La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

La presse suit avec jalousie les progrès enregistrés dans les rapports entre Moscou et Riga. "Après la signature du traité frontalier russo-letton, la Russie a commencé à considérer la Lettonie comme un partenaire constructif. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n'a pas manqué de manifester une bonne attitude envers la Lettonie, en invitant le président Valdis Zatlers à se rendre à Moscou". "Le premier ministre démissionnaire letton Aigars Kalvitis a comparé la ratification du traité frontalier au retrait des troupes russes des pays baltes... Les générations futures n'éprouveront plus d'inquiétude quant à l'inviolabilité des frontières de l'Etat ou pour la sécurité nationale, a-t-il souligné". (Postimees, 19.12).

Cependant, certains commentateurs invitent à ne pas nourrir d'illusions par rapport au changement de la politique étrangère du "grand voisin". "Certes, le président letton peut se rendre à Moscou pour admirer la Place rouge et boire une tasse de thé en compagnie de Vladimir Poutine. Mais cela remplira-t-il de pétrole le tuyau qui reste vide depuis des années? La Russie retirera-t-elle de son répertoire la chanson sur la "violation des droits de l'homme" (dans les pays baltes)? La situation de la Lettonie est certainement plus avantageuse sur le plan international que celle de l'Estonie. Mais les Lettons accueillent ce succès avec un certain scepticisme". (Postimees, 19.12).

LETTONIE

Tout en considérant la mise en vigueur du traité frontalier comme un événement important, la majorité des médias envisagent tout de même avec scepticisme les perspectives de la coopération bilatérale. Malgré des signes extérieurs de rapprochement, affirment-ils, Moscou et Riga ne parviennent toujours pas à trouver un langage commun. "En fonction de la situation concrète, la Russie continuera à endosser le rôle d'un enquêteur "bon" ou "mauvais", mais quoi qu'il en soit... elle ne reconnaîtra pas le fait de l'occupation". (Diena, 19.12). "Sergueï Lavrov n'a pas manqué d'indiquer que, de l'avis de la Russie, la situation des non-citoyens restait "anormale". (Neatkariga Rita Avize, 19.12).

LITUANIE

Les analystes constatent des changements positifs dans l'économie russe et des perspectives qui s'ouvrent pour les hommes d'affaires lituaniens. "En 2008, on parlera beaucoup de l'élection présidentielle et de l'avenir politique de la Russie, mais il est impossible de ne pas remarquer d'autres processus. Après avoir stabilisé la situation économique, remboursé la dette extérieure et accumulé des réserves de centaines de milliards de dollars, l'élite au pouvoir en Russie a décidé de s'occuper de l'amélioration de son infrastructure et de la diversification de l'économie. Certes, les hommes d'affaires lituaniens ont de nombreuses possibilités d'y participer. (Verslas 2008, édition annuelle du journal Verslo Zinios, 22.12).

Plusieurs publications examinent les conséquences du conflit autour du Soldat de bronze qui ont eu lieu au printemps 2007 à Tallinn. Selon les commentateurs, un préjudice a été causé à l'économie estonienne, les contradictions interethniques se sont approfondies. "Les Estoniens et les Russes qui vivent en Estonie... se sont éloignés encore plus les uns des autres. Avant les événements d'avril, une certaine intégration existait, à présent les choses ont repris leur cours antérieur. Les Russes refusent de plus en plus souvent de devenir citoyens de l'Estonie, en estimant que cela est déshonorant, ce qui crée une potentielle cinquième colonne dangereuse". (Valstibe, 19.12). "Les entrepreneurs lettons ont l'intention d'ériger un monument au premier ministre estonien (qui a pris l'initiative du démantèlement du monument), car le transit russe a été détourné de l'Estonie vers les ports de la Lettonie". (Verslo Zinios, 20.12.07).

