La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Les élections législatives en Russie ont constitué le principal thème soulevé dans les médias. Les résultats électoraux n'étonnent personne et sont peu commentés, les analystes étant surtout préoccupés par la réaction de l'Occident face à la légitimation des tendances autoritaires en Russie.

"Les élections à la Douma d'Etat (chambre basse du parlement russe) ont tourné à la farce avant même leur déroulement et, à la différence des élections traditionnelles, les résultats du vote n'ont pas d'importance particulière. [...] Il serait naïf de penser que l'Occident pourrait vraiment changer quoi que ce soit en Russie. Cependant, le caractère non-démocratique des élections, le non-respect des droits de l'opposition et le chauvinisme croissant doivent inciter l'Occident à percevoir la Russie d'une façon homogène. Les régimes autoritaires sont reconnaissables partout, que ce soit au Pakistan, au Zimbabwe, en Libye ou en Russie. Les masques sont tombés" (Postimees, 03.12).

LETTONIE

Les analystes concentrent leur attention sur la baisse de la popularité de Vladimir Poutine, ce dont témoigne le fait que le parti soutenu par le président a recueilli beaucoup moins de voix que M. Poutine lors de la dernière élection présidentielle.

"Vladimir Poutine, ce "drapeau de la victoire" de Russie unie, s'est retrouvé dans une situation intéressante. Le parti qu'il avait promu a obtenu la majorité constitutionnelle et peut désormais ne plus tenir compte de ce que font ou ne font pas les petits partis élus à la Douma. Certes, c'est un succès. Mais en ce qui concerne le "référendum de confiance" dont on a tant parlé, la situation n'est pas si heureuse. 42 millions d'électeurs ont voté pour la liste conduite par Vladimir Poutine. Or, lors de la présidentielle de 2004, M. Poutine avait été soutenu par 49 millions de personnes. Il s'agit bien entendu de deux votes différents, mais on ne peut pas négliger cette différence de sept millions d'électeurs (Diena, 04.12).

LITUANIE

Les observateurs expliquent la forte mobilisation aux élections parlementaires des citoyens russes résidant en Lituanie (et qui ont voté dans leur majorité pour Russie unie) par la grande dépendance de la population russophone vis-à-vis des médias moscovites qui faussent à dessein le tableau de ce qui se passe en Russie.

"La propagande des chaînes de télévision relevant du Kremlin est déjà parvenue aux oreilles des citoyens russes résidant à l'étranger. Le journal a réalisé un sondage auprès des représentants de la diaspora russe. A la question "Pour qui votez-vous?" ceux-ci ont répondu en choeur "Pour Poutine" (Respublika, 03.12).

Les experts reconnaissent que les résultats des élections étaient prévisibles et font des prévisions sceptiques quant à l'avenir des relations russo-lituaniennes.

"Les hommes politiques lituaniens ne sont pas surpris par les résultats des élections en Russie, qui ne laissent pas espérer un réchauffement des relations bilatérales. Les analystes politiques sont encore plus sincères. Ils appellent à se préparer à d'éventuels défis de la part de la grande voisine" (Letuvos zinios, 04.12).

"Ni la politique intérieure ni la politique extérieure de la Russie ne changeront. Vladimir Poutine garantit la stabilité et la continuité de la politique actuelle. En fait, l'ancien pouvoir est déjà restauré en Russie" (Delfi, 03.12).

BIELORUSSIE

Les médias de l'opposition parlent avec ironie de la centrale nucléaire biélorusse. A leur avis, il s'agit d'une spéculation politique et économique de la part du président biélorusse Alexandre Loukachenko qui vise à se maintenir au pouvoir dans la république et à rétablir des rapports amicaux avec le Kremlin. "Le pouvoir actuel, qui a beaucoup profité du projet d'édification de l'Union Russie-Biélorussie, a besoin d'un nouveau projet attrayant à long terme avec une participation étrangère, notamment, russe, ukrainienne, ainsi que suédoise et française. La construction durerait jusqu'à 2020... Mais on ne change pas de chef des travaux en cours de construction". (Nache mnenie, 30,11).

Les analystes évaluent négativement les rapports entre la Russie et la Biélorussie. "Ceux qui détiennent le pouvoir en Russie sont incapables de s'entendre et leur soif d'enrichissement personnel efface les intérêts nationaux... L'Ukraine et la Biélorussie ne revêtent aucune importance pour eux, ils se penchent sur leurs propres problèmes majeurs et considèrent le reste comme des décorations d'arbres de Noël... Leur tendance antioccidentale est facile à expliquer: le partenariat avec l'Occident ne permet pas d'escamoter autant que le permet le partenariat avec l'Iran ou la Chine. L'Orient sera un "ami", tant que tout n'y sera pas partagé, ensuite les regards seront tournés vers l'Occident. Les autres personnes qui arriveront ensuite au pouvoir se tourneront de nouveau vers l'Orient et la suite sera la même". (Nache mnenie, 30. 11).

