La Russie perd pied en Algérie (Kommersant)

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MOSCOU, 13 décembre - RIA Novosti. Un nouveau front est apparu dans la lutte globale pour la diversification des livraisons de ressources énergétiques: l'Algérie, ce que confirme parfaitement l'annonce de la résiliation du mémorandum de compréhension signé en août 2006 entre la société nationale algérienne Sonatrach et Gazprom, lit-on jeudi dans le quotidien Kommersant.

Un peu plus tôt, des fuites du côté algérien avaient fait état de critiques formulées à l'égard de la qualité du matériel de guerre fourni par la Russie. Le plus étonnant, c'est que ces celles-ci n'émanent pas essentiellement des clients directs au sein des forces armées, mais de l'entourage civil du président Abdelaziz Bouteflika.

Le lien entre ces événements est évident, surtout en prenant en considération le "prix" élevé du partenariat stratégique entre la Russie et l'Algérie. En raison de leurs atouts en matière de ressources naturelles, les deux pays auraient pu contrôler environ 40% des livraisons de gaz à l'Union européenne. Mais, en essayant de neutraliser la pression croissante de Gazprom, les consommateurs européens de gaz ont décidé de miser sur l'Algérie et la Libye. La lutte opiniâtre engagée par l'UE pour la diversification des livraisons énergétiques rend la présence de Gazprom dans ces pays inadmissible pour les acheteurs de gaz. Les Etats-Unis manifestent également une certaine inquiétude: ils comptent continuer à importer leur propre gaz d'Algérie, et non du gaz russe.

La situation s'est détériorée pour la Russie, car la pression extérieure sur l'Algérie a coïncidé avec l'aggravation de la lutte entre les clans et les groupes d'influence à l'intérieur de ce pays, comme toujours, pour le contrôle des ressources énergétiques. La fin de la guerre et l'accroissement des recettes provenant des exportations de pétrole et de gaz ont eu pour résultat un repartage de plus en plus rapide de l'influence politique, de l'élite militaire au profit du lobby énergétique. Après avoir observé une certaine neutralité pendant plusieurs années, le président Abdelaziz Bouteflika s'est finalement rangé du côté des énergéticiens, ce qui lui a valu l'approbation de ses "parrains" occidentaux, en premier lieu des Etats-Unis.

Ce repartage s'est ainsi répercuté sur le développement de la coopération avec la Russie, surtout dans le domaine militaire et technique. L'armée et les structures de force algériennes ont été méthodiquement écartées de l'économie, ensuite, de la politique intérieure et, enfin, de la politique étrangère. Pourtant, la politique russe à l'égard de l'Algérie reposait jusqu'à récemment sur des rapports de confiance avec les structures de force les plus influentes qui sont aujourd'hui reléguées au second plan. Par conséquent, il ne faut pas s'attendre, dans la période à venir, à de bonnes nouvelles en provenance du "front algérien".

Auteur: Andreï Maslov, directeur du Centre Rosafroekspertiza.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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