L'après-Kyoto: à la recherche d'un nouvel accord international

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Par Tatiana Sinitsyna, RIA Novosti.
Par Tatiana Sinitsyna, RIA Novosti.

La 13e conférence des Parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, organisée récemment à Bali (Indonésie), s'est terminée sans surprises. L'un des objectifs de la conférence consistait à s'entendre sur la "feuille de route" qui doit esquisser les démarches à entreprendre dans le cadre de la réduction des rejets de gaz à effet de serre pour l'après-Kyoto, après 2021. Or, les participants n'ont pas réussi à tracer de lignes nettes, les contours sont toujours flous.

"Certes, ce fait ne rend pas optimiste, mais en même temps, il serait naïf d'attendre un résultat sérieux d'une rencontre internationale qui s'est assigné l'objectif grandiose de faire une percée dans des négociations sur un problème aussi important, indique Victor Danilov-Danilian, chercheur qui a beaucoup fait pour que le Protocole de Kyoto voie le jour. Il faut laisser passer un certain temps, qu'on acquière une certaine expérience dans ce domaine de l'activité universelle".

D'ailleurs, dès le début, les organisateurs ne s'attendaient pas à des résultats spectaculaires. La conférence de Bali n'envisage pas d'adopter un accord approuvé de tous sur les actions ayant trait au problème des changements climatiques, a indiqué, le jour de l'ouverture du forum, le ministre indonésien de l'Environnement Rachmat Witoelar, président de la conférence. La plus grande partie du travail est encore à accomplir, la date de la phase finale de la discussion et de l'adoption d'un nouvel accord international sera fixée avec l'expiration du Protocole de Kyoto.

En effet, la conférence de Bali avait des tâches ambitieuses, originelles, comment aurait-on pu s'en passer? Pour parvenir au bout du chemin, il faut l'emprunter, disaient les sages orientaux. Les premiers pas dans cette direction ont été faits. Les pays participants ont énuméré plusieurs domaines devant être concernés par le nouvel accord. Le document prévoira sans doute des démarches visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, résultant notamment de la destruction des forêts, ainsi que la transmission de technologies et les procédés de financement. D'autres questions encore ont été soulevées au cours de la conférence, telles que l'adaptation aux changements climatiques, les règles de transmission de technologies ou les problèmes rencontrés par le marché international du carbone créé dans le cadre du Protocole de Kyoto.

Les Etats peinent à s'entendre sur la répartition des engagements relatifs à la diminution des rejets de CO2. Les pays en voie de développement réclament des faveurs, prétextant que ce sont les pays industrialisés qui sont responsables de l'influence anthropique sur l'atmosphère et que l'on doit en tenir compte. Dans ce contexte, il importe de mettre en place une série de moyens permettant de diminuer les émissions de façon efficace sans pour autant freiner le développement économique.

La Russie occupe une position particulière dans la "donne" kyotienne. Possédant une grande quantité de quotas échangeables de gaz à effet de serre (cette "réserve" s'est formée à la suite d'une chute de la production industrielle dans les années 1990), le respect de quelques engagements concrets préoccupe peu le pays pour le moment, mais ce n'est que provisoire. La situation change très vite, les progrès économiques ont remplacé la récession. Il faut penser au futur apport de la Russie pour la protection de l'atmosphère. Faut-il renoncer aux mines de charbon? Mais dans ce cas, qui va résoudre l'énorme problème économique et humanitaire lié à la reconversion des mineurs? Le pays lui-même est-il prêt à vivre sans charbon?

La Russie ne peut compter que sur ses actifs liés à l'énergie nucléaire: le pétrole est une ressource non renouvelable, les ressources hydrauliques sont presque épuisées, le potentiel éolien et marémoteur est insignifiant, les projets d'utilisation de l'énergie solaire nécessitent beaucoup de temps et des investissements colossaux. Le nouveau traité post-Kyoto doit être le résultat de sérieuses réflexions au niveau des Etats, de profonds arguments scientifiques et de décisions réfléchies.

L'ONU a raison de se préoccuper du fait que le champ d'action du Protocole de Kyoto en 2008 pourrait s'avérer être un espace vide et que le concept même pourrait disparaître. Les Nations unies voudraient qu'un document "de rechange" soit adopté à l'issue du projet, en 2012, et que ce soit un texte perfectionné, plus moderne, scientifiquement fondé et qui satisferait tout le monde. Un travail d'une telle envergure ne s'accomplit pas en deux semaines, surtout si l'on prend en compte les ambitions et les intérêts nationaux de chaque pays signataire, d'autant qu'il y en a presque deux cents. On peut déjà prédire aujourd'hui qu'une formule de consensus facile qui arrange tout le monde ne sera jamais trouvée. Le travail accompli sur le Protocole de Kyoto a duré neuf ans au total, et néanmoins, le document est toujours considéré comme imparfait et critiqué.

La conférence de Bali a toutefois beaucoup fait. Elle a accordé aux ambassadeurs de différents pays la possibilité d'échanger des vues, de se faire une idée des positions des divers Etats. Quoi qu'il en soit, le processus de négociations a été lancé, et l'objectif final est toujours présent: les parties devront de toute façon définir des objectifs quantitatifs et les types de documents juridiques nécessaires à l'élaboration d'un nouvel accord international.

En signe de soutien aux idées de la conférence de Bali, l'Allemagne a "éteint la lumière" durant cinq minutes afin d'économiser l'énergie. De nombreuses villes européennes et plusieurs villes russes ont soutenu les Allemands. Mais il s'agit là d'une solidarité d'ordre émotionnel, alors qu'il est très difficile d'obtenir des résultats tangibles dans la recherche d'une formule de réduction des émissions industrielles qui arrangerait tout le monde. C'est pourquoi une autre "conférence de Bali" sera nécessaire pour que les humains se mettent d'accord sur la façon dont ils envisagent de protéger le climat global.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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