UKRAINE

Selon les médias, le principal bilan des élections législatives en Russie est la légitimation définitive de la voie de développement du pays que Vladimir Poutine a tracée. Les commentateurs constatent le caractère non démocratique des élections à la Douma (chambre basse du parlement russe). A leur avis, le monopole du pouvoir que le parti Russie unie a obtenu garantit non seulement l'application de la politique de Vladimir Poutine, mais aussi la mise en oeuvre des machinations en vue d'assurer la participation active du président actuel à la direction du pays après mars 2008... "On savait bien avant les élections qu'une pression sans précédent avait été exercée sur les électeurs... Mais les élections se sont déroulées sans accrocs, témoignant, soi-disant, de la prise de conscience des Russes... A présent, on réfléchit à la question de savoir en quelle qualité Vladimir Poutine restera au "gouvernail". (Gazeta po-kievski, 04.12).

Les tentatives de l'Ukraine d'user, dans telle ou telle mesure, du chantage à l'égard de la Russie sur le prix du gaz sont considérées comme absolument stériles. "La Russie peut refroidir facilement l'ardeur des fonctionnaires ukrainiens. Puisque vous insistez sur l'élévation du tarif du transit du gaz russe à travers l'Ukraine, nous élèverons d'autant les tarifs du transit du gaz turkmène par le territoire de la Russie", leur répliquera Gazprom. (From-ua, 04.12).

MOLDAVIE

Selon les experts, les dirigeants russes ont employé des méthodes non démocratiques dans leur lutte pour le maintien du pouvoir. Le "modèle de Poutine" a été élaboré dans les cabinets du FSB (Service fédéral de sécurité) par les collègues du président russe. Son idée est d'avoir un unique "parti populaire" accompagné de quelques petits satellites destinés à faire croire à un "pluralisme politique parlementaire". Le "modèle de Poutine" prévoit l'absence d'une seule chaîne de télévision indépendante ou sociale". (Timpul de dimineata, 04. 11).

ARMENIE

Selon les observateurs, il est presque impossible de deviner qui sera le nouveau président de la Russie. "Il est possible que les candidats potentiels (premier ministre Viktor Zoubkov ou les premiers vice-premiers ministres Dmitri Medvedev et Sergueï Ivanov) ne figurent pas sur la liste de Vladimir Poutine. En ce sens, le président russe ressemble à un prestidigitateur qui cache toujours dans son chapeau une carte dont il se sert au moment le plus inattendu". (Azg, 04, 12).

Les observateurs interprètent la série de critiques antirusses lancées par Bakou comme l'intention d'accuser Moscou de comploter contre l'Azerbaïdjan sur le problème du Karabakh. Dans ce contexte, ils qualifient d'illogiques les tentatives des dirigeants azerbaïdjanais de s'entendre sur les livraisons avantageuses d'armes russes. "Il est étrange qu'en prédisant une guerre, (le ministre azerbaïdjanais de la Défense) Safar Abiev juge possible de quémander des armes russes, en sachant parfaitement que Moscou n'a aucune intention de céder quoi que ce soit aux Etas membres du GUAM (organisation regroupant la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie, ndlr.) ou à n'importe quel autre pays ne faisant pas partie de l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective, ndlr.). (Novoïé vremia, 29.11).

GEORGIE

Pour le Kremlin, il est important de rester l'unique fournisseur de ressources énergétiques à l'Occident, c'est pourquoi il vise, selon les médias, à renforcer le contrôle sur l'espace postsoviétique et à empêcher l'intégration de ses voisins dans les structures euro-atlantiques. "Certes, le rétablissement total de l'ancien empire soviétique est impossible, mais, selon Vladimir Poutine, il est possible de rétablir une certaine hégémonie en vue de contrôler les pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Par exemple, en obtenant un pouvoir géorgien plus bienveillant envers la Russie, elle renforcera considérablement ses positions dans le Caucase du Sud et en Asie centrale, ce qui suppose, en premier lieu, la protection du monopole russe du transit de ressources énergétiques vers l'Occident. Bref, le Kremlin déploie un maximum d'efforts en vue d'empêcher l'intégration des pays du "proche étranger" dans les structures européennes et euro-atlantiques". (24 saati, 29.11).

AZERBAIDJAN

L'attitude du Kremlin envers les leaders de l'opposition russe rappelle aux experts l'époque soviétique. Selon eux, un processus de restauration de l'URSS est en train de se dérouler en Russie. "Des chaînes de télévision entièrement contrôlées par les autorités... ont vilipendé les participants au meeting (de l'opposition). Des émissions... ont répandu des effluves de naphtaline et nous ont rappelé les émissions soviétiques... sur les "manigances des agents occidentaux en URSS"... La propagande du passé soviétique bat son plein, entre autres, celle visant à changer l'image du KGB et des services secrets soviétiques. Aujourd'hui, la Russie est le seul pays au monde qui réagisse aussi douloureusement aux critiques émises contre le passé soviétique". (Day.Az, 01.12).

