Poutine-Loukachenko: ensemble, tout devient possible?

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Par Alexandre Zamakhov, pour RIA Novosti
Par Alexandre Zamakhov, pour RIA Novosti

Après les événements politiques importants de ces dernières semaines, les dirigeants russes peuvent enfin se pencher sur les rapports avec la Biélorussie. Le prétexte formel pour un nouveau round de pourparlers entre les dirigeants des deux pays est une réunion du Conseil suprême d'Etat de l'Union Russie-Biélorussie prévue pour le 14 décembre à Minsk.

Le processus d'intégration russo-biélorusse amorcé en 1996 et qui traîne en longueur ne suscite pas beaucoup d'inquiétude ces derniers temps. Les discours pathétiques et les accusations réciproques semblent s'être épuisés, et même l'opinion publique a modéré son ardeur.

Le Comité permanent de l'Union Russie-Biélorussie met en avant l'accroissement du budget de l'union et les succès enregistrés dans la mise en oeuvre de programmes communs. Les parlementaires de l'union, faute de pouvoir élaborer des lois, approuvent les indices budgétaires proposés par le pouvoir. Le chiffre d'affaires des échanges commerciaux s'accroît d'une année à l'autre. Fin 2007, il devrait dépasser 23 milliards de dollars. Les conflits se sont apaisés dans le secteur énergétique, car les accords conclus le 31 décembre 2006 entre les agents économiques, notamment Gazprom et Beltransgaz, ont fixé le prix de référence des livraisons et du transit du gaz pour les cinq années à venir. En outre, la Russie promet à nouveau d'accorder à son pays "frère" un crédit qui permettra à la Biélorussie d'atténuer les conséquences de la hausse du prix du gaz. Après sept années de discussions, les parties ont enfin abordé le règlement des questions relatives aux biens de l'Union Russie-Biélorussie, ce qui inspire l'espoir que les milliards de fonds budgétaires investis tous les ans dans les programmes communs puissent enfin apporter des bénéfices.

Les rapports régularisés à grand-peine dans le domaine de l'égalité des droits des citoyens des deux Etats (formellement, d'un même Etat) ont levé les problèmes les plus flagrants concernant la migration, l'emploi, le versement des retraites, les soins médicaux et l'enseignement. Enfin, toutes les conditions sont réunies pour commencer à oeuvrer ensemble en vue de rapprocher les garanties sociales des citoyens de la Biélorussie et de la Russie. L'Acte constitutionnel qui doit développer les dispositions du Traité de fondation de l'Union Russie-Biélorussie signé par Boris Eltsine et Alexandre Loukachenko en 1999 est en voie d'élaboration depuis sept ans. Lorsque, à la charnière des années 2005-2006, son destin fut de nouveau "ajourné", on a compris que l'heure n'était pas encore venue de prendre des décisions fondamentales. Vladimir Poutine était au zénith de son pouvoir et le scénario de sa fin de mandat n'avait pas encore été écrit, alors qu'Alexandre Loukachenko se dirigeait vers une nouvelle modification de la Constitution biélorusse. A ce moment-là, ils ne voulaient ni ne pouvaient accepter une quelconque restriction de la souveraineté de leurs Etats ou de leur propre pouvoir. En fin de compte, l'adoption de l'Acte constitutionnel ne dépendait que de la question de savoir qui dirigerait l'union. Puisque les parties n'étaient pas parvenues à une entente, la décision à prendre avait été reportée à des temps meilleurs.

Aujourd'hui, l'avenir politique de Vladimir Poutine est à l'ordre du jour, ce qui a remis naturellement au goût du jour le sujet l'union. Les médias n'ont pas énoncé par hasard l'idée que Vladimir Poutine puisse être président et Alexandre Loukachenko, vice-président ou président du parlement de l'Union Russie-Biélorussie. Bien que le Kremlin qualifie cette idée de fantaisiste, tout le monde reconnaît que les deux leaders ont des chances réelles de s'entendre à ce sujet.

La composition de la commission russo-biélorusse pour l'élaboration du projet d'Acte constitutionnel de l'union sera renouvelée pour la troisième fois au cours de la réunion du Conseil suprême d'Etat à Minsk. Il va de soi que de nouveaux objectifs seront posés à ses dirigeants. Quel visage pourrait alors prendre l'Union Russie-Biélorussie?

Les membres des deux précédentes commissions ont maintes fois fait savoir que, selon les scénarios existants, l'union pourrait être créée comme une confédération avec un parlement et un conseil des ministres communs.

Le leader supranational - président de l'union ou président du Conseil suprême d'Etat - devrait être élu au suffrage universel par les citoyens des deux pays. Le nouvel Etat n'aurait que les pouvoirs suprêmes qui lui seraient transmis volontairement par la Biélorussie et la Russie. La question est de savoir quand cela sera possible. La proposition faite à Vladimir Poutine ces jours-ci par Dmitri Medvedev, candidat à la présidence russe, de diriger le gouvernement à partir du printemps 2008 témoigne de l'existence d'un plan de rotation des cadres à l'échelon supérieur du pouvoir élaboré au coeur de l'administration du Kremlin. Pour le président russe, dont le mandat expire et qui jouit d'un prestige inouï aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'étranger, les chances de poursuivre sa grande carrière politique au niveau national sont loin d'être épuisées.

Cela signifie qu'il ne faut pas attendre de décisions radicales ni de déclarations politiques de la prochaine rencontre entre les présidents biélorusse et russe. La réunion du Conseil suprême d'Etat sera bien organisée du point de vue technique. Les médias concentreront probablement leur attention sur les lauréats du Prix de l'Union Russie-Biélorussie attribué dans le domaine des lettres et des arts.

Bref, les flammes sont mortes mais le feu couve encore sous les braises. Et pour l'instant, tout le monde est bien au chaud.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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