Sea Launch: la voie maritime vers l'espace est à nouveau ouverte

S'abonner
Andreï Kisliakov, RIA Novosti
Andreï Kisliakov, RIA Novosti

Il faut reconnaître au secteur spatial une formidable réactivité. Le projet international Sea Launch (lancement maritime, ndlr.) en fournit un bon exemple: en moins d'un an, la plateforme flottante Odyssey, le coeur du complexe, a été entièrement remise en état. Elle avait fortement été endommagée par la terrible catastrophe survenue le 30 janvier de cette année. Et peu importe si aujourd'hui le premier lancement (un satellite arabe de télécommunications de plusieurs tonnes) programmé depuis l'accident a dû être reporté à plusieurs reprises à cause du mauvais temps, car les tests effectués au niveau des systèmes de tir et du lanceur ont montré que tout était en parfait état de marche.

Le programme Sea Launch est le premier projet international à caractère purement commercial de construction et d'exploitation d'une aire de lancement d'engins spatiaux à partir d'une plateforme maritime. Il prévoit de placer un nombre important de satellites sur orbite géostationnaire depuis la zone équatoriale de l'Océan Pacifique, non loin de l'île de la Nativité. Cette situation géographique permet également d'augmenter la charge utile par rapport à d'autres cosmodromes.

La réalisation de ce projet est devenue possible après la création en 1995 de l'entreprise Sea Launch et grâce à un impressionnant volume de recherches et calculs, d'expérimentations et essais, menés par les partenaires en collaboration avec d'autres entreprises.

Parmi les fondateurs on trouve la compagnie américaine Boeing Commercial Space Company (40% des parts), le groupe russe Energuia (25%), l'anglo-norvégien Kvaerner Maritime a.s. (20%) et des entreprises du secteur aérospatial ukrainien: l'usine Ioujmachzavod et le bureau d'études Ioujnoïé (15%). La société Sea Launch assure les études et l'exploitation, ainsi que le financement.

Les éléments fondamentaux du projet sont la plateforme de lancement et le lanceur.

La plateforme Odyssey est conçue selon le principe du catamaran. Son tonnage et sa longueur sont sensiblement les mêmes que ceux d'un porte-avion: 46.000 tonnes et 133 mètres. Sa construction, assurée par les chantiers navals norvégiens Rosenberg, rappelle celle des plateformes de forage off-shore. Elle est équipée d'un pas de tir, d'installations de maintien du lanceur, de systèmes nécessaires à l'alimentation en combustible et autres. Le montage des systèmes de lancement et des équipements auxiliaires a été effectué aux chantiers navals Kvaerner Vyborg Verf, à Vyborg (Russie).

Les commandes à distance de remplissage des réservoirs de combustible et de tir permettent d'effectuer les opérations préliminaires au lancement sans avoir besoin de la présence de quiconque sur la plateforme. Ce détail a d'ailleurs sauvé la vie à des dizaines de personnes lors de l'accident du 30 janvier.

La plateforme peut accueillir jusqu'à 68 personnes: membres de l'équipage et personnel affecté à la préparation du tir. Des chambres, un réfectoire et une infirmerie sont à leur disposition.

Le lanceur Zenit-3SL d'un poids au décollage de 471 tonnes est composé d'une fusée-porteuse Zenit-2S de trois étages fonctionnant à l'oxygène liquide et au kérosène, mesurant 60 mètres de long, d'un booster DM-SL et d'un compartiment charge utile. Le bureau d'études et de construction Ioujnoïé et l'usine Ioujmachzavod sont respectivement concepteur et constructeur de la fusée-porteuse. Le booster DM-SL a été conçu et fabriqué en série par le groupe Energuia en coopération avec des entreprises russes. Boeing Commercial Space Company a en charge la conception du module de charge utile, qui comprend aussi la coiffe et les éléments de jonction qui assurent le maintien du satellite sur le booster.

Le premier lancement réalisé dans le cadre du projet Sea Launch a eu lieu en 1999. Depuis, 24 autres tirs ont été effectués. Trois accidents sont survenus au cours de ces 8 dernières années: en mars 2000, en juin 2004, et en janvier 2007. Ils ont tous entraîné la perte du lanceur et de la charge utile. Le dernier en date, qui a vu la fusée-porteuse exploser sur place avant même le lancement, a bien failli détruire totalement la plateforme.

Les responsables du groupe Energuia étaient depuis longtemps favorables au projet de lancement maritime. Déjà à l'époque soviétique, ils estimaient nécessaire la construction d'une aire maritime pour le lancement d'engins spatiaux. Les chantiers navals étaient aussi très intéressés car ce projet leur assurait une importante charge de travail.

Aujourd'hui, la question est toujours d'actualité. Le secteur spatial russe, grâce à ses capacités élevées en matière de fusées-porteuses, est un acteur important sur le marché des services de lancements spatiaux. Alors pourquoi ne pas concentrer tous ses efforts sur ce

qui marche vraiment?

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала