Revue de la presse russe du 24 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

2000-2008: les Russes retiennent la stabilité et l'échec de la lutte contre la corruption

Les Russes considèrent que Vladimir Poutine n'a pas réussi à se défaire de la corruption ni à brider les oligarques mais ne lui en tiennent pourtant pas rigueur, puisque plus de la moitié d'entre eux souhaiteraient qu'il brigue à nouveau le poste présidentiel, rapporte lundi le quotidien Vedomosti.

Les sondeurs du Centre Levada ont interrogé 1.603 citoyens russes du 14 au 17 mars sur le bilan des huit ans de présidence de Vladimir Poutine (la marge d'erreur ne dépasse pas 3%).

Parmi les domaines dans lesquels le président sortant a échoué, c'est la lutte contre la corruption qui est le plus souvent citée (32%), devant la limitation de l'influence des oligarques (18%) et la lutte contre la criminalité (17%). La majorité des sondés considère que, durant les deux mandats de Poutine, le fossé entre riches et pauvres s'est creusé (53%), même s'ils sont 27% à supposer qu'il est resté au même niveau que sous Boris Eltsine.

Malgré cela, la politique menée par Vladimir Poutine en matière d'élévation du niveau de vie de la population satisfait 70% des interrogés, et 55% souhaiteraient le voir briguer à nouveau le poste présidentiel.

Côté réussites, ils sont 21% à citer le développement économique du pays, 16% la hausse des salaires et des retraites, et 12% un regain d'optimisme.

En outre, la majorité des Russes (57%) considèrent que la stabilisation atteinte au prix d'un refus des transformations démocratiques et des réformes de marché est quelque chose de "plutôt positif" pour le pays. 11% ont qualifié ce fait de "plutôt négatif".

Boris Doubine, directeur du département des études socio-politiques du Centre Levada, relève que le président incarne le pouvoir suprême sans que cela n'implique aucune responsabilité, c'est pourquoi les échecs essuyés dans tel ou tel domaine ne font pas baisser sa cote de popularité. Les médias ont relayé une telle représentation des années 90 que l'idée de la stabilité apparaît aujourd'hui positive pour la majorité de la population.

Il est encore trop tôt pour que les Russes demandent des comptes au pouvoir, note le sociologue Leonti Byzov. La population s'est habituée à vivre avec ces problèmes, et comprend que les institutions en mesure de lutter contre eux n'ont toujours pas été créées. Quant à Dmitri Medvedev, on ne voit pas encore en lui une alternative à Poutine, avance le spécialiste.

Vremia novosteï

Gaz: Achkhabad joue sur tous les tableaux

Les négociations qui se déroulent aujourd'hui à Ankara entre le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov et le premier ministre turc Tayyip Erdogan seront centrées sur la coopération énergétique, rapporte lundi le quotidien Vremia novosteï.

Il faut bien se rendre à l'évidence, il sera question des perspectives pour Achkhabad de se joindre au projet de gazoduc transcaspien contournant la Russie.

Selon les informations de Vremia novosteï, il n'est pas exclu que le représentant spécial du département d'Etat américain pour la politique énergétique dans la région de la Caspienne, Steven Mann, assiste à ces pourparlers de manière informelle.

La décision officialisée le 11 mars du Kazakhstan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan de vendre à partir de 2009 leur gaz aux prix européens a créé l'illusion qu'Achkhabad n'aurait plus aucun intérêt à rechercher d'autres possibilités d'écouler ses hydrocarbures. Cependant, après l'annonce il y a deux jours, par des représentants du gouvernement kazakh qui ont souhaité conserver l'anonymat, de l'intention d'Astana d'abandonner les contrats gaziers à long terme avec Gazprom pour passer exclusivement à des contrats annuels, la situation semble très claire. Le Kazakhstan et le Turkménistan veulent éviter de s'engager trop et envisagent d'ici deux ans de commencer à livrer une partie de leur gaz par des itinéraires alternatifs, en contournant la Russie. Tachkent ne s'est pas encore prononcé sur la question, mais on peut supposer qu'il suivra l'exemple de ses voisins.

