Le Salon du Chocolat s'est déroulé à Moscou pour la deuxième fois (du 30 novembre au 2 décembre), prenant le relais de Paris et de New York, qui l'ont déjà accueilli respectivement 13 et 10 fois.
L'ouverture du salon, qui a eu lieu le 29 novembre, a été traditionnellement accompagnée d'un défilé de robes en chocolat.
Bien que l'événement soit organisé en Russie pour la deuxième fois seulement, il est déjà très populaire auprès du public russe.
"J'adore le chocolat, avoue Marina, une visiteuse du salon. A notre époque, ce n'est plus un simple produit alimentaire mais un véritable art. On prépare tant de choses en chocolat: vêtements, robes, montres".
La République de Côte-d'Ivoire, leader mondial de la production du cacao, a été l'invitée d'honneur du Salon. 85% du chocolat russe sont fabriqués avec du cacao ivoirien, bien que le territoire de la Russie soit 53 fois plus vaste que celui de la Côte-d'Ivoire. Au Salon, le stand du pays était entouré de visiteurs souhaitant goûter des fèves de cacao que leur proposait un jeune homme faisant ses études en Russie depuis trois ans. Observant cette scène, l'ambassadeur ivoirien Philibert Gnagno Fagnidi a fait remarquer que les Russes étaient très curieux, qu'ils souhaitaient tout savoir: comment le chocolat naît et quelles sont les étapes qui le mènent du cacaoyer jusqu'à la confiserie. Les organisateurs ont exposé des fèves sur les étalages, mais la curiosité des visiteurs leur a fait ouvrir les graines pour leur en donner à goûter.
Parmi les exposants, on trouvait non seulement les leaders du marché du chocolat mais également de petits ateliers familiaux de France, de Belgique et de Suisse.
Ces derniers temps, des chocolatiers commencent à s'installer en Russie, comme par exemple le Français Dominique Ferchaud, qui fabrique depuis trois ans déjà des chocolats de luxe dans une petite entreprise de Saint-Pétersbourg.
"J'ai décidé de m'accomplir en Russie. Je fais mes affaires ici", a-t-il souligné. Le Salon du chocolat lui a donné une occasion unique de parler de sa production. Le chocolat n'est pas une chose de première nécessité, a concédé Dominique Ferchaud, mais il rend les gens heureux.
C'est justement ce que veulent démontrer les organisateurs du Salon. Le chocolat est un produit capable de procurer d'inoubliables sensations gustatives mais aussi visuelles: les sculptures et tableaux présentés au Salon ont été entièrement réalisés en chocolat. Il a également été utilisé dans une exposition de body painting et pour décorer des robes de présentatrices de télévision, d'actrices et de mannequins.
Le défilé constitue habituellement la partie la plus impressionnante de l'événement. Selon Natalia Palacios, directrice du projet en Russie, le défilé permet de faire sortir des coulisses l'homme qui travaille le chocolat, de le montrer au public. Chaque robe présentée lors du défilé est le fruit du long travail d'un designer et d'un confiseur. Jean-Paul Hevin, le plus grand chocolatier de France, qui est pour la première fois venu en Russie, a préparé pour le défilé deux robes "comestibles".
Comment devient-on chocolatier? Dans l'industrie du chocolat, il se passe parfois des histoires épatantes. Par exemple, avant de se consacrer à la fabrication du chocolat, le Canadien Dave Munger a fait ses études... à l'Académie de théologie de Serguiev Possad. Après avoir appris le métier de chocolatier en France, il s'est installé en Russie, où il vit depuis sept ans déjà, sans avoir oublié d'épouser une Russe. Lors du Salon de Moscou, Dave représentait la marque Morand du Maître Chocolatier Jean-Dominique Gellé, placé dans le guide des croqueurs de chocolat parmi les meilleurs Chocolatiers de France. Comme Morand utilise uniquement des ingrédients naturels, la durée de conservation de ses produits haut de gamme ne dépasse pas deux ou trois semaines. Les chocolats doivent être conservés au réfrigérateur. Au magasin, vous n'en trouverez pas parmi les étalages de confiseries, mais uniquement dans les rayons de produits laitiers.
Dave Munger a en outre fait une constatation intéressante: les consommateurs russes s'y connaissent toujours mieux en chocolats. A la différence des habitants d'autres pays (de l'Allemagne par exemple), les Russes sont plus enclins à consommer des produits de meilleure qualité au fur et à mesure que leur situation financière s'améliore. Le marché russe représente ainsi un marché prometteur pour les confiseurs haut de gamme, car les consommateurs russes apprennent de plus en plus à faire la différence et refusent désormais de payer cher pour des produits de mauvaise qualité.
En présentant la marque Morand au Salon, Dave préparait sur place des truffes délicieuses qu'il offrait à déguster sur-le-champ aux visiteurs du Salon, tout en racontant aux femmes curieuses (bien sûr, on en a déjà parlé) la recette de cette gourmandise, qu'il est également possible de préparer à la maison. Or, le maître chocolatier prévient que cela revient beaucoup plus cher que si l'on en achète directement au magasin.
Le Salon du Chocolat représente donc selon Dave Munger une occasion unique pour les chocolatiers (et en particulier pour les nouveaux venus comme Morand, qui a lancé sa production en Russie il y a seulement un an et qui, par conséquent, est encore relativement inconnu dans le pays) de se faire connaître et de mettre en valeur leurs produits, mais aussi de nouer des contacts utiles et de familiariser encore davantage le public avec l'art du chocolat.