La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Les auteurs de certaines publications de la presse nationale sont enclins à qualifier la position rigide occupée par les dirigeants estoniens sur le démantèlement du monument au Soldat libérateur en avril 2007 d'erronée. "La diminution du soutien apporté au parti au pouvoir (Parti des réformes) témoigne du fait que la popularité acquise lors du déplacement du Soldat de bronze n'a pas supporté l'épreuve des problèmes quotidiens... Cela a entraîné ce que Moscou souhaitait: une scission ethnique en Estonie ". (Postimees", 27.02).

Le président estonien Toomas Hendrik Ilves ayant récemment déclaré qu'il ne parlait pas russe car cela aurait signifié la reconnaissance des 50 années d'occupation soviétique, a fait l'objet de remarques incisives de la part de la diaspora russophone, de nombreux hommes politiques et hommes d'affaires estoniens réputés. "Si l'on suit cette idée, alors personne n'aurait dû apprendre en Estonie l'allemand, le suédois ou le danois... La déclaration de M. Ilves n'est pas digne d'un président et d'un homme d'Etat, elle nuit à l'Estonie sur le plan de la politique aussi bien intérieure qu'extérieure, les personnes civilisées de ce monde ne le comprendront pas". (Eesti Päevaleht", 28.02). "Depuis le rétablissement de l'indépendance de l'Estonie, de nombreux représentants de la communauté russe du pays ont tâché de trouver des points de convergence avec les Estoniens: ils ont appris l'estonien et ont manifesté leur intérêt pour la culture et l'histoire de ce peuple. Si le président du pays considère tous les habitants de l'Estonie parlant russe... comme des occupants et s'il a, pour cette raison, une attitude négative à l'égard de notre langue maternelle, cela ne peut être interprété autrement que comme une offense". (Delfi, 27.02).

LETTONIE

L'avenir du tandem "président Dmitri Medvedev - premier ministre Vladimir Poutine" est au coeur de débats animés chez les experts politiques. Dans le tango de Poutine - Medvedev, Poutine guidera, alors qu'un rôle de "président technique" sera réservé à Medvedev". (Majas Viesis, 29.02). "Medvedev a fait des révérences au libéralisme... Il est temps de cesser de considérer Dmitri Medvedev comme un jeune garçon de quarante ans. Il n'y aura pas de président bicéphale en Russie. Les forces qui y aspirent sont trop faibles aujourd'hui". (Neatkariga Rita Avize, 01.03).

"L'échange de postes entre Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev a été présenté comme un moyen d'assurer la stabilité au sein du pays. Mais cela présage plutôt une instabilité programmée, car un conflit éclatera tôt ou tard en Russie à cause du fonctionnement parallèle de deux centres de pouvoir". (Diena, O1.03).

Les médias nationaux estiment que, sous la présidence de Dmitri Medvedev, les pays baltes peuvent devenir à n'importe quel instant une "carte d'échange" dans le jeu géopolitique de la Russie et de l'Occident. "Les tentatives faites pour présenter Dmitri Medvedev comme un libéral ne sont en fait que des souhaits. Dmitri Medvedev a clairement affirmé que la politique étrangère de Moscou ne changerait pas... en affirmant sa volonté de lutter contre l'indépendance du Kosovo reconnue par la majorité des pays de l'UE, et en tenant des propos, selon lesquels le nouveau gazoduc (South Stream) sera "la base de la stabilité pour le secteur énergétique de toute l'Europe à l'avenir, qui s'apparentent davantage à une menace". (Diena, 27.02).

LITUANIE

Les médias ont cité les avis des experts qui comparent la Russie aux pays corrompus du tiers monde. "Sous la présidence de Vladimir Poutine, il y avait deux principales causes à l'accumulation de fortunes évaluées en milliards de dollars: la soumission au régime et les pots-de-vin. Dmitri Medvedev, considéré comme le successeur de Vladimir Poutine, a récemment reconnu: "Les pots-de-vin en Russie sont souvent astronomiques". Cependant, le système qu'ils soutiennent fonctionne parfaitement". (Lietuvos Rytas, 01.03).