Les dirigeants turcs, malgré le fait que presque tous les besoins en gaz de leur pays sont déjà couverts, en partie grâce aux livraisons en provenance de Russie, espèrent bien aller au bout de leur projet de faire de la Turquie une sorte de "hub" énergétique en y concentrant un véritable noeud d'itinéraires de livraison. Selon les auteurs de ce projet, la construction de réservoirs souterrains de gaz, d'usines chimiques de transformation du gaz et de sites de production de GNL (gaz naturel liquéfié) permettront de canaliser vers la Turquie les flux de gaz centrasiatique, en garantissant son utilisation dans n'importe quel volume et au prix souhaité par le vendeur, qui plus est en contournant le monopole de Gazprom en matière d'achat.

En outre, Israël se révèle également intéressé par le gaz centrasiatique. La construction d'un gazoduc depuis la Turquie pourrait en effet garantir à l'Etat hébreu une précieuse indépendance énergétique.

A Achkhabad, on laisse entendre que l'idée d'un gazoduc transafghan vers le Pakistan et l'Inde, projet dont la genèse remonte aux années 90, n'est toujours pas abandonnée. Cela dit, aujourd'hui, même si la Banque asiatique de développement se dit prête à en financer l'étude de faisabilité, le nouveau contexte des prix élevés du gaz centrasiatique pourrait poser quelques problèmes aux potentiels clients du sous-continent indien.

Kommersant

Acier: Severstal rachète une importante aciérie aux Etats-Unis

L'aciérie Sparrows Point de Baltimore, appartenant à ArcelorMittal et dont la vente était l'une des conditions posées par les organes antitrust américains pour la fusion entre Arcelor et Mittal Steel, devrait être rachetée par le russe Severstal, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

La compagnie russe a proposé 810 millions de dollars pour l'usine, soit 540 millions de dollars de moins que le consortium E2 Acquisition Corp. qui s'était entendu l'année dernière pour acquérir Sparrows Point pour 1,35 milliard de dollars, mais n'avait pas été en mesure de verser la somme convenue.

Severstal a bénéficié dans cette affaire des conseils financiers de Merrill Lynch. La compagnie prévoit de conclure la transaction avant la fin du deuxième trimestre de 2008.

Gregory Mason, directeur adjoint de Severstal chargé de la production, se dit satisfait du montant obtenu: cela correspond à 225 dollars la tonne, ce qui est un bon prix pour une aciérie aux Etats-Unis. Après cette acquisition, Severstal occupera la 4e place sur le marché américain parmi les compagnies productrices d'acier pour le volume de la production.

Sparrows Point est la seule usine métallurgique des Etats-Unis alimentée en matière première locale et ayant un accès direct à l'océan. L'usine est capable de produire environ 3,6 millions de tonnes d'acier par an.

Une source proche du vendeur a déclaré au quotidien Kommersant que, du point de vue financier, la proposition de Severstal n'était pas la meilleure. D'après ses données, le consortium d'Essar Group (Inde) et du combinat métallurgique de Magnitogorsk (Russie) avait proposé pour cet actif de l'argent et des actions de sa future coentreprise, au total, 1,6 milliard de dollars. Selon la source, Severstal l'a emporté grâce à une recommandation des syndicats des employés de l'industrie de l'acier des Etats-Unis (USW). Le troisième prétendant - le groupe ukrainien Privat - avait proposé, toujours selon la source, 860 millions de dollars. Le combinat métallurgique de Novolipetsk figurait également parmi les prétendants, mais son offre ne dépassait pas 800 millions de dollars.

Les analystes estiment que Severstal fait ainsi un achat avantageux. Maxime Khoudalov, analyste de la société financière Métropole, estime que le véritable prix de Sparrows Point dépasse la somme de la transaction et constitue au moins 1,3 milliard de dollars. Nikolaï Sosnovski de Sobinbank se déclare quant à lui certain que ce prix bas s'explique par la transaction antérieurement conclue entre Severstal et ArcelorMittal, qui avait acheté les actifs houillers de la compagnie russe dans la région de Kemerovo.

Nezavissimaïa gazeta

Sotchi 2014: le train passe au tarif olympique...

Les préparatifs des Jeux olympiques d'hiver 2014 seront financés par le budget de la Fédération de Russie, du territoire de Krasnodar et de la ville de Sotchi, par les compagnies participant à la construction des sites, et, semble-t-il, également par les Russes eux-mêmes, lit-on lundi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

A partir du 1er avril, les Chemins de fer russes (RZD) augmenteront de 1% les tarifs du transport de fret. Ordinairement, ces tarifs n'augmentent qu'une fois par an, en début d'année. Le Service fédéral des tarifs veille à ce que les monopoles naturels ne les relèvent pas au-delà des limites fixées et en dehors des périodes choisies. Cette-fois, RZD a bénéficié d'une exception.

Pour justifier cette mesure qui fait monter l'inflation, on invoque les besoins des JO de Sotchi. Selon les estimations de RZD, l'indexation supplémentaire permettra à la compagnie de recevoir environ 25 milliards de roubles (près de 682 millions d'euros) en trois ans qui seront utilisés pour accroître le débit du chemin de fer Touapse-Adler, construire un embranchement entre Sotchi et Krasnaïa Poliana et des entrepôts de matériaux de construction.

Certes, il est nécessaire d'étendre les réseaux de chemins de fer pour les besoins olympiques et de créer d'autres infrastructures pour les JO 2014. Cependant, il est difficile de comprendre pourquoi il faut le faire en introduisant de nouvelles taxes à percevoir sur les compagnies de transport de fret, qui seront contraintes de faire retomber ces frais sur le consommateur final, c'est-à-dire sur la population. En effet, les Chemins de fer russes ont un budget excédentaire. De plus, en fin de compte, ils disposeront des ouvrages qui seront construits et pourront tirer profit de leur exploitation.

Il n'est pas exclu que cette augmentation exceptionnelle des tarifs de RZD pour les besoins des Jeux olympiques soit le premier d'une série d'impôts dissimulés qu'il est prévu d'introduire. En plus des chemins de fer, il faudra construire et élargir des routes à Sotchi, agrandir les ports maritimes, racheter des terrains à des particuliers et construire les installations olympiques elles-mêmes. Comme on le reconnaît sur le plan officiel, toutes ces dépenses n'ont pas encore été définitivement évaluées. Il faut s'attendre à ce qu'elles augmentent considérablement par rapport au montant actuellement annoncé d'un peu plus de 300 milliards de roubles (8,18 milliards d'euros). Les mécanismes de financement complémentaire ne sont pas non plus clairement définis.

Il n'est pas exclu que l'introduction de ce "tarif olympique" par RZD ne soit qu'une première tentative pour tester des mécanismes de financement des Jeux olympiques aux frais des compagnies privées et de la population.

Business & Financial Markets

Rosneft construira un complexe pétrochimique au bord de la mer du Japon

Rosneft construira au bout de l'oléoduc Sibérie orientale-Pacifique un complexe pétrochimique, et non une raffinerie de pétrole, comme cela était initialement prévu, lit-on lundi dans le magazine Business & Financial Markets.

Selon différentes estimations, il coûtera entre 6,4 et 8 milliards de dollars. Les analystes considèrent que ces immenses investissements sont justifiés, car la demande de produits pétrochimiques dans les pays de la région est grande, et les risques minimes.

Selon Sergueï Bogdantchikov, président de Rosneft, cette décision de la compagnie s'appuie sur un argument important: les marchés potentiels d'écoulement de produits pétroliers disposent de leurs propres raffineries de pétrole capables de satisfaire entièrement leurs besoins en carburants. "Les raffineries de pétrole du Japon sont capables de retraiter 200 millions de tonnes de produits pétroliers, celles de la République de Corée, environ 100 millions, et la Chine possède un important programme dans ce domaine, a fait remarquer M. Bogdantchikov. Par conséquent, en perspective, ces marchés auront besoin de produits pétrochimiques".

Un terrain pour la construction du complexe a déjà été choisi au bord de la mer du Japon, à proximité du port de Nakhodka. La compagnie Akseks, maître d'oeuvre, a présenté le dossier de faisabilité.

La somme des investissements prévus n'a pas encore été rendue publique. Le groupe d'investissement Veles Capital évalue la construction de l'actif à au moins 6,4 milliards de dollars. Selon Dmitri Alexandrov, analyste du groupe d'investissement Financial Bridge, la construction du complexe pétrochimique d'un rendement de 20 millions de tonnes par an pourrait coûter environ 8 milliards de dollars. Si l'on table, comme l'indiquent les prévisions, sur une production de 400.000 tonnes de polyéthylène et de polypropylène par an, la somme des investissements pourrait atteindre environ 10 milliards de dollars, compte tenu de l'augmentation des frais au cours de la construction, estime M. Alexandrov.

Selon l'analyste, ces investissements sont justifiés compte tenu de l'importante demande en produits pétrochimiques dans les pays d'Asie-Pacifique et d'un minimum de risques. Il sera également possible d'y retraiter de larges fractions des hydrocarbures obtenus à partir du gaz associé.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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