Législatives: un triomphe, trois accessits

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Par Andreï Vavra, RIA Novosti
Par Andreï Vavra, RIA Novosti

Les résultats des élections qui viennent d'avoir lieu n'ont réservé aucune surprise. Les prévisions des sondeurs et des analystes se sont justifiées presque jusqu'aux fractions de points gagnés par les partis représentés à la nouvelle Douma (chambre basse du parlement russe).

A présent, que faire de ces résultats?

D'une part, et il faut s'en réjouir, nous avons échappé à la formation d'un système à un seul parti. Or, le risque était bien réel, car les citoyens ont voté moins pour le parti Russie unie que pour Vladimir Poutine. D'autre, part, on ne peut pas dire que nous ayons désormais un système à un parti et demi, analogue de ce qui a existé ou existe actuellement au Japon, en Inde, au Mexique ou en Italie. Trois des partis représentés à la Douma ne sauraient être considérés ensemble même comme la moitié d'un. Le nombre de sièges qu'ils ont obtenus ne leur permet d'influer sur rien. Qu'ils soient "pour" ou "contre": cela n'aura aucune importance pour le parti vainqueur.

Ils n'ont fait que valider leur présence à la Douma, sans pour autant avoir le droit d'influer sur le processus législatif, fût-ce dans un sens ou dans l'autre.

On peut rappeler, pour ceux qui ne s'en souviennent pas, le temps des démocraties populaires, c'est-à-dire les pays du Pacte de Varsovie, où, à la différence du système soviétique à un seul parti, des formations politiques "naines" étaient représentées dans les organes législatifs et y exerçaient une fonction décorative. Ils ne jouissaient d'aucune influence sur quoi que ce soit, mais leur simple présence permettait d'évoquer l'existence du multipartisme. Notre but n'était sans doute pas d'imiter les démocraties populaires. Pourtant, c'est bien ce à quoi nous sommes arrivés. Apparemment, nous avions le désir de former un système à deux partis, mais nous nous sommes révélés incapables de déterminer à quel parti devait échoir le rôle de "numéro deux", ni quelle idéologie il devait mettre en avant.

Chacun des prétendants avait ses défauts. Russie Juste est, en fait, un "deuxième" parti du pouvoir, mais avec d'autres personnages (autrement dit, si Russie unie est un ours, Russie Juste est une ourse ou un ourson). Le KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie)? Il serait étrange de faire du KPRF un puissant parti d'opposition dans un pays qui a montré un cruel exemple de la défaite de l'idéologie communiste. Le LDPR (Parti libéral-démocrate de Russie)? Mais c'est le parti d'un seul homme (aussi brillante que soit sa personnalité), son idéologie est assez éclectique et franchement populiste.

Bref, malgré la fin heureuse de la campagne législative, la question de savoir que faire reste ouverte: qu'est-ce qui doit être développé et dans quel sens, qu'est-ce qu'il faut promouvoir?

Le parti vainqueur devra également régler ses propres problèmes. Le président lui a permis de l'emporter, mais, selon des sources au sein même du parti, le manque de cadres et de visionnaires y est évident.

La défaite des partis de droite était également prévue à la veille des élections. Bien qu'on nous ait ouvertement brandi le risque d'un retour éventuel de la droite au pouvoir, il faut bien reconnaître que ce thème répondait plus à la nécessité de galvaniser un jeune auditoire. Ces partis ont été crédités, tous ensemble, de moins de 7%, seuil à franchir pour être représenté à la Douma. Nous ne sommes pas seulement en présence d'une crise de l'idéologie de droite. C'est aussi une crise des figures concrètes. Ces partis ont dans leurs rangs trop de personnages importuns, dont personne n'attend rien de bon. D'autant plus que peu de gens jugent aujourd'hui possible de leur confier à nouveau la direction du pays. En outre, il s'agit d'une crise incontestable de la stratégie électorale. Les tentatives de se servir du soldat Andreï Sytchev (victime d'un scandale de bizutage dans l'armée qui a secoué le pays il y a deux ans) constituent certainement un procédé inadmissible. En s'adressant aux retraités, ils ont tenté de gagner des voix sur l'électorat traditionnel d'autres partis (électorat qui leur était pourtant tout à fait étranger). Il est par conséquent logique que cette tentative ait échoué.

La droite aurait probablement dû renoncer à chercher à vaincre à tout prix, c'est-à-dire à passer la barre nécessaire pour être représenté à la Douma. Elle aurait dû maintenir ses acquis, renforcer le soutien électoral existant, sans effrayer ses partisans en versant dans le populisme (combiné à une incapacité évidente à aborder les problèmes qui préoccupent effectivement les gens) ou par toutes sortes d'extravagances de mauvais goût.

Une fois de plus, on est tenté de rappeler l'un des problèmes les plus douloureux de la droite: l'incapacité à se réunir en opposition libérale. Ambitions démesurées, refus de rechercher des compromis et d'arriver à une plate-forme commune: voilà ce qui distingue malheureusement les forces de droite. A défaut de faire de la politique, ils se bornent au jeu politique. Cependant, le temps des jeux est depuis longtemps révolu.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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