Les experts de l'opposition soulignent que la coopération militaire de Bakou avec l'OTAN est plus avantageuse qu'avec Moscou. "Bakou a préféré, une énième fois, mettre à l'épreuve la politique de manoeuvre entre l'Occident et le voisin du Nord... L'union avec les pays de l'OTAN et le déploiement de troupes de l'Alliance en Azerbaïdjan constituent l'unique garantie de la sécurité de notre pays... La Russie est l'alliée de l'Arménie, elle a toujours tenu compte des intérêts des Arméniens dans le Caucase du Sud... Une question logique se pose: "N'est-il pas temps que l'Azerbaïdjan fasse son choix: être avec l'OTAN ou rester aux côtés de son ennemi?" (Zerkalo, 29.11).

KAZAKHSTAN

Les experts sont étonnés de la stabilité de la cote politique du KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie). "Aussi étrange que ce soit, les communistes ont conservé leurs positions. Après leur échec en 2003, nombreux étaient ceux qui leur prédisaient une mort politique subite... Lors des élections précédentes, les communistes avaient recueilli 12% des voix avec un taux de participation de 50%, cette fois-ci, ils ont été crédités de 11,7% des voix avec un taux de participation de 60%, ce qui témoigne de la stabilité, voire d'un certain renforcement de leurs positions". (Liter. kz, 04.12).

De nombreux analystes soulignent que la cote de popularité du président russe pourrait considérablement pâtir de sa coopération avec le parti Russie unie. "Le comportement du président russe est incompréhensible, car le niveau de sa reconnaissance et de sa popularité est le plus haut qui n'ait jamais été enregistré depuis les premières années de direction de Leonid Brejnev. Bien que Russie unie soit le parti du pouvoir, sa tartuferie et son comportement de mentor irritent de nombreux Russes... Le président russe risque fort de dépasser la mesure en jouant avec les sympathies populaires". (Liter.kz, 01.12).

KIRGHIZSTAN

L'accroissement de l'intérêt des médias pour les élections à la Douma s'explique par la fin de la campagne législative qui approche au Kirghizstan. De l'avis des experts, il est bien plus difficile de prévoir les résultats des élections du 16 décembre qu'en Russie, et il est peu probable que l'expérience politique russe soit utile au Kirghizstan. "Vladimir Poutine a fait beaucoup pour le peuple et s'est assuré le soutien de la population. Il peut prendre des mesures impopulaires et le peuple le tolérera, car il est certain que leur dirigeant agit dans l'intérêt des simples gens... Chez nous, au Kirghizstan..., les gens ne font aucune confiance au pouvoir, ils n'y croient pas. En fin de compte, l'intention... de former un parlement "de poche" à un seul parti entraînerait de nombreux problèmes dans le pays et serait, pour le président, un pas vers une défaite politique écrasante". (Apta, 29.11).

Les partisans du président Kourmanbek Bakiev estiment, au contraire, que l'expérience russe d'édification des partis est un bon exemple à suivre. " La Russie vit-elle mal?... La Fédération de Russie s'apprête à figurer parmi les cinq premiers Etats du monde. Sous la direction de Vladimir Poutine, la Russie remporte d'importants succès dans l'économie et dans le domaine social. Cependant, il n'y a pas si longtemps, la Russie n'était même pas considérée comme un pays "moyen"". (Apta, 30.11).

TURKMENISTAN

De nombreux spécialistes se disent certains que Gourbangouly Berdymoukhammedov a obtenu la révision des ententes avec Gazprom sur le prix du gaz turkmène grâce au projet "chimérique", selon eux, de Gazoduc caspien, dont la construction est certainement désavantageuse pour les Russes. "Les raisons pour lesquelles Gazprom a accepté aussi vite l'accroissement de 40% du prix du gaz turkmène se sont avérées très simples... Gourbangouly Berdymoukhammedov a menacé vendredi dernier Viktor Zoubkov (premier ministre russe) et Alexeï Miller (chef de Gazprom) que le Turkménistan donnerait officiellement son accord pour la construction du Gazoduc caspien et les garanties de son remplissage à partir de 2010... La méthode préférée de Saparmourat Niazov (ex-président turkmène) qui, en l'absence d'alternatives à l'exportation, avait su élever le prix d'usine du gaz d'environ trois fois en trois ans, triomphe sous le nouveau président Gourbangouly Berdymoukhammedov ". (Goundogar, 30. 11). "Si des incertitudes persistent après un entretien avec M. Berdymoukhammedov, même chez un aussi fin connaisseur des affaires énergétiques que M. Bodman (Secrétaire américain à l'Energie), cela ne signifie qu'une chose: le Turkménistan continuera à faire en sorte que les Européens et, d'ailleurs, tous les autres, dépendent de son gaz". (Gundogar, 31.11).

TADJIKISTAN

Les analystes n'excluent pas la possibilité d'une restauration de la tradition monarchique en Russie. "Les médias russes parlent ces derniers temps d'intronisation d'un "tsar" ou d'attribution au chef de l'Etat du titre de "leader national"... Le dernier amendement apporté à la législation russe accorde à Vladimir Poutine le droit de se présenter à un nouveau mandat présidentiel... Même si un tel subterfuge existe dans la législation et si Vladimir Poutine en profite, ce serait déplorable du point de vue politique". (Nadjot, 29.11).

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