Les grandes épouses

© RIA Novosti . Sergey Pyatakov / Accéder à la base multimédiaGeorge et Laura Bush sur la place Rouge de Moscou
George et Laura Bush sur la place Rouge de Moscou - Sputnik Afrique
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Le "programme féminin" constitue un volet particulier de la vie des épouses présidentielles. Au cours des négociations entre les chefs d'Etat, leurs épouses, selon le règlement, parlent de la pluie et du beau temps en tête-à-tête ou "en comité élargi", visitent des musées et des orphelinats, bref, se plient au programme élaboré par les organisateurs.

Le "programme féminin" constitue un volet particulier de la vie des épouses présidentielles. Au cours des négociations bilatérales et multilatérales entre les chefs d'Etat, leurs épouses, selon le règlement, parlent de la pluie et du beau temps en tête-à-tête ou "en comité élargi", visitent des musées et des orphelinats, bref, se plient au programme élaboré par les organisateurs.

Au cours d'une rencontre officielle, il y eut un jour une étrange coïncidence. Trois Lioudmila y étaient présentes: Lioudmila Poutina, Lioudmila Koutchma et Lioudmila Ianoukovitch (épouse du premier ministre ukrainien). Quelqu'un a fait remarquer en commentant ce fait curieux: "Il n'y manquerait qu'une Lioudmila Bush".

Laura Bush, la First Lady sur le départ, deviendra probablement une vedette de télévision. Cette semaine, elle fait ses débuts en tant que présentatrice d'une émission matinale. En tous cas, elle ne risque pas de chômer après son départ de la Maison Blanche. Lioudmila Poutina est elle aussi sur le point de devenir une ancienne Première dame.

Quant aux épouses des présidents des pays voisins de la Russie, notamment des Etats membres de la CEI, que sont-elles devenues après le départ, constitutionnel ou forcé, de leurs maris de leurs postes de direction?

Peu avant le déclin de "l'époque Koutchma", des débats animés ont eu lieu en Ukraine sur la possibilité pour Lioudmila Koutchma de prendre la tête d'une association politique et, à l'instar de Hillary Clinton, de se faire élire au parlement. Lioudmila Nikolaïevna a alors fait comprendre qu'il s'agissait d'un simple canard lancé par les opposants du président Léonide Koutchma. "Je n'ai jamais été membre d'un parti et n'ai jamais travaillé pour quelque parti que ce soit", a-t-elle affirmé, en ajoutant que son cas s'inscrivait dans la formule "A chacun son sort".

 

Après sa défaite face aux "orange", Léonide Koutchma a quitté le poste de président début 2005 mais est aussitôt rentré à la Rada suprême (parlement), tout en restant au centre de l'interminable lutte ukrainienne pour le pouvoir et l'influence. Lioudmila Nikolaïevna, en revanche, est restée fidèle à elle-même: "avant" et "après", elle n'a rien à voir avec la politique.

Maïram Akaïeva portait très bien son titre de première dame. Elle était vraiment la numéro un au Kirghizistan. Ce qui a d'ailleurs donné l'idée à un périodique russe de titrer son article, consacré à la présentation de son livre "L'espoir ne connaît pas la nuit", "Maïram ne connaît pas la nuit". A l'heure actuelle, elle réside à Moscou de façon permanente. Les événements survenus à Bichkek le 24 mars 2005 ont été baptisés "la révolution des tulipes". Mais les tulipes n'étaient pas les seuls à y figurer. Les actions de l'opposition ont entraîné le maraudage et des pogroms, alors que l'avion d'Askar Akaïev, privé de son pouvoir en quelques heures, mettait le cap sur Moscou. C'est la Russie qui a accordé l'asile au leader kirghiz destitué.

Maïram, qui se trouvait constamment aux côtés de son mari, a connu avec lui des hauts et des bas. Aujourd'hui, elle se réjouit des succès scientifiques de son époux. L'académicien reste très compétent en tant que chercheur. La carrière d'Askar Akaïev à l'Université d'Etat Lomonossov de Moscou n'est menacée en rien. Et Maïram continue ses activités [littéraires]. Son nouveau livre consacré aux sages de l'Orient vient de paraître à Saint-Pétersbourg, la ville où le couple Akaïev avait jadis reçu une belle formation. Leurs quatre enfants ont eux aussi trouvé leur place dans la capitale russe. Leur fille aînée Bermet, qui a perdu son mandat de députée au parlement kirghiz après la révolution, est la seule à espérer retourner à Bichkek afin de poursuivre l'action de son père, l'ex-président.

