Au cours du congrès de Russie unie, Vladimir Poutine a accepté la proposition d'assumer la direction du parti après l'expiration de son mandat présidentiel. Le congrès l'a élu à l'unanimité président du parti et investi de pouvoirs qu'il assumera à partir du 7 mai (investiture de Dmitri Medvedev) en tant que personnalité supérieure élue de Russie unie.
Mais cela n'a pas pour autant mis tous les points sur les "i" concernant la formation d'un gouvernement issu d'un seul parti. Se mettant à la tête de cette formation politique sans y adhérer, Vladimir Poutine conservera son statut d'homme politique sans parti. Diriger ainsi un parti tout en observant une certaine distance est une situation pour le moins inédite. Bref, ce n'est pas encore un pas décisif fait dans l'édification du système politique russe. Ce n'est qu'un petit pas.
A propos, le consentement de Vladimir Poutine a été précédé de l'adoption lundi d'amendements aux statuts du parti permettant à une personne n'en étant pas membre de le diriger.
C'est à dire que, d'une part, Vladimir Poutine a été invité à diriger le parti, et que d'autre part, il a été invité à le faire en jouissant d'une situation particulière, sans être membre de Russie unie.
Quelles sont les raisons de cette fusion incomplète entre un leader et son parti?
On sait qu'un écart important existe entre le soutien apporté par les électeurs à Vladimir Poutine et celui apporté au parti Russie unie. En décembre, il avait fait beaucoup pour ce dernier en acceptant d'en devenir tête de liste. Cela avait assuré au parti du pouvoir beaucoup de voix supplémentaires, qui avaient conduit à une victoire écrasante. Mais puisqu'aucune nouvelle élection n'est prévue d'ici quatre ans, le parti n'a plus besoin de soutien électoral supplémentaire. Cela pose un problème d'un autre genre: à présent, ce n'est plus à Vladimir Poutine d'élever la popularité du parti, mais à Russie unie de s'efforcer d'atteindre le niveau de son leader, afin de ne pas faire baisser sa cote de popularité. Bref, il est temps pour le parti du pouvoir de montrer sa capacité à travailler pour sinon élever, au moins maintenir la cote de popularité de Vladimir Poutine.
Au cours de réunions aussi solennelles et ennuyeuses, et le congrès de Russie unie n'a pas dérogé à la règle, il n'est pas de mise de mentionner les éventuels problèmes et défauts auxquels on fait face. Les remerciements s'inscrivent beaucoup mieux dans ce genre de forums. Mais Vladimir Poutine a de nouveau attiré la discussion sur les problèmes, de même que par le passé, lorsqu'on lui avait proposé d'être tête de liste.
Acceptant l'invitation qui lui a été faite, Poutine a déclaré que le parti avait certainement besoin d'être réformé: "Il doit devenir plus ouvert aux discussions, en tenant compte des différents avis des électeurs, il doit être entièrement débureaucratisé et débarrassé des gens qui y poursuivent uniquement leurs propres objectifs et veulent obtenir des avantages personnels. [...] Il doit travailler plus activement avec la jeunesse, les intellectuels, les entrepreneurs, les ouvriers et les agriculteurs".
Apparemment, Vladimir Poutine reste préoccupé par la situation au sein du parti, par sa gestion des cadres, son image aux yeux des électeurs. Malgré la prédominance de Russie unie dans les structures représentatives de tous les niveaux, il estime probablement que ce parti n'est pas encore une organisation politique efficace à l'instar de celles qui existent dans les pays de la "démocratie traditionnelle".
C'est pourquoi Vladimir Poutine mettra probablement de l'ordre dans le parti pour en faire une structure plus moderne. Il a un vaste champ d'activité en ce sens. Il agira probablement avec une relative fermeté et même avec sévérité, car c'est son propre prestige qui est en jeu. Bref, Russie unie devra faire ses preuves.
Par conséquent, en plus de la joie éprouvée en raison du fait que Vladimir Poutine a consenti à diriger le parti, ses membres auront probablement bientôt des émotions d'un autre genre...
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