Revue de la presse russe du 29 février

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï

Expert: le Kosovo ne reviendra pas au sein de la Serbie

Le droit du peuple prime sur le droit de l'Etat; autrement dit, si la Russie souhaite rattacher l'Abkhazie à son territoire, ce sera une violation du droit international, indique vendredi Nikolaï Zlobine dans les colonnes du journal Vremia novosteï.

Cependant, si l'Abkhazie souhaite se retirer de la Géorgie pour former un Etat indépendant, son peuple sera dans son plein droit. C'est également le cas du Kosovo, qui ne devient pas une partie d'un autre pays mais tente de créer son propre Etat.

L'interdiction directe pour le Kosovo d'adhérer à un autre Etat est une des conditions de son indépendance. C'est pourquoi il n'y a aucun fondement pour établir un parallèle avec le "diktat de Munich" de 1938, lorsque les Sudètes, appartenant à la Tchécoslovaquie, furent rattachées au Reich.

Je considère ce qui s'est passé en Serbie comme une grande tragédie, avant tout humaine. Néanmoins, cette tragédie n'est pas survenue le 17 février dernier, lorsque le Kosovo a proclamé son indépendance, mais a commencé il y a bien longtemps déjà. Tout au long de ces derniers mois, lors des différentes rencontres à Washington et à Bruxelles, les représentants russes proféraient des menaces, mais par la suite, dans les couloirs, ils rassuraient tout le monde: "ne vous en faites pas, Moscou ne fera rien en réponse".

Le Kosovo ne reviendra pas au sein de la Serbie, de même que l'Abkhazie ne reviendra pas au sein de la Géorgie, quelles que soient les promesses qui lui seront faites, quel que soit le degré d'autonomie qu'on lui propose et quelle que soit la position du Conseil de sécurité de l'ONU. L'Union européenne et les Etats-Unis ont décidé de tenir compte de la réalité et d'en assumer les responsabilités. Ils en sont arrivés à la conclusion que conserver le statut quo au Kosovo était l'option la plus dangereuse.

Le droit international change, cela est inévitable. La Russie doit devenir l'un des leaders dans la création d'un nouveau droit international. Pour ce faire, il convient de ne pas se cramponner aux normes et procédures anciennes, quels qu'aient été leurs avantages auparavant, mais de former l'avenir à partir des réalités d'aujourd'hui.

La Serbie souhaite devenir membre de l'UE et adhérer à l'OTAN le plus vite possible. Le Kosovo et les autres Etats balkaniques aspirent à la même chose. Il importe de créer dans tout pays des conditions de vie qui ne donneraient à aucune entité l'envie de s'en séparer. La Serbie, quant à elle, a échoué dans cette tâche.

Ce n'est pas un hasard si le président Poutine a évoqué la nécessité de faire de la Russie un pays attrayant. Utiliser une telle méthode de lutte contre le séparatisme est beaucoup plus efficace que de s'adresser à d'autres Etats, pour lesquels leurs propres problèmes sont plus importants. Il faut créer un pays qui attire tout le monde et auquel tout le monde voudra se rattacher, et non un pays qui fera fuir des régions entières.

Par Nikolaï Zlobine, directeur des programmes russes et asiatiques du Center for Defense Information de Washington.

Gazeta

Ukraine-Russie: le schéma opaque des livraisons de gaz à l'origine des conflits permanents

L'Ukraine, en tant que partenaire économique, ressemble de plus en plus à l'Iran, fait remarquer vendredi le journal Gazeta.

Kiev refuse de payer pour le gaz russe consommé, de même que l'année dernière Téhéran ne voulait pas payer Rosatom (Agence russe de l'énergie atomique) pour le travail effectué dans le cadre de la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr. Téhéran avait également assuré à Moscou que le paiement des services avait été effectué, mais Rosatom n'avait pas confirmé la réception de l'argent. Ce n'est que lorsque l'affaire avait débouché sur le champ politique que le paiement du travail des atomistes russes avait été finalement reçu.

Il est vraisemblablement possible de trouver des responsables à ce nouveau conflit gazier entre Kiev et Moscou, d'établir qui n'a pas payé, qui n'a pas livré, ou qui n'a pas signé les documents sur les ententes intervenues oralement. Mais il est parfaitement évident que c'est l'opacité du schéma des livraisons qui entraîne des conflits permanents.

Dans la chaîne Naftogaz - UkrGazEnergo - RosUkrEnergo - Gazprom, certains ne réussissent pas à trouver du gaz, d'autres, de l'argent. Chaque partie interprète la situation à sa manière, or les parties contractantes sont nombreuses. Leur nombre ne s'est pas radicalement réduit, et ce, même après l'intervention des dirigeants des deux Etats: si une entente est possible entre Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko, elle est impossible avec Vladimir Poutine. Si Vladimir Poutine et Viktor Iouchtchenko arrivent à s'entendre, on peut s'attendre à des problèmes de la part de Ioulia Timochenko.

Au cours des négociations à Moscou, les présidents ont accepté de remplacer les intermédiaires: RosUkrEnergo et UkrGazEnergo doivent être remplacés par deux coentreprises de Gazprom et Naftogaz (50/50). En fin de compte, au lieu d'une part de 25% dans UkrGazEnergo, Gazprom devrait bénéficier de 50% des ventes ukrainiennes.