Se référant à des exemples du passé, les auteurs de certaines publications affirment que la Lituanie doit se réunir avec la Pologne pour constituer une sorte de "cordon sanitaire" entre la Russie et l'Europe. "Les historiens affirment presque unanimement que pendant l'entre-deux-guerres, la Lituanie est devenue, à cause de l'occupation de Vilnius par les Polonais, une sorte d'otage géopolitique de Moscou. La Russie fut pratiquement le seul pays à avoir "soutenu" la Lituanie sur cette question. Cela permit au Kremlin de dresser sans cesse les uns contre les autres. En fin de compte, les deux pays furent occupés. En tant qu'alternative à cette évolution des événements, on parle souvent de créer une confédération de la Pologne et de la Lituanie qui ferait office de "cordon sanitaire" afin d'empêcher la Russie de pénétrer en Europe". (Veidas, 29.02).

BIELORUSSIE

Les experts mentionnent le départ volontaire de Vladimir Poutine de la vie sociale comme l'une des variantes les plus probables concernant le développement ultérieur des événements. Ils n'excluent pas non plus la possibilité que le leader russe actuel soit mit à distance des affaires par "l'équipe du "successeur". "Il se peut que, d'ici deux ou trois ans, Vladimir Poutine ne soit pas premier ministre et qu'il ne participe plus à la vie politique. Il s'agit probablement d'un transfert garanti du pouvoir au tsar suivant. Toutes les réflexions sur la nécessité d'une réforme politique en Russie ne sont que des réflexions et des souhaits. Il n'est pas non plus exclu que Dmitri Medvedev s'apprête à rouler Vladimir Poutine. Si c'est une nouvelle duperie, la Russie la payera cher. Tout le système et l'élite politique en pâtiront. Tout le monde comprendra qu'il s'agit, comme toujours, d'un jeu sans aucune règle". (Solidarnost, 02.03).

De nombreux médias estiment que le changement de maître au Kremlin est formel et mettent l'accent sur l'absence de perspectives positives pour la Biélorussie dans les rapports avec la Russie. "Il est vain d'attendre des changements dans les rapports entre le Kremlin et la Biélorussie. De toute évidence, le Kremlin prévoit de subordonner peu à peu la Biélorussie à ses intérêts... Les faveurs accordées à Alexandre Loukachenko avant l'élection présidentielle seront probablement annulées graduellement et, si le pouvoir actuel ne remplit pas les conditions posées par la Russie, il ne bénéficiera d'aucun avantage économique. Les problèmes du prix du pétrole, du gaz, du remboursement des crédits, ainsi que des taxes douanières et des quotas pour les produits biélorusses se poseront probablement très prochainement... Tout cela souligne, une nouvelle fois, la nécessité de revoir radicalement la politique de la Biélorussie et d'appliquer plus fermement une politique de rapprochement avec l'Europe". (Khartia 97, 03.03).

UKRAINE

De nombreux auteurs mettent l'accent sur l'aspect politique du conflit autour des livraisons russes de gaz et sur les tentatives du gouvernement d'Ioulia Timochenko de raviver les sentiments nationalistes dans la société.

"Le russe Gazprom s'apprête à effectuer une percée triomphale sur le marché intérieur ukrainien. La sécurité énergétique de l'Ukraine et, par conséquent, la souveraineté réelle de l'Etat sont en danger. Les leaders ukrainiens sont incapables d'agir d'un front uni au moment critique et, comme par le passé, ils permettent à Moscou de profiter de nos contradictions politiques intérieures... Le jeu à qui perd gagne avec le Kremlin et Gazprom se déroule dans un contexte de fièvre patriotique nationaliste... Cependant, le manque de patriotisme pragmatique de l'Etat ne peut être remplacé par du patriotisme nationaliste radical à dose de cheval". (Den, 02.03).

Les experts prévoient l'intensification de l'activité des investisseurs russes qui essaient d'occuper des positions prédominantes sur le marché ukrainien. "Après l'élection du président russe, l'Ukraine doit s'attendre à une expansion des compagnies russes... Au cours des huit années de présidence de Vladimir Poutine, l'objectif principal de la classe au pouvoir était de consolider le pouvoir, de renforcer l'Etat et sa puissance politique réelle. A présent, selon la classe au pouvoir, cet objectif a été, pour l'essentiel, atteint et c'est désormais une nouvelle étape qui commence, celle de l'expansion économique libérale extérieure". (Oukraïnskaïa pravda, 29.02).

