Revue de la presse russe du 23 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

La Géorgie pourrait perdre à jamais l'Abkhazie

Les dernières consignes données par Vladimir Poutine au gouvernement russe concernant l'Abkhazie intègrent de fait définitivement celle-ci dans le champ économique de la Russie, indique mercredi le quotidien Kommersant.

Après avoir obtenu la possibilité de recevoir ouvertement des investissements russes, de construire de nouveaux établissements de vacances, d'ouvrir des filiales de banques russes et d'accueillir les touristes de Russie, l'Abkhazie semble devoir ne plus jamais retourner au sein de la Géorgie.

Nombre d'hommes politiques géorgiens se rendent compte que l'Abkhazie est perdue à jamais. La présidente du parlement, Nino Bourdjanadzé, l'a compris elle aussi. Ce n'est pas parce qu'aucun de ses fidèles ne se trouvait sur la liste électorale [présentée par le parti de M. Saakachvili] qu'elle est partie. Cette "femme de fer" n'a fait aucun mouvement brusque pendant la grève de la faim organisée par l'opposition devant son bureau ni lorsque le président Mikhaïl Saakachvili a procédé aux nominations aux postes clés sans tenir compte de l'avis de sa fidèle alliée. Mais Mme Bourdjanadzé ne souhaite pas se trouver parmi les leaders du pays au moment où celui-ci perdra l'Abkhazie, et partager avec Saakachvili la responsabilité de cette tragédie nationale.

Inutile d'expliquer ce qui attend le pouvoir quand les Géorgiens se rendront compte que Soukhoumi est devenue pour toujours une ville étrangère. La vague de colère populaire sera tellement puissante que la "révolution des roses" semblera être, en comparaison avec elle, un événement de petite importance. C'est notamment là-dessus que compte le Kremlin en appliquant une politique d'intégration progressive de l'Abkhazie.

Pour sa part, Mikhaïl Saakachvili est parfaitement conscient de ce qui l'attend personnellement s'il n'arrive pas à changer la situation de fond en comble. Il deviendra un homme politique fini. Il n'aura absolument plus rien à donner à son peuple, pas même la perspective d'une adhésion rapide à l'OTAN. Si l'Abkhazie se sépare pour toujours de la Géorgie, Tbilissi ne recevra pas le Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance en décembre ni même dans un proche avenir. Par conséquent, Saakachvili pourrait être privé de son poste bien avant l'expiration de son mandat présidentiel. Il se voit donc obligé de frapper à toutes les portes, d'appeler Vladimir Poutine et George W. Bush, d'obtenir une convocation du Conseil de sécurité de l'ONU en utilisant une sombre histoire d'avion-espion qui aurait été abattu au-dessus de son territoire comme prétexte. Mais il y a, pour parler gentiment, peu de chances que la communauté mondiale exerce une quelconque influence sur Moscou.

Izvestia

JO de Pékin: le boycott ferait le jeu de la Russie

Considérée de façon purement pragmatique et du point de vue des intérêts de la Russie, la situation liée à l'éventuel boycott des Jeux olympiques de Pékin n'a rien de fâcheux, note mercredi le quotidien Izvestia.

L'Occident et Pékin se voient engagés dans un conflit, ils échangent les coups et accumulent les rancunes. Mais la Russie se tient à l'écart et ne perdra donc rien dans cette bataille. En revanche, elle pourrait y gagner.

Plus la Chine s'éloigne de l'Occident, et plus elle est se rapproche de la Russie. Il est d'autant plus probable que dans ce cas, les Chinois feront des concessions à Moscou, tiendront compte de ses intérêts dans des régions aussi sensibles que l'Asie centrale et sur des questions stratégiques aussi importantes que les exportations de produits énergétiques. A propos, pour l'instant, ils n'en tiennent pas toujours compte, loin de là.

Il existe encore une autre nuance. Tant que la Chine règle ses problèmes avec l'Occident au sujet du Tibet et des droits de l'homme, tant qu'elle a pieds et poings liés à cause du problème de Taïwan, elle ne songe pas à son expansion vers le nord, à la mise en valeur des terres faiblement peuplées de Sibérie et de l'Extrême-Orient russe. Tôt ou tard, lorsque la Chine sera encore plus forte, elle y songera sans faute, inutile de se bercer d'illusions à ce propos. Mais plus tard ce moment viendra, mieux ce sera.

Les problèmes autour des Jeux olympiques et du Tibet, le séparatisme dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang et la question de Taïwan, tout ceci, dans une certaine mesure, fait le jeu de la Russie. Bien entendu, il ne faut pas prononcer à haute voix des idées aussi factieuses, surtout lors des rencontres avec les Chinois. Mais il convient tout de même de les garder à l'esprit.

Nezavissimaïa gazeta

Centrale nucléaire de Bouchehr: Bakou met des bâtons dans les roues de Moscou

Les plans de la partie russe prévoyant l'achèvement la construction de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr d'ici septembre 2008 risquent de tomber à l'eau, constate mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Depuis près d'un mois (à savoir depuis le 29 mars), la douane azerbaïdjanaise interdit le passage d'un convoi automobile russe transportant des équipements calorifugés pour centrales nucléaires, en prétextant l'absence d'autorisation spéciale. Les experts n'excluent pas que ces événements aient des dessous politiques et expliquent la position de Bakou par sa volonté de faire preuve de loyauté à l'égard des Etats-Unis et de montrer sa force dans les relations avec Moscou.

Pour transporter via le territoire azerbaïdjanais les équipements nécessaires pour achever la construction de la centrale de Bouchehr, la société russe Atomstroyexport (entrepreneur général de la construction) doit présenter une autorisation spéciale, a déclaré mardi Natik Akhoundov, chef du service de presse du Comité national azerbaïdjanais des douanes.

La cargaison a été enregistrée d'avance conformément à toutes les procédures douanières russes et internationales nécessaires, a assuré la porte-parole d'Atomstroyexport Irina Essipova, exprimant son étonnement à ce sujet.

Les experts n'excluent pas non plus que ce nouveau problème puisse entraîner un nouvel ajournement de la mise en exploitation de la première centrale nucléaire iranienne (initialement, Moscou proposait de la mettre en exploitation dès 1999).

En février dernier, Atomstroyexport a fourni du combustible nucléaire destiné au premier chargement du réacteur et annoncé que les essais avec combustible devraient débuter en juillet-août dans le cadre des travaux de mise en service, en vue de préparer la mise en exploitation de la centrale en septembre.

Natalia Sviridova de 2K Audit - Delovye konsoultatsii estime que le blocage de la cargaison avait des raisons purement techniques: "A l'heure actuelle, alors que les autorités azerbaïdjanaises ont cité la raison concrète de cette mesure, la direction dans laquelle il faut agir pour remédier à la situation est enfin claire. La question sera sans doute réglée dans les plus brefs délais".

Cependant, le directeur général de la compagnie FinExpertiza Agvan Mikaelian voit également des motifs politiques dans la décision de Bakou. La récente levée des sanctions russes contre l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ne peut que mettre Bakou sur ses gardes, car il a lui-aussi, avec le Haut-Karabakh, le même genre de problème, explique l'expert. En retenant une cargaison revêtant une importance politique pour la Russie, l'Azerbaïdjan essaie de montrer quelles conséquences pourrait avoir un changement de la position russe à l'égard de la question karabakhe.

En outre, ajoute Agvan Mikaelian, l'Azerbaïdjan fait ainsi preuve d'une certaine loyauté envers les Etats-Unis qui sont extrêmement sensibles au programme nucléaire iranien.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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