La visite du président iranien en Irak témoigne de changements dans la région (expert)

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MOSCOU, 3 mars - RIA Novosti. Vingt ans après la guerre sanglante entre l'Iran et l'Irak, il s'est produit le week-end dernier dans les relations entre ces deux pays un événement susceptible de générer des changements radicaux dans la région, a estimé lundi le commentateur politique de RIA Novosti Ivan Zakhartchenko.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est rendu en visite à Bagdad, déclarant que l'Iran était le véritable ami de l'Irak et non les Etats-Unis.

Le président de l'Iran Mahmoud Ahmadinejad et son homologue irakien Jalal Talabani ont annoncé le début d'une ère nouvelle, celle de "l'amitié fraternelle" entre les peuples de leurs deux pays. A signaler que l'Iran a été l'un des premiers à reconnaître l'actuel gouvernement irakien après le renversement du régime de Saddam Hussein par les Américains en 2003.

Pourtant, l'administration de George W. Bush, qui a délivré les Irakiens de l'ancien régime et soutient les autorités en place à Bagdad, considère l'Iran comme un ennemi. A l'instar de la Corée du Nord et de la Syrie, l'Iran est classé par Washington parmi les Etats formant le fameux "axe du mal".

L'apparition de Mahmoud Ahmadinejad à Bagdad le week-end dernier est la première visite d'un président iranien depuis la victoire de la révolution islamique en Iran en 1979. Qui plus est, l'accueil solennel qui lui a été réservé dépasse de loin celui que George W. Bush et l'ancien premier ministre britannique Tony Blair avaient connu.

L'Occident a des raisons de s'inquiéter: bien que l'Iran et l'Irak assurent que l'actuelle visite du président Ahmadinejad est consacrée exclusivement à l'économie, bien des observateurs, et même une partie des Irakiens craignent l'extension de l'influence politique de Téhéran sur Bagdad.

Les sunnites qui ont perdu le pouvoir en Irak parlent de la "menace d'exportation" de la révolution islamique, et les Etats-Unis accusent Téhéran d'entraîner des commandos pour s'attaquer aux troupes américaines sur le territoire irakien.

Pour le moment, il est difficile de dire à quel point toutes ces craintes sont justifiées. Mais une chose est sûre: l'Iran a aujourd'hui comme jamais besoin d'un allié puissant dans la région, et l'Irak chiite voisin pourrait le devenir avec l'aide de Téhéran.

Tout porte à croire qu'avec un tel allié, l'Iran espère éviter une guerre avec les Etats-Unis et Israël et réaliser ses objectifs stratégiques dans la région, tout en améliorant ses relations avec les autres pays arabes.

A l'heure actuelle, les Etats-Unis, puissance dominante en Irak, y maintiennent un contingent militaire de quelque 150.000 hommes qui ne sont toujours pas capables de garantir la paix et la sécurité dans ce pays. Les Américains qui accusent l'Iran "d'exporter la terreur" en Irak et de tenter d'entrer en possession de l'arme nucléaire espèrent tout de même exploiter les rapports irano-irakiens pour normaliser la situation. A cette occasion, la tenue des négociations américano-iraniennes se décide à présent en vue d'une entente sur l'arrêt de la terreur en Irak.

Et si les Etats-Unis et l'Iran arrivent finalement à s'entendre, la situation dans la région pourra effectivement s'améliorer.

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