MOLDAVIE

Les médias nationaux sont certains que Dmitri Medvedev poursuivra la politique extérieure antérieure, par conséquent, le conflit entre la Moldavie et la Transnistrie ne sera pas réglé. "Moscou a l'intention de perfectionner les facteurs coercitifs adroitement employés par le régime autoritaire du Kremlin: le chantage énergétique à l'égard des pays européens, la pression économique sur les Etats qui ont l'intention d'adhérer à l'UE: l'Ukraine, la Moldavie la Géorgie, la guerre propagandiste incessante contre les pays baltes, l'expansionnisme religieux dans les anciennes républiques soviétiques, l'expansionnisme politique, la menace permanente du potentiel militaire, le maintien de la présence militaire dans les points chauds sur le territoire de la CEI, en Transnistrie, entre autres, et enfin l'emploi très réussi de doubles standards". (Fluks, 04.03).

ARMENIE

Les médias soulignent de nouveau que la Russie ne mentionne pas le Karabakh comme sujet du droit auquel peut être appliqué le précédent du Kosovo. "Etant l'alliée de l'Arménie, la Russie fait tout son possible pour éviter de classer le Haut-Karabakh parmi les "républiques autoproclamées" de l'ex-URSS pour lesquelles peut s'appliquer le précédent du Kosovo... Cela est compréhensible, car la Russie tient à ses rapports avec l'unique pays producteur de pétrole du Caucase du Sud: l'Azerbaïdjan". (Iravunk", 27.02).

La presse mentionne la position réservée de Moscou à l'égard de la crise politique en Arménie. Selon les experts, le Kremlin est contre l'idée d'une variante violente de développement des événements, par conséquent, les autorités arméniennes sont obligées de rechercher d'autres solutions au problème. "Nos sources proches de l'élite politique de l'Arménie font savoir que Moscou n'a pas donné son "feu vert" aux autorités arméniennes pour entreprendre des actions répressives massives. Si vous voulez entreprendre quelque chose, faites-le sans trop de bruit et, surtout, sans effusions de sang: c'est ce que Vladimir Poutine a déclaré à Robert Kotcharian dans son bureau au Kremlin". (Iravunk, 29.02).

GEORGIE

Dans l'ensemble, le nouveau président russe est accueilli positivement, malgré quelques réserves. "Dmitri Medvedev devra tenir compte des tendances anti-géorgiennes qui règnent en Russie. A une certaine étape, il devra prendre en considération les avis des députés radicaux de la Douma (chambre basse du parlement russe). "Ce n'est pas par hasard que Vladimir Poutine a choisi le libéral Dmitri Medvedev. Ce fait est significatif pour l'Occident. Vladimir Poutine ne veut pas que la Russie soit considérée par l'Occident comme un pays au régime dictatorial". (Rezonansi, 01.03).

Les analystes invitent à ne pas se leurrer quant à l'inactivité trompeuse du Kremlin: Moscou a tous les atouts en main et, au besoin, il jouera sans hésiter la carte du Kosovo sur le territoire de la CEI. "La Russie suit l'évolution des événements et, s'ils ne se déroulent pas de façon acceptable selon elle, elle prendra des mesures appropriées... La Russie suivra plus attentivement que jamais la politique appliquée par Kiev et Tbilissi, la moindre action incorrecte (naturellement, à son avis) sera suffisante pour jouer la carte du Kosovo. En attendant, les dirigeants des autonomies séparatistes enverront des lettres aux autorités russes, à l'ONU et à d'autres organisations internationales en leur demandant de reconnaître leur indépendance. A première vue, cette procédure, stérile à l'étape donnée, n'est qu'une manifestation dans l'arène internationale du désir d'être indépendants". (Sakartvelos respublika, 27.02).

AZERBAIDJAN

Les commentateurs supposent que le précédent du Kosovo peut se répercuter négativement sur la possibilité du règlement pacifique des "conflits gelés" dans l'espace postsoviétique. "Le règlement pacifique des conflits avec le recours aux pacificateurs doit s'appuyer sur la confiance des parties engagées dans le confit envers les médiateurs internationaux. Le procédé d'octroi de l'indépendance au Kosovo sape entièrement la foi des pays concernés par le problème du séparatisme dans les médiateurs internationaux... Naturellement, la menace de reprise des hostilités s'accroît". (Zerkalo, 29.02).

