Revue de la presse russe du 18 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Echange de politesses russo-américain à Moscou

Le nouveau round des négociations russo-américaines sur les problèmes de la sécurité internationale a été marqué par l'hospitalité soulignée des uns et la politesse des autres, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

Vladimir Poutine s'est déclaré satisfait de l'arrivée en urgence de Condoleezza Rice et Robert Gates à Moscou, et les deux parties ont exprimé l'espoir de parvenir à s'entendre sur les problèmes litigieux. Cependant, il est douteux que cette nouvelle rencontre aboutisse à des concessions sérieuses de Washington sur la question la plus douloureuse pour Moscou, à savoir le déploiement de sites de la défense antimissile (ABM) en Pologne et en République tchèque.

Malgré les protestations russes, les radars de la défense antimissile surveilleront une partie du territoire de la Russie, bien qu'il soit difficile de justifier cela par une nécessité d'ordre militaire. Les Etats-Unis ont également l'intention de compléter les installations de la défense antimissile en Europe de l'Est par des radars en Turquie. Il sera bien difficile de trouver des arguments contre la construction de ces ouvrages dans un pays limitrophe de l'Iran. La Russie dispose actuellement de peu de moyens pour influer sur Prague et Varsovie. La réaction musclée entreprise par Moscou en décembre 2007 - son retrait du Traité sur la limitation des forces armées en Europe - n'a pas produit l'effet voulu.

Mais la Russie peut occuper une position positive sans se causer de préjudice à elle-même. Les Etats-Unis ont besoin de son soutien sur des questions telles que le programme nucléaire iranien, l'aide à apporter au gouvernement afghan et le blocus du trafic de drogue en provenance d'Afghanistan. En apportant un soutien à Washington sur ces problèmes, Moscou peut parfaitement s'assurer une surveillance permanente des futurs sites de la défense antimissile par les militaires russes. Cela permettra de prévenir l'extension de l'utilisation de ces ouvrages par les Américains, par exemple, d'empêcher le déploiement dans les bases de défense antimissile de missiles ordinaires qui pourraient être employés contre la Russie.

Enfin, les dirigeants russes ont actuellement deux précieux alliés: le temps et la politique américaine. Si les démocrates remportent la présidentielle aux Etats-Unis, ils pourront revoir le programme de développement de la défense antimissile. A l'automne 2007, le Congrès qu'ils contrôlent a déjà réduit les crédits alloués pour la construction d'ouvrages en République tchèque et en Pologne, en les ramenant de 310 à 225 millions de dollars.

Kommersant

Moscou et Washington incapables de surmonter leurs divergences

L'importance de la rencontre entre les ministres chargés de la stratégie militaire et politique des deux superpuissances nucléaires entraîne des attentes exagérées qui mènent par la suite à une inévitable déception, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Il vaut donc mieux définir dès le début les limites du possible. La Russie et les Etats-Unis sont-ils capables de faire une percée dans le règlement de leurs divergences? Non, ils en sont incapables, en premier lieu à cause de la situation politique actuelle dans les deux pays.

L'administration Bush est le "canard le plus boiteux" de l'histoire. Même si elle souhaitait couronner sa présente mandature par quelques réalisations historiques, elle n'aurait pas les ressources politiques nécessaires pour y parvenir: le monde entier se prépare ouvertement à un changement de pouvoir à Washington. La capacité des Etats-Unis à contribuer à la stabilisation des marchés mondiaux financiers et de change suscite de plus en plus de doutes.

Le système du pouvoir a de fait changé en Russie, le nouveau mécanisme devra maintenant subir un ajustement complexe. Dans le domaine de la politique extérieure, les actions seront prudentes, car il faudra établir un équilibre particulièrement délicat entre la continuité et les innovations. Les deux dirigeants russes agiront en ayant conscience des actions de l'autre mais aussi en tenant compte d'une multitude de facteurs d'ordre tant extérieur qu'intérieur. Ceci ne favorise pas les démarches révolutionnaires mais augmente la méfiance envers les actions des partenaires [de la Russie].

La tâche la plus importante pour les mois à venir consiste à éviter un conflit ouvert. D'autant plus que la situation s'avère défavorable. La situation au Kosovo et autour du Kosovo, l'ordre du jour du sommet de l'OTAN à Bucarest, la promotion du bouclier antimissile américain (ABM), les événements survenant dans les pays postsoviétiques, tout ceci est susceptible de détériorer considérablement l'atmosphère. Les nouveaux dirigeants se retrouveront par conséquent "empêtrés" dans l'héritage de la période précédente.