BIELORUSSIE

L'information sur l'octroi d'un crédit de stabilisation russe à la Biélorussie a fourni un prétexte à de nombreux médias pour se prononcer de nouveau sur l'absorption économique et politique de ce pays par la Russie. "Moscou n'exige pas que sa volonté soit exécutée instantanément. Une capitulation économique progressive l'arrange parfaitement. L'octroi de l'argent sera rationné en fonction des amabilités réciproques. Par exemple, en politique étrangère, la Biélorussie devra jouer le rôle d'épouvantail en vue de dissuader les Américains de déployer leur système de défense antimissile (ABM) en Pologne... Dans l'économie, Minsk ouvrira l'industrie pétrogazière et d'autres secteurs attrayants aux acheteurs russes, bien que des personnalités officielles biélorusses affirment que l'octroi du crédit n'a rien à voir avec la prochaine vente des biens... L'essentiel est qu'Alexandre Loukachenko sera obligé d'accepter l'union non pas décorative, mais réelle (des deux Etats) en reconnaissant le rôle principal de Vladimir Poutine". (Bielorousski Partizan, 21.12). "La Russie a probablement décidé d'étouffer la Biélorussie avec une étreinte fraternelle. Les chances de s'y arracher diminueront de plus en plus... "La prolongation du banquet" ne sera pas gratuite pour Minsk". (Solidarnost, 21.12).

Certains médias considèrent que les rapports entre la Russie et la Biélorussie à la lumière des élections à la Douma (chambre basse du parlement russe) sont contradictoires. "La victoire remportée par le parti Russie unie aux élections législatives du 2 décembre a détruit l'espoir des autorités biélorusses de voir des changements politiques intérieurs avoir lieu en Russie... Des incertitudes persistent certainement à l'approche de l'élection présidentielle de mars 2008, mais... la classe au pouvoir en Russie conservera la continuité politique, ce qui signifie, entre autres, la réduction progressive du soutien de la Russie à l'économie biélorusse". (Nache mnenie, 19.12).

UKRAINE

La presse a réagi douloureusement au message adressé par Vladimir Poutine à son homologue ukrainien Viktor Iouchtchenko, dans lequel le président russe parle de "l'interprétation étrange que l'Ukraine fait des événements de notre histoire commune, de l'héroïsation des criminels de guerre, de la discrimination croissante de la langue russe". (Gazeta po-oukraïnski, 19.12 , référence au site officiel du président russe). Les commentateurs écrivent avec indignation que Moscou manifeste de nouveau ses ambitions impériales, en manipulant habilement l'opinion publique russe à la veille de l'élection. "Les affirmations, selon lesquelles les tendances russophobes s'accentuent en Ukraine ne tiennent pas debout... Vladimir Poutine a jugé nécessaire de rappeler d'une manière ou d'une autre... qu'il s'agit d'une campagne d'informations destinée à inculquer l'état d'esprit patriotique et à rappeler la mission importante de protéger la population russophone". (UNIAN, 20.12). "La correspondance entre les deux présidents a mis en évidence le désir du souverain de Moscou de devenir un nouveau Staline. La moindre manifestation d'indépendance de la part des Etats qu'il voudrait transformer en ses vassaux suscite son irritation". (Den, 22.12). "Puisque le président a dit qu'il y avait des ennemis, il faut leur faire la guerre... Il est peu probable que Vladimir Poutine et son entourage se bornent à cette déclaration... En effet, peut-on quitter le pouvoir, lorsque des "hommes de Bandera" restent vivants dans le pays voisins?" (Oukraïnskaïa pravda, 19.12). "Après l'arrivée des "orange" au pouvoir, le Kremlin s'est déchaîné... Le ton musclé de Vladimir Poutine diffère beaucoup des déclarations mielleuses d'hier de la Russie, selon lesquelles elle était prête à travailler normalement avec n'importe quel gouvernement ukrainien". (Gazeta po-kievski, 20.12).

MOLDAVIE

Selon les médias, le schéma de passation des pouvoirs garantissant la continuité du clan qui dirige la Russie servira d'exemple pour la Moldavie pendant la campagne présidentielle de 2009. "La nouvelle astuce du Kremlin... montre que la place de la dynastie des tsars en Russie fondée sur l'héritage est occupée par la dynastie des clans qui s'appuie sur les intérêts économiques... Ce modèle peut s'avérer attrayant pour les sociétés pseudo-démocratiques de l'espace postsoviétique dont fait partie la société moldave... Ne nous faisons aucune d'illusion: la société moldave n'est pas immunisée contre ce modèle... N'oublions pas que, d'après un récent sondage, Vladimir Poutine est un personnage politique jouissant de la plus grande confiance auprès des Moldaves". (Timpul de dimineata, 19.12).

