que le partage de l'Arctique n'impliquait pas la création d'un nouveau régime juridique, les normes du droit international étant suffisantes, rapporte vendredi le quotidien Kommersant.
Cela signifie qu'elles ne sont parvenues à aucune entente, car chaque pays arctique interprète le droit de la mer à sa manière. Néanmoins, elles ont fermement décidé de n'admettre aucun autre pays dans ce partage.
On ne sait pas encore quelles ressources arctiques ont tenté de se partager les ministres qui ont participé à cette réunion. Les médias du monde ont fait savoir tout au long de cette année, en se fondant sur les données du Service géologique des Etats-Unis, que l'Océan Glacial Arctique recelait environ 25% des réserves mondiales d'hydrocarbures.
"Les évaluations actuelles des réserves de pétrole et de gaz de l'Océan Glacial Arctique relèvent de la fiction, affirme Mikhaïl Kroutikhine, partenaire et analyste de l'agence Rusenergy. Seul le bassin des mers de Barents et de Kara a été plus ou moins étudié au moyen de relevés sismiques, mais aucun forage n'a encore été effectué en ce qui concerne la grande majorité des secteurs découverts. Le reste n'est qu'hypothèses".
Selon les données du ministère russe des Ressources naturelles, dans les eaux russes (c'est-à-dire dans les mers de Barents, de Petchora, de Kara, de Sibérie orientale, des Tchouktches et des Laptev), les réserves de pétrole sont évaluées à 418 millions de tonnes et les ressources non prouvées, à 9,24 milliards. Les chiffres concernant le gaz sont, respectivement, de 7.700 et 88.300 milliards de mètres cubes. De l'avis de M. Kroutikhine, il faut probablement se fonder sur ces données.
Un autre problème se pose également: selon les estimations des spécialistes, notamment de chez Rosneft, d'ici 2030, il faudra dépenser 12.700 milliards de roubles (345 milliards d'euros) pour effectuer la prospection et prouver l'existence des ressources, et encore 39,8 milliards de roubles (un peu plus d'un milliard d'euros) pour effectuer leur mise en valeur. "Ces sommes ne sont prévues dans aucun budget. Bien plus, il faut reconnaître que Gazprom et Rosneft n'ont ni l'expérience, ni les technologies nécessaires pour travailler dans les conditions du plateau continental arctique", affirme Mikhaïl Kroutikhine.
Il rappelle également que le prix de revient de l'extraction de mille mètres cubes de gaz à Iamal évalué par Gazprom est de 91 dollars, contre 7 à 10 dollars dans les immenses vieux gisements que le consortium a hérités de l'Union soviétique. "Mais ces chiffres peuvent doubler, voire tripler sur le plateau arctique. Par conséquent, l'extraction ne sera rentable qu'à la condition d'une hausse des prix des ressources énergétiques jusqu'à un point qu'il est difficile d'imaginer aujourd'hui", résume l'expert.
RBC Daily/Vedomosti
Kaliningrad: une compagnie aérienne commande 25 Airbus
La compagnie aérienne de Kaliningrad KD Avia envisage de rénover radicalement son parc d'avions, en troquant ses Boeing pour des appareils européens, lit-on vendredi dans les journaux RBC Daily et Vedomosti.
Le transporteur a annoncé jeudi la signature d'un contrat avec Airbus pour la livraison de 25 A319 pour 1,7 milliard de dollars. Grâce aux compagnies russes qui choisissent de plus en plus souvent des avions de fabrication européenne, Airbus espère retrouver son leadership sur le marché russe.
Le premier appareil doit être livré à KD Avia au premier trimestre 2014, le dernier, au troisième trimestre 2017. "Il se peut que les livraisons s'effectuent un an plus tôt", a fait remarquer Sergueï Grichtchenko, président du conseil des directeurs de la compagnie.
En plus de ce contrat, l'avionneur européen et la compagnie aérienne russe sont en train de mener des pourparlers sur la livraison de deux à six longs courriers A330-200.
Le parc d'avions de la compagnie KD Avia compte actuellement 16 Boeing 737-300. Mais, à l'avenir, le transporteur a l'intention de miser sur le matériel européen.
Andreas Kramer, vice-président d'Airbus, estime que la part des appareils européens dans la structure des commandes des compagnies aériennes russes dépassera 50% dans les années à venir.
102 avions de fabrication européenne et 180 appareils de fabrication américaine sont actuellement exploités en Russie. Si la compagnie KD Avia renonce à l'exploitation de ses Boeings, leur nombre pourra se réduire de 16. Airbus a reçu, selon ses données, des commandes pour la livraison de 145 avions. Dmitri Khrol, représentant officiel de Boeing en Russie, met en doute le nombre de commandes fermes revendiqué par Airbus dans le pays. Boeing y a reçu des commandes fermes pour 66 avions, a-t-il affirmé.
25 nouveaux Airbus représentent l'une des plus grandes commandes parmi les compagnies aériennes russes, reconnaît Boris Rybak, directeur général d'Infomost. L'année dernière, Aeroflot a signé un contrat sur la livraison de 22 longs courriers A350 XWB pour 2,9 milliards de dollars. La compagnie Sibir a quant à elle commandé 25 moyens courriers A320 (1,6 milliard de dollars).
A la différence de l'écrasante majorité des transporteurs russes, l'achat d'avions étrangers est avantageux pour KD Avia: l'entreprise est basée dans une zone franche, et ne paie donc pas de droits de douane (20%) ni de TVA (18%) pour l'importation de matériel aéronautique. L'essentiel étant que les avions volent sur des itinéraires reliant Kaliningrad aux régions russes et à des villes étrangères, fait remarquer Igor Loukianov, directeur chargé du développement de la flotte aérienne de la compagnie. Compte tenu du prix catalogue des avions, KD Avia économisera environ 650 millions de dollars grâce à ces avantages.
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.