Islam Karimov mise sur l'OTAN en Afghanistan

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Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti
Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti

Bien que le problème afghan ait été examiné au sommet de l'OTAN à Bucarest, aucune déclaration importante n'a été faite à ce sujet. L'entente intervenue entre l'Alliance et la Russie sur le transit terrestre de cargaisons non militaires à travers le territoire russe n'a à coup sûr rien de sensationnel. Quant à la demande attendue de la délégation de l'Afghanistan à l'OTAN de porter les effectifs de l'armée nationale afghane à 120.000 soldats et officiers (contre 70.000 aujourd'hui), ou bien elle n'a pas été faite, ou bien elle n'a été débattue que dans les couloirs.

Néanmoins, une initiative très intéressante a été proposée à Bucarest sur le problème afghan. Si elle est mise en oeuvre, la situation autour de l'Afghanistan pourrait considérablement s'améliorer. Il s'agit de la proposition du président ouzbek Islam Karimov de réunir les efforts de l'OTAN avec ceux du groupe de contact 6+2 sur l'Afghanistan.

Le groupe 6+2 a été fondé en 1997 pour apporter un concours régional au règlement du conflit interafghan. Il est constitué de représentants des Etats voisins de l'Afghanistan: le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, l'Iran, le Pakistan et la Chine, plus les Etats-Unis et la Russie en tant qu'Etats garants.

Ce groupe a agi assez efficacement entre 1997 et 2001. Il a élaboré les principes communs et les approches communes du règlement de la crise politique interafghane sous l'égide de l'ONU. Une rencontre des parties engagées dans le conflit a été préparée et s'est tenue en juillet 1999 à Tachkent, où a été adoptée une déclaration "Sur les principes fondamentaux du règlement du conflit en Afghanistan". En se fondant sur cette déclaration, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution sur les voies de règlement politique du problème afghan: le conflit militaire entre l'Alliance du Nord et les talibans. Ensuite, les événements de 2001 se sont produits.

Aujourd'hui, le président ouzbek ne propose pas seulement de reprendre les négociations dans le cadre du groupe de contact. Islam Karimov va plus loin. En fait, il propose de transformer le groupe 6+2 qui a agi jusqu'à 2001 en groupe 6+3, avec la participation permanente des représentants de l'OTAN aux négociations. Cela est parfaitement logique, si l'on tient compte du fait que les forces armées de l'Alliance agissent en Afghanistan. Selon Islam Karimov, seule la participation de toutes les parties concernées par la stabilisation de la situation en Afghanistan rendrait possible l'élaboration d'un plan global de reconstruction de ce pays.

La proposition du président ouzbek est précieuse, avant tout, en raison de la présence du Turkménistan au sein du groupe 6+2, à la différence de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Le Turkménistan devient aujourd'hui l'un des partenaires économiques les plus actifs de l'Afghanistan. L'idée de construire le gazoduc transafghan Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde est réapparue en premier lieu grâce aux efforts d'Achkhabad (capitale turkmène). Dans le cadre de sa réalisation, des milliers d'emplois pourront être créés en Afghanistan. Ce projet bénéficie du soutien inconditionnel de Kaboul.

Ce projet de gazoduc a été proposé dès les années 90 par le président turkmène Saparmourat Niazov. Mais, bien que le Pakistan et l'Inde aient alors garanti l'achat de gaz, le projet a dû être gelé en raison de la guerre civile. A présent, comme tout l'indique, la situation s'améliore. L'Inde et le Turkménistan ont signé ces jours-ci, à Achkhabad, un mémorandum de compréhension dans le domaine de l'extraction du gaz. L'Inde prévoit prochainement d'annoncer officiellement son intention de participer au projet.

Achkhabad soutient également l'idée de Kaboul de construire un "anneau ferroviaire" autour de l'Afghanistan, reliant les voies de chemins de fer qui existent déjà dans la région.

Enfin, le Turkménistan fait aujourd'hui partie des principaux fournisseurs d'énergie électrique à l'Afghanistan. En outre, les énergéticiens turkmènes ont construit et réparé plus de 300 kilomètres de lignes HT dans les provinces du Nord, de l'Ouest et, selon certaines sources, dans les provinces du Sud-Ouest de l'Afghanistan. Ce fait parle de lui-même.

En plus de l'objectif commun de contribuer au renforcement des pouvoirs du gouvernement afghan sur tout le territoire du pays, l'ISAF (Force internationale d'assistance à la sécurité) commandée par l'OTAN s'occupe également des problèmes liés à la reconstruction du pays. Des équipes provinciales de reconstruction (PRT) comprenant, en plus des militaires, des spécialistes civils, ont été créées au sein de l'ISAF. On peut être pratiquement certain que de semblables équipes composées de ressortissants des républiques d'Asie centrale ne nuiraient pas au tableau général.

Mais le principal point positif de la proposition d'Islam Karimov est ailleurs.

En vue d'améliorer la situation en Afghanistan au niveau régional, l'OTAN coopère étroitement avec le Pakistan, entre autres, dans la protection de la frontière pakistano-afghane et l'échange de renseignements. La Commission tripartite (Afghanistan, Pakistan, ISAF) a été créée à cette fin.

Une question logique se pose: pourquoi ne créerait-on pas des commissions tripartites avec d'autres participants au groupe 6+2? Il est peu probable que le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan renonceraient à cette perspective. Apparemment, Bruxelles n'a pas encore apprécié à sa juste valeur la proposition d'Islam Karimov. Il faut reconnaître que cette dernière vient seulement d'être formulée.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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