Les journalistes ne partagent pas l'avis de leurs collègues occidentaux qui affirment que la conciliation de la Russie sur le problème du Kosovo sera récompensée par le consentement des Etats-Unis et de l'UE à la reconnaissance de l'indépendance de la Transnistrie. Il est peu probable, soulignent-ils, qu'une telle transaction arrange la Russie, car l'absence de règlement de la situation assure au Kremlin la possibilité supplémentaire de mener un marchandage politique. "L'absence de tout règlement est avantageuse pour Moscou. Vladimir Poutine a prouvé que les troubles et toutes sortes de problèmes qu'il provoque dans les républiques postsoviétiques ou dans l'ancien bloc socialiste lui étaient avantageux... Certes, le Kremlin peut attendre". (Jurnal de Chisinau", 21.12).

ARMENIE

Les processus politiques qui se déroulent à l'intérieur de la Russie suscitent un grand retentissement dans la presse arménienne. "Il y a à peine trois mois, le président russe a affirmé qu'il n'y aurait aucun successeur, que plusieurs candidats se disputeraient le poste de président. Vladimir Poutine avait l'intention de maintenir l'intrigue présidentielle jusqu'au dernier moment, en conservant son influence. Cependant, une lutte assez opiniâtre se déroule ces derniers temps dans les corridors du pouvoir, y compris entre les services secrets. De toute évidence, en vue d'éviter l'affaiblissement de la pyramide du pouvoir, Vladimir Poutine a décidé de mettre fin à cette intrigue et d'annoncer le nom de son successeur trois mois avant l'élection... La désignation par Vladimir Poutine de la candidature de Dmitri Medvedev à la présidence en Russie est une ruse des dirigeants néo-soviétiques qui veulent se faire passer pour des démocrates et garder le gouvernail". (Aïkakan jamanak, 21.12).

Selon les critiques politiques, Dmitri Medvedev en tant que successeur à Vladimir Poutine est moins avantageux pour Erevan que Sergueï Ivanov. "L'élite arménienne s'est retrouvée dans la situation d'un homme courant après un train... D'abord, contrairement à toutes les prévisions, son vieil ami Sergueï Ivanov n'est pas devenu premier ministre. Cela a mis fin à tous les rêves de création d'un lobby arménien à un échelon supérieur de la Russie... Un nouveau fiasco: Vladimir Poutine a désigné Dmitri Medvedev en tant que successeur... A présent, pour régler tous nos problèmes à Moscou... il faudra répartir de zéro, en choisissant de nouveaux enjeux dans la "roulette russe" de la politique de Moscou". (Iravunk, 19.12).

GEORGIE

Les experts indiquent qu'en renonçant aux contacts directs avec la Russie, la Géorgie nuit à elle-même. "En fait, nous avons renoncé au dialogue direct avec Moscou... et décidé de lui parler par l'intermédiaire de nos partenaires américains et européens. La réponse de Moscou a été adéquate: elle s'abstient désormais également de mener un dialogue avec nous: "A quoi bon mener des discussions avec les autorités géorgiennes puisqu'elles dépendent déjà entièrement de l'Occident"... L'Occident a de nombreuses possibilités de nous aider. Mais l'immense inconvénient réside dans le fait que nous ne participons plus à ce jeu. L'Occident ne manque pas de problèmes, souvent plus importants". (Resonansi, 20.12).

Certains médias n'excluent pas que la Russie puisse prochainement reconnaître l'Abkhazie. "Avant les Jeux olympiques (de 2014 à Sotchi), la Russie essaiera de régler, tant bien que mal, le problème de l'Abkhazie... Avant l'achèvement de son mandat, Vladimir Poutine tentera de tracer la route à Dmitri Medvedev en réglant les problèmes en suspens... Si ce problème subsiste et si son règlement sera confié à celui qui remplacera Vladimir Poutine, il n'est pas exclu que les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi connaissent le même sort (boycott) que les Jeux olympiques de Moscou lors de la période de l'entrée de la Russie en Afghanistan". (Grouzia Online, 19.12).

AZERBAIDJAN

Les journalistes affirment que les Etats-Unis cèdent à la Russie sur le problème de l'Iran et l'expliquent par la politique incorrecte que Washington applique à l'égard de Moscou... George W. Bush avait reçu depuis longtemps déjà le conseil d'être plus dur avec Vladimir Poutine... mais George W. Bush... y alla avec quiétude et, de toute évidence, il le regretta aussitôt. Du temps et des possibilités ont été perdus... Le ton du président russe a beaucoup changé... Le leader russe a pris conscience de sa force et de la faiblesse du président américain... Washington a ressenti l'accroissement de la force et de l'assurance de la Russie... Une Russie sûre d'elle, riche, possédant une nouvelle bombe à vide et une Chine qui ne cesse de se développer et de remporter des succès dans l'espace, c'est trop même, pour une hyperpuissance du monde". (Zerkalo, 20.12).