Bella Kotcharian n'a pas non plus abandonné ses activités après la fin de la mandature de son époux, le président arménien Robert Kotcharian (survenue début 2008). Médecin de métier, elle a déployé beaucoup d'efforts pour ouvrir à Erevan une Banque de sang modernisée, unique dans la région. En outre, l'ouverture, avec le concours de Lioudmila Poutina, du Centre du livre russe à Erevan a également constitué un apport considérable de sa part au développement de la culture arménienne. Le Centre possède une collection unique de livres, qui sont mis à la disposition d'un large public. Une énorme quantité de livres ont été offerts par la Russie, la plupart d'entre eux ont été distribués dans les régions arméniennes, notamment pour les bibliothèques d'écoles.

Selon l'ancienne Première dame, la langue russe a toujours été populaire en Arménie. "La langue, la littérature et la culture russes se sont tellement enracinées dans notre vie au cours des années de cohabitation sur un territoire commun qu'il serait extrêmement imprudent de dilapider une telle richesse", estime l'épouse de Robert Kotcharian.

... Rues et avenues, instituts et universités azerbaïdjanais portent son nom. Tout récemment, une rue Zarifa Alieva est également apparue en Ukraine, à Irpen, une ville dans la région de Kiev. Irpen abrite une diaspora azerbaïdjanaise nombreuse, dont les représentants souhaitaient rendre hommage à la mémoire de l'épouse du président azerbaïdjanais Gueïdar Aliev.

Zarifa n'a jamais fait valoir son statut d'épouse de puissant fonctionnaire soviétique, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste, devenu par la suite président azerbaïdjanais, et n'a jamais joui de privilèges particuliers. Cette femme avait elle-même une personnalité hors du commun. En raison d'une série de découvertes particulièrement intéressantes en matière d'étude et de prévention des lésions au niveau des yeux, Zarifa Alieva s'est vu attribuer le prix Averbakh de l'Académie de médecine de l'URSS. Elle a été la première femme chercheur à obtenir cette récompense. Zarifa Alieva est décédée en 1985, en restant jusqu'à la fin de sa vie à la fois une bonne épouse et une amie fidèle de Gueïdar Aliev. En 2008, son fils, l'actuel président azerbaïdjanais Ilham Aliev, a mis à l'eau le plus grand ferry-boat du pays baptisé "Académicienne Zarifa Alieva".

Lorsque le fonctionnaire communiste Edouard Chevardnadze a demandé la main de Nanouli Tsagareïchvili, il a failli détruire sa carrière, car le père de sa future épouse avait été proclamé "ennemi du peuple" et fusillé. C'était en 1951 [à l'époque de Staline]. Nanouli a dit non, mais... bien plus tard Edouard Amvrossiévitch affirmait: "l'amour l'a finalement emporté".

Un incident significatif et bien connu a eu lieu lors d'une intervention télévisée de l'épouse d'Edouard Chevardnadze. Elle a alors déclaré qu'une bonne ménagère était capable de se contenter de 8 laris (4 dollars) par mois pour entretenir la maison. A l'époque, les retraites de la plupart des citoyens géorgiens correspondaient à cette somme. Une telle déclaration a suscité une réaction tellement négative que Nanouli Chevardnadze-Tsagareïchvili a alors dû expliquer en public que ses propos avaient été "mal interprétés" et qu'elle avait voulu dire qu'une telle somme devrait suffire pour une journée.

Après la démission d'Edouard Chevardnadze en novembre 2003, c'est dans leur maison située sur le territoire de la résidence gouvernementale de Krtsanisi qu'il est parti habiter avec sa femme. Nanouli est décédée en 2004 à l'âge de 74 ans et a été enterrée dans la cour de cette maison. Son époux sera inhumé à ses côtés.

Le pouvoir, on le sait, n'est jamais acquis pour toujours. Tout président, tôt ou tard, doit s'en séparer un jour. Il arrive que le peuple oublie ses gouverneurs. Seules les épouses restent à jamais à leurs côtés.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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