"L'assassinat de Mme Bhutto est un crime politique. La thèse, selon laquelle l'attentat a été commis par des organisations islamiques pour empêcher une femme de gouverner le Pakistan, ne résiste pas à la critique. Dans le monde arabe et musulman, les femmes politiques sont plus nombreuses qu'en Occident", a déclaré à RIA Novosti le chef du département international du Conseil des muftis de Russie, Roshan Abbasov.
Mme Bhutto est décédée jeudi, sur la table d'opération, des suites des blessures reçues dans un attentat-suicide. Un terroriste kamikaze a mitraillé la voiture de l'ancienne première ministre pakistanaise avant d'actionner un engin explosif lors d'un meeting à Rawalpindi réunissant des milliers d'opposants au régime. L'attentat a fait une vingtaine de morts, dont plusieurs policiers, et une quinzaine de blessés.
Vendredi matin, le meurtre de Mme Bhutto a été revendiqué par Al-Qaïda. Selon des chaînes de télévision pakistanaises privées, une déclaration ad hoc a été faite par téléphone satellite depuis l'Afghanistan par le leader d'Al-Qaïda dans ce pays Moustapha Abou al-Yazid.
D'après M. Abbasov, les forces politiques chercheront à exploiter à leur avantage les désaccords religieux entre les sunnites et les chiites pakistanais. "Cela ne fera qu'aggraver la situation à l'intérieur du Pakistan et au-delà de ses frontières", estime-t-il.
De son côté, le premier vice-président de la Direction spirituelle centrale des musulmans Albir Krganov a fait remarquer que conformément aux lois islamiques, le meurtre d'une innocente était assimilé à l'assassinat de l'humanité tout entière.
"Avec la guerre en Irak, les bombardements des territoires kurdes par la Turquie et la situation internationale incertaine de l'Iran, l'assassinat de l'éminente personnalité politique qu'était Benazir Bhutto finira par aggraver la situation dans tout le Moyen-Orient", a indiqué M. Krganov.
"Le meurtre de Benazir Bhutto est un véritable acte de banditisme. L'élimination de l'ancienne première ministre à un moment où sa popularité augmentait dans son pays entraînera, telle une réaction en chaîne, d'autres assassinats", affirme le président du Centre de coordination des musulmans du Caucase du Nord, Ismaïl Berdiev.
Selon lui, les lois de la charia interdisent de tuer les personnes sans armes. "Mme Bhutto ne portait pas d'armes ni de gilet pare-balles, elle affirmait ses principes par ses paroles et ses actes. C'était une figure politique éclatante et incomparable, une personnalité qui a profondément marqué l'histoire du monde musulman, y compris le dialogue musulmano-chrétien axé sur la paix et l'entente", a conclu M. Berdiev.