La situation peut être interprétée comme suit: Gazprom a gagné cette manche contre l'Ukraine. Cependant, Gazprom ne peut vaincre l'Ukraine, ni Naftogaz la Russie: les deux pays jouissent de la souveraineté. Qui plus est, la Russie peut changer unilatéralement les conditions des accords de partage de la production tandis que l'Ukraine peut bloquer les accords commerciaux conclus avec un partenaire étranger, si elle en arrive à la conclusion qu'ils menacent sa sécurité économique.

Ces conclusions peuvent évidemment être tirées par l'homme politique qui détient le pouvoir. Ce blocage est un scandale qui a une résonnance auprès des consommateurs de gaz en Europe. Régler le conflit par des ultimatums et des coupures dans les livraisons serait lourd de sérieuses conséquences politiques. Il est difficile de sortir de ce scandale par des accords, car le schéma n'est pas transparent. Sera-t-il plus transparent à la suite du remplacement des intermédiaires?

Kommersant

La Russie contraint la Transnistrie à entamer des pourparlers avec la Moldavie

Le président de la République moldave de Transnistrie (république autoproclamée sur le territoire moldave) Igor Smirnov a manifesté jeudi sa volonté d'entrer en pourparlers avec la Moldavie concernant le règlement du conflit qui se prolonge depuis plusieurs années entre Chisinau et Tiraspol, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

La position rigide d'Igor Smirnov s'est assouplie après une visite de représentants de Gazprom en Transnistrie et un entretien qu'a eu le ministre des Affaires étrangères de la république autoproclamée au ministère russe des Affaires étrangères.

Ces deux dernières années, Tiraspol (capitale de la Transnistrie) avait catégoriquement refusé d'entretenir des contacts avec Chisinau (capitale moldave). Après la proclamation d'indépendance du Kosovo, la Transnistrie a particulièrement insisté sur sa séparation d'avec la république de Moldavie.

Depuis 2006, après l'introduction par les autorités de la Moldavie et de l'Ukraine d'un nouveau régime douanier pour les marchandises de Transnistrie, Tiraspol avait cessé tout contact avec Chisinau, l'accusant d'avoir imposé un blocus économique à la région. A l'automne de la même année, un référendum sur l'indépendance de la république en tant que prélude à un rattachement à la Russie avait eu lieu en Transnistrie. 97,2% des habitants de la région avaient soutenu cette perspective. Depuis, Igor Smirnov avait maintes fois déclaré qu'il ne pouvait plus être question d'aucune réunification des deux rives du Dniestr.

En raison de certaines tensions dans ses relations avec la Moldavie, la Russie avait d'abord approuvé le radicalisme d'Igor Smirnov. Mais le président moldave Vladimir Voronine a su à nouveau s'attirer la bienveillance du Kremlin. Un rapprochement s'est amorcé en été 2007, essentiellement grâce au fait que le président Voronine a reconnu l'immuabilité des biens de la Russie en République moldave de Transnistrie et garanti la non-adhésion de la Moldavie à l'OTAN.

Parallèlement, le comportement de la Transnistrie envers les livraisons de gaz russe a suscité le mécontentement de la Russie: la dette gazière de Tiraspol a dépassé un milliard de dollars. "Ils volent deux fois: d'abord, ils prélèvent impunément notre gaz, ensuite, ils le vendent, mais l'argent disparaît", s'est insurgée une source proche du Kremlin, interrogée par le quotidien Kommersant.

Après la proclamation unilatérale de l'indépendance du Kosovo qui a eu lieu le 17 février, la politique particulière appliquée par Moscou à l'égard de la Transnistrie a commencé à sauter aux yeux. Si les leaders de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud ont pu revendiquer leur indépendance d'après le même scénario que le Kosovo en profitant des moyens d'information de Moscou, les représentants de Tiraspol, eux, n'ont pas séjourné dans la capitale russe. Par conséquent, Tiraspol a décidé de sa propre initiative d'annoncer son désir de suivre l'exemple du Kosovo, et l'a immédiatement payé. Au début de cette semaine, Valeri Litskaï a été reçu par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine. Comme cela a été expliqué de façon très claire à l'hôte transnistrien, la Russie n'admet pas les méthodes "contraires au droit international, comme c'est le cas pour le Kosovo".

Kommersant

L'Iran souhaite assembler des avions de ligne russes

L'Iran envisage d'assembler 100 avions de ligne russes Tu-204 et Tu-214 dans les dix années à venir, annonce vendredi le quotidien Kommersant.

La signature d'un contrat portant sur l'obtention d'une licence appropriée, pour un montant de 2 à 2,5 milliards de dollars, doit avoir lieu fin mai à Moscou. Cependant, les experts doutent que l'industrie iranienne soit capable d'assembler un tel nombre d'avions en un aussi bref délai.

"Le contrat prévoira tant des livraisons de machines finies de la Russie vers l'Iran que leur assemblage à partir de composants russes en Iran", a précisé une source proche des négociations.