Les spécialistes prévoient que la Russie se heurte, au cours de la construction du gazoduc South Stream, à l'opposition aussi bien de l'Ukraine, car le gazoduc traversera sa zone économique, que des pays d'Asie centrale qui sont intéressés par le fait d'augmenter les prix de leur gaz.

"Les propriétaires du plateau continental peuvent influer sur les délais de mise en oeuvre des projets de construction du gazoduc... Il est peu probable qu'une situation où la part léonine des revenus provenant du gaz revient non pas à ses "propriétaires", mais à l'intermédiaire en la personne de Gazprom, plaise aux Etats d'Asie centrale". (Echo, 01.03).

KAZAKHSTAN

Certains experts mettent l'accent sur un résultat très important des élections en Russie, à savoir la disparition du syndrome des "révolutions orange" et affirment que cette expérience peut être utile au Kazakhstan. "La Russie a su surmonter la tendance qui existe depuis ces deux ou trois dernières années dans le monde et qui se traduit par le mécontentement de l'opposition vis-à-vis des résultats des élections et l'organisation d'actions de protestation à cette occasion... La classe politique du Kazakhstan accordera une grande attention à cette expérience de continuité du pouvoir et de poursuite de la politique. L'expérience russe de 2008 sera étudiée et des leçons pourraient en être tirées lors des élections dans notre pays". (Liter.kz, 04.03).

Selon la presse, l'arrivée des démocrates au pouvoir aux Etats-Unis rapprochera la Russie et le Kazakhstan. "Une "relève de la garde" se produit aux Etats-Unis, et si... les démocrates arrivent au pouvoir, cela se répercutera positivement sur nos rapports bilatéraux: des critiques seront émises au sujet du respect des droits de l'homme, des bâtons seront mis dans les roues du Kazakhstan, ce qui rapprochera naturellement encore plus le Kazakhstan et la Russie". (Gazeta.kz, 27.02).

KIRGHIZSTAN

L'accord conclu entre le gouvernement kirghiz et Gazprom sur l'exploitation de deux gisements dans la république a été le principal sujet abordé par les médias.

Gazprom a proposé de régler l'un des problèmes stratégiques du Kirghizstan: ouvrir les entrepôts souterrains de gaz naturel. Le chef du département russe (selon le texte - NdlR) Alexeï Miller a rendu publics les plans de sa compagnie: extraire dans la république environ 330 millions de m3 de combustible bleu par an... Le Kirghizstan nourrit ainsi l'espoir de pouvoir régler ses problèmes grâce à sa coopération avec la plus grande compagnie russe". (Kabar, 25.02).

La presse cite les paroles M. Chakirov, chef d'une organisation sociale kirghize agissant en Russie, qui affirme que la mauvaise connaissance de la langue et de la culture russes sont les principaux facteurs à l'origine de l'irritation des Russes autochtones à l'égard des immigrés kirghiz.

"Environ 150 à 200 mille citoyens du Kirghizstan vivent et travaillent actuellement à Moscou ou dans ses environs. Ce sont, pour l'essentiel, des jeunes qui viennent y effectuer des travaux saisonniers. La majeure partie d'entre eux n'ont pas de métier et connaissent mal le russe. Le fait que les immigrés ne maîtrisent pas la langue russe, la législation russe, les spécificités morales, éthiques et la culture de la population locale suscitent principalement l'irritation des habitants de la Russie". (24.kg, 03.03).

TURKMENISTAN

Selon les analystes turkmènes, la télévision russe s'est transformée en un puissant instrument de manipulation des citoyens.

"Les processus politiques qui se produisent dans la Russie contemporaine revêtent des formes étranges, parfois effrayantes... Les dépressions et les déceptions des 17 précédentes années ont rendu les citoyens russes passifs et faciles à manipuler... La télévision russe crée une réalité nouvelle échappant à la logique formelle... On a l'impression que l'objectif principal des médias est de détourner les masses populaires des "problèmes de classe", de créer une foule facile à gouverner et à manipuler... Le téléviseur est devenu une "arme psychotrope"... L'esprit positif, la liberté de création, la liberté d'expression ont été remplacés par le showbiz de mauvais aloi, voire par des projets décadents". (Tourkmenskaïa iskra, 01.03).

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