Kommersant
La Russie essuie un revers à Bucarest
Dans la capitale roumaine, le "sommet de tous les espoirs" s'est transformé en un jour en sommet des espoirs déçus, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.
L'accès à la procédure d'adhésion à l'OTAN a été refusé à la Géorgie et à l'Ukraine. Certains experts ont interprété cette décision comme un triomphe de la diplomatie du Kremlin. En réalité, la Russie a plutôt essuyé un échec à Bucarest: la décision de déployer le bouclier antimissile en Europe a été adoptée par l'Alliance, ce qui entraîne pour Moscou des conséquences bien plus lourdes que la défaite temporaire de Tbilissi et de Kiev.
Le secrétaire général du bloc Jaap de Hoop Scheffer a annoncé que "les Etats-Unis ont demandé à l'OTAN de créer une architecture commune de la défense antimissile en vue de défendre les pays de l'Alliance qui ne peuvent pas être protégés, pour l'instant, uniquement par la structure antimissile américaine". En fait, cela signifie que le projet de bouclier antimissile a cessé d'être purement américain et qu'il est devenu un projet de l'OTAN. A présent, la Russie aura plus de mal à s'opposer à la mise en oeuvre des projets antimissiles européens: après ce changement de statut, Moscou aura affaire à la communauté occidentale réunie dans l'OTAN.
Après le discours du secrétaire général, les experts qui ont assisté au sommet ont tenu des propos selon lesquels la concession concernant la Géorgie et l'Ukraine aurait été faite à la Russie en échange de la décision sur la défense antimissile. "La question de l'octroi du Plan d'action pour l'adhésion (MAP) à l'Ukraine et à la Géorgie a été sciemment hypertrophiée en vue d'intimider Moscou, en le préparant au pire, afin que la décision sur la défense antimissile ne lui semble pas si épouvantable. Quoi qu'il en soit, à Moscou, on est très content que la Géorgie et l'Ukraine restent, pour l'instant, dans la sphère d'influence (russe)", estime Dmitri Saveliev, directeur de l'Institut de gestion efficace Sistema.
Un autre expert russe, Andreï Serenko, du Centre d'études sur l'Afghanistan contemporain, se dit certain que la concession faite par l'OTAN à la Russie sur la Géorgie et l'Ukraine est directement liée au problème afghan. "George W. Bush prévoit de lancer au début de l'été une opération terrestre dans le Sud de l'Afghanistan contrôlé par les talibans, a-t-il rappelé. Il a besoin de persuader la société américaine de la justesse de sa politique et de la nécessité de soutenir la candidature de John McCain (candidat républicain à la présidentielle). Pour assurer le succès de cette opération, il faut non seulement accroître le contingent militaire occidental en Afghanistan, mais aussi l'approvisionner en tout ce qui lui est nécessaire: produits alimentaires et équipements notamment. Il n'est possible de faire parvenir tout cela en Afghanistan que via la Russie".
Pour George W. Bush, il est bien plus important de venir à bout des talibans que d'accorder le Plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN à la Géorgie et à l'Ukraine, qui le recevront finalement tôt ou tard.
Kommersant
Le Venezuela achètera des sous-marins russes à crédit
Le Venezuela mène des négociations avec Moscou sur l'octroi d'un crédit pour l'achat d'armements russes, on suppose qu'un prêt de 800 millions de dollars pourrait couvrir partiellement l'acquisition de quatre sous-marins du projet 636 que Caracas commandera en Russie, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.
Selon les experts, Hugo Chavez a besoin d'argent pour ses programmes sociaux, c'est pourquoi il recherche de nouvelles sources de financement pour ses commandes militaires.
Le président vénézuélien a été invité à assister en mai à l'investiture de Dmitri Medvedev. Le contrat pour la construction de sous-marins sera probablement signé lors de sa visite. "Le contrat a été établi fin 2007-début 2008, a précisé un diplomate vénézuélien. Il devait être signé en février, mais la visite de M. Chavez n'a pas eu lieu". Le report de la visite a été officiellement expliqué par l'aggravation des rapports entre le Venezuela et la Colombie. Cependant, la véritable raison semble être le désir d'Hugo Chavez d'attendre l'entrée en fonction du nouveau président russe, à qui il aura affaire à l'avenir.
