A la veille de l'ouverture de la conférence internationale d'Annapolis (Etats-Unis) sur le règlement du conflit palestino-israélien, Téhéran a annoncé la conception de son nouveau missile Achoura. La mise à l'eau d'un nouveau sous-marin et d'un nouveau destroyer de fabrication "iranienne", comme cela a été souligné, ont également eu lieu, semble-t-il, à l'occasion de la conférence d'Annapolis.
Selon les militaires iraniens, le nouveau sous-marin Ghadir, invisible sur les radars ennemis, est capable de tirer simultanément un missile et une torpille. En ce qui concerne le nouveau destroyer, selon l'amiral Sayari, commandant de la Marine de guerre iranienne, il dépasse de par ses caractéristiques tous les navires analogues "créés avant la Révolution islamique". L'amiral a également déclaré que les forces navales iraniennes suivaient attentivement la flotte américaine dans le golfe Persique et que "toute la région se trouvait sous leur contrôle".
Tout cela ressemble à la traditionnelle publicité faite autour de la puissance militaire de l'Iran qui frise souvent le bluff. Le missile Achoura, par exemple, mérite une attention particulière. Commençons par son nom. Achoura, dixième jour du mois iranien de Muharram, est un jour significatif pour les Iraniens. Pour les chiites iraniens, c'est un jour de deuil en mémoire de Hussein, petit-fils du prophète Mahomet. Cet épisode historique est à l'origine du chiisme qui distingue le monde arabe du monde iranien.
Achoura est un missile d'une portée de 2.000 km. Il est alimenté par un combustible solide (selon les informations du renseignement israélien). Il couvre le territoire de l'Arabie Saoudite et de la Turquie et peut atteindre l'Egypte et la Bulgarie, sans parler d'Israël. Cependant, le missile Achoura ne représente pas un nouveau danger pour Israël. L'Iran possède depuis longtemps les missiles Shahab-3 d'une portée de 1.300 km qui peuvent atteindre le territoire israélien, sans parler des Shahab-4 d'une portée de 2.000 km. Mais Israël a déjà conçu le missile antimissile Hetz capable d'intercepter les Shahab-3 et Shahab-4.
Il était spécialement prévu de tester le missile Achoura pendant la conférence d'Annapolis. Mais, apparemment, les essais n'ont pas eu lieu. D'ailleurs, procéder aux essais d'un missile d'une portée de 2.000 km est inimaginable sur le territoire de l'Iran. Néanmoins, Téhéran annonce la conception d'un nouveau missile.
Qu'est-ce que cela signifie? L'Iran a probablement décidé de se rappeler au bon souvenir de ses voisins dans la région. Téhéran a réagi douloureusement à la tenue de cette conférence, où la quasi-totalité du monde arabe a été représentée. Bien plus, non seulement les Palestiniens, mais aussi les groupements pro-iraniens du Hamas et du Hezbollah avaient annoncé leur volonté de participer à la conférence, tandis que les représentants de l'Iran n'avaient pas été invités à Annapolis. Pourtant, Téhéran considère le règlement du conflit palestino-israélien pratiquement comme sa prérogative.
Cela concerne surtout le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. "Même les hommes politiques les plus stupides comprendront que, du point de vue politique, cette conférence était vouée, dès le début, à un échec", continue-t-il de marteler aujourd'hui. Si l'ayatollah Khamenei, leader spirituel iranien, s'est borné à prédire l'échec de la conférence, Mahmoud Ahmadinejad a quant à lui affirmé que sa tenue était illégitime. C'est ce qu'il a déclaré au cours d'un entretien téléphonique avec le roi d'Arabie Saoudite. Mahmoud Ahmadinejad a regretté que le royaume ait accepté l'invitation à participer à la conférence. Selon les médias iraniens, Sa Majesté Abdallah bin Abdelaziz Al Saoud a assuré à Mahmoud Ahmadinejad que l'Arabie Saoudite "ne reconnaîtrait jamais la légitimité d'Israël". Néanmoins, cela reste une consolation insuffisante aux yeux de Téhéran.
Les dirigeants iraniens ont annoncé leur intention de convoquer prochainement une conférence en tant qu'alternative à Annapolis. Mais, là aussi, une déception attend probablement Téhéran. Abou Ossama Al-Motti, porte-parole du mouvement Hamas, a déjà déclaré qu'aucune conférence n'aurait lieu. C'est tout simplement au cours d'un déplacement des leaders des groupements palestiniens dans la capitale iranienne qu'ils examineront avec les dirigeants de l'Iran la situation en Palestine et dans la région.
Les psychologues qualifient la situation dans laquelle s'est retrouvé Téhéran de syndrome du déficit de reconnaissance. Le déficit existe indéniablement, puisque même ses voisins dans la région ne lui ont manifesté aucune solidarité.
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