Les commentateurs craignent que la Russie n'entre en marchandage avec l'Occident sur le Nagorny Karabakh. "La Russie soutient fermement la Serbie en déclarant que le Kosovo ne doit pas accéder à l'indépendance. Mais elle ne le dit pas à propos du Karabakh. La clé du règlement du problème du Karabakh se trouve dans la poche de la Russie... Elle peut faire des concessions à l'Occident à ce sujet et recevoir en échange une autre concession... Une guerre gelée dans la région empêche la réalisation des plans de l'Occident. Mais la Russie n'est pas un pays assez fort pour faire constamment obstacle aux plans de l'Occident. En marchandant, la Russie et l'Occident pourraient "échanger" le Karabakh contre autre chose". (Moussavat, 20.12).

KAZAKHSTAN

Les problèmes liés au transport des hydrocarbures sur les marchés extérieurs retiennent l'attention de la presse. Les analystes en viennent à la conclusion que parmi les trois variantes d'exportation - vers l'Europe via la Russie, vers l'Europe en contournant la Russie et vers la Chine - la première semble, pour l'instant, préférable. "L'accord tripartite sur la construction du gazoduc allant du Turkménistan en Russie via le Kazakhstan signé cette semaine à Moscou peut être considéré comme un événement révolutionnaire dans la politique énergétique de toute l'Asie centrale... Ce projet confirme la stabilité du traditionnel schéma d'exportation du gaz en provenance du Turkménistan, d'Ouzbékistan et du Kazakhstan vers les marchés extérieurs". (Gazeta.kz, 25.12).

Mais Astana (capitale du Kazakhstan) n'a aucune intention ne négliger d'autres projets. En diversifiant les itinéraires des exportations, elle utilise la concurrence entre la Russie, l'Occident et la Chine pour ses propres intérêts nationaux. "D'ailleurs, le Kazakhstan ne réduit pas ses possibilités d'exportation à un tuyau déterminé. Il a l'intention de construire un autre gazoduc. KazMunaïGaz et CNPC (compagnie pétrolière nationale de Chine) ont déjà abordé la question de l'élaboration commune du dossier d'opportunité des investissements dans la construction du gazoduc passant du Kazakhstan en Chine". (Gazeta.kz, 21.12).

KIRGHIZSTAN

Les problèmes de la migration de la main-d'�uvre sont traditionnellement examinés dans la presse. "Après l'entrée en vigueur de nouvelles lois russes, les migrants peuvent désormais obtenir plus facilement un permis de séjour et de travail". (Agym, 21.12).

Les médias ont vivement réagi à l'intention des autorités russes de réduire les quotas pour les travailleurs immigrés. Selon les commentateurs, cela entraînera un accroissement de la migration illégale et la déportation massive de citoyens kirghiz entrés illégalement en Russie. "Si, au cours de cette année, 6 millions d'ouvriers immigrés ont reçu l'autorisation officielle de travailler en Russie, au cours de la nouvelle année, leur nombre ne dépassera pas 2 millions... Nos compatriotes envient les Biélorusses et espèrent que le gouvernement de la République du Kirghizstan réussira à s'entendre de nouveau avec ses collègues russes sur des commodités pour les Kirghiz". (MSN, 21.12).

TADJIKISTAN

La migration de la population en Russie est un des principaux sujets. Les médias publient des données témoignant de la grande contribution des ouvriers immigrés dans l'économie du Tadjikistan, tout en soulignant que la migration des travailleurs est également avantageuse pour la Russie. "En 2007, un nouveau record doit être établi dans le transfert de l'argent dans les pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) par les ouvriers immigrés qui travaillent en Russie. La Banque nationale du Tadjikistan a présenté jeudi un rapport portant sur des arrivées d'argent sans précédent. D'après ces données, rien qu'en janvier-octobre de cette année, 1,18 milliard de dollars ont été transférés de la Russie et du Kazakhstan, ce qui dépasse de 46,6% les indices pour les 10 mois de 2006. Il est à remarquer que les virements des citoyens qui travaillent à l'étranger constituent plus d'un tiers du PIB du Tadjikistan. D'ailleurs, la Russie y gagne aussi. D'après les données du Service fédéral pour les migrations, cette année, les ouvriers immigrés fourniront pour 50 milliards de dollars de produits et ne transféreront dans leur pays que 13 milliards de dollars". (Varorud, 20.12).

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