La question qui s'impose à Washington est de savoir comment assurer son leadership dans un monde changeant, avec de puissants centres de force tant économique que politique. D'autant que l'attractivité idéologique des Etats-Unis s'est affaiblie et que les institutions de gestion mondiale des efforts conjoints ont été sapées. Moscou est confronté à un problème similaire: il lui faut consolider ses positions internationales dans ce même monde changeant où le succès d'un pays en crise démographique et dont l'économie est orientée vers les matières premières n'est jamais garanti.

Pour l'instant, rien ne laisse présager un changement d'angle de vue: un ordre du jour bilatéral fondé sur l'opposition mutuelle est beaucoup plus habituel. Bien qu'il ait de moins en moins trait à l'évolution réelle des événements mondiaux.

Par Fedor Loukianov, rédacteur en chef du magazine Rossiïa v globalnoï politike.

Vedomosti

Energie: l'Europe otage des ses propres croyances politiques

Le monde occidental est souvent considéré en Russie comme quelque chose de très rationnel, en réalité, c'est loin d'être aussi évident, car la mentalité religieuse y est encore très vivace, ce qui ne se traduit pas à travers une confession concrète, mais par le primat des croyances sur les faits, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

Le fait est qu'on peut croire non seulement en Dieu, mais aussi à l'énergie verte ou à une "main invisible".

Voici quelques exemples de manifestations de la conscience religieuse de la bureaucratie européenne. Bruxelles estime que sa sécurité énergétique ne peut être assurée qu'en réduisant la dépendance vis-à-vis de la Russie. On peut citer de nombreux arguments rationnels qui contestent cette idée: le combustible alternatif revient plus cher que les hydrocarbures, le charbon détériorera inévitablement la situation écologique, le nucléaire exige de l'uranium que l'Europe ne possède pas, et les groupes terroristes peuvent profiter de l'accroissement du nombre de centrales nucléaires. En ce qui concerne le gaz, la Norvège et l'Afrique du Nord ne sont même pas en mesure de satisfaire la moitié de la demande supplémentaire de gaz, et le marché du GNL (gaz naturel liquéfié) est si étroit que l'Europe a peu de chances de s'y faire une place face aux Etats-Unis. Il ne reste donc que la Russie ou l'Iran.

La propagande de l'énergie verte a déjà porté ses fruits: la demande de biocarburant n'a pas diminué la consommation de pétrole et de gaz, en revanche, dans le contexte du manque de surfaces d'ensemencement disponibles, le maïs évince déjà les cultures céréalières. Cela provoque une hausse des prix des produits alimentaires. Ce fait peut être confirmé par de nombreux indices. Mais le président de la Commission européenne José Manuel Barroso continuera immanquablement à répéter qu'il n'y croit pas. S'il préfère considérer que la faute en revient à la Chine qui, selon sa version, ne consommait rien jusque-là et s'y serait mis subitement, il sera bien difficile de le faire changer d'avis.

La plupart des compagnies énergétiques européennes qualifient le troisième paquet d'initiatives sur la réforme du secteur énergétique d'expropriation et de confiscation de la propriété. Mais les "talibans bruxellois" ne veulent pas écouter, même leurs hommes d'affaires, et augmentent les risques énergétiques de l'UE.

Dernier exemple: l'Ukraine prélève délibérément du gaz acheminé par les pipelines, il s'agit de gaz plus européen que russe. L'état de son système de gazoducs menace la sécurité européenne, et non pas celle de la Russie. Mais Bruxelles soutiendra toujours l'Ukraine, parce qu'elle "suit la voie de la démocratie", alors que la Russie a des "complexes impériaux" et se sert de "l'arme énergétique". En fin de compte, l'Ukraine est admise en fanfare à l'OMC et cet Etat est considéré comme civilisé.

Nous tous, y compris la Russie qui ne manque pas non plus d'amateurs de toutes sortes de mystiques telles que la "fraternité slave", devrions commencer à prêter l'oreille aux arguments rationnels des différentes parties. Jadis, les commerçants furent chassés du temple. A présent, il est temps de chasser les fondamentalistes politiques de la bourse.

Auteur: Konstantin Simonov, directeur général de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale.

Nezavissimaïa gazeta

Nucléaire iranien: Téhéran a-t-il encore besoin de Moscou?

Téhéran refuse de mener des négociations sur son dossier nucléaire avec les six médiateurs internationaux, indique mardi le journal Nezavissimaïa gazeta.