Il est également prévu de signer un accord à part concernant l'entretien et la maintenance en Iran des Tu-204/214 et des avions court-courrier Tu-334, qui devraient être assurés par la compagnie AIO Maintenance Company, avec le concours de Tupolev et IFK-Technik. La partie iranienne a exprimé son intention d'acquérir cinq Tu-334 au cours des quatre années à venir. En fonction du succès de ce projet et des résultats de l'exploitation des Tu-334 par les compagnies iraniennes, la possibilité de fabriquer sous licence cet avion dans le pays sera examinée au terme de ces quatre ans.

En août dernier, la société Iliouchine Finance avait signé à Moscou un contrat avec l'Iran portant sur la livraison de cinq avions Tu-204-100 à la compagnie aérienne Iran Air Tour pour un montant total de plus de 200 millions de dollars, le début des livraisons étant programmé pour 2009.

Une délégation de la Corporation aéronautique unifiée s'est rendue cette semaine à l'usine aéronautique d'Ispahan, appartenant à la compagnie iranienne HESA ainsi que sur le site de l'entreprise IACI à Téhéran, fabriquant des moteurs d'avions. La partie russe a émis des doutes quant à la capacité de l'industrie aéronautique iranienne de commencer l'assemblage de Tu-204 et Tu-214 en 2010 et d'assembler 68 machines en huit ans. Les experts sont du même avis, doutant que l'Iran soit à même de mettre en oeuvre un programme d'une telle envergure.

"D'une part, l'Iran n'a pas d'autre issue, car il n'a aucun autre fournisseur d'avions, observe Oleg Panteleïev, chef du service d'analyse Aviaport. D'autre part, le projet d'assemblage d'avions sous licence de IrAn-140, la variante iranienne des An-140, date de treize ans déjà, mais seulement trois avions ont été assemblés".

L'accord portant sur l'assemblage de IrAn-140 par la compagnie iranienne HESA avec le soutien technique du complexe de recherche aéronautique Antonov, de l'usine aéronautique de Kharkov, de l'atelier de construction Progress de Zaporojié et de la société Motor Sitch, avait été signé en 1995. Le contrat avait été conclu jusqu'à 2020 et prévoyait l'assemblage de 100 avions.

Vremia novosteï

L'électricité russe n'attire plus les investisseurs étrangers

Le groupe énergétique finlandais Fortum a remporté la mise en vente de 55,29% de TGK-10 (Territorial Generating Co N°10) en payant un prix record de 767 dollars le kW, lit-on vendredi dans le quotidien Vremia novosteï.

Il semble que cette acquisition puisse devenir le dernier acte de la vague de vente d'actifs russes de production d'énergie aux investisseurs étrangers, laissant l'allemand E.On, l'italien Enel et le finlandais Fortum comme seuls acteurs étrangers dans le secteur russe de l'électricité.

Une source au fait de la situation a indiqué jeudi que les français EDF et GDF, l'allemand RWE, le tchèque CEZ et d'autres encore avaient refusé d'acheter quoi que ce soit en Russie à cause des prix trop élevés et du climat d'investissement défavorable créé par le monopole russe de l'électricité UES (Electricité de Russie), qui a déchargé la Société fédérale du transport haute tension (FSK) du paiement pour le branchement de nouveaux blocs de production d'énergie aux réseaux électriques pour le faire peser sur les producteurs d'électricité de type OGK et TGK.

Lorsque les investisseurs étrangers achetaient des OGK et TGK, personne ne les avait prévenus qu'ils devraient payer le branchement. Ils ont déjà signé tous les programmes d'investissement déterminant la puissance des nouveaux blocs de production d'énergie et les délais de leur mise en service. Les investisseurs seront frappés d'amende si ces délais ne sont pas respectés. Mais l'introduction du paiement pour le branchement augmente le coût du projet d'au moins 15 à 20%, indique la source. Compte tenu de l'augmentation actuelle des prix des équipements, les dépenses s'accroîtront considérablement.

Le problème du branchement n'est pas la seule raison du refus des sociétés étrangères d'investir dans la production d'électricité en Russie. Comme on le sait, UES demande des sommes immenses pour les actions en vente. Ainsi, E.ON a payé près de 6 milliards de dollars pour le bloc de contrôle d'OGK-4 et Enel a déboursé 1,5 milliard de dollars rien que pour la minorité de blocage d'OGK-5.

Le prix réel des actions est sensiblement inférieur. E.ON a acheté OGK-4 à 3,35 roubles l'action, alors que le prix d'un titre au RTS était jeudi de 3,01 roubles, n'ayant pas dépassé 3,2 roubles cette année. Il en est de même pour les actions d'OGK-5: Enel les a achetées à 4,42 roubles l'action, mais elles valent aujourd'hui 3,95 roubles.

Il s'avère que, pour prendre le contrôle des compagnies de production d'électricité, il faut trouver des sommes immenses, mais, dans les conditions de la crise mondiale des liquidités, il n'est déjà plus possible de trouver de l'argent bon marché. Par conséquent, les investissements deviennent désavantageux et les compagnies sont contraintes d'y renoncer.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала