Deux personnages de premier plan sont en lice - l'ancien leader du parti Uri (Uri Party) au pouvoir dans le pays Chung Dong-young, et l'ancien maire de Séoul et important homme d'affaires Lee Myung-bak.
Les sondages d'opinion montrent que Lee Myung-bak devance notablement par sa popularité son rival libéral Chung Dong-young. Qui plus est, selon la presse sud-coréenne, les partisans de Lee Myung-bak sont les plus nombreux parmi les jeunes de 20-30 ans.
Un tel état d'esprit au sein de la société traduit la relève de toute une génération en Corée du Sud depuis la dernière décennie. Les anciens dissidents, opposés à l'hostilité face à la Corée du Nord, et les intellectuels, étouffés autrefois par la dictature (sud-coréenne), ont cédé la place aux jeunes, davantage préoccupés par les problèmes matériels. Par ailleurs, les représentants de la génération aînée ont besoin, eux aussi, de la stabilité économique.
Or, les deux principaux candidats à la présidence en Corée du Sud promettent de réaliser des réformes économiques, d'améliorer les conditions de travail pour les petites et moyennes entreprises (PME), de créer de nouveaux emplois et de diminuer les impôts.
Quant aux relations avec Pyongyang, susceptibles d'exercer un impact sensible sur la solution du problème nucléaire et la stabilité dans la péninsule Coréenne, les résultats de la future présidentielle peuvent apporter des changements. Le président sortant Roh Moo-Hyun a fait, de son côté, le maximum pour inciter le monde des affaires à participer à de gros projets dans le nord de la péninsule, en reliant les voies ferrées et les axes routiers et en faisant des contacts entre officiels et personnalités publiques des deux Corées une pratique courante.
Même si un leader conservateur, mais pragmatique accède au pouvoir en Corée du Sud, il ne voudra sans doute pas mettre un terme à toutes ces innovations. D'autre part, tout porte à croire que Pyongyang n'est pas enclin, lui non plus, à une confrontation avec Séoul. En témoigne l'absence dans la presse nord-coréenne ces derniers temps de critiques à l'endroit de Lee Myung-bak. On ne peut pas en dire autant du politique encore plus conservateur, et candidat indépendant, Lee Hoi-chang. Néanmoins, ses chances de vaincre sont plutôt minces.
Les observateurs supposent que la politique de rapprochement avec la Corée du Nord pourrait être remplacée par une coopération pragmatique calme et par le linkage de l'assistance économique avec les exigences politiques, liées avant tout au problème nucléaire. Ce problème s'est considérablement aggravé après l'essai nucléaire auquel la Corée du Nord a procédé en octobre 2006, ce qui n'a pas empêché la reprise des négociations à six qui se poursuivent depuis déjà plus de quatre ans et associent les diplomates de la Russie, des Etats-Unis, de la Chine, des deux Corées et du Japon.
Le mécanisme de dénucléarisation mis en place est toujours opérationnel, et tant que les parties tiendront leurs promesses, il continuera de fonctionner. Il n'en reste pas moins qu'en cas de dégradation des relations intercoréennes, la mise en application de l'un des éléments du processus "à six" pourrait se compliquer sérieusement. Il s'agit en l'occurrence de la perspective de la convocation d'une rencontre des participants directs à la guerre de Corée de 1950-1953, c'est-à-dire des Etats-Unis, de la Corée du Nord, de la Corée du Sud et de la Chine en vue de signer un traité de paix remplaçant l'actuel accord d'armistice. Mais cela dépendra aussi du comportement des Américains qui ont refusé jusqu'ici de discuter d'un éventuel traité de paix. (Ivan Zakhartchebko, commentateur de RIA Novosti)