La Russie a ainsi été classée parmi les Etats avec lesquels l'Iran ne veut pas examiner, et encore moins coordonner, les questions du développement de son programme nucléaire. Et ce, malgré le fait que les dirigeants russes ont toujours officiellement préconisé l'attribution à l'Iran du droit de développer son secteur nucléaire sous garantie de l'AIEA.

En jouant jusqu'au bout aux côtés de l'Iran, les dirigeants russes poursuivaient, semble-t-il, l'objectif de s'assurer la fidélité d'un partenaire stratégiquement important dans les régions méridionales. D'où la poursuite de la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, malgré la pression des Etats-Unis. D'où la proposition de créer des centres internationaux d'enrichissement d'uranium sur le territoire russe. D'où leur obstination à vouloir développer la vente d'armes modernes à l'Iran (à la fin de l'année dernière, il a été annoncé que l'Iran achèterait cinq batteries de missiles sol-air S-300 pour un montant de quelque 800 millions de dollars).

Mais à la fin, il s'est avéré que l'Iran n'était pas autant attaché aux technologies nucléaires russes que la Russie à la stratégie géopolitique de cet Etat musulman, son voisin. Or, ce voisin n'a aucune intention de sacrifier ses propres intérêts au nom de "l'amitié avec le grand peuple russe".

Il s'agit en outre d'une lutte pour l'Iran en tant que débouché pour les technologies nucléaires. A ce titre, il faut noter que la France et les Etats-Unis se montrent beaucoup plus tolérants envers les régimes du "tiers-monde" auxquels ils livrent des technologies nucléaires. En effet, le développement "non approuvé" du potentiel nucléaire en Inde et en Israël, surveillé par les Etats-Unis, n'a provoqué aucun trouble international.

Quoi qu'il en soit, l'Iran met la Russie dans une situation extrêmement difficile avec sa politique de non-coopération et de fermeture. Comment marier les intérêts stratégiques et commerciaux de la Russie? - voici une tâche bien compliquée pour les dirigeants du pays.

Vedomosti

ABM: Gates et Rice sont arrivés à Moscou les mains vides

Dmitri Medvedev a hérité de Vladimir Poutine une série de problèmes russo-américains en suspens: de l'ABM en Europe de l'Est au traité sur les armements stratégiques, problèmes qui ont peu de chances d'être réglés au cours des prochaines années, estiment les experts, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

Selon une source proche du ministère russe des Affaires étrangères, dans une lettre adressée par le président américain à son homologue russe, George W. Bush a exposé sa vision du développement des rapports russo-américains. L'un des thèmes principaux de ce message n'est autre que le prolongement des traités bilatéraux, en particulier du traité START-2 qui expire en décembre 2009, fait savoir la source. La Russie propose de le remplacer par un document juridiquement contraignant avec des mécanismes de contrôle, mais les Américains se prononcent pour un accord plus vague qui pourrait laisser une porte ouverte à la course aux armements.

La lettre de George W. Bush mentionne également la situation concernant le déploiement de l'ABM en Europe de l'Est. "Mais la partie américaine n'a rien formulé de nouveau à ce sujet, en se bornant à des assurances sur la sécurité du projet", affirme la source. Les Etats-Unis n'ont toujours pas donné de réponse à la proposition de la Russie d'utiliser le radar de Gabala en Azerbaïdjan ou le nouveau radar d'Armavir en vue d'évaluer la menace des missiles en provenance d'Iran.

En dépit des attentes de Moscou, le chef du Pentagone Robert Gates et la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice n'ont pas apporté de nouvelles propositions sur le déploiement de la défense antimissile en Europe de l'Est, indique pour sa part une source proche du ministère de la Défense.

"Les Américains ont déjà pris la décision de principe de créer un système de défense antimissile et ils vont le développer, que la Russie se prononce pour ou contre", a déclaré Viktor Kremeniouk, vice-directeur de l'Institut des Etats-Unis et du Canada de l'Académie des sciences de Russie.

L'administration Bush ne veut pas faire de compromis et le désarmement nucléaire est le cadet des soucis de tous les candidats à la présidence américaine, ajoute Evgueni Miasnikov, expert du Centre d'étude des problèmes du désarmement. Cela rend peu probable la conclusion de nouveaux accords sur le désarmement avant l'expiration du START-2, estime-t-il.

En fait, les Etats-Unis dépensent pour la rénovation de leur potentiel de missiles nucléaires plus que la Russie, c'est pourquoi les dirigeants russes sont bien plus intéressés par la conclusion de nouveaux accords sur les armements stratégiques, affirme Mikhaïl Barabanov, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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