Des négociations sont en cours sur la livraison éventuelle au Venezuela de 12 avions de transport militaires lourds Il-76. Début mars, Rosoboronexport (agence d'exportation d'armes russes) a fait à Caracas une proposition commerciale sur ce contrat. En ce premier semestre 2008, le holding aéronautique Sukhoi achève la livraison de 24 Su-30MK2, par conséquent, au cours de la visite d'Hugo Chavez en Russie, il sera également question d'un possible contrat pour la livraison de nouveaux Su-35. Puisque le Su-35 en est actuellement à la phase des essais en vol, ses livraisons commenceront en 2010 au plus tôt.
Selon des sources russes, les parties devront définir le schéma de financement des contrats prévus. Le contrat pour quatre sous-marins du projet 636 est évalué à au moins un milliard de dollars. Si le Venezuela achète également des Il-76, la somme de la commande totale constituera 1,5 milliard de dollars. "L'expérience de l'octroi de crédits pour les livraisons de matériel de guerre à l'Indonésie atteste que cet instrument pour l'exportation d'armes n'est pas très efficace, affirme une source du Kommersant au Service fédéral pour la coopération militaire et technique. Rosoboronexport ne peut accorder des crédits que pour la construction de matériel en Russie. Le Venezuela devra payer au comptant les frais de transport, l'assurance, la commission et la formation du personnel vénézuélien".
Selon la majorité des experts, Hugo Chavez n'engagera pas prochainement de combats ni contre la Colombie, ni contre qui que ce soit. "Tout simplement, il lui est agréable de brandir des armes", a déclaré un haut représentant du Service fédéral pour la coopération militaire et technique.
Nezavissimaïa gazeta
Russie-Occident: à Bucarest, un petit pas qui laisse quelques espoirs
Hier à Bucarest, la Géorgie et l'Ukraine n'ont pas reçu le Plan d'action en vue de l'adhésion à l'OTAN (MAP), malgré le soutien apporté par les Etats-Unis, le Canada et les Etats d'Europe de l'Est, lit-on vendredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Ce refus a été atténué par la promesse de revenir à l'examen de cette question en décembre. Les experts ne voient aucune raison de parler de succès de Moscou, mais estiment que le verdict de Bucarest pourrait aider les parties à atténuer leurs contradictions sur d'autres problèmes importants.
En Ukraine, les adversaires de l'adhésion à l'Alliance ont tenu jeudi des meetings de protestation. En Géorgie, on n'a pas caché sa déception. Aussi bien les représentants de l'establishment politique que certains experts politiques se sont déclarés certains que la position ferme des leaders ouest-européens s'expliquait par le souci de ne pas détériorer les rapports avec la Russie.
"Cette interprétation est absolument fausse, a déclaré le Docteur Achot Manoutcharian, politologue allemand. Les pays ouest-européens ont subi une pression assez forte de Washington comme de Moscou. Mais ils ont fait le choix qui leur convient le mieux. La Russie se surestime si elle considère que l'Allemagne s'est appuyée sur l'avis du Kremlin en refusant d'accorder le Plan d'action pour l'adhésion à l'Ukraine et la Géorgie. Bien entendu, ils ont tenu compte de cet avis, mais il s'agit là d'une coïncidence d'intérêts dans une situation concrète".
Selon l'analyste, Moscou aurait pu crier victoire si Kiev et Tbilissi avaient renoncé à l'idée d'adhérer à l'OTAN, "c'est pourquoi il serait pour le moins naïf de parler d'un succès de la Russie dans les rapports OTAN-Ukraine ou OTAN-Géorgie".
Alexeï Malachenko, expert du Centre Carnegie de Moscou, n'exclut pas que ce verdit favorable à la Russie puisse influer indirectement sur le règlement d'autres problèmes importants entre les parties. "Un certain écart par rapport à la position rigide occupée sur la défense antimissile est possible au cours de la rencontre entre Vladimir Poutine et George Bush à Sotchi. S'il n'y avait pas d'espoir, cela n'aurait eu aucun sens d'organiser cette rencontre", a déclaré l'expert.
Ces derniers temps, a-t-il fait remarquer, Moscou ne se souvient presque pas de l'idée d'une OPEP du gaz qui met en rage l'Occident, et des rapports constructifs s'établissent peu à peu dans l'ensemble du secteur énergétique. Le Kosovo, autre facteur qui suscite l'irritation des deux parties, est, semble-t-il, relégué au second plan. "L'attitude de la Russie est assez loyale en ce sens. Ses menaces de reconnaître, en réponse, l'indépendance de l'Abkhazie ou de l'Ossétie du Sud sont restées lettre morte", relève M. Malachenko. D'après lui, il faut s'attendre à des contacts fructueux entre la Russie et l'Occident dans un avenir prochain.
Gazeta.ru
Le Comité olympique russe réclame à Total une vieille dette d'Elf Aquitaine
Le Comité national olympique russe (CNO) accuse Total de n'avoir pas respecté de vieux engagements et menace de lui intenter un procès qui pourrait coûter à la compagnie française 250 millions de dollars, lit-on vendredi dans le quotidien Gazeta.ru.
Cependant, la situation de Total en Russie ne semble nullement menacée: Gazprom pourra toujours prendre sa défense.
Le CNO et la compagnie panaméenne Blue Rapid exigent de Total le remboursement des pertes subies à cause du refus d'une structure du holding français de participer à un projet de prospection et d'extraction de pétrole sur le territoire de la Russie. Les réclamations sont avancées moins à Total qu'à la compagnie Elf Aquitaine, qui a fusionné en 2000 avec le groupe français (dans les années 90, Elf Aquitaine avait un projet d'exploitation des gisements de pétrole sur la Basse Volga).
"Cela remonte au début des années 90, de nombreux événements se produisaient alors en Russie, a déclaré au journal Gazeta.ru Leonid Tiagatchev, président du Comité national olympique russe. Nous avions des projets communs, des contrats et des ententes avec les Français."
A présent, le CNO essaie de récupérer par la voie législative ce qui lui revient, a expliqué Leonid Tiagatchev. Selon les estimations du comité, la somme des dommages et intérêts pourrait atteindre 250 millions de dollars.
Toutes sortes de combinaisons inattendues étaient possibles dans les années 90: le gouvernement avait accordé des avantages aux structures d'Etat pour qu'elles puissent gagner de l'argent par elles-mêmes. Une compagnie étant apparue au sein d'une structure de ce genre bénéficiait elle-aussi de ces avantages. Les facilités douanières étaient particulièrement répandues: un employé d'une compagnie américaine au milieu des années 90 a fait savoir au journal Gazeta.ru que des quantités immenses de matériel de bureau avaient par exemple été dédouanées par des instituts scientifiques, des sociétés d'invalides, et même par des structures de force.
"La sponsorisation du sport, le financement du Comité olympique russe et des principales fédérations sportives étaient très répandus à cette époque-là, rappelle Dmitri Abzalov, expert du Centre de conjoncture politique. Il s'agissait d'une sorte d'impôt et d'une forme d'engagements sociaux. En les remplissant, les entreprises pouvaient compter sur certaines préférences. La construction par de grandes compagnies (en premier lieu, pétrolières) d'installations sportives était même indiquée dans des accords de licence".
Selon l'expert, les réclamations du Comité olympique russe ne représentent aucune menace pour l'activité de Total en Russie. "Total coopère avec Gazprom de façon très productive, rappelle Dmitri Abzalov. La compagnie française possède une licence pour l'exploitation d'un des plus grands gisements de pétrole, celui de Khariaga, et les autorités ne touchent pas à Khariaga, à la différence, par exemple, du gisement de Kovykta qui devrait être cédé par TNK-BP à Gazprom sous leur pression. Par conséquent, pour l'instant, Total n'a rien à craindre en